nos batailles comme des cicatrices sur la peau. (opale & euphrasie)

t'es pas une voleuse, gamine. t'es pas une mauvaise personne. t'essayes férocement de t'en convaincre mais c'est pas gagner. tu as beau te trouver des excuses, de dire que si ça n'avait pas été toi ça aurait quelqu'un d'autres, ça ne t'empêche pas de culpabiliser. pourtant ce n'est que de ta faute. toi, t'as juste ramasser ce qui traîner là devant toi et quiconque connaît la valeur de l'argent sait qu'on ne le laisse pas traîner n'importe où. t'as fais comme d'autres n'auraient pas hésiter à faire à ta place. t'as voulu voler personne, vraiment. tu t'es simplement servi car personne à côté de toi ne pouvait se prétendre plus légitime à prendre ces quelques pièces posées sur une des machines de la laverie publique. il n'y a rien de mal que tu te répètes, c'est pas comme si tu avais pris cet argent sous les yeux de son véritable propriétaire. t'as des remords mais tu devrais pas jolie fleur. cet argent n'aurait de toute façon jamais retrouvé les mains qui les ont laissés là. et puis t'as déjà fais bien pire dans ta vie, ça à côté c'est rien alors tu ne devrais pas considérer que tu as fais une mauvaise action aujourd'hui. en revanche, tu peux considérer que cet inconnu a fait une bonne action. volontaire ou non, ça c'est pas ton problème. tout ce que tu sais toi, c'est que tu en profites pour te payer un café et une pâtisserie. la tartelette aux fraises que tu espères tant depuis plusieurs jours. c'est ta grossesse qui te donne des envies de fraises, on a connu plus original. t'es le stéréotype de la femme enceinte et mieux encore, de la gamine enceinte. en plus de vouloir manger des fraises à tout bout de champs, t'es paumé. tu fais semblant de savoir ce que tu fais mais en vérité pas du tout. tu sembles heureuse de croquer dans les fruits mais il te suffit de penser à ton oncle, ton frère ou le futur papa du bébé pour que ta friandise te laisse comme un arrière goût dans la bouche. tu pensais qu'un petit plaisir t'aiderais à éloigner les idées qui te préoccupent un petit temps mais finalement non. partout ou tu vas, peu importe ce que tu fais, tu rumines. tu souffres en silence. t'as une douleur horrible dans la poitrine. le seul moment où tu penses pas, c'est quand tu travailles mais l'homme qui t'as élevé a insisté pour que tu prennes un jour de congé supplémentaire dans la semaine. t'es certaine qu'il veut bien faire mais ça te rend pas service du tout. t'es dans ce café pour prendre du bon temps mais t'y arrives pas. les larmes te montent aux yeux alors tu les écrases sans ménagement avec une des serviettes en papier donnée en même temps que le reste de ta commande. tu tapotes doucement, t'essayes d'être discrète, de pas attirer l'attention des curieux mais toi tu remarques quelqu'un. un visage familier qui te donne la force soudain de ravaler tes larmes et de l'interpeller. « opale ! » tu lèves la main pour lui faire signe de te rejoindre une fois qu'elle aura fini de passer sa commande. maintenant cet argent trouvé et récupéré prend un sens, t'es prête à plus regretter.

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Le ciel s’assombrit sur elle, sur sa vie. Comme souvent, comme bien trop souvent. Conséquence d’une folie désorganisée qu’elle supporte dans son esprit depuis des années maintenant, depuis que la maladie s’est proclamée, imposée comme seule reine du royaume. Seule reine dont les désirs sont des ordres, sont désordre. Il ne suffit parfois de pas grand-chose, pour qu’elle se retrouve dans les pires états, Opale. Pas grand-chose, pour qu’elle traverse toutes les émotions, du rire aux larmes, gaieté au désespoir, et les envies noires. Beaucoup trop noires. Rien ne s’arrange, depuis ce qui lui est arrivé. Rien ne s’arrange, depuis l’agression. La peur toujours un peu présente en elle, les souvenirs qui ne reviennent pas, la jambe abîmée et tout ce qui en a découlé. Cette rencontre avec Max, le flic barbare qui l’a sauvée. Cette rencontre qui vient tout bouleverser, alors qu’elle s’est laissée aller dans les bras de la bête. Dans les bras de celui qui ne lui apportera rien de bon. Mais peu importe, parce que toi non plus, t’es pas capable d’apporter du bon à qui que ce soit, Opale. Pas capable de récolter autre chose que du malheur. Jamais d’amour, jamais. Depuis l’agression, son seul espoir, sa seule petite étincelle, la gymnastique, est suspendue. Suspendue parce qu’elle a encore un peu de mal à tenir sur sa jambe, alors virevolter dans les airs lui semble encore bien trop compliqué. La déprime est là, présente, comme la faucheuse guettant le moment de venir la chercher. De l’emmener, loin. Trop loin. Et c’est vers ce café, que son regard s’arrête, l’espoir de pouvoir penser à autre chose, pouvoir s’asseoir aussi, quelques instants seulement. Bref moment de répit avant de retrouver la noirceur de sa vie. Mais alors qu’elle passe commande, simple cappuccino servit sur un plateau, elle entend une voix l’interpeller. Une voix féminine, le regard qui se pose sur elle, visage familier mais qu’elle ne parvient pourtant pas à identifier. T’es hésitante, soudainement, parce que tu ne sais jamais à qui te fier. Parce que tu te sens bien plus vulnérable encore, depuis cette nuit-là, et te retrouver face à quelqu’un que tu ne connais pas se révèle toujours bien trop effrayant. Elle s’en approche, finalement, faible sourire, légèrement gênée par toute cette situation. - Bonjour. Elle la regarde, cette brune, à peine plus jeune qu’elle. Ce visage si doux qui la rassure, qui parvient à apaiser ses craintes, rien qu’un peu. Ce n’est que de l’affection, qu’elle ressent envers elle, bien qu’elle ne parvienne pas à comprendre pourquoi. - Je suis désolée… Est-ce qu’on… se connait ? Qu’elle bredouille, légèrement, reprenant la parole, obligée de se montrer plus faible. - J’ai quelques soucis de santé… Précision nécessaire pour ne pas froisser la belle.

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quelques instants, un échange de regard et voilà que t'as retrouvés le sourire, jolie fleur. et tu l'offres sans conditions à cette charmante demoiselle que le hasard a conduit jusqu'à toi pour ton plus grand bonheur. t'es persuadée qu'échanger avec une des rares personnes avec qui tu peux le faire sans que ça ne te porte préjudice va te faire le plus grand bien. faut dire que t'as peu d'interlocuteurs en ce moment et pour quelqu'un comme toi qui a besoin de communication et plus généralement de la présence d'autrui à tes côtés, c'est pas top. tu souffres de ton absence aux côtés des red wolves, sans doute au-delà du raisonnable. quasiment toute ta vie est construite autour du gang, alors naturellement tu vis mal cet éloignement. tous ceux avec qui tu traînes généralement te manques. ils sont important pour toi, presque autant que ton frère, ton oncle et ce foetus qui grandit chaque jour un peu plus en toi. ils sont vraiment comme une seconde famille à tes yeux. tu as besoin d'eux. et de ne pouvoir te confier sur un sujet aussi délicat que ce futur bébé que tu connais pas encore mais que tu aimes pourtant déjà énormément est tout aussi difficile que de ne pas les voir. est-ce que ça être une mère ? séparée des trois quarts de ton entourage habituel, tu n'as personne pour te répondre. et encore moins ta mère que tu as à peine connu, pas assez pour avoir un modèle à suivre ni même un quelconque souvenir pour t'aiguiller. t'es seule dans tes problèmes, euphrasie. t'as jamais été aussi seule. en plus, comment pourrais-tu te sentir mère alors que tu ne te sens même pas femme ? t'affiches vingt ans mais t'as l'impression de n'en avoir que quinze. et encore, t'es gentille avec toi-même. t'es rien de plus qu'une enfant., gamine. t'as du mal à t'imaginer élever un enfant et pourtant, tu te montres intraitable quand on effleure avec toi l'idée de laisser cet enfant. tu persistes et signe, c'est hors de question. à croire que tu aimes avoir le nez dans les problèmes. ou alors t'es juste très bête. fille stupide. un sentiment que renforce la réaction de la jeune femme que tu as interpellés. tu ne comprends pas. ton sourire et les espoirs qu'il portait disparaissent aussi vite qu'ils sont arrivés et tu restes sans voix. surprise, t'en perds tes mots. choquée, tu ne comprends pas pourquoi la fille pour qui tu as desservi ton gang pour la première fois ne te reconnaît pas. « bah... oui. » que tu lâches comme si c'était l'évidence même. parce que justement pour toi, ça l'est. à moins que cette femme ne soit pas opale. si c'est le cas, elle lui ressemble à tout cas beaucoup. t'es troublée. ça ressemble à une mauvaise blague. « quel problème de santé ? » est-ce que c'est une sorte de code qu'elle pense que tu penses que tu peux comprendre ? manque de bol, t'as jamais été doué pour détecter les messages subliminaux ni résoudre les devinettes. « moi c'est euphrasie... tu ne te souviens vraiment pas ? » tu tentes, tu essayes de comprendre ce qui est en train de se passer ici et maintenant alors que tu t'attendais seulement à te changer les idées avec une connaissances que tu hésites désormais davantage à nommer « amie » .

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Les vagues dans le cœur, la sensation d’être prise au piège, dans un étau qui ne fait que se resserrer chaque seconde un peu plus. Elle est mal, elle se sent perdue, elle se sent vulnérable. Bien trop, ces derniers temps. Bien trop pour elle, à la santé déjà fragile. Le sort semble pourtant s’acharner, s’évertuant à placer sur son chemin le maximum d’embuches possible. S’évertuant à la torturé comme un enfant ferait des misères à sa poupée. C’est peut-être bien tout ce que t’es, Opale. La poupée du destin, la poupée de cette foutue malchance qui s’amuse toujours avec toi, qui ne cesse de toujours un peu plus de presser, jusqu’à ce que tu exploses. Elle explosera au vol, un jour, à coup sûr. Elle explosera, comme une bombe impossible à désamorcer. Les médecins ont tous essayé, sans grand succès. Comme une bombe capable de tout détruire sur son passage. Et face à cette brune à la gueule d’ange, elle sent bien qu’elle n’est pas une étrangère. Son cœur semble la reconnaître quand son esprit s’y refuse. Elle aussi, elle la reconnait. Elle aussi, semble déboussolée. Et bon sang, ce qu’elle peut bien imaginer à quel point cela est déconcertant, pour elle. Pour cette Euphrasie, joli patronyme qui sonne comme connu à ses oreilles. - Je suis vraiment désolée… Tu me dis quelque chose, mais c’est assez flou… Elle aimerait tout faire disparaître, que ce ne soit qu’un mauvais rêve, un cauchemar dont on se défait aussi facilement qu’en se réveillant. Elle aimerait, mais ce n’est pas le cas. Elle essuie les méandres et les déboires de sa vie. Avec, parfois, quelques dommages collatéraux, comme cette douce fleur qui ne demande qu’à se rappeler à elle. - J’ai… eu un accident. J’ai perdu connaissance et lorsque je me suis réveillée j’avais oublié les deux derniers mois de ma vie. Un accident, qu’elle lâche, fébrile. C’était tout sauf un accident, tout sauf une erreur de parcours, un événement tragique mais que l’on peut oublier. Non, ce n’était pas un accident, mais bien une agression, barbare, d’une violence inexplicable. - J’imagine qu’on s’est connues durant cette période. Parfois, j’ai des petits moments dont je me souviens, même si c’est vague. Peut-être que ça reviendra. T’espères, Opale. De tout ton cœur. T’espères, parce que t’en peux plus de te sentir si faible. Si fragile. T’en peux plus, d’avoir cette sensation de pouvoir être cassée en une fraction de seconde. Cassée, au fond, tu l’es déjà bien assez.

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la vie est semblable à des montagnes russes, il est si facile d'enchaîner plusieurs émotions contradictoires que ça en est déconcertant. presque irréel. tu as du mal à en croire tes oreilles, gamine. tu as du mal à croire que la personne à qui tu peux prétendre avoir sauver la mise quelques semaines auparavant ne se souvienne déjà plus de toi. tu as envie de penser que c'est une blague de mauvais goût car tu ne mérites pas son ignorance après le geste que tu as fais pour elle mais tu vois bien dans ses yeux qu'elle ne ment pas. opale est dans le flou. elle ne sait plus. et toi, de part ta présence, tu remues le couteau dans la plaie sans le faire exprès. tu pouvais pas savoir mais tu te sens bête quand même. une quasi constante chez toi. et tu te mords nerveusement la lèvre inférieure. tu ne sais plus quoi dire ni quoi faire. quelques mots de sa part et tu as perdu l'appétit. maintenant, la tartelette aux fraises posée devant toi ne te fait plus du tout envie et les morceaux que tu as avalés pèsent lourd sur ton estomac. « c'était le mois dernier. » que tu lâches sans avoir la certitude que ça puisse l'aider à se souvenir des circonstances de votre rencontre. tu pourrais les mentionner, tenter de lui expliquer mais tu ignores de quoi elle se souvient exactement. est-ce la bonne idée de lâcher de but en blanc que tu lui as donné les informations nécessaires pour comprendre ce dans quoi elle s'embarquerait vraiment en acceptant la proposition des red wolves ? tu n'es peut-être pas une lumière euphrasie, mais tu n'es pas complètement débile non plus et tu imagines que ce serait sans doute déstabilisant pour elle si tu te posais comme sauveuse. surtout que tu te considères pas comme ça. t'étais pas partie dans cette optique là ce jour là, ça s'est joué au feeling et toi même tu n'as pas compris tout ce que tu faisais. « c'est horrible. je savais pas, je suis désolée pour toi. » des mots qui ne servent à rien, faut pas se leurrer mais que pourrait-tu dire d'autre ? tu n'es pas douée pour trouver les mots qui réconfortent. toi t'es plutôt le genre de personnes qui a besoin de ceux des autres. « j'espère de tout coeur que tu retrouveras tes souvenirs. j'y crois même, il ne faut pas partir défaitiste. » le temps fera peut-être son oeuvre. ou pas. tu sais pas, tu connais rien à ce genre de choses. tu ne veux pas apporter de faux espoirs, juste ton soutien. « si tu es mal à l'aise à l'idée de parler avec moi parce que tu te souviens plus, je veux pas te forcer. je le prendrais pas mal. » tu sais pas que ce que ça te ferait d'être à sa place alors peut-être que t'es complètement à côté de la plaque. tu peux pas savoir.

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Il n’y que douceur, il n’y a que bonté, que bienveillance, dans le regard de cette fille. Dans le regard de cette inconnue qui n’en est pas totalement une. Il n’y a que douceur, et cette douceur lui fait du bien. Cette douceur la sort de sa torpeur, l’enlève a toute cette souffrance, cette peur bien trop ancrée en elle. Elle a peur, oui. Peur de rester affaiblie, bien trop affaiblie, après un traumatisme comme celui-ci. Et ce n’est pourtant pas le premier, Opale. Ce n’est pourtant pas la première fois que tu te retrouves brisée. Que tu te retrouves avec une vie en miettes. C’est déjà arrivé deux fois, par le passé. Lorsque sa maladie est tombée, lorsque l’annonce s’est faite plus frappante que jamais. Lorsque son monde s’est effondré, lorsqu’elle a réalisé qu’elle ne pourrait plus jamais construire une relation normale. Plus jamais vivre normalement. Puis il y a eu cette soirée, celle qui a tout bouleversée. En pleine crise, elle s’est enfuie, loin de sa maison, loin de sa famille. Et à son retour, les flammes dansaient, la maison brûlait. Disparus. Tous. Sa mère. Son père. Son frère. Ce n’est pas la première fois, que sa vie bascule. Mais peut-être qu’à force de coups, elle finira par ne plus jamais se relever. T’as peut-être besoin d’une main tendue, Opale. Une main qui pourrait être celle de cette jolie petite brune. Celle qui semble si mal, si triste, pour toi Opale. Parce que tu sembles compter, un peu, à ses yeux. Tu sembles compter, même si tu ne te souviens pas de son visage. Plus d’un mois, qu’elles sont dans la vie l’une de l’autre. Un mois effacé. - Ne sois pas désolée… Tu n’y peux rien, ce n’était qu’un coup de… Malchance… Un coup de malchance, beaucoup trop difficile, beaucoup trop violent. Et elle s’assoit, finalement, devant lui. Face à lui. T’espères aussi, pourtant. T’espères tout retrouver. Tout te rappeler. Elle s’assoit en face d’elle, à cette table de café. Elle s’assoit parce qu’elle a un bon pressentiment, face à elle. Parce qu’elle ressent en elle, qu’elle peut lui faire confiance. Intuition peut-être faussée par l’innocence sur son visage, par la peine dans son regard. L’impression qu’elle lui veut du bien, réellement du bien. - Non non, ne t’en fais pas, peut-être que… discuter avec toi pourra m’aider à retrouver mes souvenirs. Petit silence alors qu’elle avale une gorgée de sa tasse. - Dis-moi, comment on s’est rencontrées toutes les deux ? Si elle était gymnaste, Opale s’en souviendrait. Elle espère simplement qu’elle n’est pas liée à ses activités annexes, qu’une fille aussi douce qu’elle ne se déshabille pas devant une caméra. Ce qu’une fille comme toi peut faire sans ardeurs, Opale.

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la personne qui est dans le mal en ce moment, celle qui doit tâtonner dans l'obscurité de sa conscience pour espérer déterrer des souvenirs enfouis, ce n'est pas toi, euphrasie. pourtant, tu accuses le coup. égoïstement, tu trouves que le destin te joue des tours. beaucoup trop. t'as parfois cette horrible impression d'être destiner à te retrouver seule pour affronter l'avenir, et ça te fait peur. tu n'es pas très juste, pourtant. car ce n'est pas vrai, seule tu ne l'es pas. il y a des gens autour de toi mais tu ne les vois pas toujours. tu te renfermes. et puis il y a pire situation que la tienne. celle d'opale. t'es malgré tout sincèrement désolée, sincèrement touchée par la nouvelle. tu ne la connais pas assez, pas depuis longtemps, mais ça te paraît suffisant pour considérer que la vie est injuste. le destin s'en prend aux plus faibles, aux gens sans défense. c'est un obstacle qui sans doute la rendra plus forte dans l'avenir mais à t-on réellement envie de penser au futur quand on se noie déjà dans le présent ? t'aimerais t'effacer, et c'est sans doute autant pour toi que pour elle que tu proposes de la laisser tranquille mais elle refuse et tu ne saurais si tu es heureuse ou non. tu voulais éviter d'aborder un sujet sensible, pas forcément évident suivant ce qu'elle a oublié de sa vie d'avant, mais elle t'y invite et même si tu crains sa réaction, tu ne ne sens pas en capacité de le lui refuser, surtout si ça peut aider des morceaux de sa mémoire à refaire surface. t'es personne pour t'opposer. « alors euh... des amis à moi souhaitaient te... te rencontrer... » nervosité oblige, t'attrapes le bord d'une serviette de papier que tu plies dans tous les sens, que tu abîmes sans te rendre compte. « ils voulaient te parler d'un ... truc. et nous on a sympathisé. » tu restes vague dans un premier temps, parce que tu veux pas balancer ses activités en plein milieu du café. parce que même si elle s'en rappelle, comme ça, au milieu des gens, ça peut-être gênant. et si elle ne se rappelle plus de toi, elle ne se rappelle plus non plus que t'es au courant. c'est vraiment un gouffre sans fin, cette histoire. « on ne se connaissait pas depuis super longtemps, du coup, on ne sait pas grand chose l'une de l'autre. au final, ça ne change pas grand chose pour nous... » tu dis nous, tu t'avances euphrasie. elle a peut-être plus envie de sympathiser avec toi. c'était le cas avant mais maintenant. ça lui fait peut-être trop mal que tu lui rappelles qu'elle a oublié un bout de sa vie. ce serait plus simple pour elle si tu ne cherchais pas à faire comme si vous pouviez tout simplement reprendre où vous en étiez en prétextant que tout va bien ?

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La peur commence à prendre le pas, dans son esprit, dans son cœur. La peur, celle qu’elle ne connait que trop peu et qui la bouleverse chaque fois comme s’il s’agissait de la première. Inconsciente, Opale, elle n’a jamais pris la mesure des choses. Elle n’a jamais pris le poids des choses. Intrépide, qu’on disait d’elle, lorsqu’elle était adolescente. Malade, qu’elle était réellement. Malade et l’esprit ambivalent, celui qui se trouve toujours bien trop perdue entre le mien et le mal. A présent, il n’y a plus que la peur. La peur d’être un boulet accroché à la cheville de cette fille, de ce soleil qui semble si doux, si bon. La peur d’être un boulet, comme elle l’a toujours été, pour sa famille. Un poids dont on peut se débarrasser, persistant, inquiétant, dangereux. T’as ce côté dangereux, en toi, Opale. Parce que t’es incontrôlée. Parce que t’es incontrôlable. Et tu sais au fond de toi que tu ne peux être bonne pour personne. Que tu ne mérites d’être aimée par personne. Mais t’as besoin d’une fille comme Euphrasie, maintenant, dans ta vie. Et peut-être bien que tu te montres égoïste, en restant assise avec elle. D’autant plus que les explications de la brune restent assez vagues, floues, et la pierre précieuse ne parvient pas réellement à comprendre de quoi il s’agit. La rencontre, ces fameux amis souhaitant la rencontrer, et la nervosité d’Euphrasie qu’elle ne semble pas réellement pouvoir cacher. Elle hésite, Opale. Elle pourrait insister, lui demander plus d’explications, mais elle ne veut pas causer plus de trouble qu’elle n’en cause déjà. Parce que t’es la victime, mais t’imagines combien cela peut-être déconcertant, effrayant, pour une personne te connaissant si peu, d’avoir à te gérer, toi, Opale. D’avoir à gérer les séquelles d’une agression beaucoup trop violente. Alors tu te tais. Tu te tais pour le moment, pour ne rien empirer. - D’accord, on apprendra à se connaître, alors… Presque intimidée, ce qui n’arrive jamais, elle passe sa main dans ses cheveux en reprenant… - Parle-moi de toi, tu fais quoi comme boulot ? Proposition qui ne tarde pas arriver. - Moi je suis gymnaste, donc je suis… en arrêt, pour le moment… Si tu veux qu’on sortes, je suis disponible. Elle réalise que des amies, des vraies, elle n’en a que très peu. Que trop peu. Elle réalise qu’il y a ceux qu’elle connait depuis toujours, ceux qui sont étroitement liés à ses souffrances, et ceux qu’elle découvre à peine. Et tu ne sais pas encore ce qu’Euphrasie sera, à tes yeux. - Si tu le veux, bien sûr. Elle imagine à quel point cette situation est étrange, pour la brune. Et elle n’a peut-être pas l’envie de s’embarrasser avec elle.

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si l'assurance te faisait déjà quelque peu défaut lors de ton entrée dans le café, désormais il te semble n'en avoir quasiment plus du tout. tu te sens très mal et terriblement impuissante face à la délicate poupée qui se tient en face de toi; à juste titre d'ailleurs puisque tu l'es complètement. tu penses, sans toutefois être convaincue par ton raisonnement réalisé à la va-vite entre deux autres pensées floues, que lui balancer le peu de choses que tu connais à son sujet (c'est-à-dire qu'elle sait s'y prendre pour minauder et attirer dans ses filets un inconnu derrière son écran en échange de quelques billets) ne constituera pas un électrochoc suffisant pour amener les morceaux de sa mémoire disparus à ressurgir subitement. tu n'es certaine pas une experte en traumatisme et c'est pour cette raison que même si tu peux tenter, dans le doute tu t'abstiendras. tu ne la connais pas assez, opale. tu ignores totalement l'étendue de son amnésie et ce qu'elle est censée avoir fait ces derniers mois, tu ne peux pas tout miser sur ce qui pourrait être un tout petit détail derrière des événements plus important. en fait, des excuses pour garder le silence tu en as à la pelle. par exemple, tu ne peux tout simplement pas te permettre de t'exprimer sur sa vie privée dans un lieu public où, par défaut, des oreilles indiscrètes de clients ou même d'employés avides de ragots peuvent traîner. tu n'aimerais pas toi, être jeter ainsi en pâture sur la place publique au nom de la science ou pour n'importe quel autre prétexte. il faut probablement mieux que tu ne t'impliques pas (trop), que tu sois gentille et c'est tout. de toute façon, tu ignores comment aider. elle ou quelqu'un d'autre, c'est pareil. t'as toujours regardé de loin les problèmes des autres, trop occupé avec les tiens, à demander de l'aide à qui voulait et à en recevoir spontanément alors c'est normal que quand les rôles s'inversent, tu ne saches pas quoi faire. fallait t'y attendre, euphrasie. tu peux pas te contenter de t'accrocher aux autres sans avoir jamais à te mouiller. il est temps que tu agisses pour les autres, que tu essayes de te rendre utile. aujourd'hui c'est pour la frêle opale, dans quelques mois ce sera pour le petit être qui dort dans ton ventre. tu opines doucement de la tête, avec la volonté de bien faire. et si pour une fois, tu faisais les bons choix ? t'es pas le meilleur soutien que puisse trouver la jeune femme mais tu comptes faire de ton mieux, même si pour l'instant c'est toi qui te fais guider par ces questions. tu cumules les mauvais points, euphrasie. tu ne sais plus comment on est censé faire connaissance avec quelqu'un car ça fait trop longtemps que tu traînes avec les même. « je travaille dans le garage de mon oncle. je fais un peu de paperasses, je cours à droite à gauche pour passer les outils de mains en mains mais il m'arrive également de mettre la main à la pâte et de réparer ce qui a besoin d'être réparé. » tu continues sur ta lignée, tu joues la carte de la sécurité mais sans mentir parce que pour toi, omettre des détails ce n'est pas vraiment mentir. et puis, contre son gré ou non, opale n'a elle aussi pas tout dit alors tu peux te permettre cette attitude sans te formaliser. tu as d'autres questions et préoccupations en tête, il n'y a pas de place pour toi. « j'ai aussi du temps de libre donc je veux bien, oui. » tu appréhendes un peu mais d'un autre côté, ça te soulage aussi. en peu de temps tu t'es retrouvée mise à l'écart de trop de gens, de trop de situations connus, ça te fait plaisir de savoir que de temps en temps tu auras autre chose à faire que traînasser dans le quartier sans but précis. tu ne sais pas trop si tu espères que vous pourrez reprendre là où vous en étiez mais d'une manière différence que celle que tu imaginais ou si tu n'espères rien du tout, t'as envie de laisser voir sans te poser davantage de questions que celles qui te taraudent déjà. « il y a des endroits en particulier où tu aimes bien aller ? où tu te sens mieux qu'ailleurs ? tu vas voir, je m'adapte à tout. » t'es pas bien difficile comme gamine, tu fais avec ce qu'on te proposes. tu tentes de t'acclimater et t'as surtout envie de découvrir des choses dont tu n'as pas l'habitude. au fond de toi, tu te dis que c'est le moment où jamais. « au fait, tu veux qu'on s'échange nos numéros ?»

every day it's getting colder and if only i could hold you, you'd keep my head from going under. -- @euphrasie suárez

Par sa chaleur, par sa bienveillance, par sa douceur, elle l’entraîne vers un monde bien plus tendre que ce qu’elle connait, vers un univers plus confortable, celui de la sécurité. La sécurité si rare, qu’elle n’a pas touché ne serait-ce que du bout des doigts depuis ses quinze ans, Opale. La sécurité si rare, trop rare pour ne pas être remarquée. Poupée se sent en confiance, peut-être un peu trop rapidement, peut-être un peu trop facilement, mais c’est qu’elle en manque, cruellement, de cet air compréhensif qu’Euphrasie lui offre. T’es pas si crédule, d’habitude, Opale, mais faut croire que l’agression t’a fragilisé plus que tu ne veux bien le penser. Parce que c’était peut-être la goutte de trop, la blessure fatale venue pour te faire tomber. Pour t’écrouler, littéralement. Et intérieurement, c’est de cette manière qu’elle se sent. Ecroulée. Effondrée. Perdue et sans repères. Repères qu’elle retrouverait peut-être, si elle acceptait d’au moins se soigner. Si elle acceptait d’au moins prendre son traitement. D’au moins calmer les effets de la maladie. Mais s’il y a bien une chose qui te fait peur, plus que n’importe quoi d’autre, c’est ça, Opale. T’as peur de sombrer. T’as peur de t’éteindre, avec eux. Cette maladie, t’as jamais su l’accepter. T’as jamais voulu l’accepter, pour le meilleur et pour le pire. La gentillesse d’Euphrasie a bien plus d’effet sur elle que n’importe laquelle de ces pilules. La gentillesse d’Euphrasie ôte en elle toute envie un peu trop sombre. - Vraiment ? Sourire aux lèvres alors qu’elle reprend naturellement. - Tu dois être super douée. Parce que une femme travaillant dans un garage, c’est tellement rare que presque exotique. Parce qu’une femme travaillant dans un garage doit forcément avoir cette force mentale en elle, pour pouvoir exceller dans un univers d’hommes. Le cœur se retrouve ravi, quand la brune lui explique avoir du temps libre, elle aussi. Qu’elle accepte de perdre avec elle. Qu’elle accepte ces quelques moments à ses côtés. Tu te sens chanceuse, comme une aubaine, d’être tombée sur quelqu’un comme elle. D’être tombée sur quelqu’un qui cherche foncièrement à t’aider et rien de plus. - Oh tu sais, moi non plus je ne suis pas bien compliquée. On pourrait se manger une pizza dans un parc, ça m’irait très bien. La vérité, c’est que les endroits qu’elle connait, ils sont surtout néfastes pour elle. Pour elles. La vérité, c’est qu’elle passe son temps à frôler le danger. A risquer sa vie, encore et encore. Sortant son téléphone, elle appuie sur la touche nouveau contact avant de le donner à Euphrasie. - Bien-sûr, tiens, je serai vraiment contente de te revoir. De continuer à profiter de cette douceur que tu m’offres, m’y blottir et m’y glisser pour l'éternité.

(c) calaveras.

» comme un coup de poing sur la gueule. (euphrasie & cillian)
» cicatrices.
» cicatrices (juliette)
» sur ma peau.
» sur ma peau. (julius)