you spread in me like poison, shun

Sa vie est écrite, xinyi le sait depuis longtemps mais les phrases de son avenirs n'étaient pas celles qu'il imaginait. négociant en art, courtier, conservateur de musée… liste de métiers pas vraiment fixée mais qui aujourd’hui n’a plus aucun intérêt. Maitre de son destin, jamais il ne l’a été et ça le tue. Dans son esprit embrumé, il se rappelle pourtant une promesse du paternel lui assurant qu’il n’aurait jamais à tremper dans ses magouilles. Pourquoi cacher son fils, sa famille, toutes ces années, pourquoi ne pas le préparer directement, le forger à son image ?
Xinyi est furieux mais seules ses larmes menacent de couler. Incapable d’exprimer réellement sa colère, les regards sur lui le brûlent. Honte, dégout, panique, tout s'efface rapidement lorsqu’il sent la présence de son père tout près de lui. Espoir qu’il change d’avis vite ruiné dès que leurs regards se croisent. « tu entres en formation dès aujourd'hui. Shun sera ton tuteur... ne me déçois pas. » Shun ? d’un geste, son père désigne le plus jeune des deux autres hommes présents dans la pièce. Celui qui lui fait froid dans le dos, celui au regard glaçant. L’instinct de Xinyi le pousse à reculer un peu plus dans le siège, tentative vaine d’échapper à son sort. « Papa ? s’il te plait ? » voix plaintive qui cette fois n’a aucun effet sur son géniteur. Jamais il n’a agi de la sorte avec lui, plutôt affectueux, xinyi ne connaît pas vraiment cette facette de chef de gang et il aurait voulu ne jamais avoir à faire à lui.
Ces hommes, il ne leur ressemble pas. Aucune force, pas de caractère. Chétif et craintif, il va se faire abattre dès le début.

« Attends ! Pars pas ! » Perdu dans ses pensées, Xinyi réalise que son père a quitté la pièce, claquant la porte derrière lui et son acolyte. Seul avec ce Shun, le premier réflexe de Xinyi est de tenter de suivre son père. Alors il court vers cette porte. Foutue porte close. Il tambourine puis se met à hausser la voix « Ouvre-moi ! » Inutile.
Pétrifié, il se retourne et fixe celui qui fera sûrement de sa vie un enfer. Peut-être le laissera-t-il tranquille s'il n'arrive à rien avec lui ? Peut-être abandonnera-t-il et dira-t-il à son père qu’il n’est pas digne du gang ? Peut-être pourra-t-il alors reprendre sa vie normalement ? Toutes ses questions obtiennent leurs réponses en un regard, intense et perçant, destructeur. Non, il n’abandonnera pas. Xinyi le sent et ça lui fait froid dans le dos. « Vous. Ne vous approchez pas » ordre prononcé d'une voix faible, pitoyable. Comment paraître encore plus ridicule ? Xinyi se sent minable face à cet inconnu. Bien loin des héros de ses livres, il est incapable de faire comme eux pour se sauver de cet enfer. Doit-il vraiment subir ? ou creuser en lui pour trouver une force insoupçonnée ?

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L'attente semble interminable. Les autres journées sont toujours passées rapidement. Pourtant, tout est différent aujourd'hui. Monsieur Li l'a avisé de ses plans il y a plusieurs jours. Il avait toujours parlé de son fils comme d'un trésor, certes mais aussi comme d'un successeur. Evidemment, l'avis de celui-ci ne comptait pas. Shun n'avait jamais réellement compris en quoi les liens du sang changeaient les choses. Un membre actuel du gang serait probablement plus à même de s'intégrer à la tête de celui-ci plutôt qu'un gamin qui n'y connaissait rien. Il n'avait pourtant rien dit. Les ordres de Monsieur Li n'étaient pas à contredire. Sa loyauté resterait éternelle et jamais il n'oserait contredire le vieil homme. Il attend patiemment à ses côtés avec un autre membre du gang. Les autres semblent apprécier le spectacle. Shun se prend lui aussi à détailler le nouvel arrivant. Il repère des similarités physiques entre père et fils. Il voit aussi l'aspect fragile du garçon. Il a probablement son âge, d'après ce qu'il voit. Leurs traits trahissent pourtant deux existences différentes.

La voix du paternel résonne dans la pièce. Shun est désigné, ses yeux se posent alors sur le fameux Xinyi Li. Le regard est froid, glacial parce qu'il ne voit en lui qu'un piètre successeur. Il n'a pas l'aura effrayante des autres. Il ne paraît que fragile, comme si on pouvait le casser en deux d'un seul coup. Les plaintes sont sans effet. Monsieur Li disparaît avec son assistant. Les cris sont vains, la porte est claquée. Le garçon court sous le regard critique de Shun. Il le regarde tambouriner naïvement, demander qu'on lui ouvre. Pathétique. Shun le voit qui se retourne et le fixe. Il en fait de même, n'étant pas du genre à baisser les yeux. Ne vous approchez pas. Esprit de contradiction trop grand, évidemment il s'approche. Pas calmes en la direction du garçon. « Arrête de parler, tu me saoules déjà. » Réplique t-il, suivi d'un soupir qui en dit long sur ses pensées. Shun le détaille de haut en bas, silhouette encore plus chétive qu'il le pensait. La proximité est un peu trop grande, il prend ses distances après l'avoir observé comme s'il s'agissait d'une bête en cage. « Suis-moi gentiment et ne me fais pas m'énerver. » Commande t-il alors qu'il ouvre la porte qui les séparait du reste. Les membres sont tous partis effectuer les habituelles tâches. Ils sont seuls ou presque, direction la salle de sport. Autant commencer l'entraînement par le début, le physique de l'emploi à défaut d'avoir un jour le mental.

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Ce genre d’ambiance, Xinyi l’a déjà vue dans ses films d’action préférés. Seulement, aujourd’hui, il est le protagoniste d’une histoire qui ne lui plait pas du tout. Tout ce qu’il veut c’est retrouver son quotidien, les bancs de sa fac, ses livres. Une heure qu’il devrait y être. Première fois qu’il n’assiste pas à un cours et ça le bouffe.
Sa respiration se fait irrégulière. La panique s’immisce en lui, il le sent. Xinyi ne supporte pas les changements imprévus. Besoin de gérer, d’être rassuré. Son paternel vient de le jeter dans un milieu inconnu qui ne lui correspond pas. N’en est-il pas conscient ? Comment un garçon comme lui pourrait-il intégrer un gang ? Sans parler de le gérer un jour ?
Les pas de Shun le pétrifient un peu plus à mesure qu’il s’approche. Trop. Oppressé, Xinyi manque d’air. Insultes, regards noirs. Ce garçon ne semble doté d’aucune émotion, xinyi se demande même s’il possède un cœur. Le loup face à l’agneau. Proie pétrifiée, incapable de s’échapper. Pour aller où ?
« Suis-moi gentiment et ne me fais pas m'énerver. » Porte ouverte, Xinyi scanne les couloirs qu’il peut enfin parcourir. Partir en courant. N’est-ce pas ce qu’ils font dans les films pour s’échapper ? Combien de temps est-il capable de tenir lui qui n’a pas couru depuis longtemps sauf peut-être pour ne pas louper son métro ? L’athlète à côté de lui le rattrapera en quelques secondes. Puis même, s’il s’enfuit, où ira-t-il ? ‘crétin’ s’insulte-t-il mentalement. Son père le retrouvera en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. « j’suis fichu » murmure-t-il espérant que le chien de garde que son père lui à mis sur le dos ne l’ait pas entendu.
Yeux ronds devant quelques machines de sport, Xinyi regarde son futur bourreau comme s’il était devenu stupide – peut-être l’a-t-il toujours été ? « Du sport ? » Une grimace traduisant son dégout vient déformer son visage alors qu’il s’imagine déjà en sueur dans ses vêtements de ville. « non. Je ne touche pas à ça. » Tête se secouant négativement, il croise ses bras comme un enfant contrarié et lève ensuite le menton. « J’suis pas habillé pour l’occasion. » Xinyi s’efforce de garder une voix stable mais tout son corps tremble. Après le sport quels seront ses cours ? Du combat ? Du tir ? Impossible.
Il faut qu’il se sorte de là, trouver une solution avec son père, discuter de l’avenir, ensemble puisque fuir ne semble pas être la meilleure solution.

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Ils sont à l'opposé. Dans les gestes, dans les réactions. Il y a Shun qui respire le calme et l'agacement. Et puis il y a la proie, le fils de Monsieur Li. Nervosité impossible à manquer, il semble prêt à exploser à tout instant. Jeté dans la gueule du loup, Shun qui ne prend pas de gants. Il n'aime pas dealer avec les gamins friqués, même si c'est celui de son mentor. Il prend sur lui, essaie de ne pas abandonner pour le vieil homme. Il lui doit bien ça. Il ne restera pas ici éternellement et quelqu'un devra bien prendre la relève, même s'il s'agit du moins qualité d'entre tous les membres du gang. Ils quittent la pièce, se retrouvent dans les lieux désertés et silencieux. Shun se demande si l'autre va se plier à ses ordres ou tenter de se rebeller. Curiosité évidente face au garçon. Un murmure se fait entendre de la part de celui-ci. Il ne relève pas, Shun ne fait qu'écouter. Que pouvait-il faire, à part acquiescer ? Fichu, il l'était. Il n'avait rien pour réussir dans ce milieu, bien trop fragile et propre sur lui. Poings qui n'avaient jamais servi, c'était certain.

Les machines de sport leur font face. Le garçon semble très perspicace puisqu'il devine le programme. Son visage se trouble, grimace qui déforme les traits précieux. Refus, Shun qui arque un sourcil. « Je crois que tu n'as pas bien saisi. » Commence t-il, avant que l'autre ne parle à nouveau. Mention des vêtements, Shun qui croit rêver. C'était donc ça la raison ? Malheureusement pour lui, il en faudrait plus. Shun perçoit la fausse maîtrise de lui-même, l'impression de confiance qu'il veut donner alors qu'il est prêt à s'effondrer. « Déshabille-toi. » ordonne t-il, le ton sec alors que lui-même ôte son propre t-shirt tout en marchant vers les casiers. Les lieux ressemblaient presque à une vraie salle de sport, si on oubliait les membres. Shun marche directement son casier, où vêtements et autres trésors sont rangés. Il sort deux ensemble, tout en double. Prévoyance utile, ces jours-ci. Il prend tout un ensemble et le colle dans les bras du garçon. « Enfile ça et rejoins-moi sur le ring. » dit-il alors qu'il se délestait de ses vêtements sans aucune pudeur. Le jeune prince aurait certainement plus de mal à se dévêtir ainsi mais Shun s'en fichait. Son regard reste froid, calculateur alors qu'il observe chaque parcelle de peau du garçon. « Tu n'as jamais fait de sport ? » lance t-il après avoir détaillé la faible musculature et son propriétaire. Soupir expiré, pas lourds vers le ring puisqu'il était déjà en tenue. Peut-être aussi parce que chaque interaction entre eux semblait déjà chaotique.

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Qu’est-il arrivé à son père pour qu’il ait une idée aussi stupide que de vouloir le faire intégrer son gang ? S’il le savait depuis le début, pourquoi n’avait-il pas fait en sorte de l’y orienter plutôt que de le laisser faire tout l’opposé de ce qu’un futur membre de gang ferait ? Il ne l’a pas aidé à se préparer à cette éventualité devenue aujourd’hui réalité. Xinyi lui en veut. Si sa vie était déjà tracée, pourquoi lui autoriser à faire autre chose ?

Une salle de sport. Xinyi n’y a jamais mis les pieds de son plein gré. Les cours lors de sa scolarité étaient un calvaire alors il se contentait du minimum pour ne pas faire baisser sa moyenne. Il n’a jamais été sportif et ne le sera jamais. Et ce Shun ne semble pas le comprendre. Pas de tenue, pas d’envie. Pas de sport. Qu’importe de passer pour un gamin capricieux. Son avenir vient de lui être arraché, il n’a aucune envie de coopérer malgré son faible caractère. « Déshabille-toi. » Est-ce une blague ? Se déshabiller ? Prêt à répliquer, sa phrase se retrouve coincée au fond de sa gorge en découvrant un torse finement musclé sous ses yeux. Xinyi ressent de la peur lorsque son regard s’égare sur ce corps étranger. Bien sûr qu’il a déjà vu des hommes torse nu voire totalement sans vêtements. Oui, dans les films. Aujourd’hui ce corps est face à lui et son esprit s’embrouille. Doit-il en avoir peur ? L’envier ? Le désirer ? Pensées rapidement effacées lorsque la voix trop autoritaire de Shun le ramène sur terre. Pourquoi faut-il qu’il ait réponse à tout, ce crétin ?

Agacé mais résigné, Xinyi se change en évitant de poser son regard sur le corps de l’homme à ses côtés. Voir son torse lui a suffi, inutile de jouer avec le diable et d’en voir plus.
Sa musculature parfaitement dessinée semble faire de lui le parfait petit soldat. Xinyi l’imagine se défaire facilement d’ennemis alors que lui en serait certainement incapable même face au plus doux d’entre eux. « Le ring ? » malgré lui, sa voix part dans les aigus traduisant un peu trop sa surprise et son désarroi. Jamais il ne s’était imaginé monter sur un ring et c’est les mains tremblantes qu’il s’en approche. Sans aucune élégance, Xinyi grimpe et passe à travers le cordage avant de se placer à l’opposé de Shun, loin, le plus possible. « Pourquoi tu poses la question alors que tu as déjà la réponse ? » Il a senti son regard sur lui lorsqu’il s’est changé. Accusateur, critique. Non, il n’est pas musclé, oui sa peau est immaculée. Il préfère se cultiver plutôt que soulever des poids ou frapper dans un sac. « Je n’ai jamais vraiment fait de sport comme tu n’as sûrement jamais dû ouvrir un livre, on n’a pas les mêmes passions. » Crispé à sa propre phrase, Xinyi enfonce ses ongles dans la paume de ses mains. Le provoquer n’est peut-être pas la meilleure idée ? D’ailleurs, il ne sait même pas où il est allé trouver le courage pour lui répondre une telle chose. Peu importe, c’est fait et il attend un violent retour en paniquant intérieurement.

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Le ton ferme, aucune envie de tourner autour de leur activité. Shun n'a jamais été d'une extrême délicatesse. Il sent le regard du garçon sur lui, sans pour autant y prêter une réelle attention. Il a toujours su oublier ces envies là. Les mettre de côté, pour son propre bien ainsi que celui du gang. Il ne sait pas comment on le traiterait si on savait. Il n'a pas non plus envie de le découvrir de la pire des manières. Shun, il préfère fermer les yeux. La vie est déjà assez compliquée ainsi. Le ring ? Voix perplexe, Shun qui le ressent mais qui acquiesce pour confirmer la chose. Ils n'allaient pas se battre sur le sol même. Il ne fallait pas briser le prince dès le premier jour. Il le voit monter presque maladroitement dessus, se faufilant entre les cordages. Et il se place loin de lui, comme s'il le fuyait. Réaction compréhensible, aucun n'apprécie l'autre.

Question qui s'échappe et le garçon réplique presque automatiquement. Sourire amer qui se dessine sur ses lippes. Et Shun, il s'apprête à lui dire qu'il confirmait juste son intuition. Qu'il faisait preuve d'une politesse relative à son égard. Mais il y a la phrase de trop. Son sang ne fait qu'un tour à l'entente des mots. Le ton presque arrogant selon lui. Certes, il n'avait pas passé sa jeunesse dans les livres mais même s'il l'avait voulu, il n'aurait pas pu. Il n'était pas né avec le privilège d'avoir des passions intellectuelles. C'était un enfant façonné par la rue et personne ne changerait ce fait. Ce n'était sûrement pas un fils de riche comme lui qui pourrait comprendre. « Les livres, ça t'aide pas à survivre quand on veut te casser la gueule. » Euphémisme, on avait voulu plus de lui. Combien de fois s'était-il retrouvé pris au piège ? Plusieurs garçons autour de lui, seulement ses poings et ses jambes pour frapper. Pour survivre. « Tu penses que tes passions peuvent te sauver ? » rajoute t-il, creusant l'écart entre eux. Soupir qu'il ne contrôle pas, Shun qui trouve la situation risible. Ce garçon ne connaissait vraiment rien à la vie. C'est comme s'il avait vécu dans une bulle protectrice, loin du monde réel. Il marche en sa direction, pas prédateurs. Distance réduite, Shun qui sent comme la peur qui émane du garçon. Et rien que pour le tester, il s'approche un peu plus. Il vient empoigner le col du t-shirt. Il serre, rien de bien méchant. Il veut juste l'effrayer. Ses yeux trouvent les siens et après de longues secondes, il défait sa prise. « Je te laisse m'attaquer en premier, on verra comment tu t'y prends. » Ce n'était que pour évaluer son instinct, s'il était possible de tirer quelque chose de ce chétif garçon. Il s'éloigne de nouveau, restant au milieu du ring et attendant patiemment une quelconque réaction.

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Crier, pleurer, frapper. Xinyi n’a jamais été habitué à un tel comportement. Peu de difficultés rencontrées dans sa vie. Fils chéri de ses parents, il n’a manqué de rien étant jeune. Pourtant, il n’a jamais agi en gamin pourri gâté. Conscient de sa chance, Xinyi a aimé chaque bouquin offert, chaque jeu partagé. Simple malgré son milieu aisé. Peut-être l’est-il parce qu’il sait que la plupart de ses biens ont été obtenus grâce à de l’argent sale. Même si sa mère gagne honnêtement sa vie, Xinyi sait que son père magouille, martyrise et tue parfois pour arriver à ses fins. Cette partie de sa vie, il l’a toujours mise de côté, tentant tant bien que mal de l’ignorer pour essayer de se créer son propre avenir où il pourra enfin être libre.
Avenir envolé à présent.

Alors il réplique, il attaque avec les mots sans même se reconnaître. Non, il n’est pas comme ça en tant normal et la réponse cinglante de Shun va s’enfoncer tout droit dans son cœur. En effet, les livres n’aident pas face à un destin brisé d’avance. Ils ne lui seront d’aucune utilité lorsqu’il sera lui-même face à des gens lui voulant du mal. Xinyi sait parfaitement tout ça mais il ne peut s’empêcher de haïr cet homme face à lui. il représente sa vie gâchée, son avenir noirci. « Mes passions étaient très bien avant que mon père ne décide de tout foutre en l’air. » Xinyi crache sur cette nouvelle vie mais ne fait rien pour changer ça. Pire, il reste sur ce ring avec son bourreau, obéissant aux ordres d’un patriarche qui a préféré déléguer sa formation à son chien de garde. Il a toujours été faible Xinyi, sans caractère. Aujourd’hui, une partie de lui, cachée tout au fond, lui hurle de se défendre, de se rebeller. Mais il ne s’en pense pas capable. Et le peu de motivation qu’il a s’envole à mesure que Shun se rapproche de lui. Son regard le transperce, le met à nu. Ses gestes le figent. Va-t-il le frapper ? Lui faire regretter ses paroles ? « Arrête… » supplications stupides. Honteux, ses yeux se baissent sur le poing qui serre son haut. Mentalement, il se prépare à recevoir un premier coup. Tremblant de tout son long, Xinyi laisse échapper un long soupir de soulagement lorsque l’emprise sur lui s’efface.

Répit de courte durée. Attaquer en premier ? Comment ça ? Shun veut-il vraiment que Xinyi se jette sur lui et le frappe ? Du moins, essaie de le frapper. Dans tous les scénarios qui passent derrière les paupières closes de Xinyi, jamais il ne parvient à atteindre son ennemi du jour. Il sait que ce dernier va le contrer, le maitriser facilement. « Nan mais… » Il ne veut pas se battre. « Je ne sais même pas comment faire ! T’es censé me montrer non ? » Sourcils froncés, il repousse au maximum l’échéance. « Euh, par contre, montre moi... dans l’air, pour de faux, pas sur moi ! » ajoute-t-il, paniqué ayant honte de ses propres mots. Affolé, il se recule un peu plus contre les bords du ring, manquant même de tomber en arrière. S'il y avait des caméras dans la pièce et que son père pouvait le voir, il changerait peut-être d'avis et le virerait à tout jamais de son organisation.

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C'est un combat. Les mots contre les poings, les rêves contre la réalité. Sale, laide et qui en dégoûterait plus d'un. Shun n'a jamais pu se permettre de l'ignorer. Aucun donjon dans lequel s'enfermer, seulement les foyers et la rue. La rue et ses monstres, la rue et ses combats. Lui qui n'a jamais se taire pour échapper à la confrontation. Il a toujours préféré crier, frapper. Provoquer, chercher. C'était plus simple que de fuir. Et sa colère s'envolait après les coups reçus ou donnés. Mes passions étaient très bien avant que mon père ne décide de tout foutre en l'air. Phrase qui lui ferait presque pitié, pendant de longues secondes. Il était vrai qu'à poser les yeux sur lui, rien n'était semblable à son père. Certes, l'homme était respectable mais il avait fait des choses qu'on ne pouvait imaginer. Ce garçon n'avait rien de féroce en lui, aussi inoffensif que quelqu'un pouvait l'être. Rose au milieu des mauvaises herbes comme Shun. « C'est pas à moi de juger. » Pourtant, Dieu sait qu'il l'avait fait en le regardant pour la première fois et surtout en sachant que Monsieur Li n'avait jamais entraîné son fils avant.

La décision semblait stupide à tous les membres du gang, certains qu'ils étaient largement plus fort que Xinyi Li, fragile successeur. Alors Shun, il joue. Il teste, comme toujours. Ses yeux attaquent, ses mains effraient. Il sait que l'autre le craint et c'en est presque jouissif. Il entend la supplication mais n'en fait rien. Il voit les orbes emplies de peur, qui fixent ses mains. Les tremblements et tout le reste. Il est faible et ce n'est même pas une critique; un simple fait. Peut-être a t-il été trop bien élevé. Shun défait finalement sa prise. Il veut le faire attaquer en premier. « C'est ce que je fais. » Souffle t-il, les yeux se mettant à tourner face au garçon. Il ne pouvait pas l'attaquer en premier, le pauvre malheureux ne ferait que prendre les coups sans même savoir se protéger. Il veut qu'il lui montre, encore la théorie avant la pratique. Erreur de jugement, encore une fois. « Quoi, tu vas continuer à te pisser dessus ? » Commence t-il, un rire s'échappant d'entre ses lèvres alors qu'il fixe la silhouette affolée. Shun sait que la provocation mène souvent à un résultat, bon ou mauvais. « Arrête de faire la tapette. » Un mot qu'il ne pensait pas mais celui-ci avait toujours son effet sur les membres des gangs adverses. « Attaque-moi, sois un homme. » Discours voué à l'agacer ou juste à attaquer ses principes d'intellectuel. Cette répartie stupide devrait au moins le faire réagir. Quitte à se faire insulter, Shun aurait au moins une réponse. Il en était totalement certain. « Pour une fois, dans ta vie de gosse pourri gâté. » Rajoute t-il, rire moqueur s'échappant une nouvelle fois de ses lèvres. Il espérait réellement que ses provocations étaient assez. Il voulait que les mots suffisent, au moins pour aujourd'hui. Il n'avait pas besoin d'être aimé, encore moins par ce garçon.

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Faible, Xinyi l’a toujours été. Nul besoin d’être fort, d’agiter les poings, de cracher du venin. Ce monde de violence, il n’y a jamais goûté et espérait y échapper un bon moment encore. Ses espoirs en miettes, la situation lui semble ridicule. Pourquoi le choisir lui ? Orgueil familial, sûrement, et Xinyi est persuadé que son père se plante totalement. Il n’est pas le seul. Shun le pense aussi et la plupart des autres seront d’accord avec lui lorsqu’ils verront Xinyi à l’œuvre. S’il s’en sort vivant après ce premier combat.

Shun. Gamin des rues. Vie à l’opposée de la sienne. Xinyi sait qu’il est privilégié. Parfaitement conscient de n’avoir jamais manqué de rien, cet argent le répugne pourtant. Sale, il a toujours préféré ignorer sa provenance. Meurtre, drogue, racket ? Tout à la fois peut-être. S’il avait été moins lâche, il se serait passé de cette vie, il aurait refusé l’argent mais il n’a jamais eu ce courage. Jamais d’excès, cependant, jamais d'hésitation à remplir sa bibliothèque ou sa boite de crayons. L’argent. Problème dans cette foutue société. Honte à moitié voilée pour Xinyi mais Shun sait parfaitement où frapper. Les commentaires médisants, il n’en a jamais eu. Toujours à l’écart des embrouilles, Xinyi découvre vraiment ce qu’est une attaque verbale et bon sang, ça fait mal. « Tapette ? » Sourcils froncés, Xinyi encaisse comme il peut les pics de cet abruti face à lui. « Parce que les gays ne sont pas des hommes d’après c’que tu dis ? » Poings serrés, le plus jeune sent son corps vibrer. Sensation inconnue auparavant, il découvre ce qu’est l’énervement profond, l’envie de répliquer. Xinyi sait très bien que Shun le provoque, que ses mots ne sont que des lames imaginaires mais il les ressent se planter une à une en lui. Chaque mot n’est que douleur. « T’es vraiment… » Incapable de finir sa phrase, Xinyi se lance vers Shun. Il ne réfléchit pas, il a juste besoin d’extérioriser cette haine qu’il ressent. D’un pas rapide, il atteint son ennemi du jour et tente de lui asséner un coup dans la mâchoire mais des doigts puissants enserrent son poignet l’empêchant de toucher la moindre parcelle de ce visage si mesquin. Même ça, il n’y arrive pas. « Putain ! Lâche-moi ! » Jamais il ne s’est entendu parler avec une telle rage. Il bout intérieurement et son seul réflexe est d’envoyer rapidement son genou entre les jambes de Shun. Xinyi ne pense pas aux conséquences d’un tel geste. Il veut juste que Shun se taise.

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Violence des mots pour le pousser à bout. Les clichés empilés pour le faire céder. Shun n'a pas d'autre option. Il sait que l'autre ne fera rien s'il ne lui en donne pas l'occasion. Faire bouillir son sang, faire vaciller la morale. Seule hypothèse possible. Homophobie dans le mot, de quoi le faire réagir. Les sourcils de Xinyi se froncent, pour son plus grand plaisir. Il répète le mot du choc, lui pose une question. « J'en sais rien, dis-moi. » Peut-être qu'il y a un sous-entendu, peut-être qu'il n'y en a pas. Shun ne s'abaisserait pas à répondre puisqu'il ne s'agissait que d'une simple provocation; dont l'effet venait d'être garanti. Shun, il aperçoit les poings du garçon qui se serrent. Les veines semblent être de sortie, colère qui monte.

T'es vraiment.
« Quoi ? »

Il l'incite à poursuivre, mais avant qu'une réponse ne naisse; Xinyi s'avance vers lui. Rapidité, haine qu'il ne fait qu'exprimer à son égard. Si c'était ça la seule technique qui marchait; Shun l'utiliserait sans aucun problème. Le garçon tente un premier coup, direction sa mâchoire. L'expérience lui permet de l'esquiver. Les doigts de Shun serrent le maigre poignet. Impossible pour lui de s'échapper. Shun attend le prochain geste, les yeux rivés sur le garçon. Malgré tout ce qu'il imagine, l'autre arrive à le surprendre. Voix qui respire la rage, il veut qu'on le lâche. Demande à laquelle Shun n'accède que lorsqu'il reçoit un coup de pied entre les jambes. Douleur qu'il ne peut masquer, ses mains qui viennent vainement protéger son intimité. Gémissement de douleur, ses genoux qui cèdent. Shun se laisse aller puisqu'il ne s'agit même pas d'un réel combat. Effet de surprise qui l'a cloué sur place. « Putain..» laisse t-il échapper, sentant son corps qui lui fait encore comprendre sa douleur. Ses yeux se posent sur Xinyi, toujours dans son champ de vision. Il pourrait être en colère du geste. L'envie de le pulvériser n'est jamais loin. Pourtant, il trouve l'idée relativement intéressante. Après quelques minutes d'agonie, il trouve finalement la force de se relever. Il repasse la scène dans sa tête. Un soupir s'échappe mais une certaine satisfaction l'envahit, pendant quelques secondes. « T'es moins nul que ce que je pensais. » Commence t-il. Fausse allure de compliment, lorsqu'on connait Shun. D'un coup rapide, il balaye Xinyi pour le faire tomber. Il le rattrape toutefois par le t-shirt avant qu'il ne rencontre le sol. « T'avises jamais de refaire ça, par contre. » Il le lâche avant de se repositionner face à lui. Ils ne pouvaient pas en rester là.


« Recommence. » Il l'avait fait une première fois, une seconde ne serait rien.

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