you spread in me like poison, shun

Xinyi ça le tue d’être jugé sans savoir. Ça l’emmerde et l’énerve qu’on tape là où ça fait mal et Shun semble l’avoir bien compris. Pourtant, Xinyi n’a-t-il pas jugé son bourreau rien qu’en un regard ? Il est comme les autres, pas mieux. Mais ça ne l’empêche pas de sentir la colère monter quand Shun s’attaque à lui, à son apparence, à son train de vie. Corpulence fine veut-elle dire qu’il est forcément attiré par les hommes ? « Gay », Shun le balance comme si l’être traduisait une faiblesse. Bien sûr Xinyi ne s’attendait pas à de la tolérance de la part d’un gang aussi violent que celui-là. Cette réplique n’aurait pas dû le surprendre. Mais peut-être que ça le touche plus qu’il ne l’aurait voulu. Jamais d’expérience avec un homme mais ses yeux se sont parfois égarés sur des corps sans formes féminines. Hétérosexuel, bisexuel, homosexuel ? Xinyi ne sait pas ce qu’il est et pour l’instant il se fiche de mettre des mots sur ses attirances, ce qu’il ne souhaite pas cependant c’est être jugé là dessus.

Les pics lancés ont raison de son calme et c’est sans réfléchir qu’il se jette sur son adversaire du jour. Shun n’attendait que ça, réussissant à parer son premier coup sans souci. Le deuxième, il ne le voit pas venir et Xinyi en est fier. Deux secondes. Le temps de réaliser qu’il vient de mettre à terre Shun et que les représailles vont être rudes. Paniqué, Xinyi tente de s’écarter mais le plus âgé ne lui en laisse nullement le temps. Sans comprendre, il se retrouve presque au sol. Il n’a rien vu, rien senti. Pseudo compliment pour ensuite le déséquilibrer. Xinyi aurait dû rester sur ses gardes. « Moins nul que ce que je pensais ». ce compliment n’aurait pas dû lui faire plaisir, ni même le déstabiliser. Il s’en veut maintenant que Shun a repris le dessus.

Se relevant avec peine, Xinyi défroisse son haut, témoin de l’attaque de Shun. S’il n’est pas capable de contrer un tel mouvement, comment pourra-t-il survivre dans la jungle de la rue ? Alors il tente. Encore et encore. Shun parant plus ou moins chacune de ses attaques. Xinyi ne compte plus le nombre de fois où son visage est entré en contact avec le tapis du ring. Shun ne le frappe jamais, l’esquive, le brusque, le bouscule mais ne lui assène aucun coup. Au fond, Xinyi lui en est reconnaissant mais il sait que ça ne durera pas.

Après un long moment, une heure, deux... Xinyi ne parvient plus à se lever et lorsqu’il entend Shun souffler un « c’est tout pour aujourd’hui », il s’autorise à fermer les yeux et respirer. Vraiment. Il laisse échapper toute la tension accumulée, la honte de n’avoir su se défendre correctement, d’être tombé presque à chaque fois. Il souffre. Tous ses muscles crient et ses articulations grincent alors qu’il tente de rejoindre ses affaires où son téléphone ne cesse de lui rappeler qu’il a de nouveaux messages. S’il pouvait ramper, Xinyi le ferait mais ce serait donner d’autres armes à Shun pour l’humilier un peu plus donc il tient le coup et serre les dents.

Ses mains tremblantes peinent à récupérer et déverrouiller son téléphone où s’affichent quelques notifications dont une au nom de son père. Le cœur au bord des lèvres, Xinyi se contente d’ouvrir celle-ci mais le regrette immédiatement. Faire comme si de rien n’était est impossible.

Fils, à partir d’aujourd’hui Shun viendra vivre dans ton appartement. Tu as une chambre d’ami. Elle sera la sienne pour un temps indéterminé. Et ne t’avise pas de ne pas le prévenir, il informé en même temps que toi.
Chaque seconde compte, ne baisse pas la garde. Sois fort et rends moi fier.

«  Putain de… MERDE ! » Furieux, Xinyi balance son téléphone sur le tas formé par ses affaires encore froissées. « Il veut vraiment faire de ma vie un enfer ?! » Fixant son regard sur Shun, il pointe ensuite son doigt sur lui. La colère est immense. Pire encore que lors des provocation de Shun. « Tu peux pas faire quelque chose toi ?! Lui dire que c’est trop ? que c’est n’importe quoi ? ou tu fais comme tous les autres et tu bois ses paroles et ses ordres sans sourcilier ? » Un instant il a l’espoir que Shun va lui dire qu’il refuse de venir chez lui, qu’en effet il a raison et que tout ça est exagéré. Ne peut-il pas être de son côté, juste pour cette fois ? « Si j’obéis à ses putains d’ordres, on va se voir tous les jours, pas besoin d’être ensemble h24 non plus ! » Xinyi ne comprend pas à quoi son père veut jouer. Ne lui fait-il pas confiance ? Ne le sait-il pas trop lâche pour s’enfuir ? Pas besoin de lui mettre un chien de garde, même chez lui.

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Un presque compliment s'échappe de ses lèvres. Pourtant, rien de ce qu'il prononce pour le garçon n'est gentil. Aucune affection pour lui, seulement des contraintes qu'il voudrait oublier. Shun n'a pas le choix que de l'entraîner. Son niveau aussi bas soit-il, il doit le faire progresser. Il ne veut pas décevoir Monsieur Li. Il déteste cette idée encore plus que la situation. Le garçon se relève et les coups continuent. Tentatives vaines, esquivées. Gestes parés mais il n'abandonne pas. Il mord la poussière, goûte le sol du ring comme s'il s'agissait d'un mets délicieux. Shun n'ose pas l'attaquer directement, il ne ferait que le blesser inutilement. Ce n'était pas le but aujourd'hui. Il devait le faire tenir debout, jusqu'à la fin.

Les minutes défilent, les heures aussi. Shun sent le garçon s'affaiblir et dans un moment de grâce, il sonne la fin de l'entraînement. Douleur palpable lorsqu'il pose les yeux sur Xinyi. Et pourtant, ce n'était encore rien. Shun ordonne un peu les lieux avant de retrouver les casiers et Xinyi, dans un silence évident au tout début. Avant qu'il ne parle à nouveau et ne jette le smartphone dans le tas de vêtements. Son doigt finit par le pointer, incompréhension totale de Shun qui ne fait que le regarder. Attaque gratuite, soupir pour se calmer. Shun attrape son propre téléphone et y trouve un message fort déplaisant. Lui, vivre chez Xinyi. Blague, comédie. Pourtant, Monsieur Li n'était pas du genre humoriste.

« Putain.. » souffle t-il, les yeux rivés sur l'écran. Les mots de Xinyi font écho dans sa tête. Impossible de renier l'ordre et de se rebeller. Inutile aussi. « Si c'est pas moi, ce sera quelqu'un d'autre. » réplique t-il, certain de ses mots. Revenir sur une décision n'était pas dans le caractère de Monsieur Li. « J'en ai pas envie non plus. » crache t-il. Ils ne s'appréciaient pas et ne le feraient sûrement jamais. Shun allait pourtant obéir et venir chez lui, comme ordonné par le paternel. La hiérarchie et le respect primaient, le reste n'était rien. Silence qui revient, Xinyi qui doit en comprendre qu'il ne désobéira pas.

Shun repose le téléphone et s'habille avec des vêtements qui traînent. Il devait repasser chez lui, de toute évidence. « J'ai des affaires à récupérer, tu connais la sortie. » Laisse t-il échapper, avant de prendre son sac et de filer. Direction chez lui, son appartement douteux mais chaleureux selon lui. Evidemment, ce n'était pas le cas pour quiconque mettait les pieds dans ce lieu vide de décoration ou photo. Shun ignore le salon et marche direction sa chambre. Placards vidés, vêtements et armes récupérées. Il prend tout ce qu'il considère comme précieux. Besoin d'avoir son essentiel s'il doit se retrouver chez ce fils de riche. Le sac est vite rempli, parce que la vie de Shun n'est pas faite de mille objets. Dernier regard, dernier soupir. Pas envie d'y aller mais il s'y force. Le plus vite Xinyi serait autonome, le plus vite il retrouverait sa vie.

Clé réceptionnée au passage et il se retrouvait devant la grande porte. Couloir riche, tout l'immeuble l'était. Il était l'intrus des lieux. Il pourrait très bien ouvrir la porte mais il se prend à toquer, se sentant presque minuscule ici. Il tombe sur le garçon, comme une évidence. « Il t'est arrivé quoi ? » demande t-il, avant de réaliser qu'il n'y avait pas lieu qu'il le fasse. « Oublie... » murmure t-il finalement avant de passer la porte, son sac sur l'épaule. Perdu dans ces nouveaux lieux, ses yeux se posent de nouveau sur Xinyi.

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« Si c'est pas moi, ce sera quelqu'un d'autre. » phrase qui tourne dans sa tête depuis que Xinyi a passé la porte de son appartement. Appartement qui ne va plus être sien à partir du moment où Shun posera ses affaires. Xinyi n’a plus de bulle, plus rien. Son univers se retrouve petit à petit étouffé par le gang et les envies stupides de son père. Dépité, son regard se pose sur ses affaires. Si Shun se permet quelque chose de déplacé envers ce qui lui appartient, Xinyi se promet de réagir. Ici, c’est son territoire, ses livres, ses accessoires de peinture, son piano. Ce sont les seules petites choses qu’il lui reste. Seule échappatoire.

Paupières lourdes, Xinyi ne cesse de les frotter. Il ne sait pas quelle heure il est, ni même si Shun va bientôt arriver. Tout ce qu’il voudrait c’est pouvoir effacer cette journée et se réveiller dans son lit pour retourner à l’université comme si de rien n’était. Alors il s’acharne. Il frotte comme il peut cette chemise tâchée de sang. Traces de sa faiblesse, de son stress. Honte. Si Shun voit ça, il est certain de recevoir une remarque. Même sans être blessé, Xinyi parvient à laisser son sang couler. Bon à rien. « J’veux pas… j’veux pas de ça…» mots marmonnés pour personne. Peu importe qu’il veuille ou non de cette situation. C’est comme ça.

Comme un automate, ses pieds le guident vers sa porte où Shun se trouve. les quelques coups frappés ont eu l’effet d’un énorme coup de tonnerre. Xinyi aurait pu faire le mort mais il sait que son père ne mettra que peu de temps à le faire changer d’avis par ses menaces. Autant céder de suite, non ? Faible. Chemise souillée à la main, Xinyi fixe l’intrus qu’il vient de faire lui-même entrer dans son petit monde. S’inquiète-t-il vraiment de ce qui a pu lui arriver ? Un instant, Xinyi entrevoit une lueur, quelque chose qui… Puis non. Shun se ravise bien vite. Pourquoi a-t-il été assez stupide pour croire que ça l’intéressait vraiment. « J’aimerais bien oublier. Oui. » Xinyi ne parle pas de sa question mais de toute cette foutue situation. Oublier, tout changer.

« viens. » ordonne-t-il froidement à celui qui partagera dorénavant tout avec lui. D’un geste rapide, il lui montre le salon, endroit qu’il a voulu chaleureux, plantes, bibliothèque bien remplie et un gros canapé moelleux. Cuisine puis salle de bain où il se débarrasse de sa chemise tachée avant de se diriger vers le couloir des chambres. « Là, c’est ma chambre. T’y rentres jamais, c’est clair ? » Il veut garder cette pièce pour lui, au moins celle là. Son regard se fait glacial, ses gestes secs. Xinyi ne supporte pas cette situation. Ouvrant la porte d’en face, il pousse Shun à l’intérieur et lui montre nonchalamment le lit. « ça c’est la tienne. Mais tu n’ramènes personne. J’veux aucun membre du gang ici, aucune nana dans ton lit. Tu te démerdes autrement si t’as besoin de voir des gens. Personne d’autre que toi ne rentre ici. » Xinyi se surprend à parler aussi froidement mais sa maison, son cocon, c’est tout pour lui et il ne veut pas que Shun vienne gâcher tout ça. « Et la porte au fond, c’est mon atelier. J’imagine que tu ne joues pas de piano et ne fais pas de peinture, donc t’as aucune raison d’y être. » Se dirigeant vers la sortie, Xinyi finit par se retourner et fixer Shun tout en soupirant. « J'sais même pas pourquoi je dis tout ça, tu ne respecteras pas mh ?»

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Il se sent si minuscule, si inexistant dans ces lieux. Il n'a jamais goûté à la richesse, il n'y a que des bribes offertes par Monsieur Li mais jamais sa famille n'a été riche. Ses grands-parents n'étaient que des immigrants ici, pas assez chanceux pour que le business soit énorme. Ses parents eux, ce fût une autre histoire. L'argent n'a jamais poussé sur des arbres à sa portée. En mettant les pieds dans l'appartement, il contemple un peu plus le fossé qu'il y a entre lui et ce garçon. Xinyi est riche, depuis sa naissance. Il n'a connu que le confort et la sécurité, contrairement à lui. Il se prend à s'intéresser au garçon, au sang sur sa chemise et peut-être à lui par extension. Mais Shun, il ne peut pas être comme ça. Il se ravise rapidement, réalisant que ce n'est pas sa place. Mad dog, pas ami. Pas colocataire, instructeur au mieux.

Il doit taire les questions sans rapport, ne pas penser à lui plus qu'à quelqu'un d'autre. Cela ne semble pas déranger Xinyi qui acquiesce à sa seconde phrase. Shun ne comprend pas la nuance, ni n'y prête attention. Ce n'était qu'un détail de plus à ignorer. Viens. La voix est froide, dévoilant un peu plus leur non-affection réciproque. Xinyi lui montre le salon. Le canapé est large, paraît douillet. Suivent cuisine et salle de bain, dans laquelle est abandonnée l'objet de ses questions. « J'avais pas l'attention de passer du temps avec toi. » Réplique t-il par habitude. Shun, il n'aime pas qu'on le réduise. Qu'on fasse de lui un moins que rien. Il ne voulait rien de cette chambre, ni de son propriétaire.

Il est le miroir de Xinyi, aussi froid et glacial que l'autre se montre. Il n'a pas à chercher le compromis. Shun est poussé à l'intérieur d'une autre pièce, qu'il devine être son futur lieu de vie. Evidemment, c'est plus agréable que son appartement tout entier mais il ne s'y sent pas chez lui. Il fera toutefois avec. Il se sent presque attaqué lorsque les paroles du garçon s'écoulent, elles ne font de lui qu'un fuckboy membre d'un gang. Il n'est rien d'autre à ses yeux, peut-être qu'une part de vérité s'y cachait. On avait tous un rôle à jouer. « T'inquiètes pas, t'entendras pas mes conquêtes. » répond t-il, un sourire se dessinant sur ses lèvres. Lueur de défi dans son regard, il avait envie de piquer aussi vif qu'il l'avait été. Bien sûr, il ne ramènerait probablement personne ici. Il s'y sentirait trop mal à l'aise et fliqué.

Il écoute la description des lieux, regarde chaque porte pointée. Nouvelle attaque, ses origines qu'il ne pouvait pas changer malgré tout. « ça t'arrive de ne pas être snob ? » Qu'il finit par presque cracher, n'appréciant définitivement pas le ton employé. Pas besoin de Mozart ou Van Gogh pour respirer. Il se portait très bien sans eux. Il reste immobile alors que Xinyi sort et finit par le fixer de nouveau. Froideur dans ses orbes, réciproque. « Je m'en fous de toi, tu peux dormir tranquille. » Une réplique de laquelle il aurait pu s'abstenir mais ils n'avaient rien à partager à part cet appartement. Shun ferme ensuite la porte d'un geste sec et se laisse tomber sur le lit. Tout ne faisait que commencer.

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Dans le confort de son appartement, Xinyi se sent un peu moins fébrile, moins minable. Avoir Shun face à lui le déstabilise évidemment, mais il sent en lui ce besoin de se défendre, de protéger son espace. Cet endroit qu’il a décoré et agencé minutieusement lui permet d’oublier le monde extérieur qui ne lui correspond pas. C’est sa bulle, son univers. Aujourd’hui, il voudrait pouvoir le préserver mais il sait que la présence de Shun l’en empêchera. Il aura beau lui donner des ordres, les respectera-t-il ? Par provocation, il imagine déjà Shun fouiller ses affaires, mettre le bordel dans sa vie. C’est d’ailleurs déjà fait.

« J'avais pas l'attention de passer du temps avec toi. » Quelle blague quand ils sont presque obligés de passer chaque seconde avec l’autre. « J’en ai pas l’intention non plus. Sauf qu’on est obligé. Tu te rappelles ? » Xinyi espère cependant pouvoir s’échapper plusieurs heures et s’enfermer dans son univers. Peindre, écrire, jouer… Il en a besoin. Encore plus dans cette situation inédite pour lui. Au fond, il sait que Shun préfèrerait être ailleurs, que tout ça ne l’enchante pas plus que lui mais il a trop de respect pour son père pour contredire ses ordres. Xinyi n’est pas mieux. Incapable pour l’instant d’aller à l’encontre de ses plans, il obéit comme une marionnette.

Dès que Xinyi attaque, Shun réplique. ses mots le piquent droit au cœur, le blessant et l’énervant un peu plus à chaque fois. Ne le cherche-t-il pas avec son attitude ? Le plus jeune veut juste paraître sûr de lui, au moins un instant. « ça t'arrive de ne pas être snob ? » Poings serrés, Xinyi fulmine. Shun l’agace, cette situation l’énerve, ses mots l’emmerdent. « Et toi, tu ne peux pas te taire ? » Se taire, disparaître. Xinyi voudrait juste que tout redevienne comme avant. Premier jour et jamais le cadet ne s’était senti aussi énervé dans sa vie. Il ne se reconnaît pas, il déteste cette sensation. Ne pas contrôler sa vie le terrifie, ne pas maitriser ses réactions, ses sentiments, ça le tue.

« Je m'en fous de toi, tu peux dormir tranquille. » Porte close. Xinyi fixe avec fureur le bois qui lui barre la vue. Comment ose-t-il ? Vivement, sa main s’abat sur la poignée faisant valser la porte contre le mur. Incontrôlable, Xinyi se précipite sur Shun allongé sur le lit. Blessé, vexé. Il le déteste tellement. « T’es chez moi, tu m’claques pas la porte à la figure ! » Ce n’est pas tant le geste qui le vexe mais les mots. Shun n’est rien pour lui mais ça l’affecte d’être jugé, dénigré par celui que son père semble voir plus comme un fils que celui de son propre sang. Sans s’en rendre compte Xinyi se retrouve sur le lit, surplombant Shun, sa main enroulée sur son col. Il serre, serre encore. Il voudrait qu’il se taise. Ses yeux noirs de colère se rivent dans ceux de son nouvel ennemi et Xinyi se retrouve figé au constat de leur proximité. Fureur envolée aussi vite qu’elle est arrivée, il se retrouve pétrifié au dessus de celui qu’il voudrait voir six pieds sous terre, sa main tremblante peinant à agripper le tissu qu’il maintenait pourtant si fermement quelques secondes auparavant.

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Le combat est verbal, le physique a été oublié. La joute se fait avec des piques et des sous-entendus. Il n'y a que cela qui est autorisé, ce soir. De retour sur le ring, ce sera bien sûr différent. Frustration grandissante dans cette conversation peu plaisante. Les choses ne prennent pas une tournure qui convient à Shun. On l'attaque et il se défend, comme toujours. « Oui, je me rappelle. Difficile d'oublier. » Crache t-il en retour, comme si leurs répliques devaient se compléter. Impossible de laisser Xinyi Li avoir le dernier mot. Sa fierté subsisterait même dans cet appartement qu'il ne pourrait jamais se payer. Le marbre et les dorures ne pouvaient pas le rendre plus minable qu'il ne l'était déjà. Du moins, il osait l'espérer pendant plus de quelques secondes.

Les poings de Xinyi se serrent et rejoignent les siens. Emotions traduites dans leurs simples gestes. Le garçon voudrait qu'il se taise mais étrangement cela ne marche pas. Shun ne veut pas capituler. « Non, je ne peux pas. » Réponse inutile, surtout qu'il se sent monter en pression et ferme la porte au nez du garçon. Il ne veut plus le voir, il ne veut plus l'entendre. Il veut simplement le silence, juste un break. Mots durs mais mérités selon lui. Pourquoi devrait-il le prendre avec des pincettes alors qu'il ne faisait pas d'effort non plus ? Aucune raison d'être tendre. Ce concept lui était même étranger.

Allongé sur ce qui était devenu son lit, il respire paisiblement. Il entend un soupir ou ce qui y ressemble. Et Shun, il ne s'attend pas à voir Xinyi ouvrir la porte. A le sentir qui se précipite à l'intérieur et sur lui. Venin craché à son tour, Xinyi le surplombe et Shun sent ses mains autour de son col. Il serre, en vain. Mais Shun n'aime pas cette sensation d'oppression. Son regard est noir, miroitant parfaitement celui de Xinyi. Il ne dit rien mais tout est explicite. Ses mains viennent se poser sur celles de Xinyi, qui semble étrangement pétrifié. Peut-être parce que Shun n'a rien dit et ses silences sont plus meurtriers que ses mots. Doigts qui tremblent, la prise n'est plus ferme. Le moment de changer la donne. Les jambes de Shun s'enroulent autour du garçon et il les fait rouler d'un mouvement sec et rapide. Il se retrouve au-dessus de Xinyi. Il ne serre pas son col, il préfère attraper chacun de ses poignets et les clouer au-dessus de sa tête. « Où est passé ton regard de tueur ? » Laisse t-il échapper, évidemment moqueur de la situation. S'en suit un regard qu'il ne s'explique pas, un long silence alors qu'il devrait cracher sa haine encore. Ils sont proches, trop proches pour que son cerveau fonctionne correctement. C'était mal. Sans savoir pourquoi, il relâche les poignets captifs. « Refais plus jamais ça. » Si fragile qu'il pourrait le briser. Il était temps de se séparer, surtout en sachant qu'ils allaient passer beaucoup de temps ensemble. Autant respirer avant d'étouffer à deux. « Je vais prendre une douche. » Shun sort le nécessaire, tout en ignorant royalement Xinyi. Il voulait s'éloigner de lui et des pensées involontaires qui le hantaient depuis quelques minutes.

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pourquoi a-t-il réagi ainsi ? pourquoi n'a-t-il pas laissé cette fichue porte fermée ? Xinyi aurait dû courir jusqu'à sa propre chambre et s'y enfermer. au lieu de ça, il se retrouve au dessus de Shun après un accès de colère parti aussi vite qu'il est arrivé.
ridicule.
il n'en faut évidemment pas plus pour que Shun reprenne le dessus. dans tous les sens du terme.
physiquement, xinyi se retrouve emprisonné sous un corps beaucoup trop puissant pour qu'il puisse se défendre.
mentalement, shun aura toujours le dernier mot à cause de sa faiblesse. garder un semblant de force n'est pas encore acquis.
incapable de bouger, ses yeux ne quittent pas ceux de son ennemi. situation étrange. pesante. tout son corps tremble alors que leur proximité le dérange. trop d'intensité, atmosphère électrique. ils ne devraient pas se trouver dans une telle position mais xinyi ne peut le repousser. il subit. pétrifié.
en un clin d'oeil, la prise sur ses poignets s'évapore et shun n'est plus là. « douche » c'est tout ce qu'il a pu retenir de leur échange. ses oreilles bourdonnent. son coeur bat la chamade.
peur.
colère.
tentation.
finalement, xinyi se lève et court vers sa chambre. chose qu'il aurait dû faire dès le début.
maintenant, son esprit s'égare. il pense. beaucoup trop.
dans le noir, il sent encore la puissance des mains de shun autour de ses poignets. le poids de son corps contre le sien.
bon sang.
il déteste ce qu'il ressent derrière la peur évidente.
que son cerveau se taise. pitié.

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