Son lieu de naissance, cette ville cosmopolite remplit autant de noirceurs que de lumière était sa terre depuis sa naissance. Son sang coulait, son âme voguait dans les ruelles sombres et sordides de cette ville depuis plus de trente ans. C’était sa zone, l’endroit où ses pires vices s’exprimaient. Endroit où se trouvait également son garage, son bébé construit de ses mains avec l’aide de son meilleur ami et frère de cœur.
Un endroit salvateur après la violence de la prison, pour oublier les cris, pour oublier la meute de chiens qu’il avait dû côtoyer pendant cette période. Une bande d’animaux derrière des cages qu’on regroupait une heure par jour dans une cour où tous les coups étaient permis. La loi du plus fort, l’endroit où les poings rencontraient les mâchoires régulièrement sous les yeux pervers des gardiens et gardiennes.
Observateur de la déchéance humaine dans leur tour de pierre et de barbelés, observateur privilégiée de la cruauté humaine, spectateur d’une mise à mort physique et intellectuel. Des êtres humains qu’il trouvait presque aussi exécrables que les flics, un dégoût viscéral pour ces deux professions. Des flics qui lui collaient au cul comme des mouches à merde pour son plus grand agacement.
Impossible de s’en débarrasser, ce serait prendre le risque d’attirer le reste de la cavalerie derrière son cul, un danger qu’égoïstement il n’était pas prêt à courir. Les autres n’avaient que peu d’importance à ses yeux, chaque personne connaissait les risques dans ce milieu.
Céder à la tentation du fric facile, des pires vices étaient mettre sa vie en danger, celles des proches également. La dualité flic/voyous, un combat sans merci où le plus fort gagnait. Des hommes qu’on mettait derrière des cages pour qu’ils se remettent sur le droit chemin, sans grand succès.
Une rédemption qui n’existait pas pour les gens comme lui, suppôt de Satan, les poches remplies d’argent sales. Un bien pécuniaire blanchi par l’achat d’immeuble, de motos anciennes et autres propriétés. Un beau pactole, jamais montrés, la discrétion comme mode de vie. Solitaire de nature, il accordait son attention à peu de gens. Celui qui venait de se pointer comme une fleur faisait partie de ceux-là. Loup qui avait partagé sa cage, taiseux un peu moins que lui, mais un taiseux quand même.
Une personnalité qui collait à la sienne et qui expliquait cette entente, à défaut de parler d’amitié.
Serais-tu un homme de goût ? Un léger sourire ornant ses traits, il s’écarta du chemin pour le laisser rentrer dans sa tanière lui faisant signe de s’installer.
Et deux bières venant de mon frigo. Un briquet pour simple décapsuleur et une rasade de bière plus tard, il reprit la parole.
Quoi de neuf ? Un intérêt mitigé, monstre d’égoïsme qui finalement ne s’intéressait pas à grand monde. Puis les banalités de la vie l’avaient toujours fait chier, qu’est-ce qu’il s’en foutait de leurs gosses ou des personnes partageant leur vie.
@GIGI DICONSTANZO