birds in the night. (Nina)

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{ birds in the night }
crédit/ tumblr ☾ w/@Nina Wahlberg

Les deux opales posées sur la bâtisse devant elle, la féline scrute les lieux qu’elle reconnaît à peine, pour les avoir à peine entrevus la première fois. Elle était sous le coup de l’inquiétude, le stress à son maximum, dans un état où lui seul peut la mettre. Elle se souvient combien elle était arrivée paniquée chez Nina, ce jour-là. Puis, combien elle a été en colère quand elle a compris qu’il n’y avait aucune urgence concernant Morgan. Elle se souvient comme elle en a voulu à la jeune femme de s’être jouée d’elle, d’eux, en utilisant contre elle ses sentiments. Elle lui en a voulu, parce que quelque part, elle avait commencé à lui faire confiance. Elle ne le fait pas souvent, Ella, accorder sa confiance. Les personnes qui y ont droit se comptent sur les doigts d’une seule main. Mais il y a quelque chose, chez la rose, qui l’a inexplicablement mise à l’aise. Comme une douceur en elle, tendresse presque maternelle, emplie de cette bienveillance qu’elle ne retrouve plus dans le reste de l’humanité. Elle a cru s’être trompée, devant le piège tendu par la belle, avant de réaliser. Avant que la conversation forcée avec Morgan ne les pousse tous les deux à entrevoir la vérité. Celle qu’ils ont désespérément tenté d’oublier, sans jamais y arriver. Cela fait quelques jours, déjà, qu’ils ont franchi cette étape. Elle ne sait pas encore ce qui va advenir de leur relation, mais elle sait qu’ils ont cessé de se mentir. Cesser de se cacher tout ce qu’ils peuvent ressentir. Il y a un poids en moins dans son cœur tourmenté, c’est peut-être ce qui l’a poussée ce soir à venir la retrouver. Lui faire part de sa reconnaissance, autant qu’elle en est capable, la remercier de l’avoir libérée.

Parce qu’elle a fait pour toi,
ce que personne n’a jamais fait, Nina,

elle t’a apportée cet élan de lumière,
au milieu de tes ténèbres.

Elle sait qu’il y a des choses qui sont en train de changer. Pour elle, pour Morgan, mais aussi pour Nina. Elle sent ces choses-là, elle sent que quelque chose se prépare. Mais elle n’est pas venue pour toutes ces histoires. L’écorchée n’est là que pour entrevoir la lumière qui est venu éclairer son obscurité. Elle n’est venue que pour elle, Nina. Faire un tel geste n’est pas dans ses habitudes. Ce n’est pas tant un trop-plein d’orgueil, plutôt la peur de voir en quelqu’un autre chose que de la noirceur. Elle est trop habituée à ne voir dans le monde que l’horreur. Il y a peut-être un peu d’appréhension, la peur de faire face à un rejet. La louve effrayée à l’idée de retrouver l’agneau, elle ne l’avouerait jamais, mais devant la porte elle cherche déjà ses mots. Une prise d’inspiration qu’elle prend, elle décide de manifester sa présence sans plus attendre. La porte en bois, à peine entrebâillée, s’ouvre contre sa main alors qu’elle entend quelques bruits signifiant la présence de l’habitante des lieux. – Hum… Nina ? lance-t-elle, assez fort pour qu’elle l’entende. Elle ouvre la porte un peu plus pour oser finalement s’immiscer à l’intérieur de l’appartement. – C’est Ella… Ta porte était ouverte alors… Elle la voit enfin, l’air un peu déconfit, cette lueur morose dans ses jolies iris. – Ça va ? demande-t-elle soudainement, s’interrompant dans ses explications. Elle ne devrait pas être là, Ella, sa place n’est pas là. Mais elle n’y songe même plus, retenue par quelque chose sur le visage, dans le regard, de la rose aux pétales qui menacent à tout instant de tomber.

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{ birds in the night }
crédit/ tumblr ☾ w/@Nina Wahlberg

Il y a quelque chose dans l’atmosphère. Quelque chose de sombre qui, tout de suite, lui pèse. Elle ne sait même pas ce dont il s’agit, Ella. Elle sait juste que cela n’existait pas la dernière fois. Ni aucune des rares fois où elle a vu la douce Nina. Il s’est passé quelque chose, elle en a comme l’intuition. Son sentiment trouve rapidement confirmation quand sur elle, ses prunelles se posent. Une ombre portée sur la fleur, l’absence d’éclat dans les pétales de la rose. Elle est comme éteinte, ou bien, ensommeillée, derrière la froideur qui transparaît. Soudain, Nina, elle lui rappelle cette rose sous verre dans ce célèbre dessin-animé. Elle est là, tout près, mais dans l’impossibilité de la toucher. Elle peut juste admirer, ses pétales, lentement, se mettre à tomber. Séparée d’elle par cette distance pas si méconnue, elle se souvient, combien elle était elle-même avec elle, quand elles n’étaient encore que deux inconnues.

Nina, elle avait réussi à briser ta carapace,
Nina, elle avait su voir ton vrai visage,
Nina, elle avait cassé toutes ces barrières en mettant ton cœur en émoi,
mais tu n’es pas Nina, tu n’es que toi,
désespérément toi.

L’âme trop souvent isolée n’a aucune idée, de la manière dont elle devrait se comporter. Ni des mots qu’elle devrait prononcer. Elle sent seulement cette froideur inconditionnée, comme si quelque chose entre elles, s’était broyé. Mais c’est idiot, n’est-ce pas ? Rien ne peut être anéanti, lorsque rien n’a été construit. Pourtant elle a cette sensation, Ella, celle de se retrouver devant son amie. Une amie qu’elle découvre à peine, mais dont elle a la sensation déjà de trop bien connaître, pour ne pas déceler son mal-être. Cette frayeur exacerbée dans ses prunelles. Cette douleur qui semble avoir brisé ses ailes. – Je… Je ne suis pas venue te faire des reproches. elle avoue, le ton un brin hésitant, pourtant déjà tentée de jouer les faux-semblants. Elle devrait savoir ce qui se passe, assurément, si le cygne agit de cette façon. Mais non, ce n’est pas le cas, elle ne se retrouve que devant sa propre ignorance. Et devant les opales bleutées de Nina, elle est prise au dépourvu. Parce que la tourmentée ne s’attendait pas à être rejetée, parce qu’elle croyait presque lui faire plaisir en acceptant la main qu’elle lui tendait.

Mais le monde ne tourne pas autour de toi,
la délicatesse ébranlée par tu ne sais trop quoi,

elle a changé, Nina.

Elle ne lui en veut pas pour son petit jeu de manipulation. Sans lui, sans elle, la féline n’aurait plus aujourd’hui cette relation. Cette relation avec l’homme qui les lie, l’homme qu’elle a tant voulu fuir… l’homme que Nina a choisi de renier. Elle le comprend seulement lorsque la sentence est prononcée. – C’est pas Morgan qui m’envoie. précise-t-elle instinctivement, avant de réfléchir un plus posément. Un instant de flottement, puis elle reprend. – Nina, il se passe quoi ? J’vois bien que ça va pas. Et elle ne sait plus si elle parle de leur amitié. Ou juste de la fleur qui se tient si difficilement droite à ses côtés.