« Tu te souviens de t’être jetée dans mes bras ? » Tu lui offres une onomatopée de négation en guise de réponse. « Et de ne plus avoir voulu les quitter, ensuite ? »
« Non plus. » Tu n’es pas étonnée pour autant, pour aucun des deux, ça te ressemble plus que bien. Heureusement que le jour, sobre, tu as une libido tout à fait normal. C’est même triste à dire, mais tes relations sexuelles sont quasi toujours bien arrosées et parsemées de trou noir. Mais alors pourquoi vous n’avez pas couché ensemble ? Ah oui, ça te revient, t’étais miss vomito cette nuit. Vous clôturez cette discussion sur tes inquiétudes tout à fait justifiées, et c’est avec humour qu’il te rassure. Et une fois qu’il est parti, tu te sens curieusement paisible de savoir qu’il va revenir. Et t’as du mal à te faire à cette idée. Ça ne te ressemble pas Ada. C’était ça que t’attendais Ada, le gars qui ne profiterait pas de ta condition ? Faut pas se leurrer, t’as toujours été parfaitement consentante et consciente de tes actes, à une ou deux exceptions près où t’avais abusé à outrance de la boisson. Comme hier soir.
Heureusement que la gueule de bois est là pour te prendre la tête plus que ces questions sentimentales que tu as toujours fait semblant de juger idiotes, au point de t’en convaincre. Sinon tu deviendrais dingue.
Et t’es soulagée de le voir revenir. Tu voudrais te pincer pour être sûre que t’es bien toi-même, et pas en train de rêver une situation incongrue. Il te propose de te cuisiner des oeufs, tu ne sais pas trop si ton estomac supporterait mais t’as pas mangé depuis la veille au soir, avec tout ça et tu te sens un peu faiblarde. Mais c’est encore un « hmmmm » que tu réponds, d’hésitation cette fois.
Alors que tu es encore en réflexion, il a ce compliment et toi le coeur battant, qui le regarde, interdite. Tu ne sais pas quoi dire, tu es même un peu gênée… Et terriblement satisfaite. Tu voudrais te coller une baffe lorsqu’un petit sourire béat s’empare fugacement de tes lèvres. Tu fais voler la couette et tu te lèves emportant ton téléphone, ta bouteille d’eau...
« J’ai envie d’une pizza… Mais va pour l’omelette ! »
Puis sa main. Tu l’entraines, les jambes à l’air dans la pièce d’à côté, ce grand salon avec cuisine ouverte. Cet appartement d’un bon standing laisse apparaître votre catégorie sociale sans laisser deviner à quel point vos parents sont riches. Il est sobre par rapport à tout ce que tu as connu.
Sur les quelques mètres jusqu’au frigo, vos doigts s’entrelacent et t’es sûre que ça vient bien de toi. Tu le lâche subitement, sans explication, sur le dernier mètre. Puis tu prends place sur les hauts tabourets devant l’îlot centrale, juste en face de lui et des plaques de cuisson. Tu ne lui donne pas d’indications, tout est assez facile à trouver, comme dans n’importe quelle cuisine. Au final t’as plus envie de le cuisiner de questions que de réellement manger. Coude sur le plan de travail et menton sur les paumes.
« Alors ? J’ai dit quoi ? J’ai fait quoi ? Je t’ai sauté dessus dans la boîte de nuit c’est ça ? Si on n’a pas couché ensemble, on a bien dû se rouler des pelles pendant des heures, non ? »
Tu le dévisages de tes grands yeux verts, bât des cils en souriant avec un air narquois comme tu sais si bien les faire. Tu devines à ses airs que vous n’avez rien fait du tout, et la frustration qui va avec. « Ah oui, même pas ! T’attends que ça, Jules, en fait. Dommage, le bar est fermé. »
Ce n'est ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux. Parce ce que tu voudrais que ce baiser ait lieu, t'as juste envie qu'il vienne quand ce sera le moment. Même si tu crains la suite, toi, tes réactions, lui. T'as envie de savoir en fait, savoir quel sort il compte te jeter.
Jules est moqueur. Il profite bien de ses trous de mémoire, bien que pas très loin de la réalité. Il y reviendra, éventuellement. Mais, pour l’instant, il en reste là. Il n’en dit pas plus. Et quitte la chambre à la recherche de médecine douce, pour Ada.
Il revient rapidement vers elle. Par envie, par nécessité.
Et de fil en aiguille, on lui octroie le rôle de chef. Elle insiste pour qu’il le fasse torse nu. Il sourit, amusé. Elle n’est pas certaine, Jules n’insiste pas. Il n’est pas pressé. Il n’y a que ses pensées qui se bousculent. Elle est belle, Ada. Encore plus, comme ça, au réveil. Son haut large, plutôt que cette tenue trop ajustée, qui ne laisse aucunement place à l’imagination. Sans maquillage, si ce n’est quelques traces de la veille. Un compliment, un aveu qu’il ne retient plus. Mais, elle ne réagit pas. Elle le sait. On le lui dit probablement tous les jours. Le trentenaire en est probablement le plus gêné des deux. Il sourit bêtement, n’ajoute rien de plus. Il ne remarque pas non plus ce sourire discret, qui apparaît sur le visage de la brune. « Une pizza ? » qu’il répète, alors qu’elle se lève. « J’croyais que t’aimais pas la pizza ? » Simple supposition.
Julius laisse Adama se saisir de sa main et croiser ses doigts aux siens. Se laisse guider une nouvelle fois. L’étudiante lâche sa main, prend place sur un tabouret. Elle s’installe, s’appuyant aussi confortablement que possible. Adorablement. Le latino lui sourit. « Pas grand chose, mais, j’t’en veux pas. T’étais occupée à désaouler ! Et à m’faire du rentre-dedans. » Il se tourne vers le frigo, fouille un peu. Oeufs, fromage, quelques légumes. Il revient ensuite déposer le tout, à proximité. Face à elle, il voit bien que ça ne la satisfait pas. Elle le fixe, toujours, silencieuse. Il rigole. « Laisse-moi réfléchir » qu’il lâche, en cherchant puis ramenant un couteau, puis une planche à découper. « Je sais que tu n’es pas difficile, niveau alcool. T’es une séductrice. Tu aimes la plage et la chaleur. La Floride et la Louisiane. Ta grand-mère y vit, mais tu n’y est pas originaire. T’as aussi un frère, Balthazar, qui a des problèmes de santé... » Il s’arrête. Lève les yeux au plafond, réfléchi un instant puis continue la coupe des légumes. « Tu aimes créer le verre, mais, je ne sais pas s’il y a certaines de tes créations, ici. J’crois que tu aimes bien regarder les étoiles, aussi, mais, que le ciel new yorkais ne t’impressionne pas ! Et je sais aussi que tu devrais penser à changer d’amis... » qu’il ajoute, avant de se lancer à la recherche d’assiettes. Il y casse les oeufs, y mélange les légumes. Sel, poivre. Allume le rond. « Et je ne t’ai pas rencontré en boîte de nuit. Tu m’es tombée dessus au beau milieu de Central Park. » Il secoue ensuite la tête, négativement. Il ne s’est rien passé de tout ça. « Ah oui, c’est vrai. J’oubliais. T’as ce type, dans ta vie. Ce fuckfriend. Et ceux d’un soir, non ? » Il pique, lorsqu’elle mentionne qu’il est trop tard. Pourtant ni jaloux, ni colérique, alors qu’il lui dévoile un autre de ces fameux aveux. Il hausse les épaules et continue la cuisine. Jusqu’à ce que tout soit à point. Pique une fourchette, et la lui tend pour qu’elle goûte.
« Pas grand chose, mais, j’t’en veux pas. T’étais occupée à désaouler ! Et à m’faire du rentre-dedans. » « Classique. »
Ada passe sa tête sur une main, puis sur l’autre. Par moment elle la relève ainsi que ses bras pour s’étirer. Elle l’écoute, réagi par une expression du visage de plus en plus incrédule, parfois par un froncement de sourcil, de temps en temps par un petit mot affirmatif. Qu’est ce qu’elle peut être bavarde quand elle a bu. Est-ce qu’elle en raconte autant à chaque fois ? Sérieusement. ça craint.
« T’as aussi un frère, Balthazar, qui a des problèmes de santé... » « Oui ça je me souviens. » Elle pouffe à nouveau, comme cette nuit lorsqu’elle s’est plantée de mot.
« C’pas mes amis. » C’est qu’elle n’a pas tellement d’amis Ada, en fait, en dehors de son frère. Il y a bien Opale, mais elle a du mal à la mettre dans cette catégorie, pour plein de raison. Timothée et Ismaël peut-être. Elle a parfaitement conscience que ses fréquentations de la veille étaient des gens qui ne valent pas grand chose, elle ne les avait pas choisi pour ça d’ailleurs, juste parce qu’ils sont drôles en soirée.
Elle le regarde cuisiner, et faire ça bien elle qui avait en tête juste trois œufs éclatés dans une poêle. Ce qu’elle aurait fait à sa place, sans être une référence loin de là. Elle le mate clairement même puisqu’il a décidé de continuer à exposer son torse musclé.
« Central Park ? Vraiment ? Ah ouais, j’devais vouloir rejoindre mon ancien appart… » Elle sourit la jolie brune, ses aventures nocturnes l’amusent, sa connerie aussi. Comme si elle avait déjà oublié la leçon de la veille.
Elle lui fait les gros yeux ensuite, assez étonnée qu’elle ait pu lui dire tout ça. « Genre je t’ai parlé d’Arthur ? Et t’appelles ça une séductrice ? En fait tu sais tout de moi quoi. Et moi pas grand chose de toi. » Mais elle est presque soulagée de savoir qu’il a très bien conscience avec quel genre de créature il a à faire. Au moins il n’y aura pas de mauvaises surprises. Elle pense s'en tirer comme ça, sort son sourire carnassier.
« Alors du coup, t’es mon ami d’un soir ? Chevalier servant pour fille paumée ? » Demande-t-elle presque innocemment, tout en plantant sa fourchette dans l'omelette pour prendre une bouchée et la mâcher tout en douceur. L'estomac est fragile.
Sa réaction le fait sourire. Encore. Toujours. Éternel adolescent moqueur. Un brin d’arrogance. Et de la joie, le gamin s’émerveille de tout. Et puis, il l’aime bien, Adama. Il aime bien chaque petite facette d’elle. Et souhaite découvrir celles qui n’ont pas encore été exposées.
Il lève les yeux vers elle, régulièrement. Lui sourit, lui remémore la veille. Patient, toujours sans jugement. Elle doute parfois de ce que Julius lui dit, s’en amuse une autre fois. « Oui ça je me souviens » qu’elle lance, avant d’éclater de rire. Seule, encore. Le marin ne sait pas ce qui l’a fait rire, mais, son rire est contagieux et lui vole un sourire. Elle le lui reprend rapidement, ensuite, lorsqu’ils en viennent à ces gens avec qui elle est sortie la veille. « Tant mieux... » Encore outré qu’ils aient pu la laisser quitter seule, sans tenter de la retrouver. Ou alors, trop peu, trop tard. « J’t’aurais jamais laissé partir, moi... » qu’il marmonne. À peine audible.
Silencieuse, la jeune femme le regarde faire. Elle reprend des forces, se remet tranquillement. Elle profite, comme elle l’avait annoncé, de la vue. Mais, Jules ne le voit pas. Lui-même trop obnubilé par la sienne, par cette jolie brune, dès qu’il relève les yeux dans sa direction. Sa main se pose dans son cou, puis sur son torse, qu’il frotte doucement. Il attend. Ils discutent. Julius hoche la tête. « Pourquoi ça ? T’as emménagé ici, récemment ? Tu vivais avec ton frère avant aussi ? »
Elle est surprise, pour la première fois. Jules, lui, ne voit pas pourquoi elle l’est autant. Elle lui a semblé n’avoir aucun filtre. Il a eu l’impression qu’à ce niveau, elle n’était pas bien différente, à jeun. Il confirme, d’un signe de tête. « Parlé, c’est un grand mot, par contre. T’as mentionné en avoir un, quand j’t’ai dit que je coucherais pas avec toi. » Implicitement, à la blague, la vérité tout de même. Jules n’aurait pas couché avec elle, même si elle avait insisté. Pas à ce moment là. Il n’a bien évidemment pas fait l’amour avec elle, non plus, une fois chez elle, alors que l’alcool laissait place à une certaine lucidité. « Pas grand chose ? » qu’il s’étonne. D’abord, parce qu’il n’a presque rien révélé. Ensuite, parce qu’il doute qu’elle puisse se souvenir de quoi que ce soit.
« Alors du coup, t’es mon ami d’un soir ? Chevalier servant pour fille paumée ? » Un sourire. Il hausse les épaules. Paumée, il ne sait pas. Alcoolisée, oui, c’est certain. « D’un soir, je ne sais pas. Ça dépendra de toi... Je t’ai laissé mon numéro » qu’il lui rappelle. Il lui avait emprunté son téléphone, alors qu’ils étaient dans le taxi, la veille. Une première bouchée. « C’est à ton goût ? »
Au fil de leur conversation, elle lui a expliqué qu'elle vivait dans l'Upper East Side, le coin le plus huppé de New-York comme tout le monde le sait, seule, avant d'emménager avec son frère depuis un peu plus d'un an. Suffisamment longtemps pour que son soi ivre le sache. Elle ne lui précise pas pourquoi ce changement, qui est absolument liée à ses activités nocturnes ébruitées, ses frasques sexuelles arrivées jusqu'aux yeux et oreilles des parents et les vivres partiellement coupées.
D'ailleurs elle est partagée Ada, elle ne sait toujours pas exactement ce qu'elle fait là, ce qu'ils font là. Cette espèce d'indécision lui est pénible. Coucher avec quelqu'un une nuit, c'est simple, c'est précis, ça a un début et une fin. Elle a choisi d'être ce genre de fille qu'on film dans les chiottes en pleine fellation, pas celle qui se fait servir par un Apollon. Il est serviable et attentionnée, trop serviable et trop attentionnée, trop doux, presque mielleux. Il est trop tout, trop pour cette mâtinée migraineuse. Une partie d'elle s'impatiente, s'énerve. Alors que l'autre, plus grande, désire sa tendresse... Le désire, Lui, tout entier et pas que pour une nuit. Des contradictions dont elle n'a pas envie dans sa vie bien trop compliquée. D'autant que même si elle ne se souvient pas de ce qu'il fait, ni de son bateau, elle se doute que ce n'est pas le genre qu'elle peut présenter à ses parents exigeants et de plus en plus ennuyés par son célibat. Il ne sera jamais assez bien pour eux. Ils ne vivent pas dans le même monde. Même ça, ça ne rend pas la chose plus évidente, le choix plus simple.
Ce matin en tout cas, la question lui semble insolvable.
Leur discussion sur ce qu'elle a bien pu lui dire ne font que confirmer ses doutes. Elle lui a tout balancé, lui exprimant clairement l'absence de relations amoureuses dans sa vie, et maintenant elle comprend très bien pourquoi. A la fois par provocation, par tentation et pour le faire fuir, ou lui faire comprendre. Parce qu'il a été trop gentil, trop doux avec elle, toute la nuit. « Je vois, j'ai du croire que ça te rendrait jaloux, ou je ne sais quoi... » Elle répond simplement, avec un petit rire qui se moque d'elle-même. Pourtant elle est assez surprise cette fois, son cœur a fait un bond et pour la première fois elle doute de ses intentions. Ne sachant pas grand chose sur lui, ni qu'il est comme elle, un homme d'une nuit et guère plus, elle avait assumé qu'elle lui plaisait, qu'il voulait tenter quelque chose avec elle, presque trop facilement. Qu'il prononce ses quelques mots changent beaucoup de choses. Ça le rend séduisant, désirable... Plus séduisant, car il l'était déjà. Elle comblerait bien ce vide entre eux, soudain, mais elle se retient. Elle n'est pas d'humeur.
Au lieu de ça, elle découpe avec sa fourchette un petit bout d'omelette, sans grande conviction. Elle n'en a pas vraiment envie, maintenant qu'elle se retrouve devant, et ce même si elle a faim. Son corps est contrarié, la crise de foie encore trop récente. Elle le porte à sa bouche pourtant, mâche tout doucement, puis l'avale. En soit c'est très bon, mais... C'est très mal passé. Elle le sent tout de suite alors qu'elle en recoupe un deuxième morceau et le laisse dans l'assiette, avec la fourchette.
A sa question, elle répond malheureusement par une course folle jusqu'aux toilettes. Vomir à nouveau, douloureusement. Tout ce dont elle avait besoin. Elle entend ses pas alors qu'elle s'est carrément assise à même le sol, le coude sur la lunette et son front appuyé sur sa main. Elle prend un bout de papier toilette pour s'essuyer avant qu'il ne s'approche, tourne la tête à l'opposée de la porte. Ses longs cheveux brun en cascade la cache.
« Désolée... C'est bon, mais mon estomac n'est pas prêt. » Elle parle tout bas, assez mal et profondément gênée. « Jules... J'crois que je préfèrerais être seule... Pour récupérer de ma cuite. »
Elle a le cœur qui bat plus fort, se sent minable de lui dire ça. Elle n'a pas envie de le virer, pas comme ça. Elle regrette déjà. Mais en même temps, un peu d'air et d'espace de réflexion lui serait bénéfique.
Petite fille friquée, il fait le lien avec cette attitude. Celle de Julia, d’Ada alcoolisée. Stéréotype. Une de ses nombreuses facettes. Julius suppose que son déménagement est lié à l’état de son frère, alors qu’elle s’abstient d’en dire plus sur ce changement plus ou moins drastique.
Il est plus calme, silencieux, le marin. Il s’y intéresse toujours, mais elle a besoin de silence. Il connaît ça. Alors, il tente d’être concis. Il énumère tel que demandé ces informations qui lui ont été dévoilées, lentement, d’une voix basse. « Je vois, j'ai du croire que ça te rendrait jaloux, ou je ne sais quoi... » Il sourit, amusé. Peut-être. Lève les yeux vers elle. « Ah bon, et pourquoi t’aurais voulu m’rendre jaloux ? Tu crois que ça a marché ? » qu’il rétorque. Elle rigole. Et ils picorent un peu, le plat préparé. Adama est hésitante. L’oeuf et les rôties lui feraient le plus grand bien, absorberaient l’alcool restants. Seulement, il lui est difficile de se nourrir.
Nouvelle course effrénée, direction la salle de bain. Il l’entend de la cuisine, souffre pour elle une nouvelle fois. Il prend un grand verre, le rempli d’eau, avant que ses pas le mène à la brune. Les symptômes ont repris. Elle est accoudé contre la lunette de la toilette. Essuie sa bouche, les cheveux dans le visage. « Désolée... C'est bon, mais mon estomac n'est pas prêt. » Elle enchaine, ensuite. Il comprend. Il l’avait compris la veille, que c’est ce dont elle aurait besoin. D’être chez elle, dans ses affaires, déjà, puis seule avec sa gueule de bois. « C’est normal » qu’ik acquiesce en déposant le verre d’eau, sur le comptoir du lavabo. « J’récupère mes vêtements vite fait, et j’y vais... » Quelques pas seulement, le sépare de la chambre à coucher de la malade. Il enfile son haut. Prend ses clefs et son portefeuille, qu’il avait fini par retirer des poches de son jean. Son téléphone portable dans l’autre. Julius passe une main sans ses cheveux, puis sourit. En se remémorant de la veille, en pensant à elle, tout simplement. Un sacré numéro, cette fille. Il vérifie qu’il n’a rien oublié, lui-même un peu perdu ce matin, fatigué d’avoir trop peu dormi, le sommeil si léger. Au cas où elle ne rappellerai pas. L’option la plus probable, qu’il se dit. Alors, il fait un dernier arrêt à la salle de bain. Se permet de s’approcher d’elle, une dernière fois. Il passe ses doigts dans ses chevelures entremêlées, sur son front et ses joues. « Ça ira ? Tu es un peu chaude, lorsque t’ira t’allonger, essaie de mettre une compresse bien froide sur ton front, dans ton cou. Ça diminuera la température de ton corps. Ça te fera du bien, j’crois... » Courte pause, alors qu’elle hoche la tête. Il a bien compris hier, qu’elle n’aime pas demander ou recevoir de l’aide. Elle se débrouille seule, veut être forte et indépendante. « Et puis, sinon, j’t’avais bien dit que j’étais pas si gentil. J’t’ai laissé la vaisselle à faire... » qu’il blague. Il dépose ensuite un baiser sur front chaud.