fatales tribulations, noé

Elle n'en pouvait plus, Noé, de cette foutue vie, à s'étouffer, sans arrêt, la boule au ventre comme à la gorge et son corps qui tremblait, les effets du surmenage, des retrouvailles électriques avec l'amour de sa vie. Cela faisait bien trop longtemps que Noé prenait sur elle, risquait de tout foutre en l'air et pourtant, elle n'y arrivait pas, fébrile, taciturne lorsque ses parents levaient les mains sur elle, haussaient le ton pour lui faire baisser le visage. Ils l'avaient traumatisé, les parents et avaient créé ce monstre qu'ils ne soupçonnaient guère, ce pantin toxique, détruisant tout ce qui lui passait sous les mains. Alors, cette matinée de plus lui pompait l'énergie, le derme plus pâle que jamais et les idées noires en tête, elle tirait la gueule, traînait sa carcasse épuisée dans les studios pour filmer quelques scènes, mais l'on voyait l'épuisement de la nymphe, l'équipe n'en disait rien, sous la pression des Beauchamp. Ça la tuait, ces regards compatissants mais l'aide qui n'arrivait jamais, subissant toujours en silence et les larmes séchées sur ses joues, lorsqu'ils arrivaient, critiquaient son apparence, en demandant plus de maquillage. Les producteurs s'étaient arrachés Noé, si bien qu'ils étaient tombés de haut, de très haut, en réalisant qui étaient les parents, qu'ils faisaient avec, tendus, une ambiance pesante sur le plateau et la rousse qui n'y arrivait pas aujourd'hui. L'on ne lui disait rien, tous conscient, mais tous muet, surtout lorsque les parents s'en mêlaient et venaient lui hurler dessus, la gifle s'écrasant sur le minois et ce silence morbide qui s'ensuivit, avant qu'une voix connue ne vienne la sauver, l'extirper de ses démons. Et les parents qui s'emballaient, chassant l'intruse d'un coup de poignet, lui dictant de se mêler de ses affaires, avec un tas de menaces en plus, lorsque le père saisissait l'incapable actrice par le col, manquant de rompre sa nuque, le souffle qui l'animait. Peut-être la goutte de trop puisque le personnel s'en mêlait enfin, séparant les tyrans de la victime, qui se mettait à pleurer, verser de grosses larmes et Noé s'enfuit, en courant, à s'épuiser, espérant secrètement y rester, suffoquer dans le noir de sa loge. Dans la rage, l'anéantissement, Noé se mit à tout briser, balançant des objets, partout, brisant le miroir, ses poings frappant ce dernier, à s'en blesser le corps, l'âme, foutre en l'air le décor plutôt que sa propre personne : reflet du chaos dans lequel la belle pataugeait.