pavane for the dead prince

traits de caractère / une once de sarcasme plane sur son existence rendant difficilement possible la dissociation entre un humour détaché et la réalité poignante de la situation. toutes fois il n'est pas dans le dramatique. il n'est pas de ceux qui se plaignent et qui demandent de l'attention. non c'est dans l'obscurité à l'heure où le monde dort déjà qu'il se débrouillera par lui même, tout simplement parce qu'il n'a jamais rien connu d'autre que cette solitude paradoxale. amaury est quelqu'un qui va à l'essentiel sans avoir la crainte de blesser les gens. il parle rarement inutilement de la pluie et du beau temps. il n'est pas du genre à forcer les choses. ne vous méprenez pas c'est quelqu'un de sociable mais qui apprécie aussi le calme. parfois un peu caractère de chien mouillé. parfois rancunier à souhait mais jamais trop longtemps. il a peur de devenir aussi amer que son père. aussi amer que le café. il ne s'agit que d'une crainte car à l'opposé de son père il s'agit d'une personne qui fait attention aux autres. peut être que ce n'est pas évident à l'oeil nu mais il fait attention. il se force à être une meilleure personne en dépit des circonstances, en dépit de lui même qu'il connait imparfait. c'est un jeune homme plein d'ambition mais très défaitiste très pessimiste à propos de lui même. il n'a pas beaucoup d'espoir par rapport à son avenir, aimerait en avoir mais demeure incapable de voir autre chose que l'obscurité. camouflage. camouflage de tous ces nuages gris qui orbitent autour de lui, qui murmurant d'abandonner, tout abandonner. camouflage dans un sourire timide. camouflage dans des éclats de rire, dans des enfantillages lui qui a été arraché de ces temps innocents beaucoup trop prématurément. c'est un bon ami si on demande, un ami loyal, un ami patient et compréhensif.

cette colère constante que tu transporte. cette colère pour moi, je n'en suis pas responsable. à quoi bon maudire un être qui n'est pas encore né, qui n'a pas encore d'aspiration, ni de haine, ni de bonheur autre que cet air que ses poumons convoitent tant. candidement avant même de connaître ton nom, avant même de t'aimer dans mes yeux il y avait un certain émerveillement à ta simple existence dans une pièce. de la façon dont tu riais et de la façon dont tu vivais. aucune explication n'était nécessaire pour traduire les songes d'un enfant face à son paternel. à mesure que l'on grandit l'anxiété d'un futur qui nous presse d'exister et de réussir fini par nous étouffer. je l'ai vécu à travers ta violence et ton aigreur de me voir prendre une autre direction que celle que tu aurais souhaité. étais-je vraiment à blâmer de suivre ce que mes rêves m'avaient toujours murmuré de conquérir ? même si les rêves n'ont pas été un luxe dont tu as pu profiter, étais-je vraiment à blâmer ? tu n'as jamais pu comprendre les mélodies sous mes mains et la magie qui se proliférait dans les airs. tu n'as jamais voulu sous de nombreux prétextes. ô, pourtant j'avais construit toute mon existence à travers des notes de musique d'un piano que je ne pouvais même pas me permettre d'acquérir. évidemment j'ai eu le coeur brisé. j'ai eu le coeur brisé avant même que qui que ce soit d'autre n'ait pu le briser car tu as été le premier à le faire. le premier à jeter mes rêves comme s'ils avaient tournés pour ne devenir rien de plus que de la matière putride et méprisable. tu as voulu décidé toi même de leur valeur sans même comprendre. ces « conneries » comme tu le disais si bien, ces petites bagatelles sans réel futur, il fallait que je les abandonne dans le but de grandir. et tu sais, à l’époque, j’aurais préféré mourir plutôt que de faire des concessions et vivre dans un monde conventionnel où on vit de quelque chose qu’on n’aime pas. j’ai d’ailleurs essayé, de mourir, pilules après pilules, dans un sommeil profond pour finalement me réveiller entre des murs d’hôpitaux seul avec cette conscience hurlant des mots que je ne voulais pas entendre. tu n’étais pas là. celle que tu as un jour aimé est venue en secret pleurer des larmes inconsolables. mais tu n’étais pas là. je ne souhaite pas dissoudre le respect que j’ai eu pour toi mais est-ce que courir après l’argent a rendu ta vie un peu plus plaisante à un certain stade ? je me souviens, quand je suis revenu trois jours après cet accident volontaire, tu ne m’as pas laissé le temps de souffler. fulminant d’une colère affamée de violence tu as déboulé de ta chambre dans le salon frappant et vociférant « alors comme ça tu veux mourir, tu veux mourir petit con ? eh ben crèves ! crèves et arrêtes de nous emmerder avec tes conneries ! sale putain d’égoïste de gosse, tu pouvais pas te contenter de bien vivre juste pour le mal que ta mère s’est donné pour toi ?!  » qu’est-ce qui a été le plus douloureux ? les coups ou les mots ? les maux dans ma tête persistant. « je veux plus te voir. je veux plus jamais voir ta gueule tu m’entends ? dégages, tu prends tes affaires et tu dégages AUJOURD’HUI »


un monde s’écroule. un autre s’ouvre doucement dans le froid des rues new-yorkaises. l’arrière goût amer de ta colère m’a jeté un mauvais sort. m’emmenant à errer une nuit entière sans destination. omission d’un sommeil peut être réparateur noyé dans la peur permanente collée à ma peau comme une marque indélébile. les prochains jours sont plus sûrs. nourri d’actes désespérés mais sûrs. il y a un toit sur ma tête et mon ambition d’aller à l’université est morte dans ces pilules. ce n’est pas l’homme qui est mort mais ses ambitions endormies, étouffées- ah et puis il y a cette fille ; cette fille qui a toujours été là pendant tout le processus ; de mon innocence à ma déchéance, celle qui je pensais être la cause de toute cette misère et de toute ton avidité pour cet argent qui n’est que du papier mais qui t’avais touché comme s’il s’agissait de poésie. dambi. elle avait été présentée comme étant de la famille éloignée mais je n’ai jamais pu m’identifier à elle ; j’étais en colère, il fallait le comprendre, j’étais en colère contre tout et tout le monde et dans cette spirale infernale, il fallait que quelqu’un porte le poids de toute cette colère refoulée. ô avec du recul, n’importe qui aurait fait l’affaire. mais dambi attirait ton amour superficiel, dambi faisait des erreurs que tu pardonnais, dambi étirait des sourires sur tes lèvres, dambi était une magicienne, dambi était une sorcière. j’étais en colère contre elle pour les mauvaises raisons à l’époque, et rectification, je n’étais pas en colère, j’étais jaloux et il aura fallu des années, des années de silence à son égard et juste quelques mois pour m’en rendre compte. mais tu sais même si on reconnaît les maux cela n’empêche pas d’être malade et j’ai été frappé d’une affreuse stupidité vis à vis d’elle aux débuts de notre collocation ; car oui, quelques semaines après mon départ, elle a répondu à mon annonce de collocation alors que je ne pensais pas la revoir un jour dans tout ce mélimélo d’existences. elle a été la deuxième à répondre à l’annonce. ah, j’étais bien heureux d’avoir un nouveau colocataire, jusqu’à ce que je vois ce visage si angélique mais si détestable. j’ai presque refusé mais quel idiot aurait refusé de réduire la part du loyer en trois ? certainement pas moi, je dois tenir ça de toi. j’ai appris plus tard- j’aurais appris plus tard que rien de toute l’affection que tu avais à son égard n’était lié à elle mais plutôt à l’argent qui t’étais versé mensuellement en guise de compensation et soudainement ma colère aura disparue vite remplacé par un sentiment de honte... j’ai vécu une année à courir d’un travail à un autre et rentrer peindre jusqu’à ce que la fatigue ne m’étreigne ou qu’une fumée magique ne m’emporte et que l’alcool ne grise mon esprit et cela doit également venir de toi. au delà de ne pas atteindre mes rêves j’ai mis le feu aux escaliers me permettant d’accéder au succès quand ma main a touché l’alcool et la drogue. passant de deux jobs à un job, à être viré, à ne pas sortir de la maison puis chercher à nouveau et continuer de vivre dans ce cercle infernal dont je pensais ne pas sortir autrement que par une overdose. j’ai tout de même connu des périodes calmes dans toute cette histoire et puis un jour on s’est intéressé à mon art à une petite échelle. fou comme internet peut nous connecter au monde si on s’y intéresse. et je me suis retrouvé à quitter ce job de misère pour travailler quelques heures dans une boîte, et la plupart du temps à la maison. salaire plus qu’acceptable, argent flambé dans des futilités superficielles qui me rendront heureux un instant et vide l’instant d’après. deux années seront passées comme ça. et puis je n’ai plus jamais eu d’opportunité aussi attirantes. et j’ai eu vingt-trois ans, et puis vingt-quatre en un clin d’oeil.