You're a beautiful cupcake in a world full of muffins (Azélie)

01/ « Azélie, fais pas ci. Azélie, fais pas ça. Azélie, mange pas ci, Azélie, touche pas ça. » Voilà les mots que j’ai certainement le plus entendu lorsque j’étais plus jeune. Toute ta vie était résumée à une liste, aussi longue que le bras, de choses à faire et à ne pas faire. Me tenir droite, sourire, manger correctement, ne pas mettre les coudes sur la table, dire bonjour, s'il vous plaît, merci, au revoir, mais surtout, surtout, écouter docilement. 02/ Dès que j’ai eu l’âge de rester à la table de longues heures, j’ai été confrontée aux dîners cérémonieux et hypocrites des gens aisés de la ville de Washington, ville qui m’a vu naître. Ma mère est simple mère au foyer, arrachée lorsqu'elle avait une vingtaine d'années à son pays natal qu'est la France, et mon père est le PDG d'une entreprise spécialisée dans l'import-export vers les pays en voie de développement, et à ce titre, on peut dire que ma famille n'a jamais vraiment manqué d'argent, loin de là même. 03/ Mon père profite de son entreprise d'import/export afin de faire dans la contrebande de divers produits illégaux. C'est pour cette raison qu'il a choisi les études d'avocat pour moi. En fait, il a décidé pour tous ses enfants leur futur emploie. Heureusement, mon frère aîné a réussi à le convaincre de nous laisser choisir le cursus mineur que nous désirons, ce qui m'a permis de choisir la mode. J'aime concevoir et dessiner mes propres vêtements, comme ça je reste unique en mon genre.  04/ Nous avons  très tôt été considérés comme faisant partie de ces gens de la Haute, et avaient tout un réseau de connaissances à impressionner quotidiennement. C'est dans cette ambiance que j’ai grandie, obligée de m'intégrer dans ce monde de paillettes et de faux semblants que je détestais tant. 05/ Enfant vive et intelligente, je cherchais à échapper à l'influence étouffante de mon père sur ma vie dès que j’ai été en âge de le faire, et j’ai profité de l'adolescence pour rendre mon géniteur dingue, du moins autant que tu le pouvais, disant toujours que je ne voulais pas devenir la femme effacée qu'était devenue ma mère sous l'oppression de son mari. 06/ J’ai donc enchaîné les petites bêtises sans conséquence, du moins jusqu’à ce jour-là. Allongée dans ma tenue de patiente à l’hôpital de la vie, je semblais ai paisible sur mon lit, que sans les tubes, ces blues et coupures qui jonchaient mon corps et mon visage, on aurait pu me croire endormie. Tout juste âgée de seize ans, je venais de survivre à un accident où une voiture avait frappé de plein fouet celle dans laquelle j’étais assisse. Le coma m’a accueilli avec plaisir quelques temps, suffisamment longtemps pour qu’on s’inquiète de mon sort. 07/ Lorsque j’ai finalement ouvert les yeux, j’ai rapidement repris du poil de la bête, m’en sortant simplement avec une longue cicatrice sur la cuisse droite. Endroit où la taule de a voiture avait ouvert ma chair. À la suite de cet accident qui a failli me coûté la vie, mes géniteurs, ou plutôt mon père a décidé d’aller vivre à New-York, endroit où mon père a fait ses études. C’est là-bas que j’ai continué à grande, devenant adulte sous l’influence étouffante et constante de mon père. 08/ J’ai souvent l’impression que ma vie m’échappe totalement. Je déteste les soirées mondaines auxquelles je suis forcé d’assiter, fatiguée d’entendre tous ces compliments hypocrites des gens qui viennent chez mes parents pour voir à quoi ressemble Azélie Higgins, l’un des principaux actionnaires de l’entreprise. Oui j’ai été élevée en sachant très bien que je n’aurai d’autre choix que de reprendre le rôle, avec mes frères et sœurs, de notre très cher papa contrôlant. 09 / J’ai fini par arrêter de me battre avec mon géniteur à ce sujet. Je sais de toute façon que je n’aurai jamais le dernier mot, pas avec lui. J’ai de qui retenir pour dire vrai. Ce cher Monsieur Higgins obtiens toujours ce qu’il veut. Il a déjà prévu dans les moindres détails la vie que je vais mener, le travail que je vais exercer, les personnes que je vais fréquenter et surtout le mec avec qui je vais me marier…
« Azélie ma chérie, descends s’il te plaît. » « Maman, j’suis occupée là, ça peut pas attendre un peu ? » « Non, descends ! Et sois bien habillée, je te prie ! » Bien habillée, elle est mignonne elle. Je suis toujours à mon meilleur, là n’est pas le problème. Une robe noire, des escarpins assortis et tout sera merveilleux. Bordel, qu’est-ce que je détester ça lorsque mon père arrive à la villa avec l’un de ses associés et qu’il tient absolument à le présenter à sa famille, ou qu’il veut lui faire visiter la résidence, preuve de son succès indéniable. Ma mère, en bas de l’escalier, me fixait d’un air navré sur le visage. Non, Madame Higgins n’est pas toujours d’accord avec son très cher mari, mais elle n’a rien à dire non plus. Une fois les escaliers descendus, je rejoins mon père au salon et il n’est pas seul. Il fallait bien s’y attendre. Deux hommes d’un âge différent s’y tenaient, me souriant ce qui était un peu effrayant. Les inconnus se lèvent et c’est là que je remarque réellement le plus jeune des deux. Il a un sourire à tomber, du genre beau gosse, qui sait qu’il peut emmener qui il veut dans son lit. Le genre de mec qui m’énerve, rien que par sa présence et que je ne me gênes pas pour remettre à sa place. Je le regarde attentivement de la tête aux pieds, haussant un sourcil en croisant les bras sur ma poitrine, pour finir par exprimer le fond de ma pensée. « C’est qui c’paysan ?! » « Azélie, sois polie, enfin ! » La voix cinglante de mon père, aussi sèche qu’un coup de fouet. Je lui réponds, d’un sourire hypocrite avant de river mon regard dans celui du jeune homme, sûr de lui, séducteur et prétentieux. « Ma fille, je te présente ton fiancé ! » Les mots ont du mal à traverser complètement mon cerveau. Fiancé comme dans, mariage ? Impossible. Je regarde mon père, abasourdie par ses paroles, les yeux ronds avant d’éclater de rire. « Attends, mon quoi ? » « Ton fiancé. Il s’appelle… » « On en a déjà parlé, j’veux pas d’un fiancé. » « Tu n’as pas ton mot à dire Azélie. Votre mariage assurera la longévité de nos entreprises. » La longévité de leur entreprise. Et puis quoi encore ? Il a décidé de mes études, de ma façon de me comporter, de mes passions. Il aurait au moins pu me laisser le choix de celui qui allait partager ma vie. Mais non, impossible de choisir quoi que ce soit avec mon géniteur.

Assise à califourchon sur Mon désormais fiancé, je tiens sans grande conviction un oreiller sur son visage, alors qu’il commence à s’agiter. Une fois qu’il a enlevé ce qui l’empêchait de respirer convenablement, il marmonne dans un léger sommeil : « Azé… qu’est-ce que tu fais ? » « J’essaye de t’étouffer. » « Tu quoi ? » Demanda-t-il, ouvrant ses yeux doucement, me fixant. Il a l’air endormi, mais pas du tout inquiet. « Je veux t’étouffer avec l’oreiller. C’est simple à comprendre, non ? » « Euh… Okay et pourquoi ? » « Parce que tu ronfles comme un camion, c’est insupportable ! » « D’accord, je vois.. » « Alors, arrête de bouger, de parler, et même de me regarder, tu me déconcentres ! » Et sans attendre, je me suis mise à presser une nouvelle fois l’oreiller sur son visage. Il ne mit pas très longtemps à me l’enlever des moins et de le jeter à l’autre bout de la chambre. Pourtant, il est loin d’être énervé et un sourire discret, jonche ses lèvres. Il est attendrissant comme ça et ça en devient énervant. Tout ça en est ridicule. Il m’agace tellement à me fixer comme ça avec son petit air qui sait qu’il domine les choses. Je ne bouge pas, lui non plus, si ce n’est qu’il a posé ses mains sur mes jambes. Il les glisse sur mes cuisses nues, lentement sans quitter mon regard et sans que son sourire ne s’efface, tandis que je dois me faire violence pour garder ma mine impassible et ennuyée. Mon fiancé fini par se redresser sur ses coudes et s’approche doucement de mon visage. Trop tard bonhomme, j’ai bien vu où il voulait en venir et il en est hors de question, pas avec lui. Je reprend ma place initiale en lui tournant le dos et me roulant en boule. « Laisse tomber ! » « Quoi ? Pourquoi ? » « Parce qu’on est pas en public et que personne ne nous regarde. T’as pas à te forcer. J’suis pas une de ses filles que tu ramènes du bar pour la sauter dans une ruelle. » « Tu m’connais mal Higgins et c’est bien dommage. » Il n’ajoute rien et pousse un long soupire avant de se rendormir, recommençant à ronfler avec force.

Aujourd'hui, cela fait quelques mois que nous sommes fiancés, du moins officiellement. Officieusement, nous nous considérons toujours comme célibataires, et n'hésitez pas à aller fricoter à droite à gauche avec le premier visage mignon qui se présente à nous. Ensemble dans la même pièce, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous balancer tout un tas de vacherie à la figure, tout y passe, le physique, les fréquentations, les études, tout est prétexte pour bouffer l'autre. Nous nous en voulons mutuellement pour cette situation à laquelle nous ne pouvons rien, et considérons l'autre comme responsable de ce qui nous arrive. Nous sommes prêt à tout pour pourrir la vie de l'autre, gâchant les soirées organisées dans l'appartement que nous sommes obligés de partager pour faire bonne figure. Ruinant les plans drague de l'autre, alors que face à nos parents et lors des soirées de la Haute, nous nous forçons à former un couple uni et profondément amoureux. Seulement en apparence, bien sûr.