(empty house, bodies close)

01/ Elle n'a jamais connu sa mère biologique, morte en lui donnant naissance. Une perte, que le géniteur d'Ada n'a jamais supporté. Lui, il ne voulait pas de gosse et lorsqu'il s'est retrouvé avec ce petit bébé blond sur les bras, il n'a fait aucun effort pour subvenir à ses besoins. A vrai dire, il a même toujours accusé sa fille d'avoir 'tué' la seule femme de sa vie. Cette accusation, Ada y a cru longtemps. Très longtemps. Trop longtemps. A tel point qu'elle laissa cet homme faire tout ce qu'il voulait d'elle. Une punition juste aux yeux de cette petite fille qui se percevait comme une horrible criminelle. 02/ Elle a vécu la maltraitance physique, la maltraitance morale et même, à quelques reprises, la séquestration lorsque son père sortait le soir et la laissait seule, enfermée dans une petite pièce, de peur qu'elle fasse une quelconque connerie. Elle n'était pas heureuse oui, mais elle n'imaginait pas que les choses puissent être autrement ailleurs. Parce qu'Ada, elle n'a connu que ça les premières années de sa vie. Une vie triste, morne, ennuyante, douloureuse. Elle ne voyait personne à part son père qui la faisait sortir de la maison à quelques rares occasions, comme on sort un chien. Ses journées, elle ne les passait pas à l'école, mais à jouer dans ce qui lui servait de chambre ou - lorsqu'elle avait de la chance - dans un petit coin enneigé du jardin, à l'abris des regards. Son monde était petit, minuscule et elle comblait le manque de contact par une ribambelle d'amis imaginaires qui eux, ne la laissaient jamais tomber. Et puis un jour, elle a vu cet animal, ce chien presque aussi blanc que le sol. Subjuguée et pas du tout effrayée par les cris que le canidé poussait, Ada le suivit. Elle l'a suivit à travers le jardin, dépassant les limites invisibles imposées par son paternel. Celle qu'elle n'avait jamais osé franchir. Elle a marché plusieurs minutes comme ça, jusqu'à s'éloigner de sa prison pour débarquer dans un quartier trop coloré pour ses yeux habitués au noir et à la pénombre. Elle avait sept ans et sa vie bascula. Plus jamais elle ne revit son père qui profita de l'absence de sa fille pour prendre lui aussi la poudre d'escampette. Ada se retrouva coincée dans un orphelinat, obligée de côtoyer d'autres êtres humains. 03/  une autre langue, une vie de famille jusqu'à là inconnue. S'adapter à  sa nouvelle vie ne fut pas chose aisée pour Ada. Sa confiance, elle ne la donna au Stevenson qu'après plusieurs mois passés à leurs côté, quand elle comprit enfin que la vie que lui avait offert son géniteur n'avait rien de normal. La vraie vie, c'était ce qu'elle avait découvert en quittant la Suède pour rejoindre les Etats-Unis ; une famille aimante, des frères, des soeurs, des sorties dans les cinémas, dans les parcs, les zoos, ou même l'école, cette routine qu'elle n'apprécia jamais mais, qui lui permis petit à petit, de gommer les tares héritées de son enfance. En fait, son adoption fut sa deuxième naissance. 04/ Instable depuis toujours, tout la passionne. Ada était le genre de gamine qui forçait ses parents à l'inscrire à la gymnastique pour finalement se désintéresser de la pratique quelques semaines plus tard. Un casse-tête pour des parents attentifs aux besoins de leurs enfants adoptifs et qui, en derniers recours, se tournèrent vers la musique. Ils lui mirent une guitare dans les mains. Une guitare qu'elle ne lâcha pas pendant plusieurs mois, jusqu'à ce que l'attrait de la nouveauté se dissipe et que la douleur de l'entrainement devienne trop pénible pour la blonde. Ada abandonna une fois de plus, mais garda une passion certaine pour la musique. Une passion qui la poussa à étudier seule l'histoire de cet art et, à s'essayer à d'autres instruments tels que le piano ou la batterie. 05/ elle était pas destinée à se retrouver sur une scène tous les soirs, enchainant tubes incontournables et productions personnelles. A la base, elle avait juste fait cela pour remplacer un ami, tombé malade et incapable d'assumer son set dans un petit bar de la ville. Mais Ada y pris goût et en quelques mois seulement, devint cette jolie dj que tous les coins branchés de la ville s'arrachaient. Ada, elle était pas non plus destinée à se caser. Le mariage lui a toujours semblé être une sorte de folie, inconcevable pour une femme aussi libre qu'elle. Mais elle a l'a rencontré, et tout a changé. Ou presque. Elle a accepté une demande, poussée par l'adrénaline du moment, par cette fichue envie de relever tous les défis de la planète, mais elle n'assume plus vraiment. Surtout pas face à des parents bien trop fiers à l'idée de voir leur 'petite fille' se faire passer la bague au doigt.