Il ne comprend pas. Il ne la comprend pas. Elle a beau tenter de lui expliquer, se répéter même, c’est comme s’il ne l’entendait pas. Comme s’il ne l’écoutait pas, surtout. Elle a essayé de lui faire comprendre qu’elle a besoin d’être écoutée. Besoin simplement qu’il respecte ce qu’elle peut éprouver. Mais il n’en a rien à faire. Tout ce qui compte, c’est ce que lui pense. Ce que lui ressent. Et cela commence doucement à l’agacer, Cassey, de devoir se justifier sur ses propres sentiments. Elle a tenté de tempérer, de lui parler calmement. Mais elle a aussi son tempérament. Un tempérament trop impulsif pour qu’elle puisse taire les mots suivants. – Sauf que je ne suis pas ta famille ! Les paroles sortent si vivement qu’elle ne s’en rend pas compte tout de suite. Pourtant, la vérité est là. Peut-être qu’il a ce sentiment en lui, ce n’est pas le cas pour elle. Ils ne sont pas une famille, ils ne l’ont jamais été. Parce qu’il est parti, parce qu’il l’a laissée tomber. Ils n’ont jamais eu le temps d’être une famille, bordel. Elle finit par détourner le regard, mal, aussi blessée qu’il doit l’être d’un tel constat. – Je ne suis pas Arya, et encore moins Gabi. Si j’estime que je ne suis pas « en danger », tu n’as pas à me forcer à quoi que ce soit. explicite-t-elle, plus calmement, mais plus froidement aussi. Elle a la gorge nouée, le cœur serré, de voir qu’ils continuent de se déchirer. Mais elle ne peut pas maîtriser ce qu’elle ressent, comme il ne peut pas contrôler ses sentiments lui non plus. Et, au-delà de la douleur, la colère prend de plus en plus de place. Devant sa provocation, la jeune femme lève les yeux au plafond. – J’essaie seulement de t’expliquer que je t’écoute, moi ! Mais c’est bon, j’abandonne. Elle en a assez de se répéter encore et encore. Assez de prier pour qu’il essaie de se mettre à sa place. Elle a l’impression de parler dans le vide, comme il doit avoir le même ressenti. À son tour, Owen s’emporte, lui balançant qu’elle n’a plus qu’à se laisser hanter par ses démons. – Ouais, parce que si tu ne me sauves pas, personne ne le fera, c’est ça ? Elle lâche, amère, alors qu’il a l’air si en colère. Il ne semble même pas l’écouter. Son téléphone se met à sonner, alors qu’il décide de décrocher sans rien ajouter. Silencieuse, elle le laisse dans sa conversation. Ses nerfs retombent, un peu, alors qu’il finit par raccrocher tout en se levant. Ses mots lui font l’effet d’une gifle. Comme si tu l’avait utilisé. Comme s’il n’était qu’un jouet. Elle ne lui donne aucune réponse, Cassey. Elle se contente d’encaisser comme elle peut la violence de leur échange alors qu’il est déjà en train de partir. Et cette fois, elle ne fait rien pour le retenir.