Une soirée comme une autre. Elles se ressemblent toutes beaucoup trop. C'est fatiguant de toujours revenir au même constat : tu t'ennuies. Et quand tu t'ennuies, t'es incontrôlable Jaz. Tu explores toutes les contrées à ta portée, les redécouvre sous d'autres angles, les empruntes par d'autres chemins détournés. Mais le résultat reste le même : cette recherche constante d'adrénaline puis la désillusion lorsque la réalité te percute dès que la gueule de bois s'dissipe. Un éternel recommencement qu'tu sais plus trop comment enrayer. Un disque trop abîmé qui n's'arrête pas de disjoncter. Combien d'temps avant la chute fatale ? Celle que tout le monde redoute et pourtant, qu'personne peut prédire. C'est facile de se foutre des conséquences, de truquer le jeu. N'empêche qu'à la fin d'la journée, rien a changé. Malade à l'intérieur, infectée par ce malaise qui ronge tes chairs et ne cesse de croître. Tu vies ta vie à cent à l'heure, toujours occupée, invitée à toutes les soirées. En constant mouvement. Tu joues d'tes atouts pour obtenir le moindre de tes désirs sans lever le p'tit doigt. Une diva qui s'assume et qui a tous les droits. Ce soir comme tant d'autre, tu n'trouves aucun enjeu. Rien pour faire surgir l'adrénaline qui fait battre ta poitrine. Cette sensation grisante d'être invincible. Un leurre qui truque la réalité et qui n'protège en rien d'votre mortalité. Alors tu bois jusqu'à l'ivresse. Tu laisses l'alcool te diriger et la musique te guider.
Plusieurs heures plus tard et alors que tu t'enivres enfin à cette foutue soirée, une tête familière débarque et t'ramène sur terre. Skadden qui toise tes nouveaux amants d'un mauvais œil. Si t'avais su qu'il s'rait présent, t'aurais p't'être été ailleurs ou t'aurais réduit ta consommation histoire d'lui montrer qu'tu peux t'gérer. Mais le problème Jaz, c'est qu't'es ronde comme une pelle actuellement. Adieu ta crédibilité. Tu largues tes futurs plan cul non sans avoir poussé la danse un peu plus loin juste pour l'faire chier. « Yo Skadden. » Ta voix n'arrange rien à ton portrait mais à ce stade, tu t'fous bien d'l'apparence qu'tu lui renvoies. T'as envie d't'amuser alors autant entraîner mister rabat joie dans ton sillage pour lui clouer l'clapet. T'lui tends la bouteille que tu t'étais jalousement gardée et tu t'accroches à son cou. « Heureusement qu't'es là, j'commençais à m'ennuyer. » Le rire que tu n'parviens pas à retenir tandis que tu l'pousses à danser pour s'détendre. « T'as pas assez bu Skadden. » T'appuies sur ses traits tirés. « T'fais encore une sale tronche ou alors c'est p't'être naturel. » La taquinerie qu'tu aimes pousser en sa compagnie. Une façon de montrer qu'tu tiens à lui quand les mots s'font la malle pour exprimer c'que tu ressens. C'pas une nouveauté qu'vous deux en public, ça finit toujours en dispute. Mais lorsque les caméras sont éteintes, c'est bien une toute autre ambiance qui s'dessine. T'es p't'être pas toujours très fan d'ses excès d'surpotection à la con mais t'as toujours assuré ses arrières d'puis qu'tu l'connais. Les actes valent plus que les mots comme qui dirait.
Laisse moi danser jusqu'au bout d'la nuit.
Laisse-moi oublier mon ennui.
J'veux juste ce p'tit truc qui enflamme ma poitrine.
Cette drogue enivrante, entêtante qu'est l'adrénaline.