APOCALYPSE PLEASE [délai : 19/11]

— papa et maman voyaient les choses en grand. amour qui semble infini, famille fondée dans les contrées canadiennes, avant de migrer pour la grosse pomme, déjà trois petit sous le bras. l'aîné, le grand, le beau, qui reprendra les reines. puis les jumeaux. vous deux. toi. elle. quelques années plus tard la petite dernière viendra compléter cette belle famille. — elle, toi, vous, nous, ils. deux âmes profondément liées. tu n'as jamais quitté ta jumelle, depuis presque trente ans maintenant. parents désespérés de vous voir vous glisser dans le lit de l'un et de l'autre, tradition qui perdure malgré les années. elle chasse tes cauchemars, tu prends soin d'elle. appartement partagé jusqu'à il y a peu, visites encore trop régulières. tu ne peux pas vivre sans elle. — de quoi être heureux. de quoi réellement être heureux.

do you know who you are ?
do you know who you are ?
do you know who you are ?

— eux le savaient sans doute mieux que toi. pd, salope, tarlouze. les mots d'enfants blessent, font mal, n'aident pas à accepter. à s'accepter. maman est venue te souffler, un soir, que ce n'était pas si grave. m e r c i. — si seulement tout le monde était comme eux. — visages que tu ne découvriras jamais, insultes et coups gratuits, côtes fêlées, hémoglobine au bord des lèvres, corps laissé à moitié dénudé. épiderme bleuté et l'impression d'y passer. tu ne pensais jamais connaître ton sauveur. — journées passées sur un lit d'hosto, sans envie d'en sortir, sans envie de rien faire. psychologie déjà fragile bien trop affectée, sans accepter en parler. silencieux, trop silencieux, sauf avec cette autre partie de ton âme. — sourires trop discrets pour commencer, une vie qui semble retrouver de sa normalité, un message sur facebook : un nom inconnu, qui pourtant lui semble bien te connaître.

— nate. — nate à qui ne pensais pas t'attacher. — nate dont tu ne pensais pas tomber amoureux. — sa douceur, sa patience, son amour qui t'on aidé à aimer un peu plus ce corps martyrisé, ces courbes discrètes, cette sensibilité qui a durée trop d'années. — amour adolescent. — amour de toute une vie. — après toutes ces années. le départ. le vide. plus aucune nouvelle. après six ans de relation.

— vide comblé par un métier trop prenant. douleur efface par l'alcool que tu ne tiens pas. pensées parfois oubliées dans des bras inconnus, des corps que tu as possédé sans jamais laissé quelqu'un te posséder. — un amour sans saveur. fade. si fade comparé à nate. un homme qui a partagé ta vie presque deux ans de temps. tu t'es laissé berné quelques mois par ces sentiments moindres, par cet attachement à son égard. déclic soudain. genou à terre. et belle histoire avortée. tu ne voulais pas de ça. pas avec lui. — lui n'a jamais été le bon.

— le boulot comme échappatoire. gamins malades que tu t'efforces de faire sourire. situation de quelques jeunes qui te renvoient des années en arrière. blessures qu'on ne devrait pas voir sur de si jeunes corps. — horaires nocturnes pour penser à autre chose, pour laisser la fatigue attaquer l'encéphale une fois rentré à la maison, pour ne plus y penser, pour ne plus penser. — retour que tu n'attendais plus, dans une vie que tu ne savourais plus. — nate. tout reprend à zéro. parce qu'il ne peut pas, il ne peut pas revenir comme ça, comme si tout était parfaitement normal. un an déjà, et tout est si étrange, à présent.