il paraît qu'c'était en janvier.
deux mille dix huit pour année.
saul voight, vous êtes retenu coupable pour le chef d'accusation suivant ; complicité de recels et de vols en bande organisée. vous êtes condamné à trois ans de prison ferme dont la peine de sûreté est d'un an et demi. mesdames, messieurs, vous pouvez disposer.
et l'type impeccablement assorti à la robe qu'il porte range ses dossiers avec fracas et cet éternel air grave qu'il semble porter même lorsqu'il lorgne sur l'cul d'son épouse. ses sbires s'agitent autour de lui. tout l'monde s'agite, en fait. sauf l'accusé. pas vraiment sous l'choc. pas franchement attristé. juste déconnecté d'ce foutu monde qui semble constamment l'rejeter.
ses tympans s'mettent à hurler les balles qu'ils ont trop d'fois entendu siffler. toute sa cervelle tremble à cause de l'ogive qui vient d'péter juste à côté. une giclée d'hémoglobine qui lui réchauffe la joue et lorsqu'il tourne les mâchoires, c'est c'foutu avocat qui le regarde avec insistance, qui l'prie fermement d'bouger sa carcasse. paraît qu'la peine aurait été plus lourde s'il n'avait pas été irlandais.
alors voight daigne s'lever. il fait tanguer ses omoplates, l'corps claudiquant et cette foutue jambe qui l'fait souffrir plus qu'à l'accoutumée. l'caporal aux aboies ; des décennies d'bons et loyaux services aux jupons d'la mère patrie pour s'faire coffrer par c'qu'on devrait définir comme un meilleur ami. d'ailleurs il était là. planqué au fond d'la salle, les bras croisé et l'regard qui soupire un triste
qu'est-ce que j'fous là. il s'est barré comme une ombre lorsque l'marteau a frappé. saul le sait, qu'il finira pas de nouveau s'pointer.
et la seule qui s'est pas encore levée ; elle reste immobile à quelques rangées. la rouquine qui ose à peine le regarder, qui essuie une larme sur sa joue poudrée.
putain ça t'rend maboule d'la voir affectée par tes conneries d'vieux camé.et comme un clébard, on l'chope par les fers pour qu'il dorme l'soir même entre quatre murs bétonnés. et qu'il poireaute un an et d'mi avant d'pouvoir de nouveau respirer.
JUDΛ. ---- / 25 ans ---- / rpgiste