chérissez l'amour. [délai : 05/11]

traits de caractère / Bérénice était tranquillement allongée sur son lit, le bâton d’une sucette coincé entre des lèvres que la Terre entière pensait refaites. Elle roula sur le dos, féline gracieuse aux courbes délicates, et fit défiler son feed Instagram sur l’écran de son Iphone, songeant tranquillement à ce que le monde pouvait bien penser d’elle. Les trois millions de followers, qui contemplaient les photos où elle posait à moitié nue, avaient déjà une idée bien précise du charisme renversant et de l’amour-propre de la belle. Après tout, elle s’appréciait à sa juste valeur, comment aurait-il pu en être autrement ? Elle était d’une beauté plus qu’enviable et la seule mention de son nom agitait les coeurs -ainsi que tout ce qu’il y avait en dessous.

Pourtant, les photographies couvrant les murs des réseaux sociaux ne suffisaient pas à retranscrire l’ensemble de la mosaïque qui composait Bérénice Valentino. Il manquait quelques nuances de bleu, de rose et de doré sans lesquelles l’héritière n’aurait été que l’ombre d’elle même -si tant est qu’une ombre puisse être aussi charismatique et affriolante.

Si l’on retirait à la jeune femme sa plastique de rêve, il demeurerait toujours l’exact opposé d’une coquille vide. Car bien qu’elle en ait parfois l’allure, Béré était bien loin de la poupée écervelée seulement obsédée par la mode. Certes, elle avait des défauts de grande duchesse, comme l’envie constante de se faire remarquer, un goût prononcé pour les potins, et ce besoin impérial de toujours faire bonne figure en société. Il serait tout à fait inconcevable pour elle de sortir sans être apprêtée, de s'asseoir sans croiser les jambes ou encore de se moucher au milieu d’une foule de gens. Et pourtant, elle n’était pas assez coquette pour le reste de sa famille, car voyez-vous, quand on appartenait à une telle lignée de grandes pointures en matière de style, l’on se devait de toujours être à la hauteur. L’apparence devenait la valeur suprême, avant l’altruisme ou la charité. Et la petite italienne n'adhérait pas à ce modèle. Tout au contraire d’ailleurs, elle avait en elle cette immense bonté dont on ignorait l’origine et qui la poussait à toujours oeuvrer pour la paix et la justice, veillant également à ne jamais mettre ses semblables dans une situation inconfortable. Elle aimait s’occuper des autres, un peu parfois pour oublier ses propres problèmes, alors elle offrait des cadeaux, même si elle avait toujours eu l’impression qu’ils étaient entachés par le seul fait d’avoir été achetés avec les dollars maudits des Valentino. Et parfois, elle oubliait d’y penser. Le comble, c’est que la jeune femme avait tellement oeuvré pour s’éloigner de l’égoïsme de sa famille, qu’elle était devenue altruiste au point de se laisser marcher sur les pieds. Alors elle essayait bien de dire non et de retrouver un peu de cet individualisme génétique, mais c’était sans grand succès.

Une autre grande différence entre les Valentino et Bérénice était son amour pour la différence. Romantique à en crever, elle était irrémédiablement attirée par les personnes qui lui étaient opposées. Elle aimait les voyous, ceux qui n’étaient pas de son rang, les personnes brisées et abîmées par la vie. Contemplative et curieuse, elle s’intéresse à absolument à tout et en particulier au passif de ceux qu’elle rencontre.

Etonnamment, Bérénice était aussi celle qui amusait la galerie, toujours énergique et souriante, ses éclats de rire étaient la bande son de sa vie quand ses pleurs ne venaient pas entacher ce beau tableau. Elle était de ces personnes aux personnalités joviales, mais à l’âme toujours triste. L’apanage des artistes. En parlant d’art, c’était une grande mélomane, toujours l’oreille à l’écoute de nouveaux morceaux qui pourraient arriver à faire sourire son coeur. La raison pour laquelle était tombée amoureuse de la musique était un peu plus triste à vrai dire. Quand elle était petite et que ses parents partaient pour des voyages d’affaire, ou toute autre raison qui empêchait Bérénice de les suivre, elle se retrouvait murée dans un solitude qui hantait ses nuits et le dédale des chemins de son âme. Alors, pour avoir l’impression de ne plus être seule, elle écoutait de la musique, dans ces moments-là, Livio et Pietra Valentino n’étaient pas avec elle, mais les Beatles ou encore Beyoncé lui tenaient la main. Mais Béré n’a pas seulement peur de la solitude, en fait, elle a peur de tout. Quand vient le soir, dès que les lampadaires s’éteignent, elle se tétanise complètement.

Évidemment, ce n'est qu'une esquisse de la personnalité toute en contradictions de la douce Bérénice Valentino.

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