brick by boring brick ± joanne

traits de caractère / T'es de ce genre d'acharnée qui laissera pas tomber. Ca a jamais vraiment été facile, mais t'as jamais eu à t'plaindre pour autant. Bornée, combien même si ta daronne te demandait d'poursuivre tes études, tu t'es faite chier à bosser sans cesses dans différents salons pour gratter l'moindre des billets. Oh et sans mentionner que quand t'as quelque chose en tête, d'en démord rarement sinon t'hésites pas à t'faire . T'as ce côté charismatique qui fait qu't'as pu rapidement t'imposer, demander à crayonner. T'es passée d'celle qui passe le balais à celle qui prépare l'matos, redessinant les motifs pour tes patrons en un rien d'temps. T'es droite, t'as des principes auxquels tu tiens toi qui a souvent manqué pour au final n'avoir besoin de rien. Tu feras toujours passer les tiens avant tout, que ce soit ta famille ou la bande. T'es une sacrée emmerdeuse, tu caches bien ton jeu derrière tes airs de grosse ronchon toujours mal lunée mais au final, tu les ressens bien en réel les choses. On peut difficilement trouver plus franche que toi, et ça te fous généralement dans la merde. T'y peux rien, c'est juste plus fort que toi. T'es une personne Fière du chemin qu'elle a pu accomplir, de ta carrière commençant à nettement décoller à chaque pièce que tu viens encrer. Fière de ta famille qui à réussie à subsister, fière de cette bande de potes toujours aussi soudée. Grossière, tu jures comme un charretier et pire qu'un mec. Faut dire que traîner avec autant de testostérone n'a pu que déteindre sur toi d'une manière où d'une autre. Intrépide, t'es du genre à foncer tête baissée sans trop réfléchir. T'aimes partir à l'aventure, à la conquête de nouveaux pays. Tu rêves de multiplier les guests et de partir toujours plus loin. Jalouse, t'es possessive et tu t'en caches difficilement. Tu n'as été capable de tomber une seule fois amoureuse. Aujourd'hui encore, t'es incapable de garder ton calme lorsque tu viens à entendre diverses histoires à ses propos. Libre, comme l'air. T'agis comme tu l'entends, et selon tes propres lois. Tu mènes ta barque comme tu l'entends, et tu ne laisseras jamais personne venir te dicter comment tu dois te comporter. Minutieuse, t'es de ce genre de professionnelles qui devient plus que maniaque lorsque tu te retrouves avec un dermographe en main. T'as bossé des heures et des heures pour atteindre ce niveau et cette renommée commençant à pointer son nez. Organisée, parce que t'arrives à jongler entre tes nombreuses casquettes. Fille dévouée, aînée protectrice, amie survoltée, patronne amicale. t'as toujours été comme ça dans le fond. Passionnée du monde qui t'entoures, des arts en général, de cette alchimie dévorant tes entrailles. T'es de ceux qui aiment la vie et qui la croquent à pleine dents comme une revanche.

Il y a ceux qui naissent, et qui possèdent déjà tout. Ceux qui ne manqueront jamais de rien peu importe ce que l'avenir leur réserve. Car tout leur appartient sans qu'ils n'aient à se soucier de quoi que ce soit. Toi à la distribution de chances, tu devais sûrement être partie pisser. T'es venue au monde pour être celui d'ta mère, qui t'as eu toute seule et bien trop jeune. Son géniteur s'est fait la malle à la grande annonce, incapable d'assumer le biscuit trempé lors d'une soirée arrosée. Il a fuit la ville, fuit ta mère âgée alors de dix huit ans. Elle s'est battue pour toi ta daronne. Comme une guerrière. Elle a renoncé à tout: sa jeunesse, son avenir, ses envies. Tout pour te garder toi, petit être grandissant dans le creux de son ventre bien au chaud et en sécurité. Puis tu es arrivée, et plus rien ne comptait à ses yeux que les tiens s'ouvrant pour la première fois. Six ans, vous êtes restées ensemble, rien que toutes les deux. Puis y'a eu Drew, il était pas méchant comme bonhomme, il prenait soin d'vous deux pendant un temps. Il a fait trois autres enfants à ta mère, trois adorables petits garçons avant d'foutre la poudre d'escampette quelques années plus tard peu avant la fin de tes années de collège. Vous revoilà à la case départ, abandonnés. Livrés à vous même dans une situation précaire. Ta mère qui enchaîne les heures et les petits boulots pour réussir à vous nourrir, tes frères dont tu prends soin comme s'ils étaient la prunelle de tes yeux tout en essayant d'garder la tête hors de l'eau. Ce sont tes années de galères à toi, celles qui ont forgées la femme que t'es devenue. Celle-qui se dévoue, se donne à fond pour les siens. Effrayée par l'abandon et incapable d'avoir confiance dans les hommes.



Tu commences à prendre de l'âge, à te rendre compte que la vie est bien loin d'être un long fleuve tranquille. Petit à petit tu te mets à ouvrir les yeux sur le monde et sa réalité qui vous entoures. Sur ces différences injustes, ces personnes malsaines, la dureté de la vie d'adulte qui se profile au fur et à mesure que tu vieillis. T'as déjà eu l'occasion d'te rendre compte que rien n'était gratuit ou facile. Qu'il fallait se donner à fond, ne jamais abandonner. T'as eu ta mère comme exemple, et pourtant dieu sait qu't'as pas été facile avec elle Joanne. T'étais une ado bien trop révoltée, en colère contre l'oubli dans lequel vous êtes. Parce qu'on vous mets de côté, qu'aucune main ne se tend à vous pour vous aider ne serait-ce qu'un peu. Tu t'es éloignée de ta famille, les garçons commençant à devenir plus âgés également. Tu t'es mise à chercher un moyen d'gagner de l'argent, alors t'as enchaîné les heures de babysitting, de promenades canines en tout genres. Juste pour pouvoir ne serait-ce que payer un peu d'courses à la fin de la semaine juste assez pour pouvoir la soulager un peu, ta reine que t'admires dans l'ombre malgré qu'tu passes ton temps à lui cracher au visage. T'es comme ça Jo', tu sais pas dire je t'aime autrement qu'en blessant les autres. Tu t'contentes de remplir le frigo quand tu le peux, tu l'sais bien qu'elle le voit et qu'elle fière de toi malgré ton caractère de merde, le fait qu'tu sois plus forcément cette petite fille aimante qui n'peut pas s'empêcher que d'traîner dans ses jambes pour t'y réfugier.



T'arrives dans un lycée qu'tu connais pas, avec des gens qu'tu connais pas d'avant. T'as pas envie d'continuer les études, tout ce que tu veux toi c'est te mettre à bosser une bonne fois pour toute. T'as pas l'choix, tu vas dans c'foutu lycée qui coûte les yeux d'la tête à ta daronne. Parce qu'elle voulait pas que t'ailles dans celui d'ton quartier car elle y trouve les gens trop instables, prêts à exploser à la moindre menace. T'as essayé toi, d'lui dire que ça changerait rien, t'lui as balancé au visage que t'hésiterai pas un seul instant à quitter les bancs de l'école pour un réel travail. Les premières semaines ont été compliquées, tu t'contentais de pas dire grand chose, d'être invisible malgré ta chevelure déjà flamboyante à l'époque. Il y a eu cette bande, qui est venue t'approcher. Parce que tu devais leur faire pitié toi à bouffer toute seule tout les jours au réfectoire en adressant la parole à personne. Y'a eu le dénommé Gabriel qui à commencé par blaguer sur le fait qu't'étais solo. Rapidement suivit par la Russe au doux prénom d'Anya et du reste de la bande. T'as clairement pas apprécié sa façon d'se jouer de toi avec sa grande gueule au brun. Mais tu t'es laissée charmer par ces âmes désireuses d'en savoir un peu plus sur toi. Mais lui, il était spécial. Et de ce premier jour où tu l'as envoyé chier royalement sur les roses, tu t'es foutrement faite avoir dans ses filets. Parce qu'il a ce genre d'sourires en coin qui t'donnent des envies de massacres, des envies d'lui tomber dans les bras. Tu résistes Joanne, aussi fort que tu l'peux. Plus l'temps passe, et plus tu t'poses des questions. Pourquoi ton coeur il se met à battre plus vite en sa présence d'une telle manière pour la première fois d'ta vie?



t'en as marre, que d'rester ton cul posé contre une chaise à apprendre des trucs qui t'serviront à rien. T'en as rien à foutre d'enrichir ta culture générale, t'as pas besoin d'eux pour ça. T'es pas une de ces connasses de cherleader qui n'aspire qu'à remuer son cul après diverses gymnastiques. Non t'as envie d'te mettre à dessiner toujours plus. A affiner ton coup d'crayon, d'te mettre à dessiner sur des gens. Alors t'as franchis la porte de ce salon d'tatouage pour proposer tes services. D'abord, t'as bien fais marrer les gars. Ils t'ont regardé de haut, en t'balançant à la gueule que tu t'trouvais pas dans un salon pour escort mais dans un endroit où l'encre est reine. Tu l'es as rembarrés vite fait. T'as pas hésiter à ouvrir ta grande gueule pour gagner leurs respect. T'as fais le ménage, pris les rendez vous téléphoniques, t'as assuré l'accueil pendant de nombreux mois avant qu'tu leurs demande de te laisser piquer. Ils t'ont vu dessiner, ils savaient qu'il y avait un truc. Une entourloupe. Pour pas louper, puisque tu t'es imposée jusqu'à l'apprentissage. Remerciement de leurs parts pour avoir supporté leurs railleries, leurs éclats d'voix et leurs manque cruel de patience. Ton premier dermographe comme cadeau pour tes un an dans l'bateau, marquant l'arrêt de tes années lycées pour venir faire ce dont tu rêves vraiment sous l'regard perçant de tes maîtres d'apprentissage. Tatouer l'épiderme des gens de tes motifs pour venir orner leurs peaux de ton art. Tu t'en fous, qu'ça fasse mauvais genre. Qu'ta mère soit pas forcément pour. T'y arriveras, tu leurs montreras à tous que t'as été capable de le faire. T'abandonneras pas Jo.



T'as essayé, encore et encore. De prendre sur toi, de ne pas tout envoyer en l'air comme à ton habitude. Mais tu peux pas t'permettre le perdre définitivement, Gabriel. Alors quand vous décidez de mettre un terme à votre relation, vous vous promettez de rester amis. Que vos décisions ne viendraient pas entacher la bonne entente au sein de la bande. Ca serait tellement plus simple pour toi que de fuir, fuir très loin. Juste pour ne pas avoir le résultat de ton échec sous les yeux. Parce que t'as pas su Jo, t'as pas su être patiente, aimable. T'as beau l'aimer de tout ton être, t'y arrive pas. T'en es incapable. Alors tu préfères abandonner, d'te dire qu'au moins vous aurez essayés. Que vous n'mourrez pas cons et pleins d'regrets. Juste les remords de ne pas avoir assez donné, de ne pas avoir été assez suffisante, assez forte pour que ça fonctionne. Parce que lui aussi il aurait fini par t'abandonner, comme ton géniteur, comme le second mec de ta mère qui l'as quittée salement après trois gamins. Tu peux pas donner ton coeur Jo, t'y arrives pas. C'est trop compliqué que de laisser tes défenses s'effondrer. Tu trouves ça bien plus simple que d'en ériger de nouvelles, toujours plus épaisses, toujours plus hautes. Alors tu t'éloignes de Gabriel, combien même ton coeur t'en dicte le contraire. Tu préfère faire confiance à tes entrailles, à ton cerveau apeuré tirant la sonnette d'alarme. Et c'est comme ça, qu'après des mois de couple que tu teintes votre relation d'un retour en arrière bien net, trop net. Comme si vous n'aviez pas été quelque chose pour l'un l'autre. Comme si tout ça, n'avait pas existé. Que c'était une erreur, une connerie faite par deux ados en quêtes d'affection.



Les années ont bien passées, t'es à présent devenue une femme accomplie. Une professionnelle reconnue, une amie légèrement plus absente qu'à l'époque. T'as réussi à ouvrir ton salon, ton propre shop. Aujourd'hui, tu vis un rêve éveillé. T'as dis au revoir à tes années de galères et d'errances pour enfin trouver un peu de stabilité. Retrouver un peu d'envie, un nouveau but à te fixer. T'as organisé une grande pendaison de crémaillère pour l'occasion de l'ouverture de la boutique. T'as invité la bande au grand complet, Torbjörn sera là à tes côtés pour présenter le bébé aux tiens, à vos amis communs. Ça valait le coup, que de passer toutes ces heures à dessiner sans relâche, le crayon à la pointe de graphite presque greffée contre la peau de ta main. Le suédois te rejoint dans tes apparts, l'un de ses bras contre l'encadrement de ta porte. Il te demande si t'es prête, si tu te sens bien. T'es stressée, t'es fière, t'as une énorme boule au ventre. Ton cœur bat la chamade, il palpite si fort contre la poitrine que t'as l'impression qu'il choppe les gènes de ton paternel et te donnent envie de fuir. T'es bonne qu'à ça quand les choses se compliquent ou qu'elles t'effraient. Tu peux pas lui cacher au blond que t'es sur le point de tourner de l’œil. Alors tu joues franc-jeu, et ta voix se met à trembler. Il y a sa paluche qui vient gagner ton épaule pour la tapoter avec affection. T'y arriveras, qu'il te dit. T'as pas à être effrayée, car il sera là pour t'aider il te l'a dit, redit et répété. T'as juste peur qu'il t'abandonne lui aussi, comme tous les autres. Parce que tu le trouves plus professionnel, meilleur dans le milieu du tatouage et du dessin. Tu prends une longue inspiration, avant de retrouver un visage souriant. "Allons-y" Que tu souffles bras dessus, bras dessous avec ton associé nordique.



t'es entre deux séances, la prochaine étant réservée pour les retouches de l'un de tes habitués. Ton dos t'fais un mal de chien, t'as de ces positions des fois lorsque tu tatoues. Obligée de te cambrer d'bien des façons pour noircir les épidermes se tendant à toi. T'as une demie heure de battement, juste assez pour que tu puisses bouffer un truc. T'enchaînes les clients, avec une cadence démesurée. C'est aussi ce qui t'as motivée à prendre un apprenti. Et puis, faut dire que Rebel, il sera bien traité chez toi/vous avec Torbjörn. En attendant qu'il arrive, tu te débrouilles comme tu peux, tu sacrifies nettement ta vie sociale. C'est toi qui étais sensée organiser la dernière soirée de la bande, et tu t'es défilée comme une lâche au dernier moment pour mieux aller t'enfoncer dans tes draps et roupiller contre les bras de Morphée. Y'a bien ta réceptionniste aussi, qu'est sensée pas tarder à commencer son contrat. Bientôt, ton petit groupe d'artistes sera au complet, l'équipe de choc régnant entre tes murs. Tu t'assois à ton bureau, t'envoies en deux-deux ton casedalle pendant que tu scrolles l'écran de ton portable faisant défiler ton feed instagram. Un de tes outils de travail les plus précieux. Tu regardes l'avancée du profil du shop, réponds à quelques questions en DM et aux commentaires postés sous tes photos pour finalement revenir à ton profil perso et scroller de nouveau. T'as le cœur au bord des lèvres Jo, ton sang qui se met à pulser dans tes veines. C'pas un, mais trois clichés qu'tu peux voir de Gabriel. Jusque là, rien de bien méchant, même si ça tête te donnes une tonne d'envies bien différentes. Mais lorsque tes yeux se perdent un peu plus longuement sur les descriptions t'as clairement la nausée. Parce que tu ne supportes pas, qu'il s'affiche avec cette femme. Tu ne supportes pas, de savoir qu'il passe tant de temps avec elle contre de l'argent. Ça te débectes, de savoir qu'il peut être amené à partager ses draps, à profiter de ses courbes défraîchies. Ton imagination est un sacré salopard, car tu peux pas t'en empêcher que de l'imaginer dans ses draps à elle. Ça t'donnes des envies de meurtres, des envies de tout casser sur ton passage. Tu comprends pas, ça te dépasses totalement. Toi qui as toujours été plus ou moins dans l'besoin tu t'es toujours cassée le cul pour mériter ton argent durement en donnant le meilleur de toi même sans flancher. Pour Gabriel, tout semble simple, facile. Parce que la vie se vit au jour le jour pour l'encré. T'envoies voler ton téléphone dans la pièce d'un accès de colère. T'en reviens pas, franchement pas. Un rien de sa part continue à te faire crever de jalousie. C'est fou quand même, que treize ans après tu n'as toujours pas réussi à te défaire de lui. Parce que les autres, ils t'intéressent pas Joanne pas vrai? Même s'il est foutrement maladroit, qu'il réfléchit pas avant. Il est aussi terriblement gentil, loyal, attachiant. T'as essayé tant de fois, que tu les comptes plus. T'auras tout essayé, l'ignorance, la fausse haine. Rien, t'y arriveras pas Jo. T'aurais dû te faire à l'idée il y a déjà bien longtemps. Combien de temps, tu continueras à lui faire payer tout ça? A l'envoyer chier sans ménagements, à lui lancer des piques des plus affûtées avec l'espoir qu'il réagisse, qu'il se rende compte que pour toi c'est pas terminé. Tes mains se mettent à trembler, tant pis pour ton prochain client qui va s'manger ta frustration. T'es bien trop sur les nerfs à présent.