(fb) still falling for you; ella.

☾ ☾ ☾
{  still falling for you }
crédit/ tumblr ☾ w/@Morgan McGrath

4 juillet 2008 ; Il y a son cœur prêt à exploser. Il y a sa peau qui commence à s'embraser. Tout son être qu'il enflamme d'un baiser, d'une caresse. D'un seul geste, de tous ses gestes. Le feu qui la consume comme on l'imaginerait dans les flammes de l'enfer, c'est pourtant au paradis qu'elle se trouve à cet instant. Au paradis qu'elle est dans ses bras. C'est la même chose à chaque fois. C'est quand elle le retrouve qu'elle se demande comment elle peut bien continuer à vivre sans lui. Combien le manque se ressent, combien il est violent, alors même qu'elle tente pourtant de l'enfouir au plus profond d'elle la plupart du temps. Mais il est toujours là, Morgan. Avec elle, en elle. Il est ancré dans son être, comme une empreinte indélébile qui attend chacune de leurs retrouvailles pour mieux se révéler. Pour mieux lui rappeler, comme elle ne peut pas s'en passer. Comme un retour dans le monde des vivants, elle savoure à peine l'oxygène retrouvé, de cette moitié récupérée, que l'air commence déjà à lui manquer. Le palpitant qui s'accélère, au rythme de ses caresses, en écho avec le sien. Elle les sent, les battements qui se répondent, comme s'ils se reconnaissaient.

Comme si vos cœurs se reconnaissaient,
Comme si vos corps se reconnaissaient,
Comme si vos âmes se reconnaissaient.

Les frissons lui parcourent l'échine à chaque fois qu'il frôle son corps. De ses cuisses dénudées, elle sent ses mains glisser le long de son dos. Une décharge électrique qui la submerge juste avant qu'elle ne se retrouve dépourvue de sa robe avec une facilité déconcertante. C'est à son tour qu'elle entreprend de le déshabiller, les gestes presque fébriles à cause de l'impatience. À cause de l'absence. Aidée par Morgan, elle se débarrasse des tissus en trop pour le redécouvrir enfin. Dans l'obscurité, elle ne peut pas le voir, seulement le toucher. Seulement caresser les lignes de son corps, chaque nuance, chaque parcelle qu'elle connaît par cœur et retrouve enfin. Rien n'a changé, il n'a pas changé. Comme un soulagement qui l'envahit chaque fois qu'elle le retrouve, chaque fois qu'elle le reconnaît. Le manque qui se fait encore plus intense au moment où il est au plus près. Des mois qu'il ne l'a pas touchée. Des mois qu'elle n'a pas senti ses doigts courir contre sa peau. Des mois qu'elle vit de souvenirs qui n'égalent en rien la réalité. Elle est si intense, la réalité, si brûlante. Elle avait oublié combien elle se sent bien dans ses bras. Mieux que bien, elle se sent à sa place. Elle se sent plus à sa place que n'importe où ailleurs.

Plus à ta place avec lui que dans n'importe quel endroit sur cette Terre,
Parce que c'est lui, ton univers.

Ils n'étaient peut-être pas voués à se rencontrer. Le destin, elle n'y a jamais vraiment cru. Plutôt l'impression qu'ils sont entrés en collision, tous les deux. Deux âmes qui se sont frappées de plein fouet, bien trop fort pour parvenir ensuite à se séparer. Il a été comme une évidence, Morgan. Une lumière parmi tout cet enfer. Sa raison, sa première raison de sourire, celle aussi de vivre. Elle donnerait tout pour lui, parce qu'il est son tout. Parce qu'il lui a appris à aimer. Parce qu'elle sait qu'elle le fera pour l'éternité. Chaque baiser enflammé qu'elle prolonge inlassablement, comme pour le prouver. Comme pour s'en rappeler. Elle redécouvre le goût addictif de ses lèvres qu'elle dévore d'un désir de plus en plus difficile à contrôler. L'envie la consume, Ella, elle la submerge totalement alors qu'il glisse ses mains contre ses formes pour lui provoquer de nouveaux frissons. Les paupières qui se ferment sous les baisers dans son cou, elle accroche ses ongles contre son dos pour mieux le garder près d'elle. C'est comme des réminiscences qui reviennent à chaque fois.

Le désir, l'excitation aussi prenants qu'une première fois,
La frénésie contrôlée, la mesure de chaque geste d'une dernière fois.

Il vient la soulever une nouvelle fois, la laissant respirer son odeur sans limite. C'est enivrant, il est enivrant. Il lui fait presque tourner la tête et, à la fois, elle se raccroche à lui comme s'il était sa seule chance de survie. Comme une image de leur relation, de cet amour démesuré qui lui fait vivre les extrêmes chaque jour. La douceur avec laquelle il la dépose sur le lit contrebalance totalement avec la fougue qui les anime. C'est cette tendresse dont il est tellement empreint qui la bouleverse. Les gestes, marqués par la passion, pourtant faits avec délicatesse. Ce sont ces petits détails qui l'atteignent en plein cœur, Ella. Qui la chamboulent plus que tout. Ces moments qui lui donnent l'impression que ce qu'ils vivent est si magique, si unique. Comme s'il avait besoin de savourer chaque parcelle d'elle, comme elle veut s'imprégner de chaque millimètre de lui. Instants éphémères, qui marquent pourtant un cœur à jamais. Parce qu'il est ton éternité, Morgan, tu le sais. Il a pris cette place que personne avant lui n'a jamais pris, que personne après lui ne pourrait prendre. Il lui a fait découvrir l'amour, Morgan. Il le lui fait découvrir encore à chaque fois que ses yeux se plongent dans les siens, à chaque fois que ses lèvres se scellent aux siennes.

Il fait partie de toi,
Maintenant et à jamais.

Prise au piège dans ses bras, prisonnière consentante qui n'demande qu'à avoir une sentence à perpétuité, elle se délecte de toutes ces sensations. Ce sentiment d'être à lui, comme il est à elle, ce sentiment que rien ne pourrait les empêcher d'être tous les deux. Rien ne pourrait les empêcher de s'aimer. Les bouches qui se consument dans un énième baiser, elle savoure cette danse endiablée comme si sa vie en dépendait. C'est peut-être un peu le cas. Le cœur qui n'cesse de s'accélérer, elle soupire chaque fois que leurs lèvres viennent à se séparer, sous le désir qui prend possession d'elle. Plus encore en sentant le corps de Morgan, le corps qu'elle aime tant, si proche du sien, mais encore si loin. Ce ne sont que des frôlements, des effleurements de son bassin contre le sien, quand c'est tout son être qu'elle veut. Elle a le corps qui s'enflamme un peu plus, alors qu'il lui demande subitement d'attendre. Attendre, elle ne peut pas. Elle le fait déjà depuis six mois. - Morgan… proteste-t-elle, d'impatience, alors qu'il essaie à tâtons d'allumer la lampe à leur chevet. Il est en train de la tuer. Mais la lumière vient subitement les éclairer. Tamisée, elle illumine le visage de l'homme qu'elle aime comme un miracle, un mirage à peine croyable. Sa lèvre inférieure qu'elle glisse entre ses canines, elle le dévore des yeux plus qu'elle ne le contemple. Elle se sent chamboulée par le regard de Morgan, comme à chaque fois. Comme la première fois, dans ce bar, alors qu'il n'était censé être qu'une cible de plus. Si elle avait su, à l'époque, si elle avait su tout ce qui les attendait…

Tu n'aurais rien changé,
rien du tout.

Ses iris se perdent dans les siennes, quelques petites secondes, alors qu'il semble s'imprégner de chaque parcelle de son visage. C'est touchant, attendrissant. Mais il est en train de la rendre folle. La main de la jeune femme se glisse contre sa nuque, pour l'attirer de nouveau, l'attirer jusqu'à elle, juste au moment où il vient l'embrasser. Un effleurement, comme un battement de papillons, avant que la passion ne reprenne le dessus. C'est presque avec avidité qu'elle s'empare de ses lèvres cette fois, plus capable de s'en passer. Les frissons qui parcourent sa peau en même temps que ses doigts agiles et délicats glissent le long de son corps. Tout juste libérée d'un dernier bout de tissu, elle le sent déjà l'effleurer. Un simple contact qui suffit à l'électriser. Tout son corps réagit alors que ses lèvres sont incapables de retenir le désir qui la consume. Elle tait ses soupirs en les plaquant contre celles de Morgan alors que ses propres mains découvrent et redécouvrent chaque infime partie de son corps. De son dos, elle descend jusqu'à ses fesses, impatiente, déjà prête à tirer sur le dernier rempart à leur union.

Trop longtemps que tu l'attends,
Trop longtemps que tu le veux, Morgan.

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{  still falling for you }
crédit/ tumblr ☾ w/@Morgan McGrath

4 juillet 2008 ; Les pensées égarées, les peurs envolées, celles qui font son quotidien. Celles qui la submergent chaque fois qu'il est trop loin. Elles disparaissent sous son contact, elles disparaissent comme si elles n'avaient jamais existées. Pourtant, elles prennent de l'ampleur. Elle deviennent de plus en plus fortes chaque fois qu'elle se retrouve seule. Mais l'amour les dépasse, l'amour les surpasse encore. L'amour, elle ne l'a jamais connu avant lui. Elle ignore quelles en sont les limites, ni même quelles sont les siennes. Elle ne sait pas combien de temps elle pourra supporter de vivre avec son absence, elle ne pense pas pouvoir faire autrement. Comme le seul choix qui s'offre à elle, l'aimer, l'aimer quand il le veut bien. Loin de songer à une fin à laquelle elle ne survivrait pas, elle approche pourtant, invisible et pourtant de plus en plus inévitable. Il est peut-être plus lucide qu'elle, Morgan. Il se rend compte de choses qu'elle refuse de voir, des choses qu'elle oublie, chaque fois que son regard retrouve le sien. Car ce n'est pas son amour qui s'amoindrit, c'est sa capacité à vivre sans lui.

L'amour, il est toujours là,
Probablement qu'il sera toujours là.

Il la consume comme un feu ardent, il bat dans ses veines puissamment. Il brûle dans tout son corps au seul contact du sien. Les bouches qui s'entremêlent, les corps qui s'emmêlent, dans une danse qu'ils connaissent par cœur. Comme une valse qu'ils auraient répété toute leur vie. Un tango, plutôt, à en juger les battements effrénés de son cœur. Les mains qui se font baladeuses, les bassins qui se cherchent, les âmes qui s'appellent inlassablement. Le besoin d'enlacer son corps, le retrouver comme si elle ne l'avait jamais quitté, le besoin de l'aimer. L'aimer jusqu'à perdre la raison. L'aimer jusqu'à la perdition. Patienter, juste quelques secondes, la rend déjà folle alors qu'il paraît, elle le jurerait, s'en amuser. Mais elle retrouve son regard, ces deux grands océans dans lesquels elle plonge sans bouée, pour s'y noyer volontiers. Ses pupilles brillantes de désir et d'émotion contemplent, scrutent et admirent chaque parcelle de ce visage tant de fois imaginé. Tant de fois rêvé. Mais la vérité jamais égalée. Elle en oublie presque, parfois, combien il est beau. Il lui a tellement manqué, Morgan.

Il te manque encore,
De plus en plus fort.

Le désir, elle ne le contrôle plus. Les baisers se prolongent et se font plus voraces. Plus sauvages. L'envie de le dévorer tout entier, si seulement elle pouvait. L'impatience qui se ressent, de plus en plus, alors qu'il en joue de la douceur de ses doigts. Comme si c'était nécessaire, comme si elle en avait besoin. Six mois qu'elle l'attend, Morgan. Six mois qu'elle attend de retrouver cette alchimie entre leurs deux corps. Celle, plus complexe, entre leurs deux âmes abîmées. Celle, plus forte que tout, entre leurs deux cœurs battant à l'unisson. Il détient son plaisir entre ses mains, comme il possède son palpitant depuis le premier jour. La chaleur envahissante, le désir incontrôlable, elle laisse échapper l'extase du bout des lèvres alors qu'elle sent les siennes glisser le long de son corps frissonnant. Pas besoin de la torturer longuement, elle est déjà à sa merci. Incapable de se contenter de ses caresses, c'est lui tout entier qu'elle veut. Les doigts qui s'échouent sur le seul tissu qui recouvre encore le jeune homme, elle n'a pas le temps de le retirer. C'est lui qui se débarrasse de la fine dentelle dont il s'est suffisamment amusé. Il lui manque à peine que, déjà, il l'attire contre lui. Sa peau qui se plaque contre la sienne, c'est comme une décharge d'électricité qui vient la submerger. Les derniers remparts à leur union écartés, ils volent dans la pièce sans que, ni l'un ni l'autre, ne daigne s'y intéresser. Trop obnubilés. La fougue qui la saisit, les saisit tous les deux, dès l'instant où ils se retrouvent libérés de tout ce qui les séparait encore. Tout ce qui l'éloigne de lui, tous les jours, tout cela n'existe plus.

Il n'y a plus que lui,
Plus que vous deux dans ce lit.

Les baisers à peine consumés, déjà remplacés par ceux qui suivent, les mains qui partent retrouver chaque parcelle de l'homme qu'elle aime. Elle retombe sur le matelas sans même s'en rendre compte. Il n'y a plus rien, plus rien d'autre que les sensations qu'il provoque en elle. Au bord de l'implosion, sous chacun de ses gestes, elle ne maîtrise plus les soupirs chaque fois que leurs lèvres viennent à se séparer. Il remonte sa cuisse, pour mieux se rapprocher d'elle, l'incitant à l'enlacer de ses jambes, pour mieux le garder avec elle. Elle a le cœur qui s'arrête, juste un instant, alors qu'elle peut enfin savourer cette sensation tellement espérée. Elle laisse échapper un léger cri devant l'union si longtemps attendue. Elle a, pour la première fois depuis une éternité, le sentiment d'exister enfin. Celui d'être vivante. Un petit temps de flottement, juste pour profiter de l'instant. Mais la délivrance de ne faire qu'un ne dure pas plus longtemps, bientôt le désir se fait encore plus violent. Pris par les mêmes envies, il entame cette danse sensuelle entre leurs deux corps. Au creux de ses cuisses, elle l'accueille à chaque mouvement, son bassin imitant le sien, dans une fusion parfaite. Les peaux se rejoignent, les odeurs se mêlent, c'est à la fois passionnel et très charnel.  Elle peut sentir les pulsations intenses de son cœur contre le sien à chacun de ses coups de reins. Les deux cœurs en communion dans leurs carcasses qui reprennent vie, à peine réunies. C'est comme si elles étaient faites l'une pour l'autre. Comme s'ils étaient faits l'un pour l'autre. C'est plus que du désir, c'est plus que du plaisir.

C'est leur amour à son apogée,
C'est le goût de l'éternité.

Le corps ondulant sous le sien, naturellement, comme par instinct. Elle suit son rythme, qui ralentit parfois, pour mieux s'accélérer ensuite. Ils sont en osmose. Le souffle qui se perd, le cœur qui s'affole, elle sent tout son être s'enflammer dans ce feu qu'elle ne maitrise plus du tout. Elle lui laisse le contrôle sans protester, elle le laisse la posséder, pour mieux se sentir aimée. Elle est incapable de retenir les gémissements qui s'échappent de ses lèvres. Sa main s'échoue dans les cheveux de Morgan, pour que son regard puisse accrocher le sien. Mais l'envie de le dévorer la taraude, l'envie d'embrasser ses lippes comme il embrase son corps. Elle les bouffe avec envie, elle pourrait le dévorer tout entier. Incapable de retenir la passion prête à exploser sous la frénésie de l'instant. Sous la magie de le retrouver enfin. Ne plus faire qu'un seul et unique être. Trop longtemps qu'elle a rêvé de ce moment, elle est incapable de tenir plus de temps. Quelques minutes suffisent, à peine, avant qu'elle ne sente une décharge de plaisir plus violente que les précédentes venir la submerger. Le désir du corps consumé, l'âme prête à s'envoler.

Plaisir éphémère,
Presque une chimère,
Pour un amour éternel.

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{  still falling for you }
crédit/ tumblr ☾ w/@Morgan McGrath

4 juillet 2008 ;

Ses bras qui t'enlacent,
Ton corps s'embrase,
Ton cœur s'enflamme.

Il n'y a plus que lui. Plus qu'eux. Eux qui surplombent le reste de l'univers. Eux qui effacent la terre entière. Le quotidien trop misérable, la routine insurmontable. Les cicatrices du passé, les souffrances du présent, les doutes pour l'avenir. Les affres des familles qui ne les ont jamais aimés, jamais comme il le fallait. Les ténèbres d'un monde dans lequel ils ne se sont jamais vraiment sentis à leur place. Tout cela, disparaît. Tout disparaît, pour ne laisser que l'essentiel. Morgan et Ella, enlacés, plongés dans une étreinte qui, momentanément, les protège. La fusion de leurs corps qui permet de retrouver la connexion, plus intense encore, de leurs deux âmes. Là, à cet instant précis, à cette seconde précise où leurs corps retombent d'extase sur le matelas. C'est cette seconde précise qu'elle se sent enfin apaisée. Soulagée. Comme une tension trop longtemps accumulée, pas seulement celle du manque physique.

Le manque du cœur,
Celui qu'il est le seul,
Le seul à l'connaître,
Le seul à l'faire disparaître.

Les abysses de plaisir dans lesquels ils se noient, à l'unisson, le plaisir qui se laisse enfin aller à l'abandon. Elle se libère de tous les maux qui l'ont submergée. Toutes les mois, toutes les semaines, tous les jours passés sans lui à ses côtés. Ils reviendront, elle le sait à présent, qu'ils reviendront. Mais, pendant quelques instants, elle se sent délivrée. Elle se sent aimée. Elle se sent à nouveau respirer. Elle se sent, avec Morgan, reconnectée. Doux instant de silence, salvateur, reposant. Le cœur encore battant. Elle parvient à relever ses prunelles encore assombries par le désir jusqu'aux siennes. Les regards s'accrochent avant qu'il ne pose son front contre le sien. Ce n'est que lorsqu'il libère sa cuisse certainement rougie de l'étreinte de ses doigts qu'elle sent combien il la tenait fort. Le souffle encore court, faible sourire qui se dessine, elle savoure seulement cette sensation. Ce corps qu'elle aime tant tout contre le sien, cet homme qu'elle rêve tout au long de l'année, qui lui est enfin restitué. Ce n'est que pour un temps, pas pour longtemps. Mais elle ne veut pas y penser, surtout pas maintenant.

T'as trop besoin de lui à tes côtés,
Pour tout gâcher,
T'as trop besoin de l'aimer.

Du bout des ongles, elle glisse délicatement ses doigts contre le dos encore brûlant de Morgan. Elle en savoure chaque parcelle alors que, peu à peu, leurs respirations se font moins saccadées. Elle sent sa main venir caresser sa joue, juste avant qu'il n'ouvre les yeux. Elle est déjà en train de le regarder. L'admirer. L'aimer. Le baiser auquel elle répond fébrilement, encore chamboulée, encore retournée par le bout de paradis qu'ils ont approché. Il arrive à la faire rire en ironisant sa propre performance. Comme lui, elle s'en amuse, elle le taquine déjà. - Tu pourras que t'améliorer dans les prochains jours. Les prochaines heures, même. Elle a cette impression étrange, parfois, Ella. Celle de vivre une liaison avec l'homme dont elle est pourtant amoureuse. Celle d'être la maîtresse d'un homme marié, un homme qui a choisi l'armée. C'est frustrant, parfois, douloureux tout le temps. Mais il y aussi ce sentiment de manque, ce sentiment qu'il ne lui suffit jamais. Qu'elle n'en aura jamais assez, jamais avec lui.

À vous aimer comme des amants,
À vous aimer inlassablement,
Ce sera éternellement.

Parce qu'on ne peut pas se lasser,
Quand le temps est compté.

Son corps se détache du sien, lentement, alors qu'elle glisse déjà sur le côté pour lui faire face. Ne pas perdre de vue son visage. La question qui arrive, imprévue. Inattendue. Sa famille, est-ce qu'elle finirait par lui manquer ? Elle n'est pas idiote, Ella. Elle sait ce qu'il a cherché à fuir. Ce qu'il a voulu rattraper, en s'engageant pour l'armée. L'ombre des McGrath qu'elle sent parfois flotter au-dessus de leurs têtes. Peut-être bien ce qui l'empêche, lui, de se contenter d'une vie normale, une vie avec elle. - Aodh, vite fait. On s'est appelé quelques fois. Quand elle restait trop longtemps sans nouvelle. Quand elle avait besoin d'entendre une voix familière. Une voix qu'elle connaît de Morgan. Mais c'est le genre de précision dont elle préfère l'épargner. Les épargner tous les deux. - Cahal, on ne se calcule pas vraiment quand t'es pas là. Cahal, elle ne l'apprécie pas. Quelque chose, chez lui, qu'elle n'aime pas. Ou c'est peut-être quelque chose chez Morgan, qu'elle n'aime pas, quand il est là. - Tu voudras aller les voir ? demande-t-elle, le souffle cette fois pleinement retrouvé, alors que du bout des doigts, elle vient retrouver le contact de sa peau.

Besoin toujours de le toucher,
Sentir qu'il est à tes côtés.

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{  still falling for you }
crédit/ tumblr ☾ w/@Morgan McGrath

4 juillet 2008 ; Il est là, Morgan. Il est là, présent, juste à côté d'elle. Mais déjà plus tout à fait là. Le regard qui se perd au loin quand, elle, n'a d'yeux que pour lui. Il y a une partie de lui qui n'est pas tout à fait avec elle, comme si elle était restée là-bas, au front. Comme si, chaque fois qu'il partait, c'est un bout de son âme qu'il y laissait. C'est tout ce qui suffit pour l'effrayer. Ella, elle donne parfois l'impression que rien ne lui fait peur. Que rien ne lui tient à cœur. Désinvolte au possible au quotidien, elle ne l'est jamais pour les siens. Elle ne l'est jamais, ne le sera jamais, pour lui. Il a capturé une part de son cœur, de son âme, d'elle tout entière. Elle le suivrait partout, Morgan, elle irait jusqu'en enfer. Mais c'est lui qu'elle essaie, comme elle peut, de remonter. Ne pas le laisser couler. Elle n'est peut-être pas la meilleure personne pour y arriver, Ella. Aussi abîmée que lui, presque aussi écorchée que lui, elle peut le comprendre mais, peut-être pas le sauver. Elle tente de le faire de toutes ses forces, pourtant. Elle le retient, encore et encore, de tout ce qu'elle a encore en elle. De ce cœur qu'il a réussi à faire battre pour la première fois en elle. Pas prête, non, à le laisser tomber.

T'es là, pour l'aimer,
T'es là, pour lui rappeler qui il est.

Il y a un réel intérêt dans sa question. Dans la réponse qu'elle attend, surtout. Elle sait combien ses rapports fraternels peuvent être compliqués. Mais elle sait aussi, malgré tout, combien il peut les aimer. Il les aime tous, si fort, qu'il est incapable de s'en émanciper. Même en partant à l'autre bout de la planète, même en se réfugiant dans l'armée. C'est pour cette raison qu'elle prend à cœur une telle conversation, pas anodine assurément. Peut-être même plus que lui. Déjà, il chasse les pensées tortueuses, pas même formulées, déjà envolées. Non pas vraiment. Ses prunelles assombries qui croisent enfin les siennes, si pures, si bleues, si transparentes de vérité. Bien plus qu'il ne doit s'en douter. Ses doigts légers qui caressent dans un geste délicat le visage de l'être aimé, elle reprend presque dans un murmure. - Même pas Aodh ? Juste une interrogation. Juste le besoin de s'assurer, qu'il ne risque pas de regretter. Il aura un mois pour changer d'avis, Morgan. Un mois...

Et le temps qui défile déjà,
Qui vous éloigne pas à pas.

Elle prend une brève inspiration, chassant les maux qui reviennent. Chassant les mots avant qu'ils n'viennent. L'attention qu'il retrouve tout de suite, de son sourire en demi-teinte. Celui qu'elle connaît trop bien. Elle lui répond, du sien, quand elle sent ses doigts s'emmêler dans ses cheveux trop longs. Et toi, Ella, qu'est-ce que t'as fait durant ces six mois ?

Elle l'a attendu,

Encore et encore, elle l'a attendu,

Et peut-être, un peu, vécu.

- J'en ai trouvé… Quatre, je crois. Elle ne tient pas longtemps ses jobs. Trop de contraintes, trop de règles. Ella, on ne l'enferme pas. - Vendeuse, , caissière, j'ai même essayé de vendre des trucs au téléphone. Et là je suis encore serveuse. qu'elle énumère sans honte. Il la connaît trop bien pour être surpris. Il sait parfaitement qu'elle n'a pas la fibre professionnelle. Il l'a connue usant seulement de ses charmes pour survivre dans ce monde qui n'a jamais voulu d'elle. Lui, qui n'était qu'une proie de plus, un homme à séduire de plus. Il ne devait pas imaginer, combien il a tout changé. Combien il est parvenu à inverser la situation pour la rendre, elle, totalement accro à lui. Elle non plus n'imaginait pas qu'elle l'aimerait autant. Elle ne savait pas même ce qu'était l'amour, avant de le rencontrer, lui. - J'ai aussi une représentation… Dans deux semaines. C'est pas grand-chose mais… J'aimerais bien que tu viennes. qu'elle lui confie, en s'approchant à nouveau de lui. Sa peau qui frôle déjà la sienne, elle se penche au-dessus de lui pour lui voler un doux baiser. - Et toi… Comment tu vas ? La question la plus anodine qui soit, presque surprenante, mais son regard ne trompe pas. Elle ne sait pas ce qu'il vit à l'armée, Ella. Ils n'en parlent jamais. Mais elle sait qu'il a le cœur déjà trop abîmé pour n'pas vouloir le protéger.