touch of my hand (reese)

le sablier a échappé son dernier grain. le temps est écoulé.
les heures ont filé sous l'iris précis et aiguisé de la webcam. sous l'oeil brillant d'excitation des clients en pâmoison.
des ravages, qu'elles ont encore fait. un brasier, qu'elles ont déclenché. des futurs fidèles, qu'elles ont apprivoisé. de leur chant de sirènes libérées, en passant par leurs déshabillés vertigineux et leurs formes affriolantes.
parce que les années ont joué en leur faveur. aux codes, elles se sont habituées, jusqu'à s'approprier les gestes et les mots qui font vibrer. puisqu'on dit que la maîtrise s'apprend. l'évidence se fait encore plus virulente quand on possède le privilège de la jeunesse.
tu ne sais pas combien de pervers vous observent de leurs pupilles malsaines et enfiévrées. tu ne sais pas combien d'entre eux vous imaginent en rêves érotiques, quand s'éteignent les caméras de votre serveur. non, tu ne sais rien de tout ça et ça ne te fait pas reculer pour autant sahar. t'aimes la sensation d'être regardée, admirée, adulée. t'aimes être l'objet de la convoitise d'un homme, d'une femme, de quelqu'un. t'aimes être le fruit interdit qu'on désire envieusement croquer.
à l'aise sur les écrans comme sur les scènes, elle l'avait été dès le premier jour. tant que la question pouvait se poser. comment n'avait-elle même jamais envisagé ce choix de carrière ? quand on l'observe, on a la sensation de faire face à une femme qui a trouvé sa vocation. celle de déchaîner les passions, celle d'appeler à la déraison, celle de susciter les frissons.
la session du jour se termine sur une sahar qui met un point final à l'entrevue, promettant déjà des prouesses pour la fois prochaine qu'elle envisage bientôt. très bientôt. parce que s'exhiber devant des centaines d'inconnus est comme une drogue dont elle ne peut plus se passer. une drogue qui la maintient en vie, en lui prouvant que d'elle, on ne peut pas se passer. que quelque part, d'elle, on peut encore s'extasier.
le direct est coupé et elle attrape le peignoir qu'elle avait négligemment relégué sur la chaise adjacente. ses pas la mènent vers la commode d'où elle s'empare d'une bouteille d'eau.
si tu savais comme je rêve d'une douche.
le liquide hydrate un corps qui avait trop donné. un corps à qui elle en avait tant demandé et qui réclamait désormais d'être choyé. finalement délesté du plastique, elle entame une espèce de chignon dans ses cheveux secoués. la crinière qu'elle vénérait, comme un de ses instruments de séduction massive. un atout parmi d'autres, qu'elle ajoutait à la plastique parfaite.
elle n'est pas mécontente sahar, de partager ce pan de sa vie avec reese. et certainement qu'elle ne l'aurait fait avec personne d'autre. parce qu'elles se comprenaient et se savaient tant, qu'espérer obtenir un tel degré d'intimité avec qui que ce soit d'autre était inenvisageable.
reese s'était révélée être le phare dans la tempête qui faisait rage à une certaine période de ton existence. elle t'avait ouvert un nouveau chapitre, t'avait guidé vers une nouvelle voie. elle avait été ton roc, ton pilier, ton essentiel, ta moitié.
show me your nipples, are they big ? elle minaude, s'essayant à l'imitation d'un type dont elle n'avait pas même entendu l'intonation de la voix. et elle s'esclaffe sahar, se rejoue la scène, comme si elle avait volontairement pressé le bouton rewind.
au milieu de leurs shows, les anecdotes sont nombreuses autant qu'elles sont farfelues et inédites à chaque nouvel épisode. et c'est sans doute ce qui entretient la flamme. la promesse d'une toute nouvelle aventure à chaque début d'enregistrement.
l'enthousiasme ne désemplit pas, leurs folies non plus. quant à l'évidence de leur duo, il n'est plus à remettre en question.
reese et sahar, cam-girl à sensation.