Drogue douce. (Thomas)

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

Il dégage quelque chose de mystérieux, Thomas. Quelque chose d’intriguant sans le vouloir certainement, peut-être même sans le savoir. Mais c’est là, sans doute depuis longtemps, et pourtant. Pourtant elle l’entrevoit seulement ce soir. Il y a tant de choses qu’elle ignore sur lui. Tant de choses qu’elle ne s’est jamais demandé, pas une seule fois. Parce que t’es comme ça, Ella. Tu t’intéresses pas aux autres . Tu fais pas semblant de t’y intéresser. T’aurais pu continuer à le voir régulièrement pendant dix ans, sans jamais te poser aucune question sur son existence. Tu fais pas semblant, non. C’est pourquoi, t’es si troublée ce soir, si troublée de sentir cette curiosité émaner de toi. Les interrogations qui s’enchaînent, les hypothèses qui se déchaînent. Le constat, si clair subitement, qu’il ne ressemble à aucun dealer qu’elle a pu rencontrer. Une douceur insoupçonnée si longtemps, presque une fragilité qu’elle n’a jamais remarquée auparavant. Trop aveugle Ella, elle n’a rien vu. Elle n’a peut-être rien voulu voir. Un faible sourire, presque mélancolique, apparaît sur le visage de la jeune femme. – Personne ne se méfie d’une tête d’ange. Elle en sait quelque chose, Ella. Son joli minois, plus que ses jeux de charme ou son corps de rêve, c’est son arme la plus précieuse. Une belle silhouette peut se trouver à tous les coins de rues. Mais le visage vulnérable et apeuré, le visage qui a à tout prix besoin d’un héros, c’est beaucoup plus rare. C’est beaucoup plus efficace pour obtenir plus qu’une simple nuit de folie, plus que n’importe qui peut l’imaginer. Les sombres pensées qui disparaissent quand elle sent la main du dealer se poser sur la sienne. Lui, il ne veut pas juste jouer les héros. Lui, il n’essaie pas de se valoriser lui-même en l’aidant elle. Il n’est que ce qu’il est. Il ne ment pas, il ne triche pas. C’est ce qui lui donne envie, à elle aussi, de laisser éclater la vérité. La véritable Ella, derrière tous les masques qu’elle enchaîne. Ce soir, devant lui, elle n’en porte aucun. Ses doigts délicatement entrelacés aux siens, la diablesse met de côté les parures habituelles pour se dévoiler comme, depuis trop longtemps, elle ne l’a plus fait.

Avouer les abysses de ton âme,
Tout ce que tu n’oublies que grâce à sa came,
Les obscurités cachées derrière les sourires ravageurs,
Les ténèbres qui rongent ton cœur.

C’est difficile et simple à la fois de parler. Comme elle réciterait un texte qu’elle n’a jamais tenté d’apprendre mais dont elle connaît les lignes par cœur. Le récit de ses propres tourments qu’elle ne sait plus comment oublier. Elle lui pose la question, Ella, mais elle ne s’attend pas à une réponse positive. Elle ne s’attend pas à ce qu’il puisse ressentir quelque chose d’aussi noir, pas lui. Égocentrique jusqu’au bout, elle ne pensait pas que sa douleur pouvait être partagée. Surtout pas par un homme qu’elle voit sans exception trois fois par mois. Le regard charbonneux qu’elle relève vers lui, elle a l’impression de découvrir le sien pour la première fois. Devant sa question, elle secoue la tête, balayant d’entrée toute éventualité d’avoir quelqu’un. – Je les ai tous fait fuir. Elle a quitté ses parents dès l’instant où elle l’a pu. Perdu sa sœur beaucoup trop tôt. Tout gâché avec la seule famille qu’elle avait réussi à construire. Jusqu’à tout détruire avec le seul homme qui a été capable de l’aimer. Non, elle n’a personne, Ella. Trop nocive, trop toxique, pour tous ceux qui osent l’approcher. C’est peut-être volontairement, au bout du compte, qu’elle s’est chargée de tous les chasser. – J’suis pas quelqu’un de bien Thomas. Et je dis pas ça pour que tu me dises que si, bien sûr, on fait tous des erreurs, ou je ne sais pas quelle autre connerie. J’te le dis parce que c’est vrai. Parce que je bousille tout ce que je touche. Je suis toxique. Et ça te fait mal de l’avouer. Mal de re dire que tu n’es bonne qu’à détester. Que tu ne sais rien faire d’autre que semer le chaos.

Ton visage enfantin inspire la confiance et la sympathie de la part de tes pairs. T'es loin d'être l'homme le plus méchant du Queens, voire même de la planète. La plupart du temps, les gens ne te croient pas lorsque tu leur dit que tu deales et que tu peux les fournir. D'après deux, tu n'as pas le profil type du dealeur. C'est certainement pour cette raison que les flics te fichent la paix, tu n'as pas la tête de l'emploi. Rares sont les personnes qui s'attardent sur toi. En général, ils passent leurs chemins sans même te voir, sans même faire attention à toi. À force, t'as pris l'habitude d'être transparent, invisible aux yeux des autres. Même pour elle, pour Ella. T'es son dealeur depuis de longues semaines déjà et elle n'a jamais fait attention à toi. Il faut dire que tu ne laisses pas non plus les gens t'approchaient. Tu leurs files leur drogue, t'encaisse leur pognon et c'est tout. Chacun retourne à sa vie sans se soucier de l'autre. Ce soir, tout semble vouloir changer. Tu remarque la mauvaise mine de la demoiselle et, dans son regard, t'arrive à déceler une légère détresse. – Personne ne se méfie d’une tête d’ange. C'est vrai, elle a raison. Personne ne se méfie de quelqu'un au visage d'ange. Tu souris à la demoiselle en regardant tes pieds un instant avant de replonger ton regard dans le sien. "Pourtant, jsuis loin d'être un ange !" Est-ce qu'un ange dealerait de la drogue ? Certainement pas. Mais la vie est difficile, compliquée. T'as besoin de cet argent pour vivre et payer le loyer de ton très modeste studio. T'emmène la demoiselle plus loin, à l'abri des regards et oreilles indiscrètes comme elle te l'a demandé. Ella semble avoir besoin de parler, de se confier. Il n'y a aucune raison pour qu'elle te fasse confiance en te racontant ses secrets, pourtant, elle semble prête à le faire. Ce n'est pas juste quand on sait que toi, t'es pas prêt à lui raconter ton plus noir secret. Celui que tu porte sur tes épaules depuis plus de dix ans. Personne ne peut s'en douter. Personne ne peut savoir que ton père a abusé de toi sexuellement, faisant de toi cet homme apeuré et torturé que tu es. Tu n'es pas certain de pouvoir le raconter un jour à qui que ce soit, surtout pas Ella. T'as envie de lui crier de ne se taire, de ne rien te dire en ce qui concerne ses problèmes mais c'est trop tard. Vous êtes là, dans ce coin reculés et isolés du reste du monde.– Je les ai tous fait fuir. La tête penchée sur le côté, tu arque un sourcil. Tu ne comprends pas ce qu'elle veut dire. "Comment ça .. ?" Demandes-tu avec intérêt. C'est trop tard maintenant qu'elle a commencé à parler, elle va devoir t'en dire plus. Elle a réveillée ta curiosité. – J’suis pas quelqu’un de bien Thomas. Et je dis pas ça pour que tu me dises que si, bien sûr, on fait tous des erreurs, ou je ne sais pas quelle autre connerie. J’te le dis parce que c’est vrai. Parce que je bousille tout ce que je touche. Je suis toxique. Ella ne tarde pas à répliquer, expliquant pourquoi elle a dit cela. Tu n'es ni gentil, ni méchant. Tu ne lui dire pas qu'elle a raison ou tort. Tu te tais et, dans un silence, tu prends sa main. Tu savais que la demoiselle était une âme torturée, ça se lit sur son visage et puis, si elle souhaite se droguer ce n'est pas pour rien. Elle essaie certainement d'oublier le fait qu'elle soit toxique. "Jsuis sûr que c'est faux Ella .. T'es pas toxique.." Tu ne peux pas l'affirmer, ni la contredire. Tu ne la connais pas, tu peux seulement te fier à ton intuition et à ce que tu tu perçois en elle. "Bienvenue dans le club des "je bousille tout, y compris le bonheur, sur mon passage." Lâches-tu en ayant pour but de la faire sourire. Doucement, ta main vient caresser sa joue du bout des doigts. Tu lui souris et dépose un baiser sur le haut de son front. "Si t'étais réellement toxique, je ne serais pas là. Je fuis ce genre de personne en temps normal." T'ignore ce que c'est mais il y a quelque chose en elle qui te plait, quelque chose qui t'attire. T'es bien incapable de la laisser tranquille.
 

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

La vie lui a appris à rester sur ses gardes. Constamment. Avec tout le monde mais, surtout, avec les hommes. Ce n’est pas tant de la méfiance, plutôt une certaine prudence. Elle est bien placée pour savoir combien il est aisé de manipuler le sexe opposé. Elle qui passe son temps à les manipuler. Elle qui y a elle-même laissé un cœur brisé. Tu sais en jouer mieux que personne, Ella. Tu y prends un plaisir presque malsain. Parce que, contrôler l’autre, c’est avoir l’assurance que ce ne soit pas lui qui te contrôle. Mais, avec lui, pas de contrôle. Elle n’essaie pas de maîtriser leur relation, pourquoi le ferait-elle ? Il n’est que son dealer. Le pire mal qu’il puisse lui faire est de ne pas lui donner la dose attendue. Elle ne se méfie pas, même quand il lui assure qu’il n’a rien d’un ange. Quelque part, elle se doute qu’il n’est pas un enfant de chœur. Pas avec le métier qu’il fait. La drogue qu’il vend à des inconnus, sans penser une seconde au mal qu’il peut engendrer. Exactement comme toi, tu prends, à des inconnus sans jamais te préoccuper de ce qui leur arrive, une fois que tu t’es enfuie. Peut-être qu’ils se ressemblent, finalement, tous les deux. Ils font ce qu’ils ont à faire pour vivre. Pour survivre. En dépit de toutes les conséquences, comme tous ceux qui n’ont rien à perdre. Le regard qui scrute son interlocuteur, la jeune femme se demande malgré elle ce qu’il peut bien avoir vécu. Ce qui peut bien avoir fait sa vie. Pour qu’il choisisse de se cacher dans l’ombre aujourd’hui. Elle ne le saura pas, sans doute que non. Doit se contenter de cette indication, une information à peine dévoilée. – Les anges, ça n’existe pas. lui rétorque-t-elle, non sans cynisme. Juste une pointe de réalisme pour celle qui ne croit plus en rien. Plus en personne. Et, surtout pas, en l’humanité. Il n’y a que Zephyr pour contrebalancer ce constat effrayant. Que Zephyr pour la rattacher encore en la vie. L’amitié mise de côté, un instant, alors qu’elle avoue avoir fait fuir tous les autres. Parce qu’elle est dans un autre monde que celui du reste de l’humanité, un monde meilleur, un monde dans lequel t’as la chance de parfois pouvoir entrer. Mais, le reste du temps, elle retrouve cette noirceur. Les gouffres de ses propres ténèbres qui l’agrippent et l’attirent dans l’obscurité. Celle que Thomas côtoie ce soir, par gentillesse, par altruisme, elle ne sait pas.

T’avoues que tu ne comprends pas,
Cette bienveillance qui semble venir de l’au-delà.

Sans détour, elle retire le voile. Elle révèle la noirceur de sa propre âme. Elle lui confie tout le mal qu’elle peut faire à chaque personne qui ose mettre un pied dans sa vie. Mais il ne te croit pas, Thomas. Il se contente de prendre sa main dans la sienne. Il essaie de la faire sourire avec ses mots. Mais ce sont ses gestes qui l’atteignent le plus. La délicatesse fragile de ses doigts contre sa joue, dans une caresse d’une douceur plus percutante que toutes les violences. La tendresse du baiser qu’il dépose sur son front. Affectueux, protecteur. Elle sent un doux trouble l’envahir, Ella. Un trouble qu’elle n’a pas ressenti depuis tellement longtemps qu’elle ne sait plus très bien ce qu’il peut signifier. – Mais tu me connais pas. Tu sais rien de moi. Ou de ce que j’ai pu faire. Comme la volonté de faire fuir la seule main qui se tend vers elle.

Le pousser à s’enfuir,
Pour n’pas le détruire.

C’est le premier geste altruiste qu’elle fait depuis longtemps. Depuis une éternité. Lui dévoiler la vérité, sa vérité, uniquement pour qu’il sache. Pour qu’il réalise. Pour lui. En dépit de toi et de ce que tu veux. En dépit de toi et ce dont t’as besoin. – J’ai trompé le seul mec que j’ai aimé. J’ai abandonné la seule famille qui comptait sur moi. Je passe mon temps à escroquer tous les gars qui posent un regard sur moi. Ah, et je prends de la drogue, mais ça, tu le sais. Le flot d’horreurs qui s’échappent de ses lèvres sans qu’elle ne cherche à le contrôler. Le besoin de tout évacuer. Le dégoût d’elle-même, au fond, celui qu’elle ne laisse jamais remonter. Parce qu’elle le sait, Ella, elle n’est pas seulement quelqu’un de toxique.

Tu l’as en toi, le mal,
T’en deviens fatale,
Pour tous ceux qui osent t’approcher,
Tu avoues pour la première fois, la vérité,
À lui qui n’a rien demandé.

Ella, tu ne la connais pas. Tu ne sais rien d'elle mis à part son prénom et le fait qu'elle se drogue vu que c'est toi qui lui vend sa dose tous les dix jours. Tu ne connais pas son histoire mais ce soir, les choses vont changer. Tu t'es toujours intéressé aux autres lorsque tu vivais encore à San Francisco. En emménageant à New-York, tu t'es enfermé dans une bulle. Tu as refusé de laisser entrer les gens dans ta vie. Tu as construit une sorte de muraille tout autour de ton coeur. Mais ce n'est pas suffisant, Ella semble être en train de briser cette muraille en se frayant un chemin jusqu'à ton coeur. À côté d'elle, tu te sens bien. Une sensation de bien-être que tu n'as pas connus depuis bien des années. Ça fait bizarre mais c'est agréable. Ella et toi êtes dans un coin isolés, loin des autres. Bien qu'il n'y ai personne autour de vous. La mince proximité entre vous te fait effleurer du bout des doigts son bras. Un frisson te parcoure la colonne vertébrale. Ella te met dans un tel état de passion, comme si tu étais attiré par la jeune femme. C'est débile, pourquoi serait-elle attiré par quelqu'un comme toi ? Tu n'as rien d'extraordinaire. Tu n'es qu'un mec lambda, un mec banal complètement paumé. – Les anges, ça n’existe pas. Tu souris à sa remarque, elle a raison. Ça n'existe pas les anges et t'es loin d'en être un. Ou alors un ange maléfique qui refile sa drogue à des gens encore plus paumé que toi. Le regard de la jeune femme est triste, on dirait le tien il y a quelques années en arrière, lorsque tu as compris que ton beau père avait entièrement ruiné ta vie. Il a abusé de toi durant plusieurs mois, te brisant entièrement. Personne ne le sait. Et personne ne le saura probablement jamais. Tu ne veux pas en parler, ni même repenser à ce type qui a baisé le fils de sa femme en parallèle des moments charnels avec celle-ci. Partir loin de lui a été une décision facile à prendre mais partir et abandonner ta mère a été si difficile. Vous avez toujours été tous les deux. Te voici seul, dans un ville que tu ne connais pas. Sans amis, sans personne à qui te confier. Peut-être est-ce pour cette raison que tu t'attache doucement à Ella ? Tu cherches simplement quelqu'un à qui te confier, à qui parler quand t'en as besoin. – Mais tu me connais pas. Tu sais rien de moi. Ou de ce que j’ai pu faire. Tu fronce les sourcils. Elle tente de te faire fuir, tu connais bien cette tactique. Tu l'as utilisé très souvent depuis ton arrivée au Queens. "Parle moi .. Explique moi .." Lui demandes-tu en bégayant légèrement. Tu n'as pas le droit de lui demander ça, tout en sachant que tu ne t'ouvriras pas à elle. Pas maintenant du moins, t'as beaucoup trop de mal à parler de toi à quelqu'un même si tu commence à avoir confiance en Ella. – J’ai trompé le seul mec que j’ai aimé. J’ai abandonné la seule famille qui comptait sur moi. Je passe mon temps à escroquer tous les gars qui posent un regard sur moi. Ah, et je prends de la drogue, mais ça, tu le sais. Elle essaie de te faire peur ? Ça ne marchera pas, il t'en faut bien plus pour te faire peur. Tu poses ton regard sur elle et serres sa main dans la tienne. Elle est glacée. Tes doigts entrelacent les siens. "J'ai fait pas mal de choses horribles moi aussi, on en fait tous. Tu crois que je suis quelqu'un de bien ? Je vends de la drogue, Ella mais ça tu le sais déjà !" Tu lui souris et essaie de trouver les bons mots pour la rassurer. "Tu n'es pas quelqu'un de toxique Ella. Et même si tu l'es, personne n'a le droit de te juger. Tu veux changer ? Je peux t"aider si tu veux !" T'es très sérieux quand tu lui propose ton aide. Elle ne te demande rien, pourtant tu lui propose ton aide sans rien attendre en retour. La balle est dans son camp.
 

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

Elle n’sait pas ce qui peut bien le pousser à rester. Elle ne sait pas à quel point elle doit paraître pitoyable ce soir pour que, soudain, elle puisse l’intéresser. Elle ne sait pas pourquoi il veut prendre le rôle de confident, lui qui s’est toujours contenté de celui de dealer. Mais elle mentirait si elle disait que cela n’atteint pas, juste un petit peu, juste un peu trop, son petit cœur. Moment hors norme, temps de suspension, dans ce qui n’est sans doute qu’une douce illusion. Pour la première fois depuis longtemps, elle a le sentiment de compter suffisamment pour un homme pour qu’il prenne la peine de l’écouter. Pas pour la baiser, pas pour tenter d’en faire ce qui lui plaît. Mais uniquement pour celle qu’elle est, uniquement pour elle. Pourtant, ça ne l’empêche pas de tout faire pour briser cet instant d’accalmie. L’autodestruction étant une arme qui n’a plus de secret pour la belle effrontée. Elle choisit, sans retenue, de tout lui dévoiler. Comme elle ne l’a certainement jamais fait, elle expose toutes ses vérités. Sans réfléchir, sans démentir, elle avoue en toute franchise qui elle est. Il ne le sait probablement pas, Thomas. Mais, au fond, il a de la chance. Il a de la chance qu’elle tente de le prévenir. Qu’elle lui révèle tous ses travers, tous ses vices, avant qu’il n’en devienne un de plus. Ou peut-être que c’est toi que tu protèges. Toi dont tu détruis tous les risques de souffrir. Mais c’est en réduisant tout espoir d’être comprise. Tu te sacrifies maintenant pour n’pas le regretter plus tard. Pour n’pas qu’il finisse, lui aussi, par t’être fatal. Parce qu’il faut dire la vérité, ce n’est pas Thomas qu’elle cherche à préserver. C’est elle-même. Elle n’en a toujours eu que pour elle-même. Toujours, ou presque.

Pourtant, y’a quelque chose en lui, que t’as pas envie de toucher,
Comme si tu savais que t’étais face à un oiseau blessé.

Les pensées reniées qui viennent doucement se confirmer quand il réagit. Pas du tout comme elle l’attendait. Elle croyait qu’il aurait fui. Elle croyait qu’il se serait tout de suite échappé. Mais, à la place, il vient serrer sa main dans la sienne. Relier ses doigts aux siens dans un geste d’une tendresse inattendue, et pourtant espérée. Elle se rend compte à cet instant seulement qu’elle est soulagée. Parce qu’il est toujours là, auprès d’elle. Parce qu’il n’a pas choisi de la fuir, pas lui. Elle était certaine, totalement convaincue, qu’il s’en irait. Mais il est toujours là. Il essaie même de la rassurer en affirmant que lui non plus, il n’est pas quelqu’un de bien. Il y a ce bien-être particulier, nouveau, qu’il parvient pourtant à provoquer. Une douceur délicate qui l’envahit. La sensation de pouvoir être elle-même. Un peu comme elle l’est avec Zephyr, mais pas vraiment non plus. Un peu comme elle l’était avec Morgan, mais pas totalement non plus. C’est peut-être seulement parce que cela fait une éternité qu’elle n’a rien partagé avec personne. Surtout pas sa propre personne. Elle ne sait plus parler d’elle, Ella. Elle n’a jamais réellement su. Confier ses états d’âme n’est pas dans ses habitudes. Se confier tout court ne l’est pas. Elle n’aime pas parler, elle n’a jamais su le faire. Peut-être parce que personne ne lui a jamais appris. Reléguée au second, voire au troisième plan par ses propres parents, elle a dû se contenter d’exister dans son coin. En retrait, pour ne pas les déranger. En silence, pour en venir à nier ta propre existence. C’était ta vie, Ella. Ne jamais être vraiment toi.

Mais t’es bien toi-même cette nuit,
Te dévoilant en toute transparence,
Mettant de côté toutes les apparences,
Pour te révéler à lui.

Les deux opales qui fixent Thomas, elle ne sait comment réagir. Elle ne sait quoi dire. C’est la première fois qu’elle tente de dissuader quelqu’un de l’approcher. D’ordinaire, elle n’a pas besoin de le vouloir, pour les pousser à s’éloigner. Mais lui, il est resté. Lui, il est là. Toujours dans le silence, elle accueille les mots suivants. Ceux qui lui laissent entrevoir qu’il n’a pas compris, à quel point elle est égoïste. – Mais, le truc, c’est que je n’ai pas envie de changer. J’ai pas envie de faire d’efforts, je les ferais pourquoi ? Pour qui ? Ces mots-là, ils sont sans doute plus révélateurs que tous ceux qu’elle a prononcés auparavant. Parce qu’ils exposent la vérité, Ella, ta vérité. Que t’es qu’une putain d’égoïste qui, même en se remettant en question, ne le fait que pour toi-même. Elle se fout de tout le monde. Elle a bien Zephyr, seule amie qu’elle a encore dans sa vie. Mais Zephyr l’accepte comme elle est, l’aime comme elle est. Elle n’a pas besoin de changer pour elle. De toute manière, elle ne serait sûrement pas capable de changer. Elle a tenté de le faire une fois, mais ses vieux démons ont fini par ressurgir. Ils le feraient à nouveau. – Pourquoi tu restes, Thomas ? Pourquoi je t’intéresse ? Les questions qui lui brûlent les lèvres, les questions qu’elle ne retient plus. L’une d’entre elles, surtout, qui finit par lui échapper. – T’as pas peur de moi ? Parce que tu devrais.

Parce que tu pourrais être en train de le manipuler,
Tu pourrais bien tout faire pour l’amadouer,
Mais t’as p’t-être jamais fait preuve d’autant de sincérité.

Ça fait quelques années que t'es arrivé à New-York. Quelques années que tu es seul, tu n'as pas d'amis dans cette ville. Les quelques personnes que tu côtoie sont tes clients, ceux à qui tu leurs vends la drogue que tu réussis à te fournir. Tu ne t'attache pas à eux, jamais. Exception faites pour Ella, t'ignore pourquoi mais tu t'es attaché à elle. Ce soir, tu ne parviens pas à la laisser. Il y a quelque chose qui ne va pas, tu le sens et elle te le confirme. Il ne tient qu'à elle de t'en parler. Tu as beau imaginer un millier de scénario dans ta tête, t'es sûrement très loin de te douter de la vérité. Tu ne la connais pas, tu ne sais rien d'elle. Tout comme Ella ne sait rien de toi. Juste ton nom et ce numéro de téléphone lorsqu'elle veut te contacter. T'emmène la demoiselle plus loin, là où il n'y a que de très rares passages. Ella ne dit rien, elle se tue dans silence de mort. Ce silence est légèrement gênant. Tu sors une cigarette de la poche de ton jean et l'allume, tout en observant la demoiselle. Ella te fixe, elle ne te lâche pas du regard. Tu fais de même en plongeant tes yeux dans les siens. Tu lui demande de te confier mais toi, t'es bien incapable de te confier à elle ou à qui que ce soit d'autre. Personne ne sait ce que tu as vécu depuis tes seize ans, personne ne connait ton passé et c'est très bien ainsi. Tu peux donc être celui que tu veux sans que quiconque ne se doute de ce que tu as pu traverser jusqu'à ce que tu débarque à New-York. – Mais, le truc, c’est que je n’ai pas envie de changer. J’ai pas envie de faire d’efforts, je les ferais pourquoi ? Pour qui ? Tu ne comprends pas sa réponse. Tu arque un sourcil avant de lui répondre simplement "T'as pas de la famille ? Des amis ? Des gens à qui tu tiens ?" Est-il possible que la demoiselle soit autant un aimant à catastrophe que toi ? Qu'elle soit aussi seule que toi ? Non, impossible. Ella, c'est la reine des abeilles. Elle doit avoir une foule de prétendants à ses pieds, du moins c'est ce que tu as toujours pensés depuis que tu la connais. En fait, la demoiselle s'avère être plus complexe que ce que tu aurais pensé. – Pourquoi tu restes, Thomas ? Pourquoi je t’intéresse ? La colère te prend, tu pousse un profond soupir en balançant ta cigarette plus loin. "Parce que je suis ton dealeur, je ne suis pas censé m'intéresser à mes clients et à leur bonheur ? Ok, tu sais quoi ? Je me casse si c'est vraiment ce que tu veux !" Tu commences à tourner les talons lorsque la jeune femme s'adresse nouveau à toi. – T’as pas peur de moi ? Question idiote qui ne mérite même pas que tu prennes la peine de répondre. Tu lui fais face, le regard remplis de haine et bras croisés sur le torse. "Pourquoi j'aurais peur ? T'es une dangereuse tueuse en série ? Tu vas me poignarder et me laisser pour mort dans cette ruelle ?" Le fait qu'elle te demande si t'as peur d'elle, t'incite d'autant plus à t'approcher d'elle. Tour près de la jeune femme, tes mains de pars et d'autres de son visage, tu viens poser tes lèvres sur les siennes, lui offrant un baiser remplis de fougue et de passion.
 

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

C’est sans retenue qu’elle expose la vie qui est la sienne, Ella. Celle qu’elle a choisi de mener, volontairement, et sans vraiment le vouloir non plus. C’est sans réfléchir qu’elle livre ses pensées, ses sentiments, ses émotions. Qu’elle se livre elle-même, peut-être, pour la première fois depuis une éternité. Elle ne l’a plus fait avec aucun homme depuis longtemps. Depuis le dernier, le seul, qu’elle a été capable d’aimer. Thomas, il n’est que son dealer. Elle n’aurait pas cru se confier à lui si facilement. Mais peut-être qu’au fond, elle n’a rien à perdre avec lui. Car elle n’attend rien de lui. Elle ne le manipule pas, elle ne l’escroque pas. Et, incontestablement, elle n’attend pas de lui qu’il s’élève au-dessus des autres. De toute manière, ce ne sont pas seulement les hommes auxquels elle ne croit pas. C’est surtout en elle-même. Plus la capacité de se donner, plus l’envie d’aimer. Y’a rien qui la maintient vraiment en vie. T’es une carcasse vide, Ella. Une jolie carcasse, qui attire trop bien l’attention sur ton passage. Mais une carcasse toujours aussi vide. Le corps sans âme qui vagabonde quand le cœur ne répond plus. Elle essaie de lui expliquer, elle essaie de lui ouvrir les yeux, comme si elle cherchait elle-même à le faire fuir. Avant qu’il ne le fasse tout seul. Car il le fera, ils le feraient tous, avec une fille comme elle. Toute son attention portée sur elle, peu à peu, il comprend. Il commence à réaliser qu’elle est toute seule. – T’es la personne que je vois le plus régulièrement. Qu’elle lui avoue, fatalement. Tristement. C’est plutôt désespéré, en fait. La personne qu’elle voit le plus est son dealer. Son putain de dealer qu’elle ne connaît pas, comme il ne la connaît pas. En tout cas, il ne la connaissait pas avant ce soir. Mais, cette fois, elle lui a livré un bout de son existence tourmentée. Un fragment de son âme écorchée.

C’est pour ça que tu comprends pas, Ella,
Pourquoi il reste avec toi, tu saisis pas.

Il y a quelque chose qui lui échappe, c’est clair. Le besoin de savoir qui s’intensifie, elle enchaîne les questions. Mais elle ne s’attend pas à une telle réaction. La colère qui submerge son interlocuteur, comme touché en plein cœur. Il lui ressort cette histoire de bonheur et d’écoute. Mais ça te suffit pas. T’as besoin d’une véritable explication. Une raison logique. Une raison pragmatique. N’importe quoi qui pourrait rendre plus sensée l’attitude surréaliste de celui à qui elle vient d’exposer tout le mal qu’elle a pu faire. Il s’énerve, il s’emporte. Elle ne l’a jamais vu comme ça. Putain, il voit pas. Il voit pas que ce n’est juste pas rationnel. Que ce n’est juste pas normal de vouloir rester avec elle. C’est comme s’il lui en voulait de ne pas comprendre ce qu’il peut bien l’intéresser chez elle. Il ne sait pas que t’es brisée. Il ne sait pas que t’as plus rien à donner.

Et puis soudain,

Le baiser.

Les mains qui entourent son visage. Les lèvres se plaquent contre les siennes. Passionnément. Fougueusement. Il l’embrasse avec l’envie qui vient tout de suite la transpercer. Le baiser qu’elle prolonge, instinctivement, peut-être même mécaniquement. Comme trop habituée à offrir son corps au plus offrant, plus qu’au plus méritant. Elle prolonge ce baiser comme elle le ferait avec n’importe qui d’autre. Mais un truc qui diffère, c’est qu’elle se recule brutalement. Ça, ça n’arrive pas si souvent. – Tu fous quoi, là ? Elle ne comprend pas. Ne saisit pas. Puis c’est l’évidence qui l’envahit. – T’avais pas besoin de faire semblant d’être un ami si tu voulais juste me baiser. Elle n’en aurait pas eu besoin pour craquer. Elle l’aurait peut-être même davantage fait. Parce que, là, elle a la sensation d’avoir été utilisée. Manipulée. Comme elle, elle le fait si bien aux autres. Peut-être qu’elle se trompe. Peut-être qu’elle est loin du compte. Mais elle n’a pas l’habitude que ce soit autre chose. Y’a jamais autre chose. Pas avec elle.

T’es la personne que je vois le plus régulièrement. Jamais tu n'aurais pu te douter qu'Ella était aussi solitaire que toi. Tu te demandes tout de même si c'est un choix volontaire de sa part ou non ? Dans ton cas, le choix s'est imposé être comme une évidence. Il t'étais impossible de continuer à fréquenter quotidiennement cet homme qui n'est que ton beau-père et qui a abusé de toi durant trois ans. Trois années de calvaire, d'enfer. Trois années durant lesquelles tu aurais préféré crever plutôt que de subir tout ce que cet homme t'as fait subir. Il t'as détruit. Il a fait de toit l'homme que tu es aujourd'hui. Un homme froid, distant, refusant de s'attacher à qui que ce soit. Quittant San Francisco pour New-York, tu as attéris ici seul. Tu es seul, c'est la seule vérité qui compte. "D'accord. Je vois." C'est tout ce que tu lui réponds. Tu n'oses pas lui demander des explications supplémentaires. C'est certainement un choix qu'elle a fait dans sa vie. Encore une fois, tu n'aurais jamais pu t'en douter. Elle semble être la reine des abeilles, la fille que tout le monde regarde, admire. Ella a commencée à se livrer à toi. Ce n'est rien, elle n'a pas dit grand chose. Cela dit, tu te sens coupable parce que toi tu ne te sens pas le courage de lui livrer cette atrocité que ton beau père t'as fait subir. En colère des suites de sa question sur ton intérêt pour elle, t'aurais dû partir et la laisser seule comme elle est quotidiennement. Seulement, tu restes là. T'es attiré par elle, tel un aimant. Ton corps se rapproche du sien, tes doigts effleure son bras. Tes deux mains viennent s'emparer de son visage et tes lèvres viennent se coller à celles de la demoiselle. Tu l'embrasses. Pas un baiser froid, timide, humide. Un vrai baiser remplis de fougue et de passion. Tu ne sais pas pourquoi tu fais ça. Tu ne sais pas quelle mouche t'as piquée. Au début, Ella prolonge le baiser. Tu te sens bien, un sentiment de bien-être se mêle à un sentiment d'apaisement. Ce n'est que de courte durée. Elle te repousse violemment, elle est énervée la demoiselle. – Tu fous quoi, là ? La jeune femme se recule, tu reste là, planté en face d'elle sans rien dire, sans rien faire. – T’avais pas besoin de faire semblant d’être un ami si tu voulais juste me baiser. Elle te connait bien mal, voire pas du tout pour le coup. Ce n'est pas ton style d'embrasser une femme de la sorte. La colère s'empare de nouveau de toi. "Jveux pas te baiser Ella. Jsuis pas comme ça, jsuis pas ce genre de mec !" Tes mains tremblent, tu ne sais pas quoi ajouter d'autres. T'es en colère qu'elle puisse cela de toi, elle ne te connait pas certes mais c'est vraiment ce que tu as laissé paraitre ? Tu soupires et passes tes mains, t'es prêt à lui parler. Pas de ton beau père et de ce qu'il t'as fait, ça te fait bien trop mal encore. "T'es pas le seul à fuir les gens Ella. Moi aussi jsuis partie de chez ma mère. Je l'ai fuis pensant que c'était la meilleure chose à faire. Je suis partis de San Francisco pour venir ici, jpasse mes journées à errer dans les rues du Queens en espérant que quelqu'un s'intéresse à moi .." Te confies-tu à la demoiselle. Tu trembles, ta voix est mêlée aux sanglots.

 

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

Il y a comme une brèche qui se crée. Une fraction de seconde, elle choisit de se livrer. Elle choisit de s’ouvrir à lui. Jusqu’à ce qu’il gâche tout, Thomas. Jusqu’à ce qu’il lui vole ce baiser. Elle y répond, dans un premier temps, sans même réfléchir. Le corps qui la guide quand le cœur a disparu, c’est ce que sa vie est devenue. Mais c’est différent cette fois. C’est différent avec lui. Parce que, pour la première fois depuis longtemps, elle laissait apparaître un bout de son âme. Ce n’est peut-être rien pour lui. Mais, pour Ella, c’est beaucoup. Parler d’elle, de ses erreurs, de ses remords, ce n’est pas quelque chose qu’elle fait souvent. Elle ne le fait jamais. Elle a, comme, mis son cœur sur pause. T’as décidé de ne plus rien ressentir. Décidé de simplement survivre, quitte à laisser les autres souffrir. Mais, avec lui, elle se montre… Humaine. Elle se montre telle qu’elle est. Et cet idiot ne trouve rien de mieux à faire que l’embrasser. Elle est sous le choc, Ella. Même pas en colère, elle est surtout stupéfaite. Elle ne comprend pas, dans un premier temps, elle exige une explication. Mais elle la trouve toute seule. C’est évident qu’il se fout de ses jérémiades. C’est évident qu’il n’en a rien à cirer de ses états d’âme. Il voulait juste la baiser. La mettre dans son lit parce que, c’est bien connu, les filles sont plus faciles à sauter quand elles sont vulnérables. Mais t’es pas une fille comme les autres, Ella. Toi, t’es pas facile à apprivoiser. Toi, t’es une indomptée. Un geste de trop, une réaction trop rapide, et elle se referme aussitôt. Elle se refroidit aussitôt alors que, quelques secondes seulement plus tôt, elle était prête à se laisser approcher. Plus distante, subitement, plus froide surtout, elle laisse échapper un léger ricanement quand il affirme ne pas être ce genre de mecs. – Vous êtes tous comme ça. lâche-t-elle, dépitée, sans illusion. Comme si c’était là une réalité qu’elle savait depuis bien longtemps. Et c’est le cas. Elle a eu le temps de les étudier, les hommes. Des plus directs aux plus timides, des plus attentionnés aux plus violents, ils sont tous pareils. Il suffit d’un battement de cil pour qu’ils en aient envie. Un sourire pour qu’ils ouvrent leur lit. Le constat fataliste d’une femme qui les a suffisamment analysés, pour faire d’eux tout ce qu’elle veut. Mais son avis ne plaît visiblement pas à Thomas qui commence à s’emporter. Entre la colère et l’émotion, elle ne sait pas trop comment interpréter sa réaction. Il commence subitement à parler. Sauf que c’est trop tard. Toi, tu t’es déjà refermée. – J’sais pas pourquoi tu me dis tout ça. Elle ne comprend toujours pas non plus, comment il a pu choisir de l’embrasser. Au moment où elle avait le plus besoin de se sentir en confiance. – Alors, tu proposes quoi, qu’on se console ensemble d’être aussi pitoyables l’un que l’autre ? Non merci. La pitié, elle n’en veut pas. Pas plus qu’elle n’en a à donner. Le visage plus impassible qu’à peine quelques minutes plus tôt, elle retrouve sa prestance habituelle. – Bon, vaut mieux que j’y aille. Alors qu’elle tourne les talons, y’a pas un regard dans sa direction. Pourtant, elle a le cœur un peu serré, l’idiote, d’avoir cru qu'elle pouvait se livrer.