Drogue douce. (Thomas)

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

Il est peut-être la relation la plus suivie qu’elle puisse avoir. Elle l’appelle régulièrement pour leurs rendez-vous. De manière générale, tous les dix jours, elle le revoit pour un petit sachet empli de jolie poudre blanche. Parfois, elle ajoute à sa commande quelques pilules aux belles couleurs attrayantes. Mais qu’il s’agisse de cocaïne ou bien de MD, elle n’est jamais déçue. Même son herbe est meilleure que toutes celles qu’elle a pu goûter. Thomas, son cher dealer, elle pourrait lui vouer un culte. À condition qu’il ne soit pas en retard. D’ordinaire, il est aussi ponctuel qu’elle, mais peut-être qu’elle était trop pressée. Peut-être qu’elle est simplement trop en manque. Elle ressent le besoin d’avoir une dose qui n’vient pas. Et cela va bien finir par la rendre dingue. Elle entame sa deuxième cigarette qu’il n’a toujours pas pointé le bout de son joli petit cul. Adossée au mur de la ruelle où ils ont toujours rendez-vous, Ella s’impatiente sérieusement. D’ordinaire, elle ne l’est pas autant. Elle a beaucoup de défauts mais elle sait attendre. Elle n’est pas à quelques minutes près, ce n’est pas comme si quelqu’un l’attendait quelque part. C’est bien cela, le problème. Elle se sent seule, complètement seule. D’ordinaire, quand c’est comme ça, elle se précipite jusqu’au Closer pour y retrouver l’ex-amour de sa vie. Mais sa dernière soirée là-bas l’a vaccinée à jamais. Elle ne veut plus s’y rendre, plus jamais. Elle a le cœur trop blessé. C’est sans doute pour cette raison qu’elle enchaîne les soirées aussi quotidiennement ces derniers jours. Elle veut oublier, elle veut s’amuser. Elle veut s’amuser pour oublier. L’oublier, lui, qui lui a meurtri le cœur en l’abandonnant définitivement. S’amuser, oui, pour se prouver qu’elle peut parfaitement vivre sans lui. Elle n’a pas besoin de Morgan, elle n’a besoin d’aucun homme. Ni même de personne dans la vie. C’est ce dont elle a réussi à se convaincre ces derniers jours, mais cela devient plus difficile quand elle se retrouve sans plus rien pour s’automédicamenter. Peut-être que, s’il prend autant son temps cette fois, c’est parce qu’il pense qu’elle peut attendre. Elle ne consomme pas si vite d’ordinaire. Cela ne fait que trois jours qu’elle l’a vu. Généralement, elle n’a même pas entamé la moitié de ses achats à ce stade. Mais elle a eu besoin d’un petit coup de fouet. Elle a surtout beaucoup trop abusé. Et les limites avec lesquelles elle a toujours trop joué, elle les frôle de plus en plus. Elle s’en approche de plus en plus. Mais qui pourra l’en blâmer ? Qui pourra s’y intéresser ? Qui pourra même s’en rendre compte ? Personne. Parce que t’as personne, Ella. Absolument personne. Agacée, elle écrase sa clope contre le mur pour en rallumer aussitôt une troisième. C’est là qu’elle le voit enfin se pointer. – Putain, tu foutais quoi ? Ça fait trois heures que je t’attends comme une conne ! Elle l’agresse d’emblée. Pas l’habitude de s’adresser à Thomas comme ça. Leurs relations sont cordiales sans pour autant être bien personnelles. Elle le respecte, il la respecte. Mais pas ce soir. Ce soir, elle est à bout, Ella. – J’ai vraiment pas que ça à faire, d’attendre que tu daignes pointer ton cul, bordel. La volcanique Ella, elle s’enflamme aussi vite que de la braise. Mais il ne sait pas, Thomas. Il ne sait pas que, la seule chose qui la fait tenir dans cette putain de vie, c’est la came qu’il lui vend.

Emménager à New-York a sûrement été la meilleur décision de toute ta vie. Voir cet homme qui a abusé de toi depuis tes seize ans est au-dessus de tes forces. Surtout qu'il fait comme si de rien était. Il continue de vivre normalement, faisant croire que tout va bien. Cet homme t'as détruit et il ne s'en rend même pas compte. Cet homme tu le déteste et le voir jouer au petit couple modèle avec ta mère, tu ne le supporte pas. T'éloigner de ta mère c'est très difficile à vivre, mais il le fallait. C'étzit pour ton bien. La vie new yorkaise est compliquée. Aucun diplôme en poche, t'as tout de même réussis à décrocher un rôle dans une troupe de danseurs, cela ne suffit pas pour te payer un loyer. Le deal a été ta seule solution. Ce n'est pas glorieux mais c'est ta vie et tu l'accepte. Ça fait quelques mois que tu vis ici, tu as désormais une petite clientèle bien fidèle. Dont cette fille, une petite brune qui te contacte régulièrement pour avoir sa dose tous les dix jours. Pas d'attaches, jamais. Toi, toujours très ponctuel, tu ne supporte pas le moindre retard. Pourtant, aujourd'hui, c'est toi qu'est en retard. Ton fournisseur a eu un soucis pour faire livrer sa drogue dans ses entrepôts, t'as donc dû attendre que cette dernière arrive. T'aurais pu prévenir la demoiselle par message mais tu ne l'as pas fait. En espérant qu'elle t'attende plus longtemps que d'habitude et qu'elle n'aille pas chez l'un de tes concurrents. Tu le sais, ton herbe est bien meilleur que celle de tes concurrents. Tu t'impatientes, tu tapes du pied. "Miguel, y'en a encore pour longtemps ?" Un regard ton cellulaire, l'heure du rendez-vous approche. C'est finalement au bout de deux heures trente d'attente interminable que la drogue arrive, tu prends ce qu'il te faut et file rejoindre Ella. Ni un au revoir, ni un merci en direction de ton fournisseur. Il ne se rend pas compte que ce retard aura une incidence sur ta livraison de ce soir. Trois heures de retard, Ella va te tuer et elle aura raison. – Putain, tu foutais quoi ? Ça fait trois heures que je t’attends comme une conne ! A peine arrivé en face d'elle, la demoiselle t'agresse déjà. Sans jamais montrer le moindre sentiment, tu lui tends son sachet et un second que tu lui offre gracieusement pour la remercier d'avoir patienter. "Jm'excuse, mon fournisseur a eu un problème à la douane." Ca devient de plus en plus compliqué de faire passer la drogue par la douance, heureusement que ton fournisseur a plus d'un tour dans son sac pour déjouer les pièges des forces de l'ordre. "Jt'offre un second sachet pour m'excuser de l'attente." Explique-tu brièvement. Tu n'es que son dealeur, tu ne lui dois rien et elle ne te dois rien non plus. T'es pas un mauvais garçon, juste un mec qui tente de survivre dans ce monde. Pourtant, tu le fais un léger sourire en coin des lèvres. Tu n'as pas pour habitude de te faire réprimander de la sorte mais cette fois, Ella semble en colère. Comme si elle n'était pas dans son état normal. "ça va pas ? Fin jsais pas, tu m'as l'air bien énervée !" Main qui te gratte le sommet du crâne, tu plonge ton regard dans le sien. Il y a quelque chose qui ne va pas chez elle, c'est pas normal cette soudaine agressivité.
 

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

Elle était à deux doigts de s’en aller. Ou peut-être pas. Peut-être qu’elle aurait pu poirauter un peu plus longtemps encore, peut-être qu’elle aurait pu l’attendre éternellement, sa putain de dose. Mais, prise dans la colère foudroyante qui l’a envahie, elle s’en persuade. Elle était bien prête à partir quand il décide enfin de se ramener. Thomas, il n’est jamais en retard. S’il n’est pas à l’heure, c’est que quelque chose s’est passé. Mais elle n’en a rien à faire, Ella. Elle se fiche pas mal de ce qui peut lui arriver, ce qui peut arriver à n’importe qui, en fait. Trop à bout pour penser autrement, trop en détresse pour se laisser atteindre par celle des autres. Ce n’est pas la nonchalance avec laquelle il se pointe qui va pouvoir l’attendrir. Bien au contraire. Son excuse, elle la balaie d’un revers de la main. – J’en ai rien à foutre, tu préviens quand c’est comme ça. Qu’elle lui balance, toujours aussi sèchement. Elle n’a jamais mâché ses mots, Ella. Elle peut jouer les filles douces et dociles, elle a un tempérament de feu. Mais c’est la première fois que son dealer est confronté au brasier. La brune incendiaire se saisit sans ménagement des deux sachets de drogue qu’il lui donne, sans même songer à le remercier pour lui en offrir un. Pas un mot ne sort de sa bouche, comme si elle lui faisait la tête, comme si elle lui en voulait. Mais ce n’est pas à lui que t’en veux, Ella. C’est à la Terre entière. Malheureusement pour lui, il en fait bien partie. Sa main extirpe les billets préparés pour la transaction de son sac à main. Elle les balance contre le torse du pauvre jeune homme, déjà prête à s’en aller sans se retourner. Exécrable, elle est d’humeur exécrable. Mais il en a vu d’autres, Thomas. Il doit voir des gens en manque tellement souvent. Sauf que c’est pas le manque qui te met dans cet état, toi. C’est juste ce connard qui a encore trouvé le moyen de te bousiller un peu plus ton cœur déjà trop brisé. Elle se recule, prête à tourner les talons, quand elle entend la question de son interlocuteur. Il faut que ce soit lui. Il faut que ce soit son dealer qui se rende compte qu’elle va mal. T’es vraiment seule au monde, Ella. Y’a pas à dire. Devant son intérêt inattendu, elle ne réagit sûrement pas comme elle le devrait. – Il t’est pas venu à l’idée que si je t’ai appelé en urgence, c’est que j’étais en rade ? Elle est agacée, irritée. Le moindre mot semble l’énerver un peu plus. Et elle se rend compte en plus. Elle pousse un profond soupir comme pour se ressaisir. Les yeux charbonneux qui se posent sur l’homme qui lui fait face, elle le contemple plusieurs secondes sans dire un mot. Elle l’aime bien, Thomas. Il est plutôt cool en règle générale, toujours arrangeant. Et sa came t’a sauvée de toi-même bien des fois. – Laisse tomber, je suis un peu à bout en ce moment. Le ton de sa voix qui se calme subitement. Elle réalise qu’il ne mérite pas de prendre pour tout le bordel que représente sa vie. Non, il est juste là pour l’aider à la supporter, lui.

Trois heures de retard. C'est la première fois que ça t'arrive, t'as horreur de faire poireauter tes clients. C'est un cruel manque de respect venant de toi. Malheureusement, certaines fois il y a des contre temps que l'on ne peut pas contrôler tel que le retard de la livraison. Ça devient de plus en plus difficile de faire passer de la drogue sans que la police ou le FBI ne réussissent à tomber dessus. Il faut beaucoup d'inventivité et, heureusement pour toi, ton fournisseur en est pourvu. Il est toujours à l'affut de nouvelles tentatives pour faire assez sa drogue. Tu tente de t'excuser auprès de ta cliente mais non, celle-ci d'entendre et d'accepter tes excuses. – J’en ai rien à foutre, tu préviens quand c’est comme ça. Tu soupire et continue de lui tendre ses deux sachets de poudre. "Tu les prends oui ou merde ? Non parce que sinon, j'arriverais à les vendre à quelqu'un d'autre, il n'y a aucun soucis là-dessus." Tu soupire, t'as l'habitude de voir la brune deux à trois fois par mois. Tu ne l'a jamais vu dans un tel état de colère, tu ne comprends pas ce qui lui passe par la tête. D'ordinaire, tu n'en aurais pas fait cas et tu serais partis après avoir ramasser ton fric. Sauf que tu n'es pas un mauvais garçon, on pourrait le croire lorsque l'on a connaissance de ton activité nocturne. Or, ce n'est pas le cas. Contrairement aux autres dealeurs dont est pourvus cette ville, toi t'es empathique avec tes clients. Pas tous, bien évidement mais elle, Ella, est différente. Il y a quelque chose chez elle qui te plait, quelque chose qui t'attire. Tu n'as jamais accordé à quiconque de pénétrer ton coeur et rares sont les gens qui se voient attribuer ta confiance. La jeune femme t'arrache de la main les deux sachets de drogue que tu lui tends. Même pas un merci, rien. Pas un mot ne sort de sa bouche. Ella ne te donne pas les billets en mains propre. Non, elle te les envoie en pleine figure. Tu n'en fait pas cas et les prends sans demander ton reste. Cette transaction aurait pu s'arrêter là mais il a fallu que tu poses cette question, celle qui ne se pose qu'à un membre de nos proches ou à une personne à qui l'on tiens. Tu n'attends rien de sa part, tu n'attends pas de réponse. Tu mets sa mauvaise sur le compte du manque de drogue. Après tout, ce n'est pas la première fois que tu te feras enguirlander à cause d'un client sous l'effet du manque. Ella ne répond pas, tant pis pour elle. T'aurais bien voulu comprendre son comportement, l'aider même si elle le désirait mais elle ne souhaite pas parler. Tant pis pour elle, tu ne vas pas insister. – Il t’est pas venu à l’idée que si je t’ai appelé en urgence, c’est que j’étais en rade ? Tu sens toujours la colère en elle. "Et toi, il t'es pas venu à l'idée que j'avais peut-être eu un contre temps ? Tu crois qu'on fait passer de la drogue comme ça dans le pays ?" Tu pourrais t'en aller et n'en avoir rien à faire d'elle mais non, tu reste planté là devant elle. Comme un idiot. Mains dans les poches, cigarette à moitié consumée en coin des lèvres, ça t'apprendra à être empathique avec la moitié de tes clients. T'es trop gentil, bien trop gentil pour ce monde-là. Ce monde que tu as choisis pour t'aider à payer le loyer excessif de ce studio. – Laisse tomber, je suis un peu à bout en ce moment. Cest bien mal te connaitre que de te demander de laisser tomber. Tu lève les yeux au ciel, lançant ton mégot de clope plus loin. "Tu m'connais vraiment pas hein ? Je n'abandonnerais pas. Jsuis ptêtre qu'un idiot de vouloir prendre tes problèmes et vouloir t'aider à les résoudre mais j'assume être un idiot." gentil ou idiot, c'est la même chose non ?! Les cartes sont entre ses mains, c'est à elle de voir si elle veut te faire confiance ou pas. Dans ce cas, tu n'insisteras pas à rentrera chez toi seul, comme d'habitude.
 

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

Intraitable Ella. Intransigeante Ella. Elle a l’habitude de rendre la vie impossible à ceux qui l’approchent de trop près. Mais ils ne sont plus vraiment beaucoup, ceux-là. Elle s’est débrouillée pour tous les sortir de sa vie, non sans un dernier coup au cœur pour leur ôter toute envie de résister à la fatalité. À sa fatalité. Mais il n’est aucun de ceux-là, Thomas. Il n’a aucune raison de supporter ses crises de nerfs. Encore moins la souffrance qui se cache derrière. La brune incendiaire le rembarre sans ménagement, lui et ses excuses dont elle se fiche bien. Mais elle abdique silencieusement quand il lui demande si elle veut ses sachets ou non. À la merci de quelques grammes de coke, voilà à quoi t’es réduite, Ella. Y’a pas vraiment de quoi être fière. Pourtant, c’est la fierté qui la pousse à attraper avec un geste brusque la précieuse poudre blanche. La même violence pour lui balancer les quelques billets qu’elle lui doit. Elle s’apprête à tourner les talons, mais l’idiot insiste. Tu devrais t’enfuir, Thomas. Tu devrais faire comme tous les autres. Partir. Partir avant qu’elle te dévore. Il a le regard doux de celui qui se sent concerné, la voix plus abrupte de celui qui ne se laissera pas non plus effrayer. Le mélange parfait pour capter l’attention de la brune survoltée. Elle n’supporte pas les gens qui se laissent faire, Ella. Peut-être parce qu’elle, elle a jamais été foutue de faire autre chose que se battre. Chercher l’affrontement avec les autres pour pas s’laisser couler. Trouver dans la hargne des autres son propre instinct de survie. Il la remet à sa place en quelques mots, et quelque part, il fait bien. Cela ne lui fait pas de mal, à Ella, elle qui se croit toujours tout permis. Cela ne lui fait pas de mal, à lui non plus, il a de quoi retrouver son estime. Elle laisse couler, elle finit même par retrouver son calme. Réaliser qu’il n’a pas à pâtir de sa mauvaise humeur. Et t’avouer que ça t’aurait emmerdée, qu’il se fasse chopper. Ce n’est pas pour autant que la belle va soudain se confier. Il lui en faut plus pour oser se dévoiler à quelqu’un. À n’importe qui. Trop longtemps qu’elle ne l’a plus fait. Mais il insiste un peu plus. Et, cette fois, ses mots ont le mérite de dérouter la demoiselle. Elle ne se souvient pas de la dernière fois que quelqu’un a voulu l’aider à résoudre ses problèmes. Elle ne se souvient même pas de la dernière fois que quelqu’un ne s’est simplement intéressé à ses problèmes. Le cœur qui se serre plus qu’elle ne le voudrait, c’est la vérité qu’elle choisit de lui exposer. – J’ai pas de problème, je… Je crois que c’est moi, le problème. Elle ne le croit pas, elle le sait. Parce que tu fous tout en l’air, Ella. Toujours. Tout ce que tu touches finit contaminé. Un poison, c’est tout ce que t’es. L’évidence lui saute aux yeux. Et elle détourne le regard, comme pour cacher ce qui peut s’y lire. Comme pour garder contenance, elle attrape son briquet pour s’allumer une clope. Deux bouffées de nicotine. Avant qu’elle n’ose relever les yeux vers le jeune homme. – T’auras pas de problème avec les flics ? Qu’elle lui demande, peut-être bien plus intéressée qu’elle ne le voudrait par ce qui peut bien arriver à cet idiot. Ce doit être pour la drogue. C’est certainement pour la drogue qui lui manquerait. Mais, au fond, tu sais que c’est pas vrai. Tu sais qu’il n’y a pas que la drogue.

Irritable, imbuvable. Honnêtement le comportement de la jeune Ella commence sincèrement à t'agacer. Elle sait très bien que se procurer de la drogue n'est pas chose facile sinon, on pourrait en trouver à tous les coins de rue ou dans tous les supermarchés même. Mais non, il est de plus en plus difficile de s'en procurer. Chaque fois que tu te rends dans ce vieil entrepôt pour te réapprovisionner afin de satisfaire tes clients, tu prends un risque. T'as peur de terminé en prison, tu sais que tu ne le supporteras pas et là-bas, on ne fait pas de cadeaux aux petits nouveaux de ton gabari. T'es ni gros, ni maigre et les muscles te manquent. Personne ne pourrait soupçonner que tu puisses vendre de la drogue. Mais c'est bien, tu peux faire ton business tranquille comme cela. Dealeur la nuit, danseur le jour. Tes journées sont loin d'être ennuyeuses. Au contraire, elles sont très bien remplies. Rares sont tes moments de répits. Tu ne t'attache jamais à tes clients, jamais, c'est une règle d'or. Mais il y a cette fille, celle en face de toi actuellement. Ella. Elle est différente, tu as toujours su cerner les gens et elle, c'est juste une gamine paumée. Elle te ressemble beaucoup tu trouves. Tu te sens proche d'elle, comme si quelque chose vous liez. Jusqu'à présent, tu n'es jamais tombé amoureux. Tu n'as jamais laissé personne te toucher. Les fois où tu te prostitue contre de l'argent, tu ne les autorises pas à te toucher. Juste un coup vite fait , dans une ruelle sombre ou à l'arrière de ta bagnole. Personne ne connait ton passé, personne ne sait ce que cet ignoble beau-père t'as infligé depuis tes seize ans. Toutes les fois où tu ferme les yeux, tu revois venir te pénétrer et te baiser. Ça te dégoute, tas envie de vomir. Tu le déteste et même si plusieurs milliers de kilomètres vous séparent, t'as toujours aussi peur de lui. Il est capable de monter ta mère contre toi, cette mère qui s'est toujours occupé de toi depuis ta naissance. Au début, il n'y avait que ta mère et toi, un jour il a fallut que cet homme vienne perturber votre vie et votre équilibre. Bref. Ella ne dit plus rien. Elle se tut dans un mutisme. Tu pourras la laisser là, toute seule et rentrer chez toi avec ton fic facilement gagné. Mais non, tu reste là, près d'elle. T'attends qu'elle ouvre à nouveau la bouche en espérant que ça ne soit pas pour t'engueuler une nouvelle fois. – J’ai pas de problème, je… Je crois que c’est moi, le problème Tu arque un sourcil, tu ne comprends pas. Qu'est-ce qu'elle a ? Qu'est-ce qu'elle veut dire ? Les femmes, tu ne les comprends. Et tu as arrêté de les comprendre de toute manière. "Comment ça ?" Tu oses lui poser la question. Ella ne te doit rien. Ni explication, ni rien d'autre. – T’auras pas de problème avec les flics ? Elle se soucie de toi maintenant ? C'est nouveau. "Tu te soucis de ton dealeur ? T'as peur de ne plus pouvoir t’approvisionner ?" Doucement Farrel ! Elle ne t'as rien fait et tu n'es pas un méchant garçon. Tu n'as juste pas l'habitude de voir quelqu'un se préoccuper de toi. "Pardon, j'ai pas l'habitude qu'on s'préoccupe de moi. Mais non, les flics m'emmerderont pas."

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

Il est peut-être bien le seul mec avec qui elle ne joue pas. Le seul homme de son entourage qui peut la voir telle qu’elle est. Tous les autres, ils ont droit à une image édulcorée, au démon angélique qu’elle sait trop bien imiter. Mais elle n’a pas besoin de faire semblant avec lui. Pas besoin de jouer les mijaurées, les filles parfaites, les filles qui se font apprécier. Elle n’a pas besoin de lui plaire, à Thomas. Elle se fiche de lui plaire. Et, paradoxalement, c’est ce qui rend son lien avec lui si différent de tout ce qu’elle peut connaître. Elle ne cherche pas à obtenir d’argent de sa part, ni même rien d’autre que ce pourquoi elle le paie. Il est seulement son dealer mais, peut-être bien aussi, la relation la plus naturelle, la plus réelle qu’elle est, dans ce monde d’illusions qu’est le sien. Il est ta part d’authenticité dans cette vie remplie de désillusions. C’est peut-être pour ça qu’elle n’arrive pas à lui mentir. Défoncée, déchirée, parfois même dans un sale état, il a pu voir le pire d’elle, ou presque. Elle peut bien lui avouer la vérité. Mais il ne semble pas comprendre, Thomas. C’est pourtant évident. Toi, tu sais que t’es nocive pour les autres. Toxique pour leur cœur, t’hésites pas à les écraser du revers de ton talon, juste pour accéder au seul trésor qui t’intéresse vraiment. Leur compte en banque. T’es pas une fille paumée, Ella. T’es juste une fille qui a rien à perdre. Et c’est précisément ce qui te rend si dangereuse. Il y a tellement de choses qu’elle pourrait dire. Tellement de monstruosités qu’elle pourrait raconter. Mais, la vérité, c’est que ce ne sont même pas les horreurs qu’elle a faites qui la rendent si mal. C’est seulement parce qu’elle, elle a été touchée. Égoïste Ella, la vie lui a appris à ne compter que sur elle-même. Alors, naturellement, elle ne donne rien du tout aux autres non plus. Même les confidences, il faut les lui arracher. – Il faudrait que t’aies la nuit devant toi pour que je réponde à cette question. Mais ça doit pas être le cas. Il a mieux à faire, Thomas. D’autres livraisons, d’autres rendez-vous, ou peut-être juste qu’il a envie de se détendre loin de tous ces camés. Tout le monde a mieux à faire que l’écouter se plaindre. Et elle le comprend parfaitement. La clope entre les lèvres, la brune volcanique décide de détourner le sujet sur le dealer. Devant sa remarque ironique, elle répond d’un ton acerbe. – Bah ouais, pour quoi d’autre ? Piquante et provoquante Ella. Elle paraît douce comme un agneau. Elle joue souvent le coup de la fille candide et attachante. La vérité, c’est qu’elle est tout le contraire. Son répondant lui a bien valu des problèmes mais, là, avec Thomas, c’est presque une taquinerie. Il doit se douter qu’elle est sincère dans sa question, parce qu’il avoue qu’il n’a pas l’habitude qu’on se préoccupe de lui. Vous voilà avec un point commun. Elle prend une bouffée de nicotine, avant de reprendre. – Bon, tant mieux… J’voulais pas t’agresser, tu sais. Elle lève les yeux au ciel avec nonchalance, parce que ça l’emmerde un peu de devoir ravaler sa fierté. – Tu fais quoi, après ? Qu’elle demande finalement, par simple curiosité. Ou p’t-être que t’as juste pas envie d’être seule ce soir.

– Il faudrait que t’aies la nuit devant toi pour que je réponde à cette question. Comme si quelqu'un t'attendait après ce rendez-vous. Non, personne ne t'attends. T'es seul. Complètement seul. Tu vis dans un deux pièces au Queens effervescent. Ce n'est pas le quartier idéal mais il faut être réaliste, tu ne peux pas te payer un luxeux appartement dans l'un des quartiers les plus huppés de News-York, t'as déjà eu de la chance de pouvoir avoir cet appartement. Alors non, personne ne t'attends. Pas de famille, très peu d'amis. Les seuls personnes que tu fréquentes ce sont les danseurs de la même troupe que toi ou tes clients, comme Ella. Mais elle, elle est différente. Tu t'accroches plus à elle qu'il ne le faudrait. Un joli petit minois, personne ne pourrait se douter qu'elle se drogue ou bien qu'elle n'a pas une vie facile. Tu ne t'en doute pas non plus. Tu ne sais rien d'elle, mis à part son prénom et son numéro de téléphone. "J'ai rien de mieux à faire tu sais. Personne m'attend après ça." ça, étant le rendez-vous que tu as avec elle. t"as juste prévu de rentrer chez toi, te vautrer dans ton canapé devant la télévision. Peut-être y aura-t-il un programme intéressant, ce que tu doute fortement. Ella et toi, vous vous ressemblez beaucoup. Malheureusement, aucun de vous ne le sait. "J'ai toute la nuit devant moi si tu veux parler." Pourquoi le ferait-elle ? Tu n'es que son dealeur, elle ne te doit rien. Habituellement, dealeur et clients ne discutent pas ensemble. La seule différence c'est que toi, tu n'es pas un dealeur comme les autres. Tu es un empathe. Tu perçois le malheur des gens autour de toi, leur détresse. Ella ne semble pas être dans son assiette, elle a besoin de parler et si elle le souhaite, tu seras là pour elle. Mais tu ne la forceras pas, c'est à elle de décider. – Bah ouais, pour quoi d’autre ? Sa voix est piquante, presque froide. Ça te brise le coeur. Tu fais un pas vers elle, tu veux l'aider et elle, elle te repousse. C'est légèrement vexant à vrai dire. La jeune femme s'excuse, elle ne voulait pas t'agresser. Tu hausses simplement les épaules et lui lance un regard compatissant. Ta main se pose délicatement sur la sienne. Tu peux toucher les autres mais si on vient à te toucher sans te demander la permission, tout ton corps se tend, se crispe. Depuis ton beau père a pris les commandes et t'as violé, tu ne supportes pas qu'on te touche sans te demander la permission. "Tu m'prends pour qui Ella ? Jsuis pas un dealeur comme les autres tu sais .. jsuis pas là pour t'vendre la marchandise et encaisser ton blé. T'as besoin de parler ? Très bien, jsuis là. Jsuis prêt à t'écouter mais encore faut-il que tu veuilles te confier !" Lâches-tu en tirant quelques lattes sur ta clope au coin de la bouche. – Tu fais quoi, après ? Rien. Tu ne fais rien après ça. Ta vie est nulle, ta vie est merdique. Tes journées se résument à te lever, manger, t'habiller. De temps en temps une répétition de danse, parfois des rendez-vous pour vendre un peu de came. Tu soupire et hausse une nouvelle fois les épaules. "Rien. Jfais rien après !" Un soupçon de regret dans la voix, tu finis ta clope et la jette plus loin. La balle est dans son camp, c'est à elle de décider si oui ou non, elle se confie à toi. Tu ne peux pas la forcer. Si elle refuse, tu t'en iras sans demander ton reste.
 

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{ Drogue douce }
crédit/ tumblr ☆ w/@Thomas Farrel

Elle ne sait rien de la vie de Thomas. C’est certainement normal, évident même. Aucun dealer ne raconterait sa vie à ses clients. Ce serait beaucoup trop dangereux. Puis, s’il devait la raconter à quelqu’un, ce ne serait sûrement pas à elle. Car elle n’est pas de celles qui donnent envie de se confier, Ella. Sauf quand elle fait semblant, pour l’un de ses pigeons. Mais elle ne fait pas semblant, avec Lui. T’as jamais fait semblant avec lui. C’est peut-être aussi pour cette raison que tu peux si facilement enchaîner douceur et piquant, attentions et provocations. Tu n’a pas peur de lui dévoiler celle que t’es. C’est sans doute plus facile avec quelqu’un qui devine déjà combien t’es brisée. Quelqu’un qui sait qu’il n’y a que la came pour te combler. Mais, pourtant, cela ne l’aide pas pour autant à accepter de lui confier tout ce qui peut bien la préoccuper. Omettant volontairement de répondre à sa proposition, la belle sulfureuse préfère le tester. Quand elle lui lance une petite pique dont elle a le secret, elle voit tout de suite le voile d’ombre qui apparaît dans les yeux de son dealer. Comme s’il était attristé, comme si tu l’avais touché. Comme si tu comptais. Elle ne pensait pas encore être capable de toucher qui que ce soit, Ella. Toutes les personnes pour lesquelles elle a pu compter, un jour dans sa vie, elle les a toutes fait fuir. Ou bien c’est elle qui est partie. Elle n’aurait jamais soupçonné pouvoir atteindre Thomas, d’une manière ou une autre. Et ça la pousse à culpabiliser. Parce qu’elle n’est pas méchante, Ella. Juste un peu trop mauvaise. Un peu trop toxique pour les autres. Mais elle n’a pas voulu lui faire de mal, pas à lui. Il est ce qui pourrait le plus se rapprocher, dans sa vie, d’un ami. Après tout, il est la seule personne au monde qui, après un seul coup de fil de sa part, peut venir la retrouver. Peut-être que son offre était sincère tout compte fait. Car il insiste de nouveau. Il lui affirme qu’il est là si elle a besoin de parler. Un faible sourire se dessine sur les lèvres d’Ella. Le premier sourire sincère depuis des jours. – C’est vrai, t’as rien à voir avec les autres dealers. Elle en a suffisamment connu pour le savoir. Il n’est pas comme les autres dealers, il n’est pas comme les autres tout court. Il dégage une telle douceur, Thomas. Une douceur à laquelle elle n’est pas habituée. Une qui pourrait doucement les réchauffer, elle et son cœur gelé. Elle se rend compte tout juste à cet instant que sa main est posée sur la sienne. Tellement naturel que tu ne l’as pas senti, tellement doux que tu ne l’as pas fui. Elle finit par baisser les yeux. Baisser les armes devant son confident improvisé. – Je veux bien qu’on aille quelque part au calme. Quelque part où elle pourra parler. Quelque part où elle n’aura pas peur de se dévoiler. Elle finit par écraser le mégot de sa cigarette contre le mur pour commencer à marcher à ses côtés. Vers quelle direction, elle n’en a aucune idée. Pendant plusieurs minutes, la diablesse ne dit pas un mot. Elle aurait tout l’air d’un ange ce soir, elle qui ne se tait jamais. – T’as déjà eu la sensation que… Que ta vie n’avait aucun sens ? Que tu ne servais strictement à rien ? Que tu pourrais mourir demain, tu ne manquerais à personne ? Toi, tu le ressens tous les jours. Chaque putain de jour où tu ouvres les yeux, tu sais que tu les refermeras avec le même vide cruel en toi. Mais ce n’est pas ta vie qui est vide de sens, c’est toi qui te sens éteinte. Poupée enflammée, pourtant inanimée.

Tu ne sais rien de la vie d'Ella, tout comme elle ignore tout de toi. Tu n'es pas l'homme le plus bavard de la planète. T'as horreur de focaliser l'attention sur toi. Plus tu passe inaperçu et mieux tu te sens. Ella n'est pas une cliente ordinaire. Elle te plait, elle t'attire. Mais tu es bien trop abimé pour laisser entre quiconque dans ta vie. T'as jamais eu de petite amie, jamais. Aucune fille n'a été assez folle pour tomber amoureuse de toi ou peut-être est-ce toi qui met des barrières tout autour de ton coeur afin que personne ne puisse les franchir. Ce soir, ces barrières semblent vouloir tomber. Personne ne t'attend ailleurs. T'avais simplement prévu de rentrer chez toi et de te poser dans ton canapé lit, cigarette dans une main, bière dans l'autre. Ella a envie -besoin- de parler. Tu ne veux pas la forcer mais si elle a besoin de vider ce qu'elle a sur le coeur et ce qui la ronge au plus haut point, alors tu seras là pour l'écouter. La jeune femme ne le sait pas mais tu sais très bien écouter les gens. Ella ne te doit rien, elle pourrait très bien t'envoyer promener et s'en aller loin de toi. Mais non, elle reste là lorsque tu lui dit que t'as rien de mieux à faire. Et quand bien même, si t'avais autre chose de prévu tu l'aurais abandonné juste pour elle. Ella n'est pas un cliente lambda. Elle est différente et, aussi étrange que cela puisse paraitre, tu es très attaché à elle. Un dealeur qui s'attache à l'une des clientes, c'est pas courant. – C’est vrai, t’as rien à voir avec les autres dealers. Enfin, elle le reconnait. Tu lui lance un petit sourire en posant une main amicale sur celle de la demoiselle. "En effet non, c'est sûrement pour ça que les gens me font facilement confiance vu que je n'ai pas la tête de l'emploi !" Personne ne pourrait soupçonner que t'es un dealeur. Même pas les flics, tu restes cela dit sur tes gardes. Parfois, t'as l'impression d'être suivis dans la rue. Au moindre bruit suspect, tu sursautes. La nuit, ou tôt le matin, tu ne dors jamais profondément. Déjà parce que tu ne vis pas dans le quartier le plus calme de New-York. On ne peut pas dire que tes voisins sont les plus calme non plus mais c'est ici que tu vis et ça te convient. Pour le moment du moins, on verra combien de temps tu tiendra encore. – Je veux bien qu’on aille quelque part au calme. Bien, ses désirs sont des ordres. Tu lui prends doucement la main l'emmenant un peu plus loin, dans un endroit isolé et calme. Là où il n'y aura que vous. Tu ne sais pas ce qu'elle veut te dire mais elle a l'air d'en avoir gros sur la conscience. – T’as déjà eu la sensation que… Que ta vie n’avait aucun sens ? Que tu ne servais strictement à rien ? Que tu pourrais mourir demain, tu ne manquerais à personne ? Mais comment fait-elle pour deviner ce que tu ressens depuis que tu as quitte San Francisco ? Tout ce qu'elle vient de décrire c'est exactement ce que tu ressens depuis ton emménagement à New-York. Pas d'amis, pas de famille. Si tu crevais personne ne s'en soucierais. "Oui, j'ai déjà eu cette sensation. Je l'ai d'ailleurs actuellement. Je connais personne ici, si jcrève personne ne pleurerais ma disparition.." Loin de toi l'idée de poser toute l'attention sur toi, tu te tais et plonge ton regard dans celui de la jeune femme. Une main rassurante toujours posé sur la sienne. "Pourquoi tu dis ça ? T"as bien des amis ? De la famille ?" Tu te rends compte que tu ne la connais pas. Tu ne sais rien d'elle. "Jte demande pas de tout me coonfier hein ?! Mais juste, si t'as besoin de parler bah je suis là .."