Alors que Toby marchait d'un pas assuré pour aller déposer dans les boîtes aux lettres des prospectus sur la réhabilitation de l'église, afin de la faire connaître dans le voisinage, son regard croisa celui d'un homme. Iskandar. Toby venait d'arriver à New-York lorsqu'il a fait connaissance avec cet homme. Il était policier... Ou quelque chose comme cela... Peut-être du FBI? Il ne saurait dire exactement, mais il n'oublierait jamais son regard, ses airs de défi, sa peine et sa détresse. A force d'avoir vécu en Italie, Toby avait pris l'accent italien, si bien qu'il ne faisait pas le fier, avec son accent, mélange des consonances britanniques et italiennes, alors qu'il se tenait devant le couple Cohle, pour la première fois. Depuis la mort de leur enfant, il était en pleine déperdition, ce couple, sur le bord de l'explosion. Et la tâche de Toby consistait dans le fait de les conseiller, de les accompagner dans leur deuil, de les aider à se questionner à retrouver espoir...Cela avait été terriblement compliqué, d'autant que le mari n'était pas croyant, il était même très sceptique, et peu enclin à se rendre aux réunions. C'était son épouse qui l'y poussait. Et finalement, cela avait été un échec. Notre abbé n'avait rien pu faire et le divorce était arrivé. Toby s'était souvent demandé ce qu'était devenu les deux jeunes gens, sans jamais avoir osé contacter ni l'un ni l'autre. Mais ce regard qu'il venait de croiser, c'était le même qu'à l'époque. Le même: sombre, perdu, privé de tout espoir et de joie. C'était étrange et douloureux. Après un moment d'hésitation, Toby se faufila pour arriver à la hauteur de l'homme, avant de lui offrir un large sourire. "Bonjour, Monsieur Cohle... Vous vous souvenez de moi?" demanda-t-il, serrant les prospectus dans ses mains.
Sujet: Re: Iskandar ♦ Espérance Mer 15 Mai - 20:27
Espérance × ft. TOBY & ISKANDAR
Les archives. C'est un objectif comme un autre pour un après-midi désœuvré. Je n'aurai pas le plaisir de batailler avec les mots acérés de Farquharson, d'y opposer mon ironie froide pour mieux coucher des heures qui s'apprivoisent encore. Avec la précaution de ces corps handicapés que nous semblons partager. Tout est ténu, tout est rentré. Une complexité profonde pour une morgue de façade. Je lui ai dit que je n'aurais pas besoin d'elle aujourd'hui. Comme ça, la veille. Parce que j'avais envie d'aller faire chier le commissariat du quartier, de me perdre dans les rayonnages poussiéreux de leurs archives. Retrouver le papier et les écrans vieillissants d'un service public qui n'a pas suffisamment de décorum pour être entretenu. Pour ça il est vrai que les bureaux du FBI se targuent toujours d'être à la pointe de toute technologie. C'est plus facile d'être à la pointe de son domaine de compétences quand on bénéficie des crédits fédéraux. Nous sommes pourtant à Brooklyn, mais le commissariat du 31e qui y est rattaché n'a pas les abords les plus reluisants qui soient. Nous sommes loin des appartements d'artistes branchés qui se perdent dans des décors de briques et de cuivre. Ici la grisaille tombe sur le crépis des immeubles et sur les traits des passants. Sur les miens aussi, mais cela c'est coutumier. J'aimerais savoir si notre copycat a déjà œuvré par ici, dans la grisaille, essaimant ses putes angéliques pour mieux couvrir les maltraitances des clients et des membres du gang. Les Keys n'ont jamais été des enfants de chœur. Leur médecin boucher est peut-être leur nettoyeur…
J'ai la démarche de ceux qui se rendent quelque part, c'est-à-dire que je ne jette que peu de regards alentours. Brooklyn je connais. Comme ma poche, en définitive, car c'est là que nous avons logé, avec Molly, au début de notre relation. Dans ce même quartier, déjà ravagé par une pauvreté sous-jacente, que l'on se plaît tant à ignorer. On n'y croirait à peine mais la paye des agents débutants au FBI n'est pas si lourde que cela. Puis elle aimait Brooklyn, elle aimait l'ambiance passée, comme embrassée par la sanguine, des coloris rougeâtres sur les murs blancs, à l’image de ces portraits que l’on fait sur le papier, au bord des rues quand le soleil vient les embrasser. Molly savait dessiner. Mieux que moi je dois dire, à l'époque. Elle dessinait les buildings et leur arrogance. Puis leur délabrement après que les tours se soient effondrées. Une vision prophétique de notre mariage, à n’en pas douter. Il y a des pas que l’on dessine dans un but déjà arrêté, ceux que l’on détournent en chemin. Celui que je fais pour tourner à l’angle de la rue ombragée que j’ai tant empruntée dans mon histoire passée est imparfait, c’est comme si le temps venait me murmurer sa comptine à l’oreille. Le temps passe, mais le temps te revient en pleine gueule mon gars, juste là, juste là, à côté de toi. Les regards se croisent, les émotions communient, se distinguent, se brisent. Le revoir lui, c’est revivre l’implacable marche d’un destin que je savais déjà arrêté. Je le savais. À chaque séance, à chaque contrition, même lorsqu’il parvenait à m’arracher une phrase conciliante, je le savais. Je l’ai su à la morgue. Je l’ai su ce jour-là. Que Molly et moi, ce serait terminé. Qu’aucun amour ne pouvait survivre à celui qui nous serait à jamais refusé. Aucun amour ne pouvait valoir celui d’Hannah. Aucun. Les souvenirs affluent, les impressions cherchent à me submerger, je les abandonne dans le creux de ces pensées que je n’analyse jamais, que je ne vais pas soulever plus que je ne le devrais. Il y a un seuil, un seuil tracé par ma déchéance, celle qui fut entamée à Chicago, celle qui fut pavée par un acharnement sourd, cinq années durant. Les séquelles de la came me font paraître plus maigre qu’avant, et les idées sombres qui me hantent rendent à mes regards une portée sépulcrale. Je le regarde oui, et je le juge sans doute aussi, à rebours, avec une placidité trop prononcée pour qu’elle ne serve pas de moyen de défense. S’il ne m’avait pas adressé la parole, s’il n’avait pas dessiné de ces nouveaux pas qui brisèrent le cheminement ici, entre nous, devant un fleuriste où les roses fanent à loisirs, alors sans doute que ça se serait arrêté là. Un jugement. Et des ombres. Des ombres pour tout héritage, mon père. Aucune rédemption. Pas de lumière au bout de ce tunnel-là. Je n’ai pas d’agressivité dans mon timbre lorsque je statue, sans sourire quant à moi : _ Je me souviens très bien. De tout. Je n’oublie pas, mon père. Un titre. Froid, un statut pour se départir de tout signe amical. Je ne l’ai jamais véritablement porté dans mon coeur de toute façon, même s’il s’est appliqué à l’époque, je ne peux pas lui enlever sa détermination. Molly a trouvé un réconfort dans ses paroles. Je les ai reçues sans les entendre. Des mots creux, pour une peine inextinguible. Alors non, je n’oublie pas. Je n’ai pas fait mon deuil, je n’en ai jamais eu l’intention. Je jette un oeil aux prospectus que le prêtre cajole entre ses mains. J’ajoute, avec plus d’ironie : _ Toujours à courir après les causes perdues, à ce que je vois ?
Sujet: Re: Iskandar ♦ Espérance Ven 17 Mai - 21:18
Toby avait reconnu cette figure du passé, qui n'avait pas changé, si ce n'était que ses traits avaient changé, il avait vieilli. Beaucoup plus qu'il n'aurait dû en si peu de temps. L'on aurait dit que son âme était brisée, encore davantage qu'auparavant et que malgré le temps qui défilait, son deuil n'avançait guère. Toby avait retenu l'histoire de cet homme et de ce couple, parce qu'ils l'avaient particulièrement touché, mais aussi, parce qu'ils étaient les premiers presque, qu'il ait eu à côtoyer en tant que vicaire dans son ancienne paroisse du Queen. Serrant ses tracts dans ses mains, notre abbé sourit alors qu'Iskandar lui disait se souvenir de lui, d'un ton neutre et froid. Oh celui-là aurait bien besoin d'un peu d'aide, il fallait être aveugle et sourd pour ne pas s'en rendre compte. Il ne se démonta donc pas, gardant un sourire serein sur ses lèvres. "Aucune cause n'est perdue d'avance." répondit simplement l'abbé à la remarque du quadragénaire. Le défaitisme se ressentait jusque dans ses épaules affaissées. Sans doute que de revoir le prêtre, cette figure du passé, faisait remonter à la surface des souvenirs plus que douloureux. Toby s'empara d'un des prospectus qu'il tenait entre les mains, avant de le tendre simplement à son interlocuteur. "La paroisse St John organise sa messe de réouverture, samedi à 17h." déclara-t-il joyeusement. "Peut-être aurais-je le plaisir de vous y voir?" demanda-t-il. Si l'agent du Fbi connaissait le quartier, il devait savoir que cette église était fermée et laissée à l'abandon depuis plusieurs années, et qu'elle aurait pu être désacralisée bientôt. Il savait aussi que cet endroit n'était pas un quartier des plus tranquilles, loin s'en faut, qu'il avait son lot de tourmentes. Toby poussa un large soupire, gardant son sourire, avant de reprendre la parole. "D'ailleurs, c'est amusant que je vous croise, car j'aurais peut-être un service à vous demander.." déclara-t-il doucement, sur un ton doux. Ce n'était pas un vrai service, mais c'était peut-être le meilleur moyen de casser un peu la carapace qui enveloppait Iskandar, de se frayer un chemin vers ses sentiments, de le comprendre pour mieux l'aider. Mieux que ce que Toby avait pu faire des années plus tôt.
Sujet: Re: Iskandar ♦ Espérance Jeu 23 Mai - 20:34
Espérance × ft. TOBY & ISKANDAR
L’odeur doucereuse des roses déjoue toute l’apathie des sens, le parfum des ces âges oubliés, peut-être ceux de l’enfance, vient accompagner les souvenirs qui crissent, qui enrayent une machinerie fatiguée. Arrêtée. Sur le bord du trottoir. Le parfum des roses, et son foutu accent, un mélange un peu exotique, décalé vis à vis de la mort, et de l’amer déposé sur une vie placide. Le parfum des roses, son foutu accent, et ce même sourire. Je hais le sourire des prêtres. Un sourire factice, un sourire usurpé. Celui que la compassion domine, une compassion tournée vers toute âme en perdition, donc une compassion sans valeur. Ce que l’on distribue à chacun est forcément vide, forcément faux. Je n’ai jamais compris comment l’on pouvait s’y tromper aussi aisément. Comment l’on pouvait vouloir y croire. Molly, avec son éducation et ses airs altiers, elle y croyait tant. Elle y croyait tant quand il a fallu regarder bien en face le néant. J’ai une sorte de rictus plein de malignité, celui que l’on réserve à une proie de choix : _ C’est ce que l’on se raconte pour oublier la face odieuse de la réalité. Beaucoup de causes le sont, bien au contraire. C’est le fracas de la croyance et de l’athéisme profond, un bruit sourd, presque abyssal. Dans mes yeux il y a toute l'éloquence de ce mépris, plus palpable encore qu'à l'époque, envers la voie qu'il a choisie. Pourtant similaire à la mienne, si l'on s'arrête à l'apparence. Servir autrui. Mais je ne sers pas autrui... Ça non. Non. Je prends son prospectus de mauvaise grâce avant de regarder ce qu’il y a d’écrit, et qu’il m’annonce, avec une bienveillance qui m’étouffe quelque peu. Ces réactions plus prégnantes me sortent de ma léthargie. J’ai une exclamation pleine d’ironie : _ Fleming, j’allais déjà pas aux offices quand tout était en train de sombrer. Vous croyez vraiment que je vais me trouver une pseudo-rédemption dans la parole divine ? C’est un peu tard, maintenant... S’il savait seulement ce que je pense des foules ou des quelques paumés qui s’amassent dans la travée des églises. Bordel… Il est pas croyable. Toujours cette foi, qu’il puise je ne sais d’où. De son imbécilité sans doute. Je sais que la pensée est fourbe, pleine de fiel et d’orgueil. J’ai toujours eu beaucoup de mal avec la religion, il faut dire que mon vieux était sacrément détaché de toutes ces fadaises-là. Mais je sais que le père Fleming est autre chose qu’un imbécile, je sais que le réduire à cela est d’une simplicité toute aussi idiote que ce dont je l’accuse en pensée. Il ne savait pas quoi dire à l’époque, mais je ne lui en veux pas véritablement. Qu’aurait-il pu prononcer, pour apaiser l’horreur, pour trouver un chemin plus sage à un deuil tempétueux ? Aucun mot n’aurait pu refermer la plaie qui suppure encore… Encore… Et encore… Je plie le prospectus très proprement avant de le glisser dans la poche de sa veste, par pur esprit de contradiction. De provocation. Merci... Mais non. Je hausse un sourcil cependant : _ Voyez-vous ça. Dites toujours, que je me marre aussi. Amusant. Je t’en foutrais moi.
Sujet: Re: Iskandar ♦ Espérance Mer 29 Mai - 21:44
Ce pessimisme; Toby l'avait presque oublié, avec les années passant. Mais, à présent qu'il discutait avec Iskandar, il l'avait devant les yeux, ou plutôt devant les oreilles. Oublier la face odieuse de la réalité. Toby se contenta de hocher la tête face à cette remarque, triste remarque dans la bouche d'une homme morne et triste, un homme qui paraissait survivre plutôt que vivre. "Ou plutôt, c'est ce qu'on dit lorsqu'on préfère voir l'autre face de la réalité." déclara-t-il simplement. La façon de voir le monde, ce n'était qu'un point de vue, un choix, en réalité, une décision. Toby avait appris depuis longtemps à voir les choses du bon côté, celui lumineux de l'espoir. Cette espérance qu'il était censé amener et allumer dans les coeurs, même si, récemment, il devait l'avouer, sa nature humaine l'avait rattrapé à plusieurs reprises. Il avait été déprimé, inquiet, angoissé. Il l'était toujours, mais il balayait cela d'un revers de la main pour penser aux autres. A ces gens auxquels il voulait vouer sa vie. "Mais vous pourriez venir pour passer un bon moment. Il y a un buffet en plus, juste après." indiqua-t-il en souriant. Il ne voulait pas l'évangéliser, pas comme cela. C'était plutôt dans l'optique de le faire simplement venir, passer un moment de communion, même dans son scepticisme, écouter son homélie porteuse d'espoir, puis bavarder, partager un instant avec des hommes et des femmes de ce quartier. Ce dernier n'était pas fameux, même peut-être l'un des plus mal famés, mais ce n'était pas ce qui empêchait de bonnes personnes d'y vivre. Au contraire. Certaines n'avaient rien, ou pas grand chose, et donnaient beaucoup. Toby sourit de plus bel, avant qu'une idée ne germe dans son esprit, et finisse par franchir ses lippes entrouvertes. Son interlocuteur ne sembla pas très enclin à accepter, mais cela valait toujours le coup d'essayer. "Et bien, il y a des jeunes gens qui fument sur la place à proximité de l'église. Ils sont aussi ivres de temps en temps, et font peur aux passants et aux paroissiens. Beaucoup viennent en famille, alors ils s'inquiètent. Je suis allé leur parler, mais ils n'ont rien voulu entendre, et je ne veux pas leur envoyer la police, ce ne sont que des gamins perdus qui ne savent pas où aller." indiqua-t-il. "Vous êtes toujours agent du FBI, n'est-ce pas? Peut-être qu'avec votre plaque, vous pourriez leur faire comprendre qu'ils feraient mieux de ne pas s'agglutiner par là?" demanda-t-il simplement, tout sourire. C'était un mensonge. Enfin, pas totalement, ce genre de jeunes, il y en avait partout dans le quartier, mais rarement devant l'église. C'était un prétexte, pour l'inviter. Un pieux mensonge, en somme.
Sujet: Re: Iskandar ♦ Espérance Ven 7 Juin - 19:46
Espérance × ft. TOBY & ISKANDAR
Ce qu’il y a de bien avec les personnalités bienveillantes et pures, telles que celle de Toby qui me regarde sans colère ou sans aucune once de rancoeur, c’est qu’elles ont quelque chose de profondément inébranlable. C’est comme s’acharner contre un mur, l’on se fait mal à soi, mais le mur lui, ne ploie nullement. Le père Fleming ne ploie pas. Les rages sourdes et les pulsions de nuisance, il a dû les côtoyer de près, car le pardon se penche même au-dessus de l’eau lustrale pour mieux se mirer et se perdre dedans. Alors ma mauvaise grâce et mes humeurs maladives, il s’en contrefous. Elles glissent sur lui, et mon envie d’en découdre alors ne fait que s’éroder, avec l’épuisement de ces combats de trop courte durée. L’intensité d’une colère qui crève, ne reste dessous que cette froideur indifférente. Je hausse une épaule, l’argument est placide : _ Si vous préférez voir le versant qui se pare le plus d’illusions, libre à vous. Le verre à moitié plein, la réalité crue, la réalité nue. Le réalisme qui s’effondre pour se dévorer lui-même, et ne concevoir plus que l’acide qu’il crache, sur les idéaux et les gens qui croient suffisamment pour les porter en étendard. Je secoue la tête, peut-être un peu amusé par son invitation, par ce soucis qu’il a de tenter de me raccrocher à une communauté pour que je cesse de dériver ainsi, à jamais. _ Non seulement vous voulez que je joue les piques assiettes, mon père, mais en plus faut que je vienne gâcher le bon moment des autres ? Puis je le laisse avancer ses pions pleins de mansuétude jusqu’à moi, tout en l’observant sans montrer une once d’intérêt si ce n’est mes prunelles acérées qui cherchent et trouvent les siennes. Je ne l’interromps pas, je laisse l’idée qu’il sous-tend me rencontrer sans tenter d’échapper immédiatement aux desseins élégants qu’elle renferme. J’étire un peu ma nuque, enclavé dans un silence qui semble soudain de plomb, alors que mes paupières se plissent : _ Intéressant… Rien d’autre. Rien d’autre d’emblée, même si je ne suis pas totalement dupe. Je pense qu’il a toutes les armes pour se défendre sinon il n’aurait pas survécu avec sa panoplie de bon samaritain dans un monde comme le nôtre. Mais je reconnais que… je lui dois bien ça. Pour avoir essayé autrefois. Pour avoir essayé. Pour ne rien lui devoir. Plus rien. Plus rien. Si ce n'est l'ignorance. _ Ouais. Je verrais si j’y pense. Comme ça nous serons quittes. Vous dites que c’est quand déjà, votre machin-là ? Votre… office ?
Sujet: Re: Iskandar ♦ Espérance Mar 25 Juin - 18:46
Iskandar n'est pas serein. Il veut en découdre, ou du moins, montrer qu'il a raison, sur le désespoir de la vie. Sauf, qu'en face, il trouve un porteur d'espérance, qui ne se laisse pas ébranler par l'obscurité. "Je dirai que, dans chaque situation, il y a un versant ensoleillé et lumineux." Ce qui était vrai. L'un des côtés de la montagne est ébloui de soleil, tandis que l'autre se trouve dans l'ombre. Mais l'agent du FBI semblait s'être perdu sur le versant obscure. Et Toby veut tenter de l'en sortir. Il suffirait simplement que l'homme en face se lance dans quelques pas de plus, sur les rochers, pour arriver au sommet, et pouvoir redescendre l'autre sommet. Mais l'escalade était difficile, compliquée, on manquait d'oxygène au fur et à mesure de l'altitude. Et peut-être que son interlocuteur n'en avait presque plus. L'abbé sourit, sereinement. "Pourquoi gâcher le bon moment des autres? Vous avez dans l'intention de faire du mal?" demanda-t-il, haussant les sourcils, l'air toujours aussi serein. Il ne veut pas le heurter. Et c'est alors qu'il songe à cette idée, peut-être stupide et vaine, de lui demander son aide. Visiblement, l'autre semble s'y intéresser, étonnement. Toby pensait qu'il allait se heurter à une réponse négative, mais c'était le contraire. Il plisse les yeux, observe le quadragénaire quelques instants, dans le silence. "Intéressant?" répète-t-il finalement, le poussant ainsi à se confier davantage. Du moins, il l'espère. "C'est samedi. Tout est écrit sur le tract." répond-il finalement à la question, pourtant peu respectueuse et peu enthousiaste de son interlocuteur.
Sujet: Re: Iskandar ♦ Espérance Mar 9 Juil - 16:41
Espérance × ft. TOBY & ISKANDAR
Le débat d’idées ne fait pas long feu, car si les versants s’illuminent, ma mine, elle, se renfrogne de plus en plus. Le mépris ne s’y étire pas, peut-être parce que je n’ai pas réellement de mépris profond pour des croyances qui pourtant m’échappent. Mais comme tout ce que nous ne comprenons pas, il demeure une part de mystère à l’orée de ce que l’on observe. La surface en réfléchit notre propre image. Déformée. Je hausse cependant un sourcil plutôt goguenard lorsqu’il s’agit de justifier mon très mauvais esprit : _ Je crois que dans la plupart des festivités, se contenter d’être l’oiseau de mauvais augure suffit pour gâcher un moment. J’ai appris cela il y a longtemps. Depuis je me dispense de ces passages obligés. Puis les interrogations se succèdent, d’abord sur son visage avenant, ensuite dans ce seul mot qu’il esquisse dans l’air. Et toujours le fleuriste anime sa devanture. Nous détonnons, sur fond floral. Comme une enluminure étonnant d’un moyen-âge qui n’a jamais existé. _ Intéressant, en effet. Je me contente de me taire ensuite. Mais de laisser présumer que je déduis ses intentions. Puis de ponctuer mon départ par ce simple : _ A samedi donc.
***
Samedi. Au milieu d’un après-midi tortueux. Il n’y a pas véritablement de congés pour les agents du FBI, la tête ne sait guère cesser de tirer des conclusions sur les indices qui s’amoncellent. J’ai hésité à traîner Farquharson pour que nous fassions notre petit effet au milieu des réjouissances. Deux âmes noires en pleine lumière. Mais après notre dernière entrevue, je n’ai pas véritablement osé quoique ce soit. Il y a des confidences qui nécessitent de reposer. Quelque part, jusqu’à s’oublier dans la chair. Je zyeute un peu, les abords de la paroisse, et si des jeunes y trainent, ils ne sont pas encore là. Ou peut-être que, selon ma suspicion, ils n’existent pas véritablement. Un prétexte pour m’emmener sur le chemin de l’office. J’entre dans l’église en dernier, sans doute même un poil en retard, à escient. La porte grince sur ma silhouette, et j’appuie mon dos sur le mur du fond, à la marge, pour bien signifier mon envie d’y rester, et de ne pas me mêler aux autres égarés. Puis j’observe, les profils, les émotions qui transitent à l’aube des sermons.
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Sujet: Iskandar ♦ Espérance 
Mer 8 Mai - 18:23