This holy ground burns my feet. (ézéchiel)

calm like a bomb


Ce n'est qu'un môme.
Va dire ça à ses doigts qui serrent son pull comme si c'était un diable à ne surtout pas lâcher.

Il pourrait te dire : en sortant du bar, j'étais tellement bourré que j'ai pas eu le temps de réfléchir. Il pourrait te trouver tout un tas de raisons, les chercher, les inventer, s'en persuader, les manipuler. Il voudrait pouvoir te dire : je suis trop saoul, c'est ça. Je suis tellement cuit que je peux plus faire la différence.
Dans son sang, pas une goutte d'alcool.
Dans sa tête, pas une trace de came.
Il est clean et c'est le pire. Parce qu'être clean, c'est aussi être soi, sans équivoque. Santo n'a pas un coin d'ombre derrière lequel se cacher, pas une excuse suffisamment solide pour l'innocenter. La nuit est noire mais plus autant que ses pupilles qui se dilatent alors qu'il balance enfin le corps du gosse par terre. C'est violent, y a un crac, le bruit sale du dos de ce gamin qui rencontre le sol humide. Sa colonne vertébrale se rend compte qu'elle devra peser le poids de ses erreurs. Le regard du saint est un orage dont le poing se serre dans le vide. Jude réalise que ses phalanges sont recouvertes de sang. Pas le sien, ce serait trop facile, ça n'aurait pas la moindre saveur. Tout ce qui nous appartient ne peut pas nous brûler. Mendoza recule d'un pas, la lumière des lampadaires caressent les traits de ce gosse effrayé et baignant dans son sang. Par terre, il aperçoit une de ses dents, se penche pour la ramasser et la mettre dans sa poche ; souvenir de son premier écart depuis sa sortie. Santo sait qu'il vient de se foutre dans la merde mais cela ne suffit pas à calmer sa rage, éteindre ses instincts de bête énervée.

Ce n'est qu'un môme. Ça se répète sans cesse mais cette voix tombe dans un puits sans fond. Les yeux de Santo se posent sur la ruelle ; il attend que sa troupe de compagnons reviennent avec des bras en plus. Ils étaient trois, deux gringalets qui n'auraient pas fait le poids face à la violence de Mendoza mais qui ont dans les rues d'autres frères et alliés, probablement plus vieux, avec chance armés, prêts à l'abattre ou au moins lui faire passer l'envie de s'en prendre aux siens. Ce serait le moment pour Jude de se tailler. Il aurait le temps d'escalader les poubelles et sauter par dessus ce petit grillage mais ne le fait pas. Une version de lui, plus mauvaise, capable du pire, sommeille en lui et prend le dessus. Il la pensait morte, mise à terre par la taule mais la moindre secousse parvient à réveiller le volcan. Santo fronce les sourcils lorsque le môme se met à gémir quelques mots incompréhensibles mais ce qui l'attire encore plus est cette silhouette qui se dessine en sa direction. Un type, seul, plus ou moins sa taille.

Les muscles de son dos se crispent, il redécouvre son anatomie. La douleur de sa main est anesthésiée mais demain, en allant bosser, Santo remarquera les ecchymoses sur celle-ci. Il ne bouge pas d'un cil, froid, fier, plus sauvage et prêt que jamais à l'affrontement. Si celui qui approche est seul, c'est qu'il a forcément de quoi le mettre à terre sans avoir à le toucher. A tout moment, la bête s'attend à recueillir le son d'une balle. Taillé pour survivre au chaos, il devra négocier ou se laisser bouffer comme ça, sans une once de dignité, sans une marque de force. Son regard bleuté s'accroche aux traits lisses de l'homme qui lui fait face.
S'il lui demande pourquoi ?
Il t'a juste bousculé Santo. Ce môme n'a fait que te bousculer comme le font les gosses qui chahutent un peu trop dans les rues, tard le soir. Et toi t'es là, tu te pointes, un coup de coude et tu lui fais manger ses dents. T'en as rien à foutre qu'il soit jeune, que son âme soit pure ou aussi crasseuse que la tienne. Tes instincts n'ont pas assez de jugeote pour comprendre.
Il n'y a que lorsque la colère redescendra qu'il réalisera sa connerie et tout ce qu'elle pourrait éveiller.

Une fois assez proche de l'inconnu, éclairé par les lumières de la ville, une énergie chaude traverse le corps de Mendoza. Ses mains ensanglantées s'enfoncent dans ses poches alors qu'il donne un léger coup de pied dans ce corps agonisant pour le ramener contre les jambes de l'homme. Il va te dire que je lui ai bousillé les côtes. Elle est juste fêlée, j'ai pas cogné assez fort. Santo ne fait pas preuve de sang froid. Il sent seulement qu'en face de lui se trouve un être de la même trempe que lui et que ce môme pourrait être un des siens. Rien n'est visible à l’œil nu mais les mauvais ont des antennes sensoriels qui leur permettent de reconnaître lorsqu'un des leurs entre dans le périmètre. Mendoza se perd dans le regard de ce type ; c'est comme plonger dans de l'eau glacée, les muscles se figent mais la sensation reste agréable. Si c'est pas une petite nature, il devrait être sur pied dans une semaine. Ils le disent pas, on les entend pas mais l'air est électrique.
Le corps de Santo est une tombe, il ne ressent rien mais se souvient de tous ses péchés.

Des semaines qu'il est secret ézéchiel.
Des semaines qu'il file en douce le tout juste sortie de taule, Santo Mendoza, traînant derrière lui une réputation de chien fou qui ne saurait restée inaperçue bien longtemps. C'est avec des idées pleins la tête, mais pas assez précises que le blond s'est intéressé à cet homme. C'est le cerveau fumant qu'il avale sa bière, les yeux rivés sur le Mendoza, observant chacun de ses gestes. Il ne compte plus le nombre de fois où ils se sont retrouvés dans le même bar et où il a attendu sagement que quelque chose ne se passe. Il ne compte plus le nombre de fois où la déception pouvait se lire sur son visage de voir que sa brute épaisse s'était fait posé un collier électrique par le système. Le nombre  fois où il avait espérer le voir commander autre chose qu'un jus ou qu'une grenadine, le préférant voir consommer un whisky bien tassé pour raviver ses pulsions les plus sombres. Il avait attendu Ezechiel, des heures durant.
Il était sur le point de se lever pour partir quand le vent tourna en sa faveur. Trois gamins imbus d'eux même, incapables de s'apercevoir que c'est à un titan qu'ils faisaient face. Ils se sont laissé emporté par leur testostérone, se sont mis dans le pétrin en prenant la solitude d'un vieux loup pour une marque de faiblesse. Il a suivit le mouvement Ezechiel, dans l'ombre il a entendu les os martyrisé et les chaires se lacérer sous des coups de poings d'une violence inouïe. Il s'est délectait en voyant les inconscient s'enfuir, laissant leur accolite aux proies à des griffes assassinent. Puis il s'est rapproché. Lentement pour ne pas faire fuir l'animal sauvage qu'il aurait en face de lui dans moins d'une minute. Il va te dire que je lui ai bousillé les côtes. Elle est juste fêlée, j'ai pas cogné assez fort. le blond a un regard peu intéressé pour le corps qui gît à ses pieds, le gamin se tord de douleur, du sang couvre partiellement son visage abîmé, Si c'est pas une petite nature, il devrait être sur pied dans une semaine. il ricanne le motard, lève ses yeux clairs vers l'ex-taulard tout en s'allumant une cigarette. Les deux hommes se sondent de longues secondes. Lachance se demande s'il pourrait avoir l'avantage face à la musculature de Santo. Il s'imagine un combat à mains nues, et dit que sa seule chance d'en sortir vivant serait sa rapidité légendaire. Mais que ferait Santo face à un couteau ? il le méritait sûrement, non ? il arque un sourcil, c'est à son tour de tâter de son pied la carcasse à terre, qu'est-ce que t'en penses ? c'est à l'inanimé qu'il s'adresse. Il tire sur sa clope, regarde autour d'eux, il sait que les deux autres reviendront. Plus en nombre ou avec les flics. Quitte ou double. j'crois que t'es dans la merde Mendoza... j'suis pas certain que ta conditionnelle te permette des écarts de c'genre. il hausse une épaule, garde ses yeux de glace dans ceux du brun. Même lui risque gros ce soir, il pourrait se faire étrangler par les doigts puissants de celui qui se trouve en face de lui. Il n'a pas peur. Il est bien trop patient pour ça.