Pas payé pour être la petite sirène | LIBRE

C’est tellement agréable de se faire chouchouter. Ça faisait bien longtemps que Lyzéa n’avait pas pris le temps de prendre soin d’elle. Pas le temps d’aller chez le coiffeur ou chez la manucure quand nos cheveux sont vites recouverts de farine ou nos doigts passent nos temps à faire des pâtisseries. Seulement là, ses cheveux en avaient bien besoin alors elle avait pris rendez-vous dans le salon de coiffure habituelle, avec une nouvelle coiffeuse qui a l’air toute gentille. Rien de bien méchants, rafraichir sa coiffure en coupant un peu et quelques effets à travers un balayage. Rien de bien extravagant. Feuilletant les magazines pendant qu’elle fait une confiance aveugle en la coiffeuse. Elle n’est tellement pas à jour dans les potins envers les peoples qu’elle a de quoi faire et elle est trop absorbé par celle-ci pour voir le résultat de la coloration. « Voilà c’est bientôt fini, manque plus que le brushing » Lyzéa est toute contente, elle a hâte de voir le résultat. Son sourire disparait vite en se regardant dans le miroir. Pour le moment ce n’est pas terrible mais c’est sans doute l’effet mouillé. Pourtant, au fur et à mesure du brushing, son visage se décompose. C’est de pire en pire. « Euh… » elle est tellement choquée, elle ne sait même pas quoi dire. « Ça vous plait ? » dit la jeune coiffeuse en passant une main dans les cheveux pour qu’elle puisse bien voir. Ce n’est pas pire, mais autant dire que ça n’arrange rien du tout. Non, clairement ça ne lui plait pas et la coiffeuse devrait le deviner à l’air terrifié de la jeune femme. Elle vient de lui ruiner les cheveux. « Mais qu’est-ce que vous m’avait fait ? C’était un balayage blond, pas effet petite sirène ! » Ça ne fait même pas effet balayage, ça fait couleur unis. Roux ça aurait pu être jolie mais pas cette teinte-là. De toute façon ce n’est pas du tout ce qu’elle avait demandé en venant. Lyzéa n’est pas du genre à aimer faire des scandales en public car qui dit crier en public, dit attirer les gens curieux, qui dit rameuter une foule et ça, Lyzéa a horreur de ça. Mais là elle ne peut pas laisser passer. La coiffeuse n’a pas l’air de comprendre pourquoi elle réagit de la sorte alors la première chose que Lyzéa fait, et de prendre la personne étant en train de se faire coiffer à témoin « On est d’accord, c’est vraiment moche ! » Elle qui était toute contente de prendre soin d’elle, quelle mauvaise idée qu’elle venait d’avoir.

Une éternité. C'est à peu près la dernière fois où j'ai décidé d'aller me faire coiffer. Je ne dis pas que ça me manque, ma coupe étant toujours la même depuis des années. C'est juste qu'un bon massage capillaire, ça m'a toujours fait de l'effet. Je vous vois venir d'avance, pas dans ce sens. Si vous me connaissiez un minimum vous sauriez que je ne suis pas un grand amateur des désirs interdits. Cependant, il est vrai qu'avec l'été qui arrive et cette chaleur presque insoutenable, j'ai besoin d'un petit rafraîchissement. L'eau chaude sur ma crinière, je ferme les yeux pour profiter du moment présent puis suis la coiffeuse qui me met à côté d'une femme qui semble se faire une jolie couleur. Enfin, jolie, ça reste à voir ce qu'elle a choisi. Un visage comme ça ne peut clairement pas tout porter. C'est un fait, rien de plus. Une confiance aveugle dans ces mains de maître, je ne peux m'empêcher de regarder la scène qui se présente à côté de moi par le biais du miroir. Un sourcil arqué, elle semble mécontente de ce rouge flamboyant au point de demander mon avis. Je la regarde en coin, le redresse jusqu'à sa chevelure. "Vous êtes affreuse avec ça, il est vrai." lui répondis-je sur un ton complètement monotone. Elle demande mon avis, je lui réponds simplement. Je ne cherche pas à prendre son parti. "Faites vous du noir par-dessus, peut-être que ça arrangera les choses et encore." Je laisse échapper un soupir. "Disons que ça ne pourra pas être pire. Sauf si vous vous faites une décoloration et que vous partez sur des couleurs pas ordinaires." Peut-être que tant d'honnêteté, elle ne l'appréciera pas.

Toujours choqué par le résultat qu’elle voit dans le miroir, Lyzéa se laisse à montrer son mécontentement. En même temps personne ne pourrait supporter cette couleur : même si elle aurait demandé un truc dans ses tons, le résultat serait aussi décevant que possible, c’est moche, on ne peut pas le nier. Alors, quand un autre client donne son avis, elle est soulagée. Elle n’est pas en train de devenir folle, pas à ce qu’elle sache en tout cas, et pas encore car c’est sûr qu’elle va le devenir. « Ah bah merci ! » Toujours sur les nerfs, on dirait qu’elle engueule le pauvre mec qui donne juste son opinion comme elle l’a demandé mais elle est bien contente qu’on lui donne raison. Alors qu’elle écoute les conseils du jeune homme pour essayer de rattraper les choses, elle se contente de dire « je pense que je vais suivre vos conseils, je ne sais pas ce que vous faites dans la vie mais apparemment être coiffeuse n’est pas un gage de qualité » dit-elle en fusillant du regard celle qui l’a totalement loupé. Cette dernière essaye de se défendre comme elle peut puis fini par dire d’une petite voix « au vu des produits utilisés, on ne peut pas vous faire brune, ça sera encore pire » Lyzéa est dépitée, c’est une catastrophe. « Appelez-moi la responsable ! » Dit-elle d’un ton lasse. Elle pourrait se barrer pour pleurer car là les nerfs sont prêts à lâcher mais la colère est aussi trop présente. La brune refuse même de se regarder dans le miroir. Elle préfère rester dans le déni. « Ça va totalement me décrédibiliser, vous achèteriez des pâtisseries à quelqu’un avec cette tête ? » Demande-t-elle au jeune homme. Question totalement stupide, ce n’est pas l’apparence qui fait le talent de chacun, elle le sait mais là elle est totalement paniquée de cette tête qu’elle se trimballe qu’elle ne réfléchit plus quand elle parle.

@Elijah Fitzgerald