indigo night ▸ milos

« Rentrez chez vous. Il se fait tard et vos femmes vous attendent. » lance Ambrose avec un sourire alors qu'il retire lui aussi ses lunettes de sécurité et qu'il se décide enfin à plier bagage pour la nuit. « Quelles femmes ? » Un rire amusé fait écho à ses a priori et le menuisier fronce légèrement les sourcils, surpris. Cooper lui a déjà raconté que les parents de la moitié des élèves de sa classe étaient séparés ou divorcés, ce qui vient consolider les propos de ses hommes. Quelques commentaires échangés, quelques rires qui s'élèvent et bientôt, Ambrose est complètement seul sur le chantier de construction. Puisque les petits sont chez leur mère pour quelques jours encore, le charpentier peut se permettre de s'attarder davantage au club, mais la journée a été rude et la nuit est tombée depuis quelques heures déjà lorsqu'il prépare calmement l'horaire du lendemain, les yeux rivés sur son carnet.

Lorsque ses paupières commencent à se faire lourdes, Ambrose se relève finalement, le front entre le pouce et l'index pour en masser les tempes endolories. Il récupère sa veste et son téléphone avant de quitter la salle et de rejoindre l'extérieur du club, surpris d'y trouver un jeune homme qu'il a déjà rencontré auparavant, avec les enfants. Sourcils légèrement froncés et sourire aux lèvres, le menuisier s'approche afin de le tirer de ses pensées.

« Milos, c'est ça ? » Surprenant, la facilité qu'a Ambrose à se rappeler des prénoms qui ne sont pourtant parfois que de passage. Milos n'est pas de ceux qu'on oublie, toutefois, et si Ambrose ne s'était pas vraiment permis de le regarder lorsqu'Olivia et Cooper se trouvaient avec lui, il ne se gêne pas pour détailler subtilement la silhouette qui lui fait désormais face. Il a ce petit quelque chose qui agrippe le regard, cette sensualité douce qui se dégage à la lumière nocturne des lampadaires.

« Ambrose. » ajoute-t-il simplement avant de poursuivre rapidement : « J'avais deux petites têtes blondes avec moi la dernière fois, mais j'ose croire que nous avons fait bonne impression. »

Curieux, les enfants lui avaient posé des tonnes de questions et Milos leur avait patiemment répondu malgré les interventions du charpentier lorsqu'il considérait que l'interrogatoire allait trop loin. Lorsqu'ils commencent, on ne les arrête plus ! Ambrose avait d'ailleurs appris que leur nouvel ami travaillait dans une librairie, il s'étonne donc de le croiser ici un mercredi soir, cigarette à la main. Les enfants avaient ce don tout particulier de rendre n'importe quelle discussion un peu plus familière et cordiale, si bien qu'Ambrose ne se pose pas de questions sur les marques de politesse à adopter lorsqu'il s'adresse de nouveau à lui : ils ont suffisamment discuté la dernière fois pour que Milos ne s'offusque pas. Du moins, il l'espère.

« Je ne m'attendais pas à te croiser ici. Tu es là avec des amis ? »