Wherever you will go. (Arya)

✩ Wherever you will go.

So lately, been wondering Who will be there to take my place When I'm gone you'll need love to light the shadows on your face If a great wave shall fall and fall upon us all Then between the sand and stone, could you make it on your own If I could, then I would I'll go wherever you will go Way up high or down low, I'll go wherever you will go And maybe, I'll find out A way to make it back someday To watch you, to guide you through the darkest of your days If a great wave shall fall and fall upon us all Then I hope there's someone out there who can bring me back to you.…

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Elle ne sait pas mentir, Cassey. Elle peut garder un secret, elle peut même en garder un peu trop. Mais elle ne peut pas fixer quelqu’un droit dans les yeux et lui mentir sur ce qu’elle ressent au plus profond qu’elle. Elle n’est pas conditionnée pour cacher ses émotions, non. Elle est aussi transparente qu’un livre ouvert. Car elle est beaucoup trop entière pour qu’il en soit autrement. Trop excessive aussi, elle ne peut pas jouer dans la demi-mesure en diminuant sa colère, sa tristesse ou sa souffrance à chaque fois qu’elle repense à Owen. Non, elle ne sait pas faire. Elle ne sait pas davantage le faire avec sa fille. C’est même pire avec elle. Car elle est ton autre toi, Arya. Elle est ce petit bout de toi. Et t’as ce petit morceau de toi aussi qui vit en elle. Aussi fusionnelles que complémentaires, elles se comprennent mieux que personne. Elles se confient comme personne. En vérité, sa fille, elle a toujours été sa meilleure amie. Ce n’est sans doute pas politiquement correct. Raconter tous ses déboires avec les hommes, ses dernières frasques alcoolisées, ou en l’occurrence son cœur encore trop atteint par celui qui les a abandonnées. Non, ce n’est pas une relation comme les autres. Ce qu’elles ont toutes les deux, c’est hors-normes. Leur différence d’âge si réduite y est largement pour quelque chose. Elles ont grandi ensemble toutes les deux. Main dans la main, c’est avec sa fille qu’elle a passé les différentes épreuves de sa vie, Cassey. Il y a aussi son tempérament, indéniablement, auquel s’est parfaitement adapté celui d’Arya. Puis, il y a le fait qu’elles étaient toutes les deux. Qu’elles n’ont toujours été que toutes les deux. Toutes les deux contre le reste du monde, c’est ce qu’elle lui répétait sans cesse alors qu’elle n’était qu’une enfant. Leur crédo, leur leitmotiv, impossible à oublier, même maintenant que leurs relations ne sont plus tout à fait les mêmes. Car il y a cette complicité sans faille entre elles, cet amour qui, malgré tout ce qui peut arriver, ne pourra jamais s’effacer. C’est ce que sa fille vient brusquement lui rappeler sans même s’en rendre compte en l’appelant Maman. Maman. Un simple petit mot, un mot qu’elle n’a pas entendu depuis des semaines. Un mot qu’Arya n’a pas prononcé depuis si longtemps. C’est tout son être qui se réchauffe alors qu’elle vient en plus la prendre dans ses bras. Des étreintes, elles en ont eu quelques unes ces derniers temps. Mais c’est toujours la jeune antiquaire qui en était à l’initiative, jamais sa fille. Instinctivement, elle enlace tout de suite ses bras autour d’Arya également pour savourer cette étreinte inespérée. Elle se sent mieux, tout de suite. Parce qu’il peut bien te détruire autant de fois qu’il le voudra, Arya, elle a toujours été celle qui te reconstruit. Il y a vingt ans, comme maintenant, rien n’a changé. C’est auprès d’elle que tu trouves le meilleur réconfort. Elle se sent bouleversée par tout cet élan d’amour, Cassey. Elle ne s’y attendait pas mais il est si fort, si prenant, qu’il la submerge totalement. Qu’il lui fait oublier, l’espace d’un instant, toute la douleur qu’elle ressent depuis le retour de son premier amour. Les mots de sa fille parviennent même à la faire sourire tendrement. – C’est grâce à toi, ça. lui dit-elle en caressant le bout de son petit nez craquant. Elle a la sensation, pour la première fois depuis qu’elle est à New York, qu’absolument rien n’a changé avec Arya. Qu’elles sont exactement ce qu’elles ont toujours été. Comme si leurs propres problèmes n’étaient plus rien, face à une souffrance commune. Et ce n’est guère surprenant en réalité. Quoi qu’il puisse se passer entre elles, elles seront toujours là l’une pour l’autre. Et elle veut être là pour sa fille, Cassey. Elle a besoin qu’elle se livre à elle, même si c’est difficile, même si elle déteste le faire. Elle a besoin d’être certaine qu’elle ne ressent pas, au plus profond d’elle, le besoin de connaître son père. Si ses premiers mots ne la surprennent guère, simplement parce qu’elle pense précisément la même chose, ce sont les derniers qui sont plus révélateurs. Ce sont eux qui laissent deviner que, peut-être qu’elle aurait eu envie qu’il revienne. Peut-être qu’elle en a encore envie. Même si, jamais, non, jamais, elle ne l’avouera. Même pas à sa mère. Même pas à elle-même. – Il m’a expliqué ses raisons. Il était malade… Il avait besoin d’un rein et… Ce n’était pas comme aujourd’hui, tu sais, les traitements n’étaient pas aussi élaborés, il se croyait… Il croyait qu’il ne survivrait pas. Il a préféré que je le déteste, qu’on le déteste, plutôt qu’on le pleure. Elle n’essaie pas de le défendre. Ni de lui donner des excuses. Elle le trouve tout aussi lâche qu’elle lui a dit quand il lui a expliqué ses raisons. Mais elle doit savoir, Arya. Elle doit savoir que, dans la tête de son père, il ne voulait pas l’abandonner. – C’est un lâche, Arya. Il aurait pu parler, se confier, au lieu de s’enfuir. Il aurait pu aussi revenir depuis toutes ces années. Et je comprendrais que tu ne veuilles pas lui parler. Mais… Mais je ne veux pas que ce soit ta colère qui te fasse parler. Je veux que tu prennes un peu de temps pour l’encaisser avant de prendre ta décision. Parce qu’elle ne veut pas qu’elle regrette, surtout pas. Elle ne mérite pas de vivre avec les regrets qu’elle n’a pas choisis.

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Au fond, elle sait qu’elle ne peut pas mentir à sa mère. Cassey est bien la seule personne qu’elle ne parvient pas à berner. Et c’est peut-être pour cette raison, que malgré les nombreux rejets essuyés, elle est toujours là, aujourd’hui. Toujours là, à recoller les morceaux. Parce qu’elle sait. Elle sait qu’elles seront toujours elles. Elle sait qu’Arya ne pourra jamais tourner la page sur sa mère. Elle ne peut pas lui mentir. Elle est la seule. Et vice versa. Arya peut lire dans les yeux de Cassey comme dans un livre ouvert. Elle sait qu’elle souffre, à cause d’Owen. Elle l’a toujours su. Et il est vrai qu’elles n’en ont jamais réellement discuté, toutes les deux. Elles n’ont jamais parlé de lui, elles qui ont toujours parlé de tout. Parce que, quoi qu’elle dise, Arya, Owen est un sujet tabou. Un sujet tabou pour toi, Arya. Parce que t’as toujours eu mal, en imaginant qu’il ne voulait pas de toi. Qu’il ne voulait même pas te connaître. Et c’est toujours le cas. Il n’a jamais voulu la voir. Il l’a abandonné sans se retourner. Il l’a abandonné et n’est jamais revenu. Il a brisé le cœur de Cassey. Il a brisé son cœur, définitivement. Parce qu’elle sait, Arya. Elle sait que sa mère en a connu d’autres, des hommes. Mais elle n’en a jamais rencontré un seul. Cassey ne s’est jamais engagée dans la durée, dans le long terme. Ses relations n’ont jamais fonctionné. Et c’est peut-être parce qu’elle n’a jamais pu l’oublier, lui, son père. Envolé, l’homme qu’elle aimait. Envolée, cette famille qui aurait dû être. Qui n’a jamais été. Pourtant, les paroles de sa mère sont tellement belles. Tellement douces. C’est grâce à elle, si elle est toujours si forte. Peut-être que t’es sa force, Arya. Comme elle a toujours été la tienne. Sa mère, c’est tout, tout ce qu’elle a toujours eu. Et c’est certainement parce qu’elle est son essentielle, que lorsqu’elle lui a tourné le dos, elle aussi, elle a tellement vrillée, Arya. Parce que sa mère était son dernier pilier. Son roc. - Et c’est grâce à toi aussi, tout ce que j’ai. Elle s’ouvre. Elle s’ouvre pour la première fois depuis son arrivée à New-York. C’est la première fois qu’elle s’ouvre, depuis cette cassure avec sa mère. Mais elle sent que c’est le meilleur moment, et elle ne le contrôle pas. Elles ont besoin l’une de l’autre, comme à chaque moment difficile, elles font face. Et c’est pour Cassey, qu’elle accepte d’écouter son discours pour Owen. Un discours qui ne la laisse pourtant pas indifférente. Il avait une raison de partir. Une raison lâche, certes, mais une raison tout de même. Seulement rien n’excuse le fait qu’il ne soit jamais revenu. - Il aurait pu revenir, oui. C’est ça le plus… Douloureux. Qu’elle lâche, finalement, baissant la tête. Ce n’est pas facile à admettre, mais elle le fait. - Faire un mauvais choix, ça arrive à tout le monde. Mais il a eu vingt ans pour l’effacer, cette décision. Il a eu vingt ans pour essayer de se faire pardonner. Et il ne l’a jamais fait. Et c’est un écho pour lui, pour Cassey, pour elle-même. Il n’est jamais trop tard pour essayer d’effacer les mauvais choix. Pour essayer de réparer. Essayer, au moins. - Je ne peux pas y réfléchir, pour le moment. Mais je te promets de… D’essayer. Elle ne sait pas si elle en sera capable, mais elle peut l’envisager, un jour. Pas maintenant. Elle n’est pas prête. - Et toi ? Elle a besoin de savoir. Elle a besoin de savoir ce que Cassey ressent pour lui, aujourd’hui. Ce qu’elle compte faire. Si elle compte lui pardonner, lui laisser de nouveau une place dans son cœur.

✩ Wherever you will go.

So lately, been wondering Who will be there to take my place When I'm gone you'll need love to light the shadows on your face If a great wave shall fall and fall upon us all Then between the sand and stone, could you make it on your own If I could, then I would I'll go wherever you will go Way up high or down low, I'll go wherever you will go And maybe, I'll find out A way to make it back someday To watch you, to guide you through the darkest of your days If a great wave shall fall and fall upon us all Then I hope there's someone out there who can bring me back to you.…

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Il y a cette pureté dans leur relation. Cet amour à l’état brut qui est loin d’être ordinaire. Celui qu’elle ne connaît avec personne d’autre, Cassey. Ce n’est pas seulement parce qu’Arya est sa fille. Elle est, comme, le prolongement d’elle-même. Elle est la personne qui la comprend le mieux au monde et celle qui la cerne le mieux. Elle est sa meilleure amie. Sa meilleure alliée dans la vie. Elle est tout pour elle, comme elle sait combien Arya a besoin d’elle plus que n’importe quoi, quoi qu’elle en dise. Malgré toutes les disputes, malgré la distance des derniers mois passés, elle le sait, Cassey. Elle sait que rien ne pourra jamais les séparer l’une de l’autre. Elles sont les deux moitiés d’une même âme. C’est cette confiance si forte au lieu qui les unit qui lui a permis de trouver le courage de se battre pour elle. Le courage de résister à sa froideur, à ses rejets, à tous les moyens de protection que sa fille a pu trouver. Elle savait, elle, qu’il y aurait un moment où elle la retrouverait. Que, toutes les deux, elles se retrouveraient. Et cette force, c’est elle qui la lui a inculquée. Des paroles que lui retourne la blondinette en lui affirmant que tout ce qu’elle a est grâce à elle. Un tendre sourire vient se dessiner sur ses lèvres. – Si tu savais comme je t’aime, Arya. lui confie-t-elle avec évidence. Cela lui fait tellement de bien de retrouver sa fille. Être comme avant avec elle. Comme si les menaces et les souffrances extérieures les rendaient à nouveau aussi solidaires qu’elles l’ont toujours été. Cela la rassure, aussi, de voir son bébé s’ouvrir enfin à elle. Car, cette fois, elle en a vraiment besoin. Elle a besoin d’extérioriser ce qu’elle ressent. Elle ne peut pas lui mentir, Arya. Elle peut mentir au reste du monde, se mentir à elle-même, mais sa mère la connaît mieux que personne. Elle sait la souffrance qui se cache derrière toutes ces barrières, elle sait le sentiment d’abandon qui la ronge depuis vingt ans. Elle sait tout ce qu’elle ressent parce que, c’est comme ça entre elles, elle le ressent aussi. Tout ce que sa fille éprouve devient ce qu’elle, elle éprouve. Mais, enfin, elle l’avoue. Cassey devine combien c’est difficile à admettre mais elle est soulagée de l’entendre. Sa main vient trouver la sienne instantanément pour la serrer, pour lui montrer qu’elle est là. Qu’elles sont deux. Comme toujours. Sans surprise, elle est d’accord avec chaque mot prononcé par Arya. Car elles sont les mêmes toutes les deux. C’en est parfois troublant. – Je sais, chérie. Et c’est normal. Crois-moi, je lui ai dit que, si tu acceptais quoi que ce soit, ce serait seulement à ton rythme. Il ne s’imposera pas auprès de toi, c’est uniquement toi qui décides. Elle a conscience qu’elle a besoin d’être rassurée sur ce point, Arya. Et c’est déjà un pas énorme de sa part de faire la promettre d’essayer d’y réfléchir. Elle ne l’embêtera pas, pas pendant quelques temps en tout cas. Car, au fond, Cassey est aussi parfaitement consciente qu’il faudra la pousser à l’affronter, à un moment ou autre. Mais ce n’est pas pour tout de suite. Elle a besoin de temps, ce qui est parfaitement normal dans sa position. Et, instinctivement, sa fille lui renvoie sa question. Elle s’inquiète pour elle, la jeune femme le devine. C’est adorable de sa part mais ce n’est pas Cassey qui compte, vraiment pas. Seulement elle non plus, elle ne peut pas lui mentir. Toutes les douleurs, toutes les peines qu’elle a éprouvées au cours de sa vie, Arya les a toutes vécues avec elle. Mais, plus que tout, elle est celle qui sait le mieux le vide que sa mère ressent dans son cœur depuis l’abandon d’Owen. Elle sait sans qu’elle n’ait besoin de le dire, elle sait tout. – « Je l'ai trop aimé pour ne point le haïr. » Elle affirme avec un petit sourire en coin. Le jeu auquel elles jouaient il y a quelques années. Trouver une citation qui décrit ses sentiments lorsque les mots deviennent trop difficiles à avouer. Elle avait mis en place ce jeu pour pousser Arya à extérioriser ses émotions. Mais, là, c’est elle qui a du mal à le faire. – J’aurais préféré rester indifférente. Cela aurait voulu dire qu’il ne compte plus. Pas plus que les autres. Apprendre à vivre après le départ du seul homme qu’elle a aimé l’a rendue imperméable à l’amour. Un peu, comme, si elle ne savait plus comment aimer. Et c’est à cause de lui, ça. Lui avec lequel elle n’arrive pas à rester imperméable. Mais cette flamme qui a disparu avec les hommes, elle a su la conserver avec sa fille. C’est à elle qu’elle a tout donné. Et, au fond, c’est à elle qu’appartient son cœur à tout jamais.

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Elle aime sentir combien Cassey la comprend. Chaque fois. Dans n’importe quelle situation. Elle aime sentir que, quoi qu’il puisse arriver, elle aura toujours une alliée contre le reste du monde. Parce que c’est ce qu’elles sont, alliées. L’une pour l’autre. L’une avec l’autre. Elle aime sentir qu’avec elle, elle ne sera jamais jugée, qu’elle sera pour toujours en sécurité. Elle aime sentir ces choses. Plus encore, elle en a besoin. Et c’est peut-être ce qui fait qu’elles sont si proches, toutes les deux. Elles ont besoin l’une de l’autre. Elles ont toujours eu besoin l’une de l’autre. Elles ont toujours eu besoin de ne faire qu’un. Qu’une seule et unique personne. Et c’est naturellement qu’elles se retrouvent aujourd’hui. Dans l’adversité plus fortes que jamais. Et tu te sens un peu plus légère, soudainement, Arya. Comme si retrouver ta mère venait effacer un des poids de ton cœur. Et cela lui fait du bien, à elle, autant que cela doit en faire à Cassey. Elle le sent, Arya. Elle n’a qu’a croisé son regard pour s’en rendre compte. Elle n’a qu’a entendre ses paroles pour le réaliser. Au fond, cet éloignement n’a été qu’un obstacle sur leur route. Obstacle beaucoup plus gros, beaucoup plus compliqué, pour Arya que pour Cassey. - Je t’aime aussi… Faible sourire sur les lèvres, prête à faire un pas vers elle. Un pas énorme. Celui d’effacer toute cette rancœur, toute cette souffrance, pour finalement retrouver ce qui lui manquait. Retrouver ce qu’elle avait perdu depuis des semaines, des mois. Peut-être que le retour d’Owen aura finalement eu un effet positif, au moins un seul, sur elles, sur leur relation. Sur leur amour. Mais il complique aussi les choses, grandement. Parce que t’es déjà pas au mieux de ta force, Arya. Parce que t’es déjà plus vulnérable que tu ne le voudrais. Et le voilà, maintenant, l’initiateur de ton premier malheur. Mais c’est elle, c’est elle qui décide. Du moins, c’est ce qu’affirme Cassey. Le besoin de garder le contrôle qui s’accentue. Le besoin de penser qu’elle est seule maîtresse de sa vie, de son cœur. - De toute façon, il n’a pas à s’imposer. Il n’y a pas de place pour lui. Pas de place pour quelqu’un qui l’a abandonné. Pas de place pour quelqu’un qui a rejeté sa mère. Et c’est ce qu’il a fait. Il n’y avait pas de place pour elles dans sa vie, il n’y en a pas davantage pour lui dans la sienne aujourd’hui. Mais en ce qui concerne sa mère, les choses semblent être beaucoup plus floues, beaucoup plus complexes. En ce qui concerne Cassey, la relation avec Owen est plus trouble, et Arya le voit bien. Arya le ressent. Elle comprend parfaitement où sa mère souhaite en venir avec ses paroles. Sous prétexte du jeu, sous prétexte d’une citation, ce qui se trouve derrière est beaucoup moins léger. - Je vois… Tu es perdue… Un petit sourire, alors que sa main s’empare de la sienne une nouvelle fois. Elle souhaite lui montrer son soutien. Elle souhaite lui montrer que, peu importe ce qu’elle ressent, et peu importe combien c’est difficile pour elle, elle sera toujours là. Toujours du côté de Cassey. - Est-ce que tu… Tu ressens quelque chose pour lui… ? La question serait plutôt : qu’est-ce qu’elle ressent vraiment pour lui. Lui, son père.

✩ Wherever you will go.

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Elle donnerait tout pour Arya. Elle sacrifierait sa propre vie pour la sienne sans une once d’hésitation. Sans une once de réflexion. Elle serait prête à n’importe quoi pour elle. Pour apaiser son cœur trop blessé, pour la protéger du monde entier. Elle n’est pas une mère exemplaire, Cassey. Mais elle est prête à tout pour sa fille, ça, personne ne pourra le lui enlever. C’est affreusement difficile, de ressentir tout cet amour pour elle, ressentir avec elle toute la souffrance dont elle n’a jamais pu se libérer, sans pouvoir l’aider. Sans pouvoir faire autre chose qu’être là pour elle, pour l’écouter, la comprendre, lui rappeler sa présence constante. Elle se sent impuissante, ce qu’elle déteste plus que tout. Mais elle voit que sa fille se raccroche à elle. Comme elles l’ont toujours fait en période de crise. Peu importe ce qui peut se passer entre elles, face au reste du monde, elles font front commun. Elles ne font qu’un. Cela a quelque chose de rassurant, sans doute pour toutes les deux, de se dire que peu importe ce qu’il y a en face, elles sont ensemble pour l’affronter. Cela l’est plus encore cette fois, alors qu’il y a toujours cette distance entre elles, cette distance qui semble avoir disparu. L’impression de la retrouver enfin, l’impression de ne faire à nouveau qu’un. C’est plus fort encore quand elle entend le je t’aime que lui répond sa fille. Le premier depuis une éternité. Le premier qu’elle lui rend depuis des mois. Elle pose ses lèvres contre son front en guise de réponse, fermant les yeux une seconde pour sentir ce poids en elle s’alléger. Elle t’a tellement manqué, Arya. Plus que tu ne pourrais jamais l’expliquer, plus que personne ne peut l’imaginer. La tête qui finit par se reculer, son regard toujours posé sur la frimousse de son bébé. La jeune femme se sent plus apaisée, plus soulagée. Cela lui fait tellement de bien et, elle le sent, cela en fait aussi à la blondinette. Le retour d’Owen aura au moins permis qu’elles se retrouvent complètement. Mais ce n’est pas pour autant facile de voir sa fille dans un tel état à cause de celui qui l’a abandonnée. Elle est fermée, braquée, rien qui ne surprenne sa mère. – D’accord. N’oublie pas que je suis là, moi, d’accord ? Elle n’essaie pas de la ramener à la raison, ni même de la faire prendre du recul. Elle sait comment agir avec elle, Cassey. Elle a besoin d’un peu de temps. Ce n’est qu’ensuite qu’elle pourra tenter une nouvelle approche envers elle au sujet de son père. Plus que tout, elle a besoin qu’Arya lui parle. Lui dise ce qu’elle ressent. Elle ne le fera pas si elle voit sa mère comme une alliée d’Owen. Elle doit sentir que c’est de son côté, à elle, qu’elle est. Qu’elle sera toujours. Car c’est bien vrai, face à n’importe qui, c’est toujours elle que tu as choisi. C’est toujours elle que tu choisiras. Mais c’est d’autant plus compliqué, dans une telle situation, de confier son propre ressenti sur le retour de son premier amour. Pourtant, elle choisit de lui parler comme elle l’a toujours fait. En toute sincérité. Aux paroles de sa fille, Cassey sent la culpabilité l’envahir. Elle s’en veut, elle s’en veut de se sentir encore si vulnérable, face à celui qui leur a fait tant de mal. Elle a l’impression de douloureusement la trahir. Les yeux qui s’abaissent, l’air coupable, elle sent pourtant les doigts de la jeune fille venir entrelacer les siens. Comme pour lui montrer son soutien. Une réaction qui lui réchauffe le cœur instantanément. Et qui la pousse, aussi, à relever la tête vers elle. – Je crois que je ressentirais toujours quelque chose pour lui. En réalité, elle ressent plein de choses pour lui. La haine, le ressentiment, la rancœur, la colère. Des sentiments beaucoup trop lourds à porter pour qu’elle puisse penser à ceux qui se trouvent dessous. – Il fait partie de mon passé, je ne peux pas l’effacer. Mais c’est terminé depuis longtemps. Elle ne sait plus trop si c’est Arya qu’elle tente de rassurer, ou elle qu’elle essaie de persuader. Elle sait juste qu’elle en veut trop à Owen pour passer outre. De toute manière, c’est beaucoup trop tard, pour elle, sûrement pour lui aussi. Ce n’est pas leur histoire qui compte, mais le bien-être de leur fille. S’efforçant de retrouver le sourire, elle serre sa main dans la sienne avec tendresse. – De toute manière, c’est toi et moi contre le monde, hein. Y’a que toi qui compte pour moi chérie.

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Elles se retrouvent. Plus fort que jamais. Elles se retrouvent. De la manière la plus intense qui soit. Parce que c’est ce qu’est leur relation, intense. Elles n’ont jamais eu de ces relations purement platoniques entre une mère et sa fille. Non, Cassey et Arya, c’est passionné. C’est survolté. Elle est certainement la personne avec qui elle a le plus d’alchimie, Cassey. Elle est certainement la personne avec qui elle entretien la relation la plus fusionnelle. Parce qu’elles n’ont toujours été que deux. Elles n’ont toujours eu qu’elles. Qu’elles pour s’en sortir. Qu’elles pour se consoler. Qu’elles pour s’aimer. Elles sont un véritable duo, elles sont partenaires, et c’est quelque chose qui ne pourra jamais changer. C’est pourquoi les paroles de Cassey viennent réchauffer son cœur, une fois de plus. Parce qu’elle a sérieusement douté, ces derniers temps, ces dernières semaines. Elle s’est sentie abandonnée par sa mère, abandonnée par la femme qui compte le plus pour elle. Elle a douté, quant au fait qu’elle serait toujours présente dans sa vie. Mais peu à peu, les doutes s’envolent. Parce qu’inévitablement, Cassey est revenue pour elle. Elle est venue la retrouver. Et aujourd’hui encore, elle lui montre qu’elle peut compter sur elle. Elle lui prouve qu’elle est digne de récupérer cette confiance indéfectible. Un hochement de tête accompagné d’un sourire vient répondre à cette question. Un sourire paisible. Un sourire serein. Bien différent de ceux qu’elle lui offre depuis des semaines. Sourire qui risque de s’envoler, en entendant les paroles suivantes de sa mère au sujet d’Owen. Parce que t’as peur d’entendre qu’elle lui pardonne, Arya. Parce qu’égoïstement, t’as peur d’entendre que tu es la seule qui souffre autant. Aveux qui sont pourtant en demi-teinte, car si leur relation semble terminée, il n’en reste pas moins que Cassey ressent toujours beaucoup de choses à son égard. Et en même temps, tu peux l’imaginer, Arya. Comment effacer un premier amour ? Aucune façon. Si ce n’est, tomber bien plus amoureuse encore. Une partie d’elle appréhende la suite des événements. Une partie d’elle appréhende de le revoir. Appréhende qu’ils se revoient. Mais cette fois, elle ne peut rien contrôler, Arya. Rien, mise à part elle-même. - Bien sûr qu’il n’y a que nous. Qu’elle affirme en serrant sa main. Juste avant de reprendre, sourire malicieux aux lèvres. - Les autres sont des figurants. Tout ce qu’elle veut, c’est détendre l’atmosphère. C’est profiter de cette soirée avec sa mère. Et ne surtout pas laisser un homme venir gâcher leur existence, une fois de plus. Une fois de trop.

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