Décidément, nos rencontres sont remplies de coïncidences | Ft. Cassey

✩ Million reasons.

You're giving me a million reasons to let you go You're giving me a million reasons to quit the show You're givin' me a million reasons Give me a million reasons Givin' me a million reasons About a million reasons If I had a highway, I would run for the hills If you could find a dry way, I'd forever be still But you're giving me a million reasons Give me a million reasons Givin' me a million reasons About a million reasons I bow down to pray I try to make the worst seem better Lord, show me the way To cut through all his worn out leather I've got a hundred million reasons to walk away But baby, I just need one good one to stay.…

L’après-midi est longue. Un peu trop longue aux yeux de Cassey. Elle attend, depuis une petite heure déjà, la venue du pompier chargé de vérifier toutes les normes de sécurité de la boutique. Maintenant que les lieux sont fin prêts, remplis aussi de toutes les trouvailles de la jeune antiquaire, tout est totalement à sa place pour l’ouverture. Ne manque plus que cette étape qui la rend quelque peu impatiente, déjà qu’elle n’est pas connue pour savoir attendre. La jeune femme tente d’en profiter pour effectuer quelques tâches administratives mais c’est loin d’être là ce qu’elle affectionne le plus dans son métier. Ennuyée, elle laisse surtout son esprit vagabonder sur tout un tas d’autres choses. Et, parmi toutes, il y en a une dont elle n’a aucune envie de penser mais qui revient dans son esprit. Owen, toujours Owen. Elle a décidé de parler à sa fille, ça y est. Elle se sent prête. Mais ce n’est pas seulement tout ce qui tourne autour d’Arya qui la préoccupe. C’est aussi tout le reste. Contrairement à ce qu’elle lui a affirmé, ce n’est pas uniquement à cause de leur fille qu’il lui prend autant la tête. C’est aussi pour lui, pour eux, pour tout ce qu’ils ont été. Elle n’a pas oublié tout ce qu’il lui a confié il y a quelques jours, Cassey. Elle avait beau avoir beaucoup bu, elle s’en souvient parfaitement. Peut-être qu’elle aurait préféré oublier. C’est trop dur de l’entendre dire qu’il n’a cessé de penser à elles, que… Elle compte toujours pour lui. C’est douloureux, plus qu’il ne peut l’imaginer. Elle n’arrête pas de remuer le passé, elle qui déteste cela. Elle veut se libérer de lui, de son emprise sur elle. Mais ce n’est pas gagné. Il suffit de voir combien elle démarre au quart de tour à chacune de leurs conversations. Leur dernier échange par message s’est avéré explosif. Ils se sont disputés, une fois encore, alors qu’elle s’était promis de ne plus lui accorder une telle importance. Mais il a le don de la faire vriller, Owen. Il donne même l’impression d’y prendre un malin plaisir. Perdue dans ses pensées, elle en sort quand elle entend plus loin, à l’entrée de la boutique, du bruit. Elle se retourne en supposant qu’elle va se retrouver devant l’agent de sécurité qu’elle attend. Mais c’est face à lui qu’elle finit. Lui, Owen. Encore et toujours Owen. Décidément, nos chemins n'arrêtent pas de se croiser princesse. Il faudrait peut-être écouter le signe du destin et lâcher nos armes de guerres. Elle ne réagit pas, trop choquée de le revoir à nouveau, ici, dans sa boutique. C’est à croire qu’il veut s’immiscer dans tous les pans de sa vie. – Qu’est-ce que tu fais là ? Sur le moment, elle ne rebondit pas au surnom qui a le don de la rendre un peu plus dingue. Elle ne réagit pas davantage devant le fait qu’ils devraient écouter les signes que leur offre le destin. Non, certainement pas. Elle ne croit pas au destin de toute manière. Il ne m’aura pas fallu vingt ans pour que nos chemins se croisent à nouveau. Elle laisse échapper un faible soupir avant de se lever enfin pour approcher de lui. Mais elle ne doit pas s’énerver cette fois. Elle croise les bras, en signe défensif, en arrivant à sa hauteur. – T’es là pour les normes de sécurité, je suppose. Elle ne parlera que travail avec lui. Hors de question de laisser encore ses émotions l’envahir. Pas encore.  Pas avec lui.

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You're giving me a million reasons to let you go You're giving me a million reasons to quit the show You're givin' me a million reasons Give me a million reasons Givin' me a million reasons About a million reasons If I had a highway, I would run for the hills If you could find a dry way, I'd forever be still But you're giving me a million reasons Give me a million reasons Givin' me a million reasons About a million reasons I bow down to pray I try to make the worst seem better Lord, show me the way To cut through all his worn out leather I've got a hundred million reasons to walk away But baby, I just need one good one to stay.…

Cela lui donne une sensation un peu étrange de le voir, ici, au milieu de tous les trésors qu’elle a mis tant d’années à acquérir. Ce n’est pas seulement une nouvelle boutique qu’elle s’apprête à ouvrir, c’est le résultat de tout ce travail accompli. Cela a quelque chose d’intime, ce qui la présence d’Owen d’autant plus troublante. Peut-être même bien plus que dans son propre appartement dans lequel elle vient d’emménager. Ici, tout de suite, il se retrouve face à tout ce qu’elle a entrepris durant vingt ans. Elle qui avait déjà pu jouer dans quelques films quand ils étaient ensemble, elle qui se prédestinait à une grande carrière d’actrice. Sauf que la vie en a choisi autrement. Elle n’a pas pu accomplir tous ses rêves, Cassey. Elle les a mis de côté pour mieux s’occuper de sa fille, de leur fille. Un sacrifice parmi tant d’autres qu’il ne doit pas imaginer, lui, qui arrive avec tant de légèreté en ces lieux. Devant sa plaisanterie, elle ne rebondit pas. Elle ne lève même pas les yeux au ciel. Elle s’est promis de ne plus le laisser l’atteindre. Lui, par contre, il a cet air des plus amusés sur le visage. Ce sourire malicieux qui, autrefois, la faisait craquer. Elle détourne les yeux vers la boutique tout en écoutant ses prérogatives pour celle-ci. Les plans de sortie, l’alarme incendie, tout est aux normes. Elle prend note pour l’absence d’un extincteur, simple détail qu’elle arrangera vite. Par contre, il y a bien un truc qui la chiffonne. – Et ça coute combien ce truc d’accessibilité aux personnes handicapées ? Parce qu’elle n’avait pas prévu ça, vraiment pas. Et ses finances sont déjà à plat. Elle comptait sur la réouverture de sa boutique, à l’enseigne renommée, pour renflouer rapidement ce vide dans son compte en banque – et accessoirement rembourser le dingue à qui elle doit de l’argent. Mais cela va encore la retarder, cette histoire. Mais elle n’a peut-être bien pas le choix. – Y’a autre chose que je dois savoir ? demande-t-elle d’un ton agacé en décroisant les bras, son regard qui retrouve enfin celui du jeune homme. Elle ne pense plus à leurs disputes, ou même à la rancœur qu’il lui inspire à ce moment. Il n’y a que sa boutique qui compte. Mais quand ses yeux croisent à nouveau les siens, elle se souvient qu’elle n’est pas face à n’importe quel pompier. – Je suis désolée, je suis un peu sur les nerfs. Il doit le savoir mieux que personne.

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Lui ou un autre, l’agacement de la jeune femme serait le même. Elle ressentirait la même chose, indéniablement. Mais à la différence qu’elle n’a pas besoin de faire bonne figure, pas avec Owen. Peut-être qu’elle tâcherait de mieux cacher son désarroi avec un autre. Peut-être qu’elle éviterait de montrer combien cette histoire d’accès aux personnes handicapées l’embête devant un autre. Ce n’est pas cela, le problème, en vérité. Le problème est qu’elle a l’impression de devoir constamment avoir des nouveaux détails à régler, repoussant l’ouverture de sa boutique à chaque fois un peu plus. Mais elle a des dettes qui attendent et, surtout, des créanciers qui, eux, ne veulent plus attendre. Aussi inconsciente soit-elle, elle n’arrive plus à nier la réalité comme elle le fait depuis des mois. Elle a peur de ce qui pourrait lui arriver, ce qui pourrait arriver à sa fille surtout. Alors, c’est vrai, elle ne réagit pas forcément pour le mieux devant les explications du pompier qui ne fait rien d’autre que son travail. Lui non plus, cela dit, ne cache pas son irritation. Elle le voit soupirer d’exaspération, ce qui la fait un peu tiquer. Mais c’est en silence qu’elle écoute toutes les informations qu’il lui expose, sans trop savoir ce qu’elle va en faire pour le moment. - D’accord... Je le ferais peut-être après l’ouverture. déclare-t-elle la voix un peu lointaine, pensant à tout ce qu’elle doit encore faire avant de pouvoir enfin lancer l’ouverture du magasin. - Merci. conclue-t-elle finalement alors qu’il lui apprend quelques secondes plus tard avoir tout terminé. Et elle ne sait pas pourquoi, Cassey, elle ne sait pas ce qui lui prend subitement de s’excuser pour son attitude. Ce n’est pas dans ses habitudes mais ce n’est pas non plus dans ses habitudes de lâcher ses nerfs sur les autres. Il lui répond tout de suite qu’il ne lui facilite pas la tâche, ce qui déclenche un sourire un peu triste sur le visage de la jolie blonde. Malheureusement, il n’est pas le seul responsable de ce qu’elle ressent. Mais elle ne peut pas lui dire une chose pareille, Cassey. Ce serait rendre ses problèmes encore plus réels. C’est bien plus facile de répondre uniquement à ses compliments. - Tu es gentil... J’espère que tu as raison. Ses compliments lui vont droit au cœur. Elle sait que la notoriété de son enseigne suffira à lui créer une base de clientèle. Mais, lui, il a confiance en elle alors qu’il ne doit certainement rien connaître de sa réputation en tant qu’antiquaire. La dernière fois qu’elle lui parlait de ce qu’elle voulait faire de sa vie, il n’y avait rien d’autre que ses rêves de cinéma. Rêves bien loin de ce qu’elle fait aujourd’hui. Il lui fait justement remarquer sa surprise en lui demandant pourquoi elle a choisi ce métier. Quand il avoue ce qu’il pouvait imaginer pour elle, un petit rire s’échappe des lèvres de Cassey. Le premier qu’elle lui offre depuis vingt ans. Dans la mode, elle veut bien l’imaginer, mais professeur dans une école, elle..? - Moi, prof dans une école, tu rigoles ? Elle est trop survoltée, trop impatiente, trop impulsive pour enseigner à des enfants. Elle avait déjà suffisamment de quoi faire avec sa fille. Levant les yeux vers lui, elle le contemple durant plusieurs secondes avant de décider de se dévoiler un peu plus. - Avoir Arya a changé beaucoup de choses. Elle avait besoin d’une vie le plus stable possible, malgré… Malgré tout. Malgré l’abandon de l’homme qui se trouve en face d’elle. Mais aussi malgré l’âge beaucoup trop jeune de sa mère. - Je ne pouvais pas courir les castings en quête d’une gloire qui ne serait peut-être jamais arrivée, alors j’ai réfléchi à ce que je savais faire, à ce que je connaissais… Et toi, pourquoi pompier ? Et, tout doucement, elle réapprend à discuter avec lui normalement, ou presque. Tout doucement, elle se laisse approcher.

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C’est certainement parce qu’il est avec elle pour des raisons professionnelles qu’elle parvient à se montrer courtoise avec lui. Certainement. S’il venait uniquement lui rendre visite sur un simple coup de tête, elle n’aurait aucune envie de lui adresser la parole. Encore moins après leur dernière dispute en date. C’est ce qu’elle se dit, en tout cas, alors qu’elle reste aussi calmement auprès de lui. C’est ce qu’elle se dit, dans un refus absolu qu’il s’agisse d’autre chose. Pourtant, il y a autre chose. Elle le sent bien, Cassey, même malgré elle. C’est un sentiment difficile à expliquer, c’est comme une électricité qu’il y a dans l’air, comme une force invisible. Comme une étincelle qui pourrait si facilement se rallumer en elle. Mais, jamais, elle ne l’avouerait. Elle a tiré un trait sur Owen il y a des années maintenant. Il lui a fait tant de mal, peu importe ses intentions à l’époque. Peu importe s’il voulait uniquement la protéger. Il lui a simplement brisé le cœur. Elle ne pourrait pas lui pardonner, même si elle le voulait, elle en est profondément persuadée. Elle parvient tout juste à agir comme une adulte avec lui, peut-être pour la première fois depuis qu’ils se sont retrouvés. Elle le remercie même à la surprise du jeune homme qui ne cache pas son étonnement. Mais elle sait être polie, Cassey. Elle sait aussi qu’il ne fait que son travail. Il n’avait même pas l’air de savoir que c’était à elle qu’il aurait affaire. Elle n’agit pas du tout comme le soir de leurs retrouvailles, simplement parce que le premier choc est passé. Et peut-être que, peu à peu, elle apprend à se faire à l’idée qu’ils vont devoir partager la même ville tous les deux. Elle pourrait s’en contenter. Elle devrait s’en contenter. Mais la conversation devient plus personnelle sans qu’elle ne le contrôle. Elle ne sait pas ce qui lui prend, elle n’arrive pas à lui être indifférente. Elle a partagé tant de choses avec lui, plus qu’avec aucun homme. Elle ne peut pas le considérer comme un inconnu, elle ne peut juste pas. - Quasiment, oui. répète-t-elle d’une voix qui montre combien elle n’est pas d’accord. Combien c’est faux. Mais il n’y a pas de ressentiment à cet instant, juste une sorte de complicité sans doute un peu malsaine. C’est sans animosité non plus qu’elle lui expose que, non, elle n’a pas accompli son rêve. Elle ne pouvait pas passer son temps à courir après un rêve alors qu’elle n’était pas la seule concernée. Chacun de ses choix avait aussi un impact sur sa fille. Et dès l’instant où elle est tombée enceinte, elle a cessé de penser uniquement à elle, Cassey. Elle a appris à penser pour deux. Elle voulait le meilleur pour Arya. Chose qu’elle a réussi à obtenir, plus ou moins, ce qui lui laisse penser qu’elle a fait le bon choix en s’orientant dans ce métier. Un métier bien différent de ce qu’il imaginait pour elle. Un petit sourire amusé se dessine sur ses lèvres alors qu’il lui explique ses motivations de l’époque. C’est d’une voix un peu trop malicieuse qu’elle lui répond. - Mais je n’ai pas besoin d’être prof pour être sexy. Tais-toi, Cassey. Ne te lance pas là-dedans. Pas avec lui. Elle est de nature charmeuse, de nature séductrice. Flirter avec les hommes, jouer avec eux, cela a toujours été instinctif chez elle. Mais elle ne veut pas agir ainsi avec Owen, surtout pas. C’est loin d’être anodin avec lui, c’est tout sauf anodin. Elle essaie d’oublier ce petit moment d’égarement pour poursuivre leur conversation. Et d’après son ex petit-ami, il n’est pas impossible pour elle de réaliser son rêve maintenant. Elle hausse nonchalamment les épaules avant de lui répondre. - Je ne sais pas, je suis passée à autre chose depuis... Je ne suis plus la même personne. Son regard reste ancré dans le sien durant quelques secondes comme pour insister là-dessus. Elle n’est plus la femme qu’il a connue. Elle a besoin que ce soit clair, Cassey. Mais, lui, il s’en est tenu au rêve qu’il avait, contrairement à elle. Il faut dire qu’il était déjà adulte alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente. Mais elle ne sait pas ses raisons, elle suppose seulement que le décès de ses parents doit y être pour quelque chose. Il élude sa question, elle le voit bien, mais elle ne rebondit pas. Elle n’insiste pas, se concentrant plutôt sur la suite de ses propos. - Tu dois être content alors... Tu as accompli ton rêve. déclare-t-elle avec un léger sourire en coin. Cela lui fait tout drôle de discuter avec lui, comme de vieux amis, alors qu’ils sont tout sauf cela. - Je suis contente pour toi. conclue-t-elle, comme un signe de paix. Le premier depuis une éternité.

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Il y a comme un air de déjà-vu. Il y a cette complicité qui revient naturellement. Trop naturellement. Comme si son instinct la poussait à se laisser entraîner sur cette voie là où sa raison fait tout pour la retenir loin de lui. Loin d’Owen. Mais elle n’a pas l’habitude d’écouter sa raison, Cassey. Elle n’a jamais écouté que son cœur. Ses envies. Son envie de vivre. Elle a toujours agi selon l’instant présent. Seulement elle ne peut pas le faire cette fois, pas avec lui. Il y a beaucoup trop de choses en jeu pour qu’elle suive uniquement son envie. Puis, au fond, elle ne saurait même pas dire ce dont elle a envie. Une partie d’elle voudrait qu’il s’en aille maintenant que son travail est terminé. Qu’il garde ses distances avec elle. Qu’ils ne se voient plus que s’ils y sont contraints et forcés. Mais il y a l’autre partie… Celle qui n’arrive pas à rester indifférente. Celle qui se sent troublée par sa présence. Celle qui a besoin qu’il soit là, auprès d’elle. Elle est un océan de contradictions à elle toute seule, Cassey. Elle n’a jamais su ce qu’elle voulait. Elle peut être sure d’une chose un jour, convaincue du contraire le lendemain. Mais, jamais, elle n’a ressenti de tels paradoxes pour un autre que lui. Il sait éveiller toutes ses contradictions, Owen. Toutes ces émotions si opposées les unes aux autres, émotions qui la perdent un peu plus encore qu’elle ne l’est déjà sur ce qu’elle ressent pour lui. C’est peut-être seulement le souvenir du passé qui revient, comme une réminiscence de ce qu’elle éprouvait, quand elle était avec lui. Car elle a eu beau le chercher avec d’autres hommes, ce truc entre eux, elle ne l’a jamais retrouvé. Elle n’a jamais retrouvé cette flamme. Probablement parce qu’elle l’a éteinte elle-même après qu’il soit parti. Mais il est en train de la raviver, Owen. Il fait renaître quelque chose en elle, quelque chose qu’elle ne devrait pas laisser faire. Mais c’est ce qu’elle fait pourtant. Elle reste auprès de lui alors qu’il est en train de se rapprocher dangereusement d’elle. Pire, elle commence à entrer dans son jeu sans même s’en rendre compte. Ses deux océans qui se raccrochent aux siens, elle est incapable de s’en détacher. Elle joue avec lui, tout doucement, mais elle n’a pas les cartes en mains pour gagner. Elle est trop faible, trop faible face à lui. Il suffit qu’il lui dise que son charme est toujours là pour qu’elle sente un trouble l’envahir. Le même qu’il semait en elle vingt ans auparavant. - Est-ce que c’est le moment où je dois te remercier ? demande-t-elle avec un joli petit sourire en coin. Elle lui répond avec légèreté pour éviter de montrer à quel point ses mots peuvent facilement la chambouler. Éviter qu’il ne réalise qu’il a peut-être encore une emprise bien malgré elle sur elle. Mais le pompier va encore plus loin. Il lui affirme qu’elle est toujours aussi séduisante.. Aussi attirante. Elle l’attire encore. Elle aurait pu s’en rendre compte à la manière dont ses yeux la scrutent, comme pour ne pas perdre une miette d’elle. Mais c’est d’autant plus déstabilisant de l’entendre le dire. Et, cette fois, elle n’arrive pas à cacher son trouble. Elle n’a jamais été douée pour masquer ses émotions. - Owen... laisse-t-elle échapper dans une faible tentative pour le ramener à la raison. Sauf qu’il n’a pas du tout l’air animé par les mêmes conflits intérieurs de la belle. Il  n’a aucune gêne à dévoiler l’attraction qu’il ressent pour elle, il semble au contraire vouloir lui faire comprendre tout son intérêt. Et elle ne devrait pas être surprise. Parce que c’est elle qui instaure cette distance entre eux. Elle qui veut à tout prix rester loin de lui. Elle disparaît vite à son contact, la Cassey qui se joue des hommes, celle qui se joue de lui. Elle se sent tellement nulle de faiblir si facilement. Elle détourne les yeux, pour s’empêcher de se laisser davantage submerger par ses émotions, pour oublier aussi ce regard brûlant dont elle ne connaît que trop bien la signification. S’il ne s’est pas laissé intimider par elle, ce n’est pas du tout le cas pour la jeune femme qui abat trop vite ses cartes devant lui. C’est sans grande subtilité qu’elle détourne la conversation, sur lui plutôt que sur elle, c’est beaucoup moins risqué. Elle se sent moins fébrile, alors que la conversation se poursuit plus sagement. - Je voulais la faire à la fin du mois, dans l’idéal. Mais je n’ai pas encore prévu tous les détails, je dois… M’organiser. Et elle parle, elle parle… Comme si balancer des banalités allait lui faire oublier cette petite flamme qui vient de s’allumer en elle.