breeder of insolence. (angel)

Angel. Curieux loustic, drôle d’animal. Il y a les souvenirs qui remontent, la première fois qu’il a débarqué dans ton studio. Et tu ne sais pas ce qui t’a plus en premier, ce qui t’a rappelé un peu toi. Sa gueule, son caractère. Les deux sans doute. Pourtant il à tout de détestable le môme, de ces gamins qui méritent des claques pour leur recoller les idées en place. Et pourtant il te rappelle toi, gosse désobéissant, sûr de lui avant que le karma vienne jouer ces fameux tours. Parce que tu le vois bien, les rares fois que tu l’as vu que il se sens pousser des ailes le gamin, il se croit inévitable autant qu’instoppable. Toi aussi à l’époque. Et pourtant toi, tu t’es cassé la gueule, violemment, t’es repassé par le départ en passant par la casse prison et sans toucher la prime. Tu vois bien que le Milligan lui il compte bien rafler le magot et ça te fait sourire peut-être un peu trop. La vie est une pute et pourtant le brun semble bien décider à lui faire la nique comme jamais. Et ça à quelque chose de beau, quelque chose de magnifique que tu cherches à capturer furtivement sans jamais te l’accaparer totalement parce que t’es pas égoïste et que tu sais plus que bien que ces animaux ne se capturent pas, pas ceux de cette espèce. 

À défaut ce dernier à la faculté de mettre parfois tes humeurs à rude épreuve, surtout quand tu lui décroches une couverture pour un magasine LGBT en vogue, quand tu lui files un horaire et qu’il est déjà en retard. Et t’es pas tellement surpris, quand il toque, se pointes avec une bonne demi-heure de retard. Tu sais qu’inconsciemment il l’a fait exprès, parce que t’as tellement été pareil plus jeune que t’es parfois capable de deviner ses comportements. Alors quand tu débarques à l’entrée pour lui ouvrir, c’est grognon, la clope au bec à moitié bouffée claquant la porte derrière l’insolent. « T’es en retard, môme. »       

Tu ouvres les yeux et il fait déjà jour. Bordel. Tu t’es endormi sans avoir foutu de réveil. Tu penses à ton rendez-vous aujourd’hui, au fait que tu vas encore te pointer en retard. Tu entends déjà la voix d’Ace s’élever contre toi, te refoutre à ta place. Et quand tu prends ton portable afin de prendre connaissance de l’heure qu’il est, t’es quand même légèrement soulagé de voir que tu t’es réveillé à temps. T’as encore une bonne heure devant toi. Pourtant, tu ne vas pas rester au lit à rien foutre en attendant. Tu vas te lever. Parce que non seulement tu n’es pas chez toi et tu peux confirmer ça par le mec qui dort encore à tes côtés autant que par les environs inconnus. Bordel. T’étais tellement mort que t’as passé la nuit. Beurk. Alors tu te lèves rapidement, attrape tes fringues pour les enfiler et te casse bien rapidement de l’appartement. T’as pas envie d’être là à son réveil. T’as pas envie qu’il croit que tu voulais plus que ce que tu as eu hier soir. T’as été clair, pourtant, mais rester la nuit envoie de très mauvais signaux.

T’es à peine dehors que tu te crames une clope, l’une de tes clopes spéciales. Faut dire que ton corps réclame sa dose de coke. Heureusement, il t’en reste encore une ou deux dans ton paquet, de ces clopes aux feuilles délicieusement roulées dans cette substance que tu affectionnes tant. Ça les rend infâmes, absolument dégueulasses, mais t’as appris à t’adapter, à t’habituer au goût. Tu ne peux pas te permettre de sniffer ce matin, pas avant un rendez-vous professionnel. Tu l’aimes bien ton métier. T’as pas envie de le perdre pour une addiction. Et tu te mets en marche, ta clope au bec, bien décidé à te rendre sur ton lieu de travail. Faut dire qu’il t’a décroché un bon contrat, Ace.

Mais quand tu débarques enfin, t’as une bonne demie heure de retard. Il habitait loin, le mec. Aussi, t’es pas étonné quand la porte s’ouvre, quand tu jettes ta clope terminée et que tu te prends une remarque en pleine figure. « T’es en retard, môme. » Tu lui offres un petit sourire désolé. Tu l’es, véritablement, pour le coup. T’es pas fashionably late, là. T’as bien plus de dix minutes de retard. « Ouais. J’suis désolé. J’abuse. » T’es fier comme mec, mais quand il s’agit de ton métier, tu sais reconnaître tes torts.