un point c'est toi (kéziah)

doux, légers et flottants. les coeurs comme les sentiments. à les regarder, ils ont l'air de deux adolescents.
qui n'auraient jamais grandis. qui auraient refusé de se laisser avoir par la vie.
celle qui pourtant n'avait été que la spectatrice de leur déchéance. de la chute d'un amour trop innocent pour survivre aux affres. des hommes et de la célébrité. la maladie comme ultime ennemie nommée.
chacun avait poursuivit sa route et contourné ses obstacles. chacun avait pris en main son destin pour aller toujours plus loin. et quand on les observait aujourd'hui, on voyait combien ils avaient réussi. les pieds dans le plat et les yeux vers l'horizon, ils s'étaient approprié leurs rêves jusqu'à en faire une réalité.
ne semant derrière eux, que le souvenir d'eux deux. oubliant ce qui les avait réellement rendu heureux.
et elle évoque son succès, la victoire avec les siens. la coupe qu'ils avaient soulevé sous son regard ému. parce qu'elle l'avait vu se réaliser, toucher du doigt ce qu'il avait toujours espéré. quand plus jeune, il s'entraînait jusqu'à s'épuiser, sous les mots d'un père qui lui laissait à peine de le temps de respirer.
au moins aujourd'hui, il avait réussi. et ça faisait son bonheur de vivre de sa passion.
ça te fait sourire qu'il t'imagine comme un porte-bonheur. peut-être que tu l'avais été à ce moment-là, tant tu avais toujours voulu pouvoir veiller sur lui et lui apporter le meilleur. sauf que tu te souvenais aussi de ta disparition soudaine. là, tu ne l'avais pas ménagé.
le retrouver aussi facilement apaise les maux de son coeur. en la blessant quand même un peu. parce qu'elle ne comprend pas qu'il puisse lui pardonner si vite, qu'il puisse oublier qu'elle l'avait abandonné.
même si les mots étaient sans doute forts, ils n'en restaient pas moins réels. elle était parti, sans même le lui dire. elle était parti, sans lui laisser une chance de l'accepter et de le comprendre. ses raisons, elle les avait égoïstement gardé.
alors deviens ma femme !
alors quand il rebondit si vivement sur ses paroles innocentes qui n'appelaient pas une telle réaction, elle est prise sur le vif india. et elle perd tous ses moyens. perd le nord, le sud et l'ouest. elle se demande comment ils en sont arrivé là, elle se pose mille-et-une question et elle panique. littéralement.
tu pourrais rire pour faire résonner la blague précédente, mais t'en n'es même pas capable. tu ne sais plus ce que tu veux, ni ce que tu veux donner, ni même où tu vas. ta vie que tu semblais si bien contrôler te file entre les doigts. d'un coup, d'un seul.
je suis sérieux.
il est là devant elle, le genou à terre. et elle n'a aucune réaction, elle est stoïque india.
c'est grâce à toi qu'il fonctionne, encore.
il parle, il parle, sans discontinuer. rajoute des raisons à l'histoire, comme s'il y avait besoin d'en avoir autant. d'en avoir encore.
il ne veut que toi, depuis toujours.
ça va sans doute trop vite pour elle. ils venaient simplement de se retrouver, elle ne lui avait jamais expliqué pourquoi elle avait fuit. elle ne lui avait même pas confié son secret. sa maladie, son opération.
kéziah, je...
tu ne sais plus trouver les mots, tu ne sais pas trouver une réponse acceptable. une réponse qui vous sauvera tous les deux. une réponse qui l'épargnera autant qu'elle se libérera.
elle n'ose même pas le regarder, elle tente de trouver un point auquel se raccrocher, quand elle a simplement l'envie de s'enfuir.
à nouveau.
encore.
et comme un signe du ciel, son portable vibre. elle y jette un oeil distrait. la seule et unique femme de sa vie la rappelle à elle, à l'aide. un appel auquel elle ne peut pas se soustraire. parce qu'il est question de sa vie.
j'suis désolée kéziah, j'peux pas...
prononcer ces mots lui brise le coeur, mais elle n'est pas prête à plonger dans cette vie-là india. pas déjà, pas comme ça.
pas alors qu'il reste des milliers de non-dits entre eux.
pardon.
les yeux brillants ne trompent pas sur le mal qu'elle se fait.
et pourtant, le schéma se reproduit. sauf que dans cette dimension, il la voit partir.
elle fuit india, encore une fois.
elle fuit, ce à quoi elle n'a pas droit.