nightmare / sloan.

Code 23 au 49, Burley Street.
Numéro 56 sur le chemin.
ETA trois minutes.

L’ambulance freine au coin de la rue. Les pneus crissent contre l’asphalte, alors que les sirènes déchirent toujours la quiétude de la nuit. Autour, des têtes se tournent, interpellées, curieuses, anxieuses. Dom ne voit rien - il sort de l’ambulance, tout de même calme malgré l’adrénaline qui coule dans ses veines. C’est une soirée comme les autres. Des appels pour des accidents, des chutes. À cette heure, s’enfilent les appels pour les comas éthyliques, et les intoxications. Rien de surprenant à s’arrêter au coin d’un bar, pour s’assurer qu’une personne ayant trop fêtée puisse rouvrir les yeux le lendemain. Dom, ça lui fait mal au coeur - mais son boulot, ce n’est pas de juger. Après tout, il serait le dernier à le faire, sachant très bien comment il sait s’effondrer sur le coin d’un bar pour passer les mauvais souvenirs dans quelques verres de whisky. Mais ce soir, c’est des vies qu’il doit sauver - son boulot, sa vocation. L’uniforme sur le dos et les sirènes qu’il n’entend même plus, il attrape son sac et se dirige au pas de course à l’entrée du bar. À l’intérieur, des têtes se tournent. « Qui a appelé ? » Qu’il demande d’une voix forte, pour attirer l’attention. Une fille leur fait signe, et ses collègues sur les talons, Dom le suit jusqu’à la salle de bain. Bouscule un autre type au passage, et sent quelques gouttes de bière salir son uniforme. Rien d’habituel - mais pas le temps de s’arrêter pour demander des excuses. On lui balance des informations confuses dans les oreilles, je l’ai trouvée comme ça, je savais pas quoi faire, et Dom acquiesce de la tête en sa direction. « Ça va aller. Merci. » Maintenant c’est à moi d’faire mon boulot.

Salle de bain mal éclairée - la fille se trouve contre le mur, un peu plus loin. Recroquevillée sur elle-même, le teint pâle. Dom s’agenouille à ses côtés, prends son pouls. Cheveux bruns, svelte, la trentaine sans doute. « Vous savez son nom ? » Qu’il demande à la fille, qui secoue la tête, les yeux remplis de larmes. Et il fait l’habituel, Dom. Essaie de la faire réagir, de la réveiller. Ouvre les paupières, pour passer la lumière dans les yeux. Rien à y faire. La respiration sifflante n’est pas de bonne augure, cependant, et Dom attrape une capsule de naloxone dans son sac pour lui injecter dans l’épaule. Prudent, calme - mais le coeur serré de ne pas voir la fille se réveiller. Mais celle-ci semble enfin réagir un peu, alors que Dom se mets à lui faire de la réanimation. « Mademoiselle ? Vous m’entendez ? » Il l’appelle, sourcils froncés. « Essayez d’ouvrir les yeux. » Il dégage ses cheveux de son visage, et claque des doigts devant ses yeux, pour la faire réagir. « Vous pouvez me dire votre nom ? Quel jour on est ? » Allez, réveille-toi. Je sais que tu le peux. Et peu importe c’que t’as pris, tu vas t’en sortir. J’vais y veiller.

save the queens ---- / Nightmare

dom & sloan

vingt-et-une semaines après sa libération. ♤ quatre mois : quatre mois de délivrance dévastatrice, quatre mois d'incessantes débauches. sloan profite de sa liberté de la pire des manières, comme elle l'a toujours fait. c'est du moins c'est ce qu'elle avance. rien n'a changé, je suis celle que j'ai toujours été, je vais bien. la vérité est pourtant tout autre ; oui, elle ment sloan : elle va mal. très mal. le vide qui emplit son coeur ne cesse de gagner du terrain et ses démons ne se contentent plus de la dévorer de l'intérieur, non, ils la contrôlent totalement. sloan benson n'est plus, seule reste cette carcasse vide de toute émotion. elle marche, elle parle mais elle n'a plus rien de commun avec celle qu'elle était autrefois. même la rage qui l'a toujours caractérisé n'est plus qu'un lointain souvenir. elle s'est perdue, à jamais probablement ; la vie a réussi à la démolir sans qu'elle ne puisse rien y faire. peut-être les apparences étaient-elles trompeuses, peut-être était-elle plus fragile qu'on ne le croyait. trop fragile pour ce monde. "faut que j'aille... faut que j'aille là-bas..." il est tard ce soir là lorsque dans un bar de burley street, sloan désigne d'un geste vague de la main les toilettes à l'homme qui l'accompagne pour la soirée. ses mains baladeuses la retiennent cela-dit contre lui ; qui qu'il soit, il n'est pas disposé à la laisser partir. pour faire valoir sa position, il dépose des baisers mouillés tout contre son cou. et il ne s'arrête pas là, insistant toujours plus lourdement. à vrai dire, son attitude a quelque chose de répugnant mais sloan s'en fiche parce qu'elle se fiche de tout. elle se laisse porter, incontrôlable. pour autant, elle finit par se détacher. sloan a beaucoup bu, elle a aussi pris certaines substances et ainsi, ressent le besoin de se rafraîchir. tout ces merdes commencent à lui monter à la tête, il faut vraiment qu'elle redescende, ne serait-ce qu'un petit peu. "attends-moi surtout." un sourire aguicheur aux lèvres, elle lui susurre ces quelques mots à l'oreille pour l'amadouer avant de s'éloigner, tanguant irrémédiablement de gauche à droite. parce qu'elle titube difficilement sloan, si difficilement. ses oreilles bourdonnent, sa vue est trouble mais tout va bien, elle gère. c'est du moins ce qu'elle dit à une jeune rousse qui s'inquiète à son sujet lorsqu'elle n'est plus qu'à deux pas de la porte. enfin ce qu'elle essaie d'objecter parce que ses mots sont désordonnés et ce n'est pas sans raison : à l'heure actuelle, elle n'arrive pas à aligner deux pensées cohérentes. sa tête est comme prise dans un étaux et lorsqu'elle arrive finalement à destination, s'appuyant sur le rebord du lavabo pour ne pas tomber à terre, elle sent son esprit s'éloigner. les éclats de rire des jeunes femmes à ses côtés ne lui paraissent pas plus fort que des murmures, tout s'assombrit autour d'elle et une fatigue immense la paralyse. bientôt le lavabo ne lui suffit plus à tenir debout et elle tombe au sol, inanimée. elle ne comprend pas ce qui se passe ; c'est comme si elle était dans une sorte manège qui avançait à toute vitesse. un instant elle pense mourir et le pire, c'est qu'elle ne s'en inquiète pas. pas une seule seconde. les minutes qui suivent passent sans qu'elle ne contrôle rien, plus impuissante encore qu'une spectatrice puisqu'elle n'est pas réellement consciente de ce qui se trame autour d'elle. elle ne réalise pas qu'on essaie de la relever. qu'on lui demande comment elle va. qu'on appelle les secours. sloan, elle est là sans être là. perdue dans les abîmes d'une noirceur qu'elle a l'impression de connaître depuis bien longtemps. et elle s'y sent à sa place, apaisée par une contestation morbide : il n'y a rien là-bas, rien du tout. plus de complication, plus de difficulté. seulement le néant. c'est la fin. elle n'en partira plus jamais, elle en est persuadée. les secours arrivent alors et bien sûr elle ne s'en rend pas plus compte. ils tentent de la réveiller, lui injectent un produit aux propriétés salvatrices dans le corps, s'adressent à elle pour la stimuler un peu plus... rien n'y fait. "Mademoiselle ? Vous m’entendez ?" tout est toujours noir, tout est toujours loin. elle est partie sloan et elle ne veut pas revenir. "Essayez d’ouvrir les yeux." elle ne l'entend pas mais sa peau la picote là où il l'a touché pour dégager ses cheveux. elle perçoit des mouvements, elle ne saurait les distinguer ou en déceler la nature mais quelque chose est en train de bouger devant ses yeux. elle revient à elle, en partie du moins. "Vous pouvez me dire votre nom ? Quel jour on est ?" le bourdonnement qui la plongeait dans la confusion la plus totale s'atténue et il lui est possible de reconnaître la nature du son qui lui parvient aux oreilles. il s'agit d'une voix, masculine. et elle s'adresse directement à elle. "noooon. laissez... j'veux pas..." sa bouche est pâteuse, il lui est difficile de prononcer ces quelques mots qui sortent de manière rocailleuse, âpre. sa main faiblarde - quant à elle - arrive à toucher celui qui lui vient en aide. ce qui devait être une frappe énergique n'a alors pas plus d'impact qu'une légère caresse mais l'intention est là. elle veut lui dire d'arrêter. elle ne veut pas qu'il lui porte assistante. elle était bien - enfin - elle appréciait le sentiment dévastateur qui s'emparait d'elle lorsqu'elle agonisait. le mal-être l'emplissait tout entière, l'affaiblissant de plus en plus, et ça lui semblait juste, simple. elle ne veut pas retourner là-bas, dans le monde réel. tout est trop dur. "st... s..." son état la rend sans doute irrationnelle, elle n'a jamais eu l'intention de mourir sloan. peut-être cherche-t-elle simplement la solution de facilité, comme toujours. peut-être ne tient-elle plus à lutter, même pour sa vie. peut-être veut-elle se rendre à ses démons, une dernière fois. arrêtes, stop. sans qu'elle ne puisse le formaliser, son esprit le supplie de ne pas la secourir. elle était calme quand tout s'assombrissait, plus calme qu'elle ne l'avait jamais été. j'veux pas ressentir, j'veux plus rien ressentir. depuis qu'elle est sortie de prison, elle fait tout pour anesthésier ses sentiments. pour ne plus expérimenter ce chaos, ce vide. c'est tout ce qu'elle a toujours cherché. j'étais bien là-bas, y'avait plus rien. toute son existence n'a été que luttes, luttes dont elle ne sortait jamais vainqueur. et chaque défaite la détruisait un peu plus jusqu'à l'obliger à rendre définitivement les armes. alors, celle qui a passé sa vie entière à se battre ne le fera pas ce soir, pas seule. elle n'en est plus capable.

@sloan benson

Soirée typique. C’est triste, mais c’est le cas. Des appels dans ce genre-là, ils en essuyaient beaucoup trop durant les nuits. En ville, y’en avait toujours des dizaines - des histoires qui se terminaient bien, et d’autres un peu moins. Pas grand-chose à faire, à part espérer que ça allait se terminer par un besoin de repos mais pas de grands soins. Y’avait juste à espérer que l’overdose ne soit pas trop grave, que l’ambulance soit arrivée au bon moment. Tout était tellement un jeu de hasard, malgré tout - comment le trajet allait se dérouler, une question de secondes entre la vie et la mort. Dom, il y était habitué - mais ça continuait quand même un peu de le secouer. Il avait appris à gérer qu’il ne pouvait pas tout contrôler, et que bien au contraire, y’avait beaucoup trop qui lui échappait pour espérer s’accrocher à trop d’espoir. Il devait juste faire son boulot, comme il savait le faire, et le reste appartenait à l’univers - c’était comme ça, et fallait l’accepter.

La jeune femme ne paraît pas tellement plus vieille que lui. Cheveux bruns, teint cireux. Les yeux dans le vague, mais alors que Dom se fait à l’idée qu’elle ne va pas lui réagir, on dirait que quelque chose se mets à s’agiter. Un son qui s’échappe d’entre ses lèvres, alors que sa bouche bouge lentement. « Nooooon. » Elle réagit. C’est déjà bon signe, au moins, qu’elle ne soit pas trop perdue dans l’inconscience pour ne pas l’entendre ou réagir à la naloxone. « Laissez… J’veux pas… » Dom qui serre la mâchoire, en la tenant toujours pas loin de lui. Assurer un contact physique, pour la rattacher au monde physique. « Je vous veux pas de mal, mademoiselle. Je veux juste vous aider. » Et c’est la vérité - juste la main tendue, pour l’aider à s’en sortir. Pas là pour juger, Dom. Et alors, il sent la main de la victime effleurer son bras - l’intention est là. « St… s... » Elle fait les efforts - elle peut y arriver, Dom en est certain. La redresse, lentement, pour ne pas la brusquer. Ramener son corps en position assise, s’accoudant contre lui. Son doigt qui garde son pouls, pour déceler chaque tremblement. « Continuez. Restez avec moi. » Il essaie de l’encourager, à ne pas se laisser aller, à ne pas sombrer. « Vous pouvez aller me chercher de l’eau ? » Qu’il demande à la rouquine qui acquiesce et qui file en direction du bar. Dom, lui, ne bouge pas. Pas certain que les soins sont nécessaires - il va encore essayer un peu.

« Je m’appelle Dom. Je suis ambulancier - je vais m’occuper de vous. Essayez de rester consciente pour moi, d’accord ? » Il lui tient la tête droite, le coeur qui se débat dans sa poitrine. N’aime pas ça, voir les autres en détresse comme ça. Se demande ce qui l’a poussée dans cet état. Ne peut pas s’imaginer, ne peut pas deviner. Mais toujours, l’empathie qui fait un peu trop mal. Qui s’imisce dans ses veines, pour y semer des pensées contradictoires. « Si vous sentez que vous allez être malade, ne vous retenez pas. » Après tout, ça serait la meilleure chose à faire - expulser les substances de trop, que ce soit la drogue ou l’alcool. Et alors, il voit une carte sortir de sa poche - la prend entre ses doigts, pour voir son identité. « Sloan. C’est votre nom, n’est-ce pas ? Tout ira bien, Sloan. J’vous le promets. » Et il se mord la langue, Dom. Tu ne devrais jamais promettre quoi que ce soit
Jamais.

La bouteille d’eau qui arrive - il la débouche, et la glisse jusqu’aux lèvres de Sloan. « Allez. Essayez de boire un peu. Ça vous fera du bien. » Un peu d’eau, et tout va toujours beaucoup mieux. Et sinon, je t’embarque. T’en fais pas. J’te laisserai pas là, Sloan. Peu importe qui tu es
D’où tu viens
Pourquoi t’es comme ça.

J’vais prendre soin de toi.

» who's in control ? ☾ sloan
» let's not put a label on it ☾ sloan
» teach me (sloan)
» ABS / sloan, lola (24/06).
» ABS / lola, sloan (16/08).