before sunrise + Onaë

Des centaines d'voies. Plein d'chemins possibles, différentes destinations. L'imagination d'Sora jubilait à chaque fois qu'il prenait l'train. C'était pour lui l'temps de réfléchir sur plein d'choses, à s'laisser aller à la philo d'bas étage. Pour lui, ce transport symbolisait parfaitement la vie. Les rails qui s'lient et se délient, si le conducteur se loupe, tu termines à Philadelphie alors que tu devais aller à Boston. A vrai dire, Sora, il était monté dans ce train sans but précis, sans destination. Grâce aux réductions, il avait pris un pass pour la journée, histoire d'aller où il veut. Avoir ce luxe d'tomber amoureux d'une gare et d'se dire que c'était là qu'il voulait passer le reste de sa journée. Le casque sur ses oreilles et la joue contre la vitre du train, le roux s'ambiance sur Help des Beatles. Sa quiétude s'retrouve dérangé par une dispute plus loin. Sora relève fugacement le visage, le temps d'apercevoir une femme jeté son café brûlant sur ce qui devait être son mari. Il enlève alors son casque, les sourcils froncés. - Vous savez pourquoi ils se disputent ? qu'il demande à une brune assise à sa gauche, sur l'autre rangée de siège. Le mec qui s'était fait renverser un café bouillant sur sa chemise se lève à son tour, partant à la rechercher de sa femme. - Les toilettes risquent de ne pas être libre pendant un moment. Ce n'est pas un mythe, il est fréquent que l'énervement se transforme en désir sexuel. Il suffit parfois d'un simple stimuli érotique pour passer d'la haine à l'amour physique.

au plus le paysage lui défile sous les yeux, au moins elle a envie d'arriver à destination. son arrêt sera l'avant-dernier, celui du queens. et dieu sait à quel point elle aurait tout donné pour ne pas rentrer si tôt. la désormais nouvelle candidate de télé-réalité, s'installe du mieux qu'elle peut dans son siège. elle aurait aimé pouvoir s'accouder à la vitre, mais en arrivant, elle n'a pas osé demander à l'étranger d'échanger sa place avec la sienne. alors, elle organise son confort de seconde classe. elle remonte ses genoux contre le siège de devant, repose sa tête sur l'écharpe qui entoure sa main et s'enracine dans son siège, frileuse de la climatisation automatique du véhicule. n'ayant pas fermé l’œil de la nuit, la brune somnole entre les rêves et la réalité - qui lui apparaît aujourd'hui comme le plus beau des fantasmes. ces semaines de tournage furent intenses, à tel point qu'un sourire bête étire ses lèvres quand elle s'essaie pourtant à clore ses paupières. « vous savez pourquoi ils se disputent ? » elle relève la tête brusquement, l'air effaré. « pardon ? » réplique-t-elle spontanément en posant ses yeux sur la source de la question. d'un hochement de tête, on lui fait observer un tee-shirt tâché de café et une petite blonde bouillante de colère. onaë hausse les épaules, retrouvant chemin vers le visage du voisin de siège de la rangée d'en face. « non, je.. j'en ai aucune idée. » dans le ton de sa voix, ça sonnerait presque comme une excuse. aurait-elle loupé quelque chose qui valait la peine d'être regardé ? elle pensait bien trop à ses souvenirs de tournage pour se préoccuper des aléas de la vie d'un couple de trentenaires. « les toilettes risquent de ne pas être libre pendant un moment. ce n'est pas un mythe, il est fréquent que l'énervement se transforme en désir sexuel. » dans un premier temps, elle ne sait que faire de cette information. et c'est gênée, qu'elle fait vaciller ses yeux du sol au plafond. « oui, c'est, euh, scientifique. » elle éclaircit sa gorge, retournant la tête vers son compagnon de voyage. « l'intensité et la puissance de la colère peut facilement faire naître des signaux de stimulation. pour un homme, une dispute avec sa partenaire peut s'assimiler à une tension sexuelle et suffire aux nerfs excitateurs à libérer des neurotransmetteurs, qui commandent aux muscles des artères péniennes de se relâcher et... enfin, d'avoir une érection. » l'étudiante en médecine se tait, les joues un peu rosées. et puis qu'est-ce-que t'en sais, toi, onaë ? t'as vingt ans et toujours pas baisé ! alors elle balaye ses cheveux d'un coup de main légèrement nerveux, devant le regard de cet homme sans aucun doute plus expérimenté qu'elle.

Sora, il se heurte à quelque chose de pure. Une timidité auquel il ne s'attendait pas en observant la brune. Les traits de son visage se transforment en un sourire amusé, loin de la moquerie. Il soupira légèrement, se rendant compte qu'il ne connaîtrait sûrement jamais la raison de cette dispute. C'est quelque chose dont il est pas fier le chimiste, sa curiosité excessive. Au fil du temps, il a simplement accepté son côté voyeurisme... Il écoute attentivement le cours d'éducation sexuelle à laquelle se livrait son interlocutrice sans piper mot. Plutôt étrange de parler sexualité de manière aussi synthétique. Et pourtant, il était coutumier du fait. - Attends, on va essayer quelque chose. Répète après moi... Il s'en veut déjà de jouer autant avec les nerfs de la jeune femme, mais à vrai dire, l'envie de la titiller dépassait largement sa clémence. - PENIS ! cria-t-il dans tout le wagon, sous les regards réprobateurs des passagers. C'était un défi, comme Sora peut en lancer à tout va, et souvent pour pas grand chose. Elle semblait un peu nerveuse d'avoir ce genre de conversations, c'est ce qu'il aime le chimiste, le dépassement de soi, se savoir capable de sortir de son propre corps, de devenir un sur-homme le temps de quelques secondes. - Tu n'es pas obligée de rentrer dans mes conneries si tu veux pas. qu'il tempéra néanmoins par la suite, se laissant un peu plus tombé sur son siège. Le regard toujours fixé vers la jeune femme, il demanda néanmoins. - Tu étudies la science ou la médecine ? La façon avec laquelle elle parlait de tout ça lui rappelait étrangement ses cours théoriques de l'époque bénite où il était encore étudiant. Dire qu'il donnerait n'importe quoi pour y retourner n'est qu'un doux euphémisme... Être de l'autre côté du pupitre, il a toujours trouvé ça barbant le professeur.

@onaë knox