(Tossey) ♦ Obsession

Il sourit face à sa question. Que faisait-il de son temps libre alors qu'il était enfant. "Je lisais, beaucoup, je jouais dehors... Je me souviens qu'avec les enfants des voisins, on jouait tous les dimanches dans le parking. On allait souvent observer les étoiles avec mon meilleur copain de l'époque. Il voulait devenir astrophysicien... On s'est perdus de vue, je me demande s'il a atteint son rêve." déclara-t-il simplement, haussant les épaules. Toby n'était pas de ceux qui avait des hobbies particuliers, qui avaient fait le tour du monde, qui avaient des talents particuliers. Mais c'était un enfant instruit, qui avait soif de découvertes, même s'ils n'avaient jamais eu l'occasion de vraiment voyager.
Finalement, le spectacle commença. Cassey semblait ravie, d'ailleurs, elle était tant à son aise, qu'elle posa sa tête contre l'épaule du trentenaire. Celui-ci sourit, tout en gardant sa main contre la jambe de la demoiselle. Deux heures de magie plus tard, la lumière se rallumait et les deux jeunes gens se regardaient de nouveau. "J'ai trouvé ça formidable! Vraiment très bien fait, et les acteurs sont excellents!" s'exclama-t-il.
Les voilà qui se frayaient un chemin parmi la foule vers la sortie. Au-dehors, Cassey reprit la parole. "Et bien, que dirais-tu de rentrer en marchant? Un petit bol d'air frais, ça me requinque..." demanda-t-il, arquant les sourcils, laissant son regard s'ancrer longuement dans le sien. Il afficha un sourire malicieux, plein de sous-entendus. Décidément, cette soirée était l'une des meilleures de son existence.

Toby frissonna en sentant le bras de Cassey contre le sien. Il eut terriblement envie de la prendre par la main. Mais vu comment avait été accueilli son baiser de salutation, il préféra se tenir à carreaux, tout en profitant de cette nouvelle proximité. Ils commencèrent à marcher, tout en discutant. Toby fut légèrement pris au dépourvu par la question que lui posa la demoiselle. En même temps, cela le touchait énormément: elle s'intéressait à lui. Il sourit doucement, des souvenirs remontant à la surface, dans son esprit. "Oui, des fois, ça me manque. J'ai passé des années à Rome, lors de mes cours au séminaire. Là-bas, c'était pareil, il n'y avait pas d'étoiles, mais j'ai adoré cette ville. Je m'y sentais chez moi, et bien. Puis, quand j'ai été ordonné, je me suis retrouvé dans un petit village." expliqua-t-il, calmement. "C'est sûr que New-York, ça change. Disons que là-bas, les gens étaient très différents, et avaient des soucis différents. Et pour le coup, les étoiles, je les regardai tous les soirs." indiqua-t-il, ponctuant par un sourire. "Londres, c'est mon enfance, mais on allait en-dehors de la ville, avec mon ami, pour regarder les étoiles... Il avait un télescope. C'était un vrai passionné!"
Il sourit de plus bel. "Par contre, ma décision de suivre mon père en Italie, alors que j'avais 17 ans, était pas facile... Mais je sentais que c'était là-bas que je trouverais ma voie. Mais j'ai dû quitter mon petit-frère, et j'étais comme un deuxième papa pour lui..." C'était ce qui avait dû créer le fossé entre les deux jeunes hommes, même si, récemment, ils étaient parvenus à se parler avec sincérité et à régler quelque peu leur différend.
Les deux jeunes gens commençaient à s'approcher du quartier où se trouvait l'hôtel de Cassey. "Ca te dit qu'on fasse un petit détour par là?" demanda-t-il en indiquant une ruelle. Cette soirée lui rappelait leur rencontre et ça le rendait toute chose. Pourtant, ce n'était il y avait que quelques semaines. "Où tu préfères peut-être qu'on rentre tout de suite dans ta chambre?" demanda-t-il, le regard plein de fougue.

Il sourit lorsqu'elle lui fait remarquer qu'il a vécu dans des endroits différents. C'était un peu comme avoir plusieurs vies. "Oui, c'est vrai. Je me sens chanceux de ce côté-là. Et je ne me serais jamais attendu à atterrir à New-York, ça, c'est sûr. J'ai été très surpris lorsqu'on m'a envoyé ici." expliqua-t-il. Et c'était vrai, sa mutation a été une surprise... Il savait qu'il quitterait son village, mais pensait qu'il restait dans la même région, de par le choix de son évêque. Il sourit de nouveau, sereinement. C'était étrange de se confier autant, aussi vite. Mais après tout, après leur nuit passée ensemble, il n'avait pas honte de se montrer à elle. Et il espérait qu'elle non plus. "Oui, il n'avait que neuf ans... Dit comme ça, j'ai l'impression d'être un monstre... Tu trouves que j'en suis un? " déclara-t-il en haussant les épaules, levant les sourcils. "Tu l'aurais mal vécu, toi, si tu avais été séparée de ton frère aussi jeune?" Une autre façon de lui demander si elle était proche de celui-ci. C'était important d'avoir une famille sur qui compter.
Finalement, alors qu'ils avançaient, Toby lui proposa un petit détour. Elle laissa paraître un rire malicieux face à la proposition du trentenaire. En réponse, il rougit. Il était vrai qu'il se montrait fort entreprenant. "Ah, j'ai des idées précises derrière la tête..." déclara-t-il, malicieusement. "Et d'accord, c'est parti pour le détour..." Cette fois-ci, il l'attrapa naturellement par la main pour la guider quelque part. "Je vais te montrer un truc vraiment sympa..." déclara-t-il. Et la promesse n'était pas loin. Voilà qu'il l'emmenait dans un cul de sac où des dessins fluorescents se dévoilaient à eux, sur tous les murs avoisinants. "C'est un jeune artiste qui fait ça. Je l'ai connu dans mes groupes de parole... Il dessine dans tous les coins un peu... disons, "craignos" de la ville. C'est illégal, certes, mais je trouve que ça rend les quartiers beaucoup plus joyeux, la nuit tombée." Et c'était peu dire: les oeuvres du jeune homme amenaient à l'évasion: des montgolfières colorés, des paysages somptueux, des chimères....

Etait-il heureux d'être là? "Bien sûr." répondit-il. "Mon frère est là, et j'ai rencontré des gens formidables. Pourtant, si on m'a envoyé ici, c'était pour me punir, initialement. Même si, officiellement, cela n'est pas réellement le cas." Et oui, Toby avait tenu tête à son évêque, il avait fait preuve d'un peu trop de zèle et certainement une trop grosse dose de tête de bourrique. Mais il ne regrettait rien. Bien au contraire. Il n'avait rien fait de mal ou de condamnable. "Oui, je comprends. Je pense que si la situation avait été inversé, je n'aurais pas bien supporté non plus." indiqua-t-il, laissant paraître l'un de ses sourires solaires. Il était cependant rassuré que cette confidence ne lui ait pas faire paraître cruel aux yeux de Cassey.
Finalement, il eut l'idée saugrenue de l'emmener voir un curieux spectacle. Des oeuvres murales fluorescentes, représentant divers paysages et diverses situations. "Oui, je le concède." répondit-il. En effet, le jeune homme était bourré de talents. Toby était heureux qu'il ait pu s'en sortit, et de pouvoir le compter parmi ses amis. "C'est vrai? C'est aussi le mien." indiqua-t-il en riant, alors que son regard venait s'ancrer de nouveau dans celui de la demoiselle. Il avait terriblement envie de l'embrasser, là, tout de suite, mais il se contenta de lui sourire, tout en lui tenant toujours la main avec douceur. "Regarde celui-ci..." dit-il finalement, en la tirant délicatement vers un autre mur. "Ici, c'est l'église." Une représentation stylisée de l'édifice surplombait un paysage urbain. "Et là, c'est ce qu'il appelle son lui intérieur..." expliqua-t-il en indiquant un autre pan du dessin mural. Les oeuvres de l'artiste étaient très personnels. "Tu veux rentrer ou as-tu une autre idée en tête?" demanda-t-il simplement, s'approchant d'elle pour lui faire face, sourire aux lèvres, la regardant avec intensité.

Il sourit face à la curiosité de la jolie blonde. "Oh, j'avais désobéi un peu trop souvent à mon évêque." Or, c'était l'une des bases à respecter, même lorsque l'on était pas d'accord avec sa hiérarchie. Mais jeune et fougueux, il avait préféré agir de la façon qu'il pensait être la plus juste. "Je ne vais pas rentrer dans les détails, ça n'est pas intéressant." ajouta-t-il ensuite simplement, naturellement. La discussion bifurqua sur quelque chose de très privé, et étonnement, Toby se confia sans hésitation, bien que cela soit quelque chose de plus complexe. Puis il lui présenta les tableaux peints à la bombe sur les murs du cul-de-sac où ils se trouvaient tous les deux, toujours main dans la main. Le trentenaire lâcha un regard plein de sous-entendus, déjà légèrement excité à l'idée de ce qui pourrait bien se passer plus tard. Mais, sans qu'il n'y soit prêt, Cassey rejeta la proposition gentiment. Elle était fatiguée.
"Oh non, bien sûr que non." répondit-il lorsqu'elle lui demanda s'il ne lui en voulait pas. Bien évidemment qu'il ne lui en voudrait pas pour cela, mais, dans son sein, il sentit comme une petite brûlure. Alors, c'était tout? C'était déjà fini. Il savait qu'elle n'était prête à lui donner que cela, depuis le début, que ses sentiments n'étaient sans doute pas réciproques. Alors, si même le côté charnel de la relation ne l'intéressait plus, et bien... Il ne savait plus trop quoi en penser, Toby. Etait-elle en train de réfléchir ce qu'ils étaient, l'un pour l'autre? Ou avait-elle envie de le chasser doucement, mais sûrement, de sa vie? Ou peut-être voulait-elle vraiment qu'ils restent uniquement amis. Toby ne montra rien de son émoi, cependant, et se contenta de sourire, de cette façon sincère et solaire qui était la sienne, même si, au fond, il était rempli de craintes, plus étranges les unes que les autres. Mais, bien évidemment, il ne ferait pas de rentre-dedans. "Je vais te raccompagner au pied de ton hôtel quand même." indiqua-t-il, avenant. Aussi parce que cela prolongerait leur temps ensemble. Lorsqu'ils furent arrivés, il ne sut pas trop comment lui dire au revoir, alors il se contenta d'un sobre baiser sur la joue, avant d'affirmer. "Repose-toi bien, et à bientôt!"