your silence is my favorite sound / frida.

@frida bianchi
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Gaspar voit rouge.
Gaspar voit noir.

L’histoire qui se répète.

Les doigts serrés autour du volant de la Porsche, il file à travers les rues de New York. Gorge serrée et mâchoire contractée, ça lui a pris toute la volonté du monde pour pas défoncer son téléphone sur le trottoir. Ça en a pas pris beaucoup pour qu’il comprenne. Viktor pouvait bien dire ce qu’il voulait, prétendre ce qu’il voulait, Gaspar le connaissait, et il la connaissait aussi. Un peu trop bien, fallait le dire. Il avait raccroché au nez de son petit frère, incapable d’endurer le son de sa voix une seconde de plus sans vouloir battre à mort le premier passant. Non mais c’est quoi,
vos foutus problèmes,
putain.

Il appuie sèchement sur le frein, quand le feu passe au rouge. La voiture qui s’arrête brusquement, et le klaxon qui retentit dans la voiture derrière. Gaspar lui envoie un doigt d’honneur à travers le rétroviseur. Pas de patience pour les cons, pas aujourd’hui, pas maintenant. Il expire d’un coup, essayant de garder son calme. Mais son coeur bats fort dans sa poitrine, tambour assourdissant. La rage au ventre, difficile de rassembler ses pensées. Viktor. Viktor et Frida. Frida. Foutue Frida.

Le feu redevient vert, et il appuie sur l’accélérateur. Sans doute qu’il devrait attendre d’être calmé, avant d’aller lui rendre une petite visite. Mais il a pas envie de retarder ça, faut que ça se règle, maintenant. Il avait pourtant cru que c’était clair, la dernière fois. De ne plus s’approcher de son petit frère pour l’embrigader dans ses sales histoires, encore. Il lui en voulait, à Frida. Lui en voulait d’être aussi inconsciente et imprudente, et de penser qu’elle peut jouer dans la cour des grands. Il pensait bien qu’elle avait compris, pourtant, des années depuis leur rupture, le temps qui a passé depuis leur histoire. Mais elle a toujours une accroche dans le creux de son coeur, il faut croire. Parvient toujours aussi bien à le mettre hors de lui. La belle brune, le regard lunaire, poupée qu’il avait aimée. C’était terminé, maintenant. Mais pas la colère. La colère, elle, était restée.

Il se plante devant sa porte, quelques minutes plus tard. Son poing qui fracasse le bois, une, deux, trois frois. Il sait qu’elle est là, il peut entendre des sons de l’autre côté. Il patiente quelques secondes, puis il frappe à nouveau. Quand la porte s'ouvre finalement, il plante son regard dans le sien. Glacial, sans appel. « J'viens d'parler à Viktor. » C'est plein de venin, plein d'amertume. Pas de pitié pour les vipères dans son genre. « C'est quoi ton problème, au juste ? J'pensais avoir été clair. Y'a quoi qu'tu comprends pas, dans t'approche pas d'lui ?! » Les poings serrés. Faut qu'il se calme, il le sait, mais elle sait le chercher mieux que quiconque. Elle lui échappera pas, pas maintenant, trop de choses dire, il veut régler ça. Tuer tout ça dans l’oeuf avant d’en perdre le contrôle, comme ça a pu arriver avant. Cette fois, j’te laisserai pas faire, Frida.

C'est d'une valse endiablée que s'enflamment les doigts de la belle. Paupières closes. Lèvres pincées en une grimace concentrée. La langue sort légèrement de sa bouche, lèvres charnues venant la recouvrir. Dans ces instants de magie, elle n'est plus la même. Froide, elle devient plus lunaire encore qu'en ces journées à tourner le dos au monde.
Frida, l'indomptable.
Frida, l'impénétrable.
Frida, l'insondable.
Elle s'ouvre lorsque ses doigts entrent en contact avec les touches noires et blanches. La mélodie qui s'en échappe, fait d'elle une femme aux facettes plus contrastées. Frida sourit enfin, hypnotisée par la mélodie de son bonheur. C'est fort. C'est puissant. Dvorak. Elle en ressent chaque vibration, provoquant frisson après frisson dans son corps. Elle est douce dans cette puissance envoûtante, et rien ne pourrait ébranler cette connexion entre elle et son instrument.
Elle était belle lorsqu'elle jouait, Frida.
Avec cet air d'enfant découvrant d'autres aspects de la vie. Ses lèvres juvéniles. Son teint lumineux. Ses yeux deviennent innocents. Parfois larmoyant par manque de retenu. Elle craque souvent en jouant, mais c'est ce qui fait son charme légendaire. Lorsqu'elle joue sur scène, face à une foule hypnotisée. Depuis toujours. Étoile qui ne cessera jamais de briller.

Un coup sur la porte.
Elle n'entend pas. Les yeux toujours fermés, entraînée par le flot de ses mouvements. Trop concentrée. Trop éclatante.
Deuxième coup sur la porte.
Elle ouvre les yeux. Brusquement. Fausse note. Sa langue vient se loger entre ses dents, qu'elle pince légèrement afin de mieux respirer. Calmer l'afflux sanguin qui vrille son cerveau. Doucement, elle se relève alors que son regard recommence à s'assombrir. Toujours en transe. Toujours lumineuse.

Elle ouvre la porte, sans même se demander qui elle pourrait retrouver derrière. Elle n'attendait personne, et n'aurait pas répondu à un appel de qui que ce soit en cette heure. Bien trop appliquée à se perfectionner. Elle passe une main dans ses cheveux fous, analysant de haut en bas l'homme osant se pointer chez elle sans prévenir au préalable. « J'viens d'parler à Viktor. » Un fantôme se tient debout, face à elle. Elle secoue la tête légèrement comme pour se remettre les idées au clair. Gaspar. Elle fronce les sourcils sur ses yeux noirs, en entendant le prénom de Viktor. « C'est quoi ton problème, au juste ? J'pensais avoir été clair. Y'a quoi qu'tu comprends pas, dans t'approche pas d'lui ?! » Elle descend trop brutalement de son nuage pour que la bonne humeur soit au rendez-vous. Elle fait claquer sa langue contre le palet et affiche un sourire énigmatique sur ses lèvres charnues.
Doucement, elle s'écarte de l'entrée et tend le bras afin de l'inviter à entrer. « Bonjour Gaspar. Je vais bien, merci. Moi aussi, je suis très heureuse de te voir. » Le sourire est factice, et le ton dérangeant. Elle laisse la porte ouverte et n'attend pas qu'il entre, se dirigeant déjà à pas lent dans sa demeure. Elle déteste qu'on vienne ainsi, la confronter pour des erreurs supposées. Oui, elle était en contact avec Viktor. Et non, cela ne le regardait absolument pas. Malgré l'amour que Frida ressentira toujours pour lui, il n'était pas en droit de l'accuser si promptement. Elle ne le supportait pas. « C'est lui qui t'a dit qu'on se voyait à nouveau ? » Elle ne regarde pas son interlocuteur, le regard au loin, à travers la baie vitrée devant lequel est installé son piano. Elle ne voulait pas que Gaspar soit mis au courant, et elle pensait avoir été clair avec Vicky à ce sujet. Lui-même n'avait pas de raison d'ébruiter la nouvelle. Elle ne voulait pas rentrer dans un mauvais jeu, cela ne servait à rien. Elle devait avouer, tant pis. Elle se retourne alors enfin afin de le regarder, essayant de masquer le mépris de son regard. Pupilles profondes, dilatées. « Nous ne sommes plus ensemble, Gaspar. Je ne te dois pas d'explication sur les personnes que je fréquente. » Elle se fait féline, entame quelques pas vers lui, d'un air de défi. « Mieux encore, je ne te dois absolument rien. »

@gaspar hoenikker

@frida bianchi
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Elle est belle, et ça l’énerve de le penser. De poser les yeux sur son visage, sur ce regard perçant qui l’avait harponné y’a des années, sur ces lèvres pleines qu’il avait embrassées. Frida, elle est envoûtante, Frida, c’est la femme que tu ne quitte pas. Et pendant un temps, Gaspar n’aurait jamais pensé le faire. La flamme brûlante entre eux, ils étaient jeunes et fous et ils avaient espoir que la vie n’allait pas les rattraper, qu’il n’y aurait pas de collision violente, juste une longue route où ils pourraient glisser sans se fracasser. Mais ça avait peut-être été inévitable, trop passionnel pour être autre chose qu’éphémère. Et ça l’agaçe d’avoir tout ça qui lui revient en tête à chaque fois qu’il la voit, Frida, mais il ne peut pas faire autrement. Heureusement la colère est trop grande pour être atténuée par une paire de vagues qui emportent tout sur leur passage. Il a trop la rage au ventre pour ça, son envie et son besoin de protéger Viktor qui l’emporte sur tout le reste. C’est son frère, son sang, et elle n’a pas d’affaire à y toucher et croire qu’elle a le droit de l’entacher. Mâchoire serrée, poings crispés, il n’est qu’hostilité quand elle ouvre la porte la belle Frida. Elle n’est pas contente de le voir là, débarquer comme ça sans prévenir, et en lui gueulant dessus comme une gamine qui n’a rien compris. Mais c’est comme ça qu’il la voit, Gaspar, juste comme ça. Combien de fois j’vais devoir te le dire, Frida.

L’envie de lui arracher le sourire qui se dessine sur ses lèvres, comment elle vient se glisser sous sa peau pour tirer sur ses nerfs, bon sang il en frapperait les murs et c’est pas un type violent, Gaspar, pas comme ça. Mais c’est juste l’effet Frida, si on peut l’appeler comme ça. « Bonjour Gaspar. Je vais bien, merci. Moi aussi, je suis très heureuse de te voir. » Il lâche un lourd soupir, ne s’embête pas d’essayer de cacher son exaspération. Elle laisse la porte derrière elle alors qu’elle traverse la pièce comme une ballerine, et Gaspar se faufile à l’intérieur pour refermer. Pas trop envie de s’engueuler dans le portique non plus, après tout. « C’est lui qui t’a dit qu’on se voyait à nouveau ? » Y’a son piano à ses côtés, et c’est le genre d’image qui est difficile à décoller de la rétine. « On s’en fout de qui m’l’a dit. Mais faut qu’ça s’arrête, et maintenant. » Les dents serrées, il peine à parler, à trouver le calme pour articuler les mots. Quand il s’agit de Viktor, ça vient trop le chercher, ce petit il ferait tout pour lui, même crever. T’as pas le droit d’y toucher, Frida. « Nous ne sommes plus ensemble, Gaspar. Je ne te dois pas d’explication sur les personnes que je fréquente. » Un autre soupir qui passe les lèvres du requin, alors que la tigresse ose s’approcher. « Mieux encore, je ne te dois absolument rien. » Il déglutit, essaie de garder son calme. Le regard tout aussi noir, et il ne bouge pas, pas impressionné par sa démarche qui fait rouler ses hanches comme ça aurait pu le rendre fou autrefois. « J’en ai rien à foutre. Qu’on ait été ensemble n’a rien à voir avec tout ça. » Et y’a assez de détachement dans sa voix pour indiquer de la sincérité, après tout ses frères c’est une histoire à part, surtout Viktor. « Tu t’approches pas d’Viktor. Il est déjà assez capable de s’attirer des emmerdes tout seul, j’ai pas besoin que tu viennes y glisser tes tentacules. » Le regard profond et sombre, qui ne déroge pas de son histoire. Envoûtante, fascinante. Mais Gaspar ne veut plus d’elle. Il ne reste que le combat entre eux, que le champ de bataille. « Et puis dans quoi tu t’es embarquée, encore ? Tu crois que tu vois un peu trop grand ? Ça t’a pas suffit, les emmerdes que t’as pu t’attirer par le passé ? Faut p’t’être que tu réalises que t’as pas ta place dans la cour des grands. » Il parle, juste pour parler, elle lui fait perdre les pédales, parce que ça l’énerve, elle l’énerve, c’est toujours comme ça entre eux, à se gueuler, à se cracher. À voir qui fera le mieux.