comme avant (maureen)

elle avait promis livia. et elle n'était pas de celles qui bafouaient les promesses. surtout pas quand elle les faisait à maureen. elle avait promis livia. et même si ça faisait quelques années, elle remplissait toujours son devoir avec la même attention, la même tendresse. elle ne savait que trop ce que son amie devait à susan. la vieille femme avait été touchée par la blonde, au même titre qu'elle. ce pourquoi elle se reconnaissait sans mal à travers elle, et lui portait par conséquent une affection infinie. encore plus depuis que sa mémoire flanchait, elle se sentait investie d'un rôle important. ne pouvant se résoudre à la laisser tomber, elle faisait de son mieux pour lui faciliter la vie, pour la lui rendre plus belle et plus agréable. elle se donnait bien plus que pour seulement honorer la promesse qu'elle avait faite à sa meilleure amie. maureen lui manquait tellement. dans chaque endroit où elle passait, dans chaque secret qu'elle aurait aimé confier, dans chaque conseil dont elle aurait eu besoin, dans chaque coup de la vie qui lui rappelaient leurs souvenirs. alors dans la boutique de susan, à ses côtés, elle avait comme l'agréable sensation de toujours sentir sa présence. comme si son âme avait marqué chaque mur, chaque recoin, chaque angle de l'endroit. ce pourquoi elle se sentait si bien dans ce petit cocon improvisé. le coeur léger, elle se dirige vers ce lieu qu'elle connaît à la perfection. là où elle sait déjà qu'elle se percutera au sourire lumineux de la gérante, ça lui faisait du bien au moral rien que d'y penser. pourtant, ce n'est pas exactement ce qui se passe quand elle pénètre à l'intérieur. l'habitude des dernières années laisse place à l'ancien. et elle reste d'abord interdite livia, scotchée sur place, sans comprendre la scène qui semblait se jouer devant ses yeux. les questions reprenaient aussi leur droit dans son crâne. ça faisait plusieurs semaines qu'elle ne lui avait pas donné de nouvelles maureen, et elle n'avait pas compris tout de suite ce que ça signifiait. elle s'était imaginée que les années passées loin l'une de l'autre avaient fini par avoir raison de leur amitié, que maureen lui en voulait pour une raison qui lui échappait ou même qu'elle avait fait des rencontres qui l'avaient totalement éclipsée de sa vie. ça lui avait pris la tête pendant des jours, sans qu'elle ne trouve jamais les réponses à ses interrogations, sans qu'elle ne trouve jamais la paix. mais aujourd'hui, elle était là. bien réelle, bien présente. et ce n'était plus un fichu bouquet de fleurs qui lui dirait comment elle allait réellement. enfin, elle se reprend livia. pensant à juste titre que tout rentrait finalement dans l'ordre alors que ceux qu'elle aimait le plus au monde retrouvaient leur place à ses côtés. elle avait bien trop été privée d'eux ces dernières années, par choix ou non. et la récompense à tous ses sacrifices était là, devant elle. n'attendant pas davantage de temps inutilement, elle se rue vers maureen pour la serrer dans ses bras. comme pour s'assurer que ce n'était pas qu'un mirage, comme pour s'assurer qu'elle se trouvait bien là, comme pour s'assurer qu'elle ne repartirait pas. tu m'as tellement manqué. il n'y avait rien de plus honnête que ces quelques mots, c'est délibérément pour ça qu'elle choisit de ne pas en dire plus. pour ne pas fausser l'aveu avec des rallonges de phrases qui n'apporteraient rien. elle se détache et se recule un peu, juste le temps de la questionner sur les raisons de sa venue, sur la durée de sa venue aussi. elle n'a pas envie de se faire des films sans vraiment savoir ce qu'il en était, elle ne s'en sentait pas le courage. tu... restes, ou t'es que de passage ? son regard l'implore presque de lui annoncer la meilleure des nouvelles, celle qui la soulagerait une bonne fois pour toute. parce qu'elle avait besoin de l'avoir à ses cotés chaque jour qui passait, pas seulement à intervalles irréguliers. elles avaient tant de choses à se raconter et tant de choses à vivre, encore. ensemble.

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{ i've learned that home isn't a place, it's a feeling }
w/@livia henderson

tu as le sourire contagieux, le sourire qui rend les gens joyeux. un homme te tient la porte du café du coin de la rue en te rendant ta politesse de toutes ses dents jaunies par le temps et tu as envie de l’embrasser pour la douceur de son oblique parce que tu es du genre affectueuse, à distribuer l’amour que tu n’as pas reçu. mais tu n’as pas le temps de t’attarder aujourd’hui alors tu te contentes de le remercier en passant devant lui. les effluves du vieux café te ramène des années en arrière, à cette période où tu ne pouvais compter que sur toi. jolie fillette au sourire amer, oubliée par la vie. et puis il y a eu susan, ta bouée de sauvetage au milieu d’un océan de déceptions. tu te souviens de votre première rencontre, de ses rides teintées de bienveillance quand elle t’as vu compter tes quelques pièces. et puis les jours qui ont suivis, votre rendez-vous quotidien qui s’est allongé au fil du temps pour ne plus vous séparer. les acolytes fleuries. elle a réussi à apprivoiser ta confiance, ta douceur pour ne plus te laisser rien d’autre que de l’affection. les deux cafés commandés par la force de l’habitude, tu reprends ton chemin vers la boutique encore fermée alors que le jour se pointe à peine. un coup, puis un deuxième et c’est une susan déjà bien apprêtée qui ouvre la porte de l’atelier. malgré sa mémoire défaillante, elle reste ta béquille la plus stable. ton appui de confiance. depuis vos retrouvailles, vous semblez avoir des années à rattraper alors que vous vous êtes parlées chaque jour au cours des deux années écoulées. ses récits sont teintés d’oublis mais tu ne relèves pas pour éviter de souligner ce qu’elle sait déjà. tu crains le jour où elle ne saura plus te reconnaître, l’abandon de ton unique parent mais tu prends sur toi pour ne pas l’inquiéter parce que tu connais l’issue par avance. elle se fatigue en cherchant dans sa mémoire quelques détails égarés alors tu finis par la reconduire à l’étage avant de sortir les fleurs. t’as le coeur pincé au moment où tu refermes la porte à clé, l’oiseau de liberté retenu captif par ses failles. tu reprends vite l’habitude en retrouvant ton sourire éternel à mesure que tu prépares tes quelques bouquets pour les livraisons habituelles. le monde s’éveille petit à petit devant la vitrine, signe qu’il est temps d’ouvrir alors tu branches ta playlist sur l’enceinte que tu as tant insisté pour acheter et tu termines d’écrire les quelques déclarations à livrer. la cloche qui sonne t’annonce le début matinal d’une journée rythmée par les habitués. mais c’est sur ta plus jolie habitude que la porte s’ouvre, ton amie au sourire bienveillant. livia, c’est ton radeau des eaux troubles. celle que tu as laissé derrière toi sans oublier d’amener un morceau d’elle avec toi dans tes aventures de l’autre côté du pont. t’as une vague de nostalgie qui te submerge alors que tu lui fonds dessus en retenant avec peine tes sanglots. la tendresse des retrouvailles est vite remplacée par les mots, ceux qui se bousculent dans ton esprit. « tu m’as tellement manqué aussi. » si fort que tu as hésité à faire demi-tour plus d’une fois quand les silences se sont faits pagaille. parce que de toutes les âmes que tu as croisé, tu as ancré la tienne à celle de ta livia. vos discussions interminables avant ton départ se sont transformées en livraisons de bouquets aux coloris assortis à ton humeur, ta manière de communiquer à toi. tu lui caresses les cheveux avant de t’écarter en attrapant chacune de ses mains. « tu changes pas, tu es toujours aussi jolie. » tu ris pour cacher tes larmes, caressant ses paumes de tes pouces. c’est si bon de retrouver cette partie de ton passé, ta fidèle acolyte au sourire chaleureux. « je pars plus, susan a trop besoin de moi alors je reprends la boutique. je te laisse plus maintenant. » et tu le penses, t’es déjà partie trop longtemps. t’es pas entière loin d’ici, loin de tes racines, loin de ton amie devenue famille.

elle laisse ses pas la guider, là où son coeur est resté, là où un morceau d'elle lui a été arraché. dans une petite boutique vers le centre de la ville. pour retrouver une vieille dame qui n'avait peut-être plus tous ses souvenirs mais qui avait au moins le mérite de faire remonter en rafale tous ceux que livia avait avec son acolyte habituelle. c'est sans doute grâce à sa maureen qu'elle se sent si proche de susan. puisque deux personnes qui portaient tant d'affection à une même âme ne pouvaient que se trouver des atomes crochus. son intérêt ne fait pas défaut et c'est avec une attention toute particulière qu'elle tente de savoir comment se sent la gérante actuelle de la boutique. elle n'insiste pas sur le noeud du problème, tout le monde était suffisamment à la page sur le sujet, mais elle s'inquiète de ce qui peut la tracasser, de ce qui pourrait l'empêcher de se sentir bien, de se sentir légère et en paix. et elle a la sensation que le manque de maureen se fait sentir. elle ne peut même pas l'en blâmer, tant elle a ce ressenti si identique tout au fond de son coeur. peut-être pouvaient-elles, à elles deux, panser cette blessure qui peinait encore à se refermer. il n'y avait aucun ressentiment à l'égard de la jeune fleuriste. elle avait pris la décision qui s'imposait, la meilleure pour elle, pour son avenir. ce n'était que les circonstances qui étaient difficiles à appréhender. et c'est dans l'optique d'un soutien mutuel qu'elle débarque face à la devanture et passe la porte avec l'habitude de celle qui y revenait plusieurs fois par semaine. c'était d'ailleurs pour cela qu'elle avait pris le pli de ce qui l'attendait à l'intérieur. sauf qu'aujourd'hui, les cartes avaient été redistribué dans l'optique de donner une toute autre direction à la partie. c'est le visage doux et lumineux de son amie de toujours qui accueille livia derrière la caisse du petit magasin. c'est le sourire sincère de celle qui se sent enfin récompensée pour ses sacrifices qui s'affiche sur les lèvres. sans surprise, leur réaction est identique jusqu'à ce qu'elles se tombent dans les bras. les larmes de joie de maureen appellent celles de livia, qui entreprend déjà de dégager de ces dégâts, les traits si fins de son amie. elle ne voit pas mieux à lui avouer que combien elle a pu lui manquer, et combien elle avait pu avoir besoin d'elle durant tout ce temps. tu m’as tellement manqué aussi. pourtant, personne n'avait été en mesure de prendre sa place. tout paraissait, si simple, si facile quand elle était à ses côtés. les deux jeunes femmes n'auraient sans doute pas assez d'une vie pour rattraper ce temps perdu. mais si une chose était sûre, c'est qu'elles s'y emploieraient de toutes leurs forces. de toutes les situations dans lesquelles elle aurait pu se trouver en cet instant, elle avait la sensation qu'elle ne se serait jamais sentie aussi bien et rassurée que là où elle était présentement. un seul être vous manque et tout est dépeuplé, et elle avait eu suffisamment le loisir de vérifier cette théorie dernièrement. tu changes pas, tu es toujours aussi jolie. t'es bête, qu'elle dit en secouant la tête. si elle avait bien raison sur quelque chose, c'était que rien n'avait changé. tout était exactement comme maureen l'avait laissé en partant. et ça leur faciliterait sûrement la vie pour reprendre là où tout s'était arrêté. y'a qu'une seule question qui brûle les lèvres de livia, c'est pour cela qu'elle la pose sans même savoir à quoi s'attendre. sans même savoir si elle serait capable d'encaisser la réponse si elle ne correspondait pas à ce qu'elle espérait. je pars plus, susan a trop besoin de moi alors je reprends la boutique. je te laisse plus maintenant. sans attendre, elle la serre à nouveau dans ses bras parce que le soulagement est grand. parce qu'elle prend conscience du fait que maureen sera encore là demain, et après-demain, et après-après-demain. elle ne serait plus jamais loin quand livia aurait tant besoin d'elle et de ses mots, d'elle de son soutien, d'elle et de ses conseils. un bref regard s'égare derrière la blonde pour se poser sur les fleurs qui peuplaient l'endroit. alors dis-moi, elle est plutôt comment ton humeur aujourd'hui ? elle hausse les épaules dans un grand sourire. elle comprend que ce serait peut-être bien la dernière fois qu'elles communiqueraient de cette façon. et même si cet échange était plutôt original et unique dans son genre, rien ne valait les retrouvailles en chair et en os. rien ne valait sa présence réconfortante à seulement quelques pas d'elle.

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{ i've learned that home isn't a place, it's a feeling }
w/@livia henderson

livia c’est la partie de toi que tu préfères, la plus sereine, la plus confiante. livia c’est cette force de la nature que tu as admiré au fil des années. vous avez grandi ensemble, en partie mais t’as votre première rencontre ancrée au coeur. de ces rencontres qu’on oublie pas, de ces rendez-vous qu’on célèbre annuellement pour le bonheur qu’ils ont apporté. livia c’est un rayon de soleil et tu avais oublié à quel point sa bonne humeur t’étais précieuse. tu l’avais oublié jusqu’à la recroiser, jusqu’à la serrer à nouveau contre toi. livia c’est celle qui t’as aimé quand tu cherchais encore à savoir qui tu étais. livia, c’est tout ça et c’est bien pour ça qu’elle a cette place particulière. comme une famille qu’on chérit, elle est devenue un peu comme ton âme soeur dans cette quête perpétuelle d’amour que t’as mené depuis toujours. et comme d’habitude, son sourire t’apaise et sa douceur te réconforte alors que tu la retrouves enfin après autant d’absence. t’as l’impression de rentrer de croisade alors que tu n’étais qu’à un pont de la maison et le sentiment s’intensifie quand son sourire éclaire la boutique comme lorsque tu en as franchi la porte à nouveau. le magasin reprend vie et ton sourire se teint à nouveau de sincérité alors que cette partie de toi reprend sa place naturelle dans ton monde, tu te remets à tourner rond. t’étais loin de ces considérations jusqu’à son arrivée, t’étais ailleurs, perdue dans tes fleurs en te demandant quand elle viendrait faire sa visite à susan pour la surprendre, démangée par l’idée de lui révéler ta présence à quelques centaines de mètres de chez elle. mais t’as tenu bon et tu regrettes rien quand tu vois ses larmes se mêler aux tiennes. le palpitant en branle, tu ris alors que tes joues se mouillent sous le coup de l’émotion. le tableau pourrait être étrange pour un inconnu mais pour une fois, tu ne t’occupes pas de ce que les autres pourraient penser si ils entraient dans le magasin. t’as la culpabilité qui te submerge dans une autre mesure, la culpabilité de l’absence. et l’impression d’avoir raté les évènements majeurs de sa vie. sans t’en rendre compte, t’as ce point qui s’envole et le coeur rendu léger par vos retrouvailles. elle t’en veut pas ta livia et les choses ne changent pas. t’es rendue muette, submergée par les questions qui se bousculent à l’entrée de tes lèvres. t’essuies ses larmes de tes pouces, sans te rendre compte qu’elles font simplement écho aux tiennes. t’as les lèvres pincées dans une grimace émue mais elle se décide à t’interroger et t’entends l’espoir qui perce dans sa voix. t’as jamais été douée avec les mots, trop maladroite pour les exprimer correctement mais livia a toujours eu ce truc pour décoder tes messages cachés. elle a jamais essayé de te forcer à dire ce que tu voulais taire, elle ressemble tellement à susan en ce sens qu’elles n’ont jamais cherché à te pousser trop loin. elles acquiescent à tes silences, s’adaptent à tes messages silencieux en essayant de comprendre ce que tu ne sais pas dire. t’as cette gratitude infinie pour ton amie éternelle, celle qui t’as laissé partir vivre ton rêve en prenant soin de susan sans jamais se plaindre, celle qui s’est accommodée de tes silences sans te blâmer pour aucun de tes choix. et plutôt que de t’étendre en explications, elle t’emmène vers ton coin préféré de la boutique. là où trône les fleurs coupées, c’est dire comme elle te connait bien. “ il y en a pas, c’est pas la saison mais je crois que le muguet serait parfait. c’est le bonheur retrouvé alors je crois que c’est assez adapté pour mon retour à la maison. on te fait un bouquet ou on s’offre un café ? on a beaucoup de choses à se raconter je crois. ” et t’as le coeur gonflé à l’idée de tout ce qui arrive encore, à la perspective de partager à nouveau ton quotidien avec ta meilleure amie de cette manière concrète.

à cet instant, le soleil brillait plus intensément, les oiseaux chantaient plus fort et le parfum des fleurs n'avait jamais été aussi enivrant. c'était que le retour de maureen lui faisait reprendre les couleurs qu'elle avait perdu et re-dynamisait le monde qui l'entourait, qui les entourait. le manque et l'absence avaient été si présents, partenaires de fortune qui ne s'étaient jamais lassé de l'étriquer tel une seconde peau. pas de plaintes pourtant, ni de reproches, simplement l'attente et l'espoir qu'elle reviendrait un jour, plus tôt que prévu. pour la surprendre, la faire sourire, la faire pleurer de bonheur et lui offrir son épaule pour y coucher tous les émois des moments où elle n'était pas là. et c'est exactement l'option qu'elle choisit quand elle apparaît à l'image d'un spectre au milieu de la boutique, et que livia reste d'abord sans voix avant d'oser s'approcher. c'est qu'elle aurait presque peur qu'elle s'envole si elle essayait de la toucher. sans mentir, elle l'avait attendu des jours et des mois ce moment-là. toutes ces fois où elle s'était imaginé pouvoir se confier à elle plutôt que de tout garder, enfermé à double tour dans un coeur qui finirait par exploser, sous le poids qu'il ne supportait plus. elle avait pris la poudre d'escampette maureen. mais ton monde à toi ne s'était pas arrêté de tourner pour autant. il n'en avait que faire que tu sois entourée ou non, prête à tout affronter ou juste sur le point de couler. alors elle avait fait ce qu'elle savait faire de mieux livia, elle avait encaissé les coups. relevant la tête et bombant le torse comme la guerrière qu'elle n'était pas toujours. c'est l'aura d'une affection profonde et jamais ternie par le temps qui les enveloppe chaleureusement. et c'est le futur plein de promesses qu'elle voit enfin se dessiner devant ses yeux qui achève de lui remplir le palpitant, de bons sentiments pour une fois, quand elle entend que maureen ne repartira pas. il n'en fallait pas plus pour lui rendre ses armes à livia, pour qu'elle entrevoit enfin, que demain tout irait mieux. une année passée loin des trois personnes qui comptaient le plus à ses yeux, c'était bien trop de perdu. elle en avait du temps à rattraper et celui-là, elle n'avait pas l'intention de le laisser filer. souvent, il n'y avait pas besoin de mots avec maureen. des fleurs suffisaient à exprimer ce qu'elle taisait si bien, des silences à mettre en lumière ce que les regards trahissaient de plus humain. il y en a pas, c’est pas la saison mais je crois que le muguet serait parfait. c’est le bonheur retrouvé alors je crois que c’est assez adapté pour mon retour à la maison. on te fait un bouquet ou on s’offre un café ? on a beaucoup de choses à se raconter je crois. elle sourit d'abord à la réponse qui la ravit, avant de secouer négativement la tête. les plantes avaient longtemps été le seul lien qui la raccrochait à sa meilleure amie et elle n'avait plus envie de ça. ce qu'elle réclamait était un réel échange avec celle qui lui avait tant manqué. t'as déjà redécoré tout mon appart' de fleurs et on a tout le temps pour ça. j'opte pour le café. la réponse lui avait semblé évidente à l'instant même où l'interrogation avait passé la barrière des lèvres de maureen. intimement, tu espérais très fort que les clients se passeraient de bouquets, au moins aujourd'hui. tu voulais égoïstement la garder pour toi, au même titre que ce petit havre de paix que représentait la boutique. parce que ta maureen n'était jamais autant elle-même qu'elle ne l'était ici, dans son élément. j'veux tout savoir. de comment ça s'est passé là-bas, aux personnes que t'as rencontré et de ce qui t'as décidé à venir retrouver une petite vie rangée quand tu pouvais avoir tellement plus. qu'elle ne s'y méprenne pas, elle était la personne la plus heureuse du monde livia, de la retrouver près d'elle. mais elle avait eu le monde à portée de mains maureen. ses rêves, elle aurait pu les attraper et faire en sorte qu'ils remplissent sa vie de mille-et-un bonheurs qu'elle avait tant mérité. pourtant, elle était là et ce n'était sûrement pas un choix qu'elle avait fait par hasard. dis-moi maureen, ce sera quoi maintenant ta vie ici ?

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{ i've learned that home isn't a place, it's a feeling }
w/@livia henderson

t’as le sourire écho, contusionné par les coups mais revitalisé par sa présence. livia, elle a l’odeur de la maison. la douceur d’une matinée d’été avant que la canicule ne pointe son nez. c’est le coeur empreint de nostalgie que tu la serres contre toi ta livia, les yeux embués par d’hypothétiques adieux qui ne viendront jamais. tu as tenté de partir mais tu es bien incapable de ne pas revenir. le calque de vos souvenirs fusionne avec le calque de ceux que vous avez encore à créer, longtemps mais plus jamais l’une sans l’autre. tu l’as senti de ta distance sa réserve sans limites parce que livia n’est pas femme à se laisser abattre, plutôt de celles qui encaissent les coups sans jamais mettre un genou à terre et tu l’as vu faire si longtemps que tu reconnais les signes avant-coureurs de ses ko oubliés. un oeil moins pétillant que tu n’aurais jamais pu déceler de si loin et c’est réconfortant de savoir que tu es rentrée au bon moment, de te sentir attendue. pour la gamine oubliée, c’est le plus joli remerciement du monde qu’être importante dans les yeux de ceux qui comptent. peu nombreux mais si fidèles. bien plus douée avec les fleurs qu’avec les mots, tu aurais voulu la rassurer en quelques phrases mais par peur d’être maladroite, tu t’évertuais à rester dans ton registre fleuri.
fidèle béquille, tu l’as trop longtemps délaissée mais son silence ne suffit plus à te rassurer alors tu l’écoutes, tu t’émeus de ses mots et tu te nourris de son émotion. un panneau retourné plus tard, quelques tours de clés et vous voilà à vous envoler loin de cette boutique pleine de souvenirs créés, d’éclats de rire oubliés mêlés de quelques chagrins effacés. vous avez vécu votre amitié par le prisme déformé de cette boutique poussiéreuse pendant si longtemps qu’elle est devenue votre point de ralliement, au même titre qu’elle a été un refuge dans tes moments les plus sombres. un havre de paix. tu prends son bras pour l’amener sur les traces de votre amitié jusqu’à l’angle de la rue dans le petit café indépendant où vous avez pris vos habitudes au fil des années et au gré des discussions. votre table est libre dans le coin de la vitrine comme si elle avait attendu votre retour pendant toute cette année pour reprendre vie et ton coeur se gonfle un peu plus à l’idée que le temps s’est figé, que ton monde n’a pas bougé. tu admires ta meilleure amie, tu te nourris de son sourire et tu l’écoutes. tu écoutes ses sourires et ses silences, tu entends ses doutes dans ses soupirs et ses hésitations dans sa ponctuation. livia, elle a le coeur brisé et tu ne l’as pas vu arriver. un instant, la culpabilité te pince la poitrine mais tu es bien décidée à profiter de ce moment suspendu pour comprendre ce qu’elle ne dit pas, ce qu’elle retient. “j’ai rencontré beaucoup de gens mais je me suis jamais vraiment sentie à la maison. tu n’étais pas là-bas, susan non plus et c’était vide. émile était loin et ça n’a pas aidé. puis je me suis rendue compte qu’un pont c’était déjà trop alors j’ai réfléchi, beaucoup et puis j’ai compris que ma décision était prise avant de partir. susan avait besoin de moi, tu me manquais et la boutique était trop grande là-bas de toute façon.” mais la vérité, c’est que la vie était plus fade sans tes piliers pour avancer. le barista semble à peine oser vous interrompre, et il disparaît en un quart de seconde une fois votre commande enregistrée. il est plus jeune que la dernière fois et c’est bien la seule chose qui a changé dans le décor familier de vos rendez-vous presque quotidiens. “et toi livia ? raconte-moi ce que tu ne m’as pas dit ?” tes doigts glissent autour des siens pour les serrer un peu plus fort, pour lui intimer qu’elle n’est plus seule. tu la connais assez bien livia pour savoir ce qu’elle ne dit pas, tu la sais suffisamment pour savoir qu’elle s’oublie souvent en donnant trop d’elle aux autres parce qu’elle est précieuse livia mais qu’elle a trop eu l’habitude de s’oublier et lorsque tu fais le bilan, tu réalises que tu l’as aussi oublié en mettant de côté sa détresse pour te concentrer sur celle de susan. vos tasses apparaissent devant vous alors que tu n’avais même pas vu le serveur approcher. “tu sais, ce que tu as fait pour susan. c’est beaucoup plus que ce que n’importe qui aurait fait alors je voulais te remercier mais je sais même pas comment te le dire. tu es précieuse livia.” et tu voudrais tant qu’elle s’en rende compte, qu’elle se voit avec les yeux du monde entier mais livia, il lui manque cette confiance piétinée que tu te jures de l’aider à retrouver.

elle était là maureen. au milieu de sa boutique de fleurs. de retour à la maison, comme si elle n'était jamais partie. comme si les années écoulées n'avaient été qu'illusion. elle était là maureen. et chacun de ses traits rayonnaient de splendeur. elle balaie le monde d'un revers de main livia, oublie tout ce qui aurait dû composer les prochaines heures. parce qu'elle sait que c'est à ses côtés qu'elle va les passer. qu'elle lui raconte ses voyages, ses rencontres, ses joies, ses bonheurs, aussi ses peurs et ses malheurs. entre elles deux, tout pouvait être dit. et elle était bien là leur magie. le bon comme le moins bon, surtout le moins bon. à l'époque, une partie d'elle-même s'était envolée avec la jeune fleuriste, pour veiller sur elle. présence silencieuse. et elle lui revenait aujourd'hui. changée, pas tant que ça. avec pourtant des tas de choses en plus dans les yeux et dans la tête, elle en était persuadée. leurs envies se percutent avec toujours autant de facilité quand la blonde referme la boutique sans piper mot. les connexions se font avec la même aisance, quand leur amitié était l'unique priorité. les pas, autant que la mémoire, n'ont pas oublié. toujours ils se souviendront. le même chemin qu'autrefois est emprunté. et c'est seulement à l'instant où la porte s'efface derrière leurs silhouettes qu'elle prend conscience des faits. non, elle n'était jamais revenue là en l'absence de maureen. comme si l'endroit n'aurait rien pu être d'autre qu'un déclencheur de peine face au manque d'une amie. leur coin retrouvé, la vie semble reprendre son cours. avec plus de douceur qu'hier, la quiétude d'antan en bandoulière. l'impatience l'étreignant toute entière, elle ne résiste pas longtemps à demander. et elle écoutera n'importe quoi des aventures de maureen, pourvu qu'elle lui parle. pour tout ce temps où elles en avaient été privé. j’ai rencontré beaucoup de gens mais je me suis jamais vraiment sentie à la maison. tu n’étais pas là-bas, susan non plus et c’était vide. émile était loin et ça n’a pas aidé. puis je me suis rendue compte qu’un pont c’était déjà trop alors j’ai réfléchi, beaucoup et puis j’ai compris que ma décision était prise avant de partir. susan avait besoin de moi, tu me manquais et la boutique était trop grande là-bas de toute façon. elle écoute religieusement, sans interrompre, incapable de masquer le sourire qui commence à fendre ses lèvres. consciente, déjà le jour de son départ, qu'elle laissait l'essentiel derrière elle. qu'elle avait peut-être besoin d'en faire l'expérience par elle-même. évidemment qu'elle pensait à susan, elle avait sans cesse été inquiète sur son sort, quand livia avait tout fait pour minimiser ses inquiétudes et lui assurer que tout irait bien. la preuve était là aujourd'hui. puis elle entend parler de emile, s'interroge. le jeune sartier qui n'avait pas décollé de new york, du moins pas à sa connaissance. étonnée qu'il ait pu jouer un rôle dans l'envol avorté. elle comprend pas bien ce qui se joue entre eux, encore moins ce qui les lie réellement. tout ce qu'elle sait, c'est qu'il n'y a rien de clair. que ce soit dans le regard qu'elle porte sur leur relation, ou dans le regard de maureen. vous vous êtes parlé quand t'étais là-bas ? est-ce que le contact a été rompu ou est-ce qu'il en reste des bribes, même infimes ? est-ce qu'elle est partie pour oublier ou pour se mentir à elle-même, la distance en plus ? tu sais trop ce que c'est livia, que de repousser ce qui hurle pourtant si fort. tu sais aussi que c'est plus facile parfois de se retrancher derrière de fausses vérités. à croire que même dans vos rapports aux mecs, vous ne saviez pas opérer différemment l'une de l'autre. t'as pensé à lui comment ? elle entend encore le constat de l'absence de emile loin de son lieu de séjour. alors elle veut savoir si elle a des mots à poser sur eux maintenant, davantage qu'hier. elle se raccroche à cette histoire livia, comme si parler du second sartier pouvait l'aider à oublier le premier. tu te retiens d'étouffer un rire nerveux et de lui dire combien vous aviez l'air malignes toutes les deux. prisonnières de sentiments trop collants pour vous en sortir correctement. elle remarque à peine le passage du serveur tant il ne s'attarde pas. et c'est tant mieux, elles n'ont pas besoin de protagonistes supplémentaires dans leur échange. elle observe son amie livia, et elle se sent enfin complète. sûre de pouvoir se relever plus facilement de chaque obstacle maintenant qu'elle pouvait les amoindrir en les partageant avec elle. et toi livia ? raconte-moi ce que tu ne m’as pas dit ? la pression de ses mains sur les siennes a le mérite de l'apaiser. et elle la regarde sans discontinuer, comme pour imprimer profondément qu'elle est vraiment là. et que ce n'est pas uniquement le fruit de son imagination. je t'ai dit le principal maureen. t'y crois pas toi-même. mais qu'est-ce que tu pourrais bien trouver à lui dire quand tu sentais ta vie partir en vrille sur tous les plans ? t'avais pas envie de t'épancher, encore moins de te plaindre, quand tu n'espérais que profiter et célébrer sa compagnie retrouvée. c'est pas important, elle souffle en secouant la tête. tu sais, ce que tu as fait pour susan. c’est beaucoup plus que ce que n’importe qui aurait fait alors je voulais te remercier mais je sais même pas comment te le dire. tu es précieuse livia. t'as pas à me remercier. tu sais que j'serais toujours là quand t'auras besoin de moi. et même si ça voulait dire qu'elle devait voguer ailleurs. elle ne bougera pas livia et elle prendra soin de ce qu'elle avait laissé ici, chez elles. la vie était presque monotone sans toi. new york n'avait pas la même saveur, définitivement. c'était si bon de la revoir à la maison.

» la nuit surgit en plein jour, en pleine gueule, et rien ne sera plus jamais comme avant (thelma)
» Avant que la vie nous sépare, avant que la vie vacille. Je veux succomber sans égard et valser au bord du vide. ♥ Warston
» paradis perdus (maureen)
» emptiness ⚭ (maureen)
» PR / maureen, irma (17/07).