everywhere is war --/ moïse.

Tu perds la notion du temps quand t’es en plein match. Le basket avant le reste. Le match est serré, les points s’accumulent et t’as le sourire aux lèvres d’avoir Kenn dans ton équipe. La partie est gagnée d’avance.
La nuit tombe à peine quand les poignées de mains sont échangées, sac de sport sur l’épaule, tes écouteurs déjà enfoncés dans tes oreilles, Tupac qui tourne et qui te force à rentrer au bercail.
Les clés dans la serrure, tu marmonnes les paroles de la chanson tout en ouvrant la porte. La tête ailleurs, tu te rends pas tout de suite compte qu’elle était déjà ouverte, cette foutue porte. Tu ne te rends pas compte tout de suite, que t’es pas tout seul au milieu du salon.
Ton regard se relève, tes sourcils se froncent. Il y a comme une fausse note, une rature dans le paysage. Y’a ta soeur sur le canapé, la télévision qui crache une musique minable, des bières et une odeur de marie-jeanne, y’a ta soeur, et un type sur le canapé.
qu’est-ce que...
Tu bredouilles, laisses tomber le sac sur le sol et jette les écouteurs sur le premier meuble. Tu le détailles le mec, tu mets quelques secondes à le reconnaître, son prénom néanmoins tu ne t’en rappelles pas. Tu l’as déjà vue, chez un des gars, avec la petite junkie qui ne réfléchit pas. C’est une connaissance de Mimi, peut-être son mec, peut-être son frère, assez con pour dealer avec vous. Mais qu’est-ce qu’il fout chez toi bordel ? À faire les yeux doux à ta frangine ? A l’aise sur ton canapé. Tu réfléchis pas, tu le saisis par le col pour qu’il se redresse, tu le pousses avec hargne -son corps heurte la table. qu’est-ce que tu fous là toi ?! tout seul. tu grimaces, tes mains se raccrochent à son haut et ton front se presse contre le sien. qui t’a donné mon adresse ?! peut-être qu’il est déjà venu ici, t’en as pas le souvenir, et quand bien même. Les circonstances ne l’aide en rien. hum ?! s’il n’y avait pas ta soeur, tu lui en aurais déjà collé une, pour lui faire passer l’envie de se re pointer ici.

Tu lèves jamais le poing sans raison. C'est bien l'une des seules choses à laquelle tu fais honneur, mais t'as plus les idées totalement claires quand il s'agit de ta sœur. T'as plus les idées totalement claires quand tu vois le cul d'un petit blanc enfoncé dans ton canapé. C'est pour ça que tu l'empoignes trop violemment, que t'oublis un instant la présence d'Onaë et que le sang te monte au crâne en moins d'une seconde. Il se fait d'abord pousser l'intrus, les questions fusent sans que tu ne lui offres une ouverture pour qu'il réponde. Puis il se fait secouer, ton visage pue la colère, à l'intérieur tu le supplies presque de donner la bonne réponse. j'aurai pas à t'éclater les dents si tu baves pas d'la merde. Mimi. Mimi Wilkes ? Mais elle m'l'a pas donnée. J'suis venu avec elle une fois. J'me souvenais. C'est tout. tu avais donc bon, un pote de la junkie, ça n'apaise pas la colère qui boue à l'extrémité de tes phalanges, tu resseres l'emprise, tu voudrais l'encastrer dans l'mur. J'suis désolé. J'voulais pas– t'voulais pas quoi ? hein ? faire du charme à la frangine ? roucouler comme un putain d'adolescent, chez moi ? Il se mouve enfin, tente surement de se dégager en vain. J'suis désolé. J'veux juste un peu de coke. J'ai d'l'argent. J'peux payer. il lève les mains en l'air, il veut de la coke, il veut juste de la coke qu'il dit. Toi, tu ris, tu ris si fort que tu le lâches l'inconscient. ah, t'veux juste d'la c. ? fallait l'dire, un instant j'ai cru que c'était pour ma soeur que tu venais. que tu siffles, ironique, mauvais, t'insistes bien sur le milieu de ta phrase, qu'il se l'imprime bien dans l'crane.
t'as d'l'argent tu m'dis ? tu t'adoucie extérieurement, pour qu'il ne prenne pas la fuite tout de suite, intérieurement c'est le brasier. Il n'y a pas de juste milieu quand il s'agit d'elle, l'instint de protection élevé à son maximum. t'as combien ? mouvement de menton dans sa direction, sors la thune, vite, et tu recules sans lui tourner le dos, tu récupères ton sac de sport sur le sol pour en sortir un pochon de c. tu veux bien nous laisser ? que tu lances à ta soeur, le ton trop mielleux pour que ce soit vrai. [i]j'veux pas que tu m'vois dans cet état, j'veux pas que tu me vois lui vendre quoi que ce soit, encore moins que tu m'vois lui régler son compte.

tu lui demandes de partir à onaë, pour ne pas froisser ton image de grand frère modèle. parce que tu t'es promis depuis trop d'années déjà, de ne plus la mêler à tes histoires, de la tenir éloignée loin du business, de la tenir éloignée de tes coups d'éclats. c'est ce que tu peux faire de mieux, toi, qui ne seras pas toujours là pour la protéger du monde extérieur. et quand elle quitte enfin la pièce, tes yeux sombres se posent sur le camé probablement en manque. entre tes mains une boite rectangulaire en métal, et tu le regardes trembler comme une feuille lorsqu'il sort son portefeuille de sa poche. t'as le regard aiguisé, lorsqu'il l'ouvre et comptes cent dollars d'un coup d'index. c'est qu'il te prend pour un con, en enfonçant le reste des biftons. j'ai cent balles. tu le regardes de haut en bas, une fois, deux fois. il tend les billets dans ta direction, et tu ne bouges toujours pas.
cent balle ? t'arques un sourcil, un sourire en coin se dessine sur ton visage déformé par la colère grandissante. t'arrives plus à savoir, ce qui te met dans un tel état. si c'est la dégaine de ce mec, ses airs de flipette, si c'est le fait qu'il se soit pointé chez toi comme un putain d'invité, ou si ce sont ses yeux trop gourmands. t'arrives plus à savoir, mais tes doigts se crispent sur le couvercle métalique. cent balle de coke du coup, c'est tout ce que tu voulais, t'es sûr ? tu t'es même pas rapproché, tu ouvre la boite si brutalement que le couvercle saute jusqu'au sol, puis c'est la boite que tu lui envoies carrément dessus, t'espères qu'elle lui aura esquinté un oeil. un amas de poudre blanche s'étale sur la table et sur le sol. c'est le moment que tu choisis pour te rapprocher, tes doigts viennent encercler sa nuque et tu lui colles le nez sur la table en plein milieu d'un tas de blanche. que ses narines s'imprègnent de la drogue qu'il désirait tant. et sniffe bien fils de chien, c'est d'la bonne, j'fais pas souvent cadeau ! que tu siffles à quelques centimètres de son oreille, ton buste écrasant son dos alors que t'appuies avec plus de vigueur contre le bas de son crâne. peut-être que tu lui exploseras le nez, et que le rouge se liera à merveille avec la neige. t'as cru que tu pouvais te ramener chez moi ? jouer les cowboys avec ma sœur, et m'réclamer de la coke en prime ?! débat toi, si tu veux pas finir en miettes, ou crever d'une overdose.

à cet instant.
il se demande moïse, est-ce que je pourrais le tuer, pour ça ? est-ce que je pourrais lui enlever la vie, pour si peu ?
la réponse qu'il aurait pu lire en onaë n'est plus là. puisqu'il l'a congédié sans plus de cérémonie. ses doigts sont crispés contre la nuque du blanc, il rêve de le voir étouffer dans toute cette cocaïne, celle qui lui faisait tant défaut. il appuie davantage, peut-être qu'il sentira ses os craque et son corps lâcher prise pour s'effondrer sur le sol. il ne réfléchit plus le dealer. le corps de l'homme s'agite sous sa poigne et ça le fait sourire quand il agrippe son poignet avec l'espoir de se délivrer. t'es venu draguer la mauvaise soeur. il y met de la force, il y met de la conviction, réussit à se redresser. se retrouve trop vite au sol en train de ramper comme un animal blessé. moïse reste debout, droit comme un piquet foudroyant des yeux le pleurnichard. « Arrête, Arrête, s'te plait il se retrouve bloqué contre le pied de la table. ses mains dans les airs, réclamant la paix.
il se baisse moïse, juste assez pour le chopper par le col de son haut et le remettre debout, le dos bien droit. il le secoue juste un peu, pour qu'il reprenne du poil de la bête, puis de sa main libre il fouille dans les poches de son jean jusqu'à y retrouver le portefeuille en cuir. il l'ouvre d'une main sans lâcher le vêtement de l'autre. [color=sienna]filip hoenikker,[color] il écorche le nom de famille se trouvant sur le permis de conduire, puis ses yeux vont de la photo à sa tête. un vrai nom de blanc, qu'il ricane, il ne cherche même pas à lui voler son argent. il le lâche, lui balance le bout d'cuir pour qu'il le récupère. j'veux plus jamais te revoir dans les parages, j'veux plus que tu t'approches d'ma soeur, j'veux plus que tu viennes chercher ta came ici, qu'il crache en lui tournant l'dos quelques secondes, la prochaine fois j'serai d'moins bonne humeur, il fait volte face, pose sa main la nuque de l'intru pour le pousser vers la sortie. dégage, avant qu'je change d'avis, il le pousse avec rage contre la porte avant de retourner dans le salon où un bordel monstre l'y attend.