come play with me. (moïse)

un joint coincé entre les lèvres mutines, un regard désintéressé sur la ville qui bouillonne quelques étages plus bas, une tenue qui laisse peu de place à l'imagine, un simple soutien-gorge en dentelle noir et un short en jean délavé. c'est le quotidien de la brune étrangement sobre en ce début de soirée. mépriser le monde autour pour laisser croire que sa vie n'est pas si désastreuse, fumer pour que les pensées sombres puissent s'envoler en même temps que l'émanation de fumée qui sort de ses narines abimées, envoyer un message au dealeur à la peau chocolatée pour se perdre le temps d'une nuit, laisser le reste derrière. elle veut simplement se raccrocher à quelque chose, n'importe quoi pour continuer sur cette bonne lancée de sevrage. douze heures qu'elle n'a pas appelée son vendeur de rêve personnel pour commander un peu de poudre blanchâtre. douze heures qu'elle tourne comme un tigre en cage pour ne pas laisser ses mains trembler sous l'effet du manque. c'est le défi qu'elle veut se lancer pour ce soir. pas pour sa santé, à ce niveau là elle est déjà foutue, un pied dans la tomber et l'autre qui manque de vaciller par moments. elle n'a que quelques jours à tenir pour évacuer la toxine de ses veines et remettre la main sur sa nièce, enfin retrouver cette partie manquante à son palpitant essoufflé. elle ne peut pas y arriver toute seule, elle se doit de trouver le moyen d'oublier ce besoin pendant plusieurs heures, se déchainer jusqu'au petit matin et repousser ce démon qui est en permanence accolé sur son épaule. elle a seulement troquée son calme de camée contre la tension qui anime ses muscles, celle qui lui donne envie de sauter à la gorge de n'importe qui, pour n'importe quelle raison. c'est juste une mauvaise humeur qui agit comme une aura autour de son corps fébrile. le regard couleur acier de will se déporte enfin de la baie vitrée de son appartement alors que le soleil entame son lent déclin. les moindres de ses gestes sont trop rapides, trop maladroits, comme une enfant qui réapprend à marcher correctement après un moment passé en fauteuil. elle ne sait plus faire sans sa drogue la camée. son corps vient s'échouer sur le canapé alors que la clope magique ne quitte pas ses lèvres. elle ne prend même pas la peine de se retourne quand elle entend la porte de son appartement s'ouvrir. elle n'attend qu'une seule personne ce soir. elle sait qu'il tient toujours sa promesse quand il s'agit de débarquer au dernier moment et par-dessus tout, elle sait qu'il sera capable de faire fuir ses cauchemars les plus profonds. c'est une bataille entre deux caractères de feu qui s'engage dès que les pas de moïse résonnent sur le parquet grinçant.