jusqu'ici tout va bien (onaë)

traits de caractère / gamine pastel devenue étoile grésille. enfant de deux cœurs amoureux, qui laisse le sien aux mains emprises, aux têtes pensantes, aux empreintes salissantes et aux corps impurs. soleil de la veille, qui resplendissait par l'éclat de ses doux rêves. elle aspirait à devenir médecin, soigner les autres et guérir le monde. poupée pansement, dont les mots cristaux choyaient les chagrins opiniâtres et dont les égards délices réparaient les vivants cassés. et puis l'éclipse. à l'aube d'un jour où les rayons faiblissent. au ciel la veine, bébé féline qui s'offre à la cage aux crocodiles. sablier renversé. à l'heure où le succès devient son ultime vitamine, elle ne bronze plus qu'à l'intensité de son exposition à la société. projetée au cœur de la scène (de crime) avant que son image haute définition ne se pixelise, visage phare des productions qui se défigure à la cadence des jugements. célébrité ascensionnelle créatrice de vie passionnelle. onaë encouragée par les bas fonds médiatiques, influencée par les sérénades hypnotiques et malmenée par les montages chimériques. candidate à la dérive, soumise à la dévalorisation personnelle et à la cruauté humaine, obnubilée par la couleur des billets et envoûtée par les folles promesses de gloire. mais surtout, onaë sanglée à la décadence provoquée par les travers de la télé-réalité.

( p l o n g é e ) si pure qu'on aurait du se douter. s'douter qu'si belle qu'une sirène, tu filerais d'coeurs en griffes, puis d'griffes en canifs. t'as eu l'béguin pour un bain qu'tu pensais bénin. il était beau, le bassin. le bassin requin, bassin sans fin. cet océan d'succès à perte de vue, qui t'offrait ses flots. t'as pas su décliner. mais ce n'sont pas qu'les vagues qu't'y as décelé. aussi, ce sont les défis déferlants qui s'sont cognées contre ta naïveté miroitante, les menaces houleuses qui ont chatouillé tes mœurs décents, et puis les ordres ravageurs qui ont brumé tes belles valeurs. tu étais leur trésor. l'es tu encore ? ( a p n é e ) nage, onaë. épuise-toi à fuir, ne t'en va pas sottement crever sur la plage de l'écueil où t'attendra le naufrage pour unique accueil. nage, tu respireras après. l'écume te gagne, faut qu'tu renonces à la conquête pirate avant d'te laisser couler. quitte la nasse, prend l'premier navire, lève l'ancre des bas-fonds et vogue vers l'avenir. ( n o y é e ) bientôt tes tentations au suicide seront perçues comme des tentatives de buzz. bientôt, tu ne seras plus. ils t'auront tout volé, onaë. ton âme. ta putain d'âme. celle qui n'aura luit qu'un instant, qu'un temps de vrai. il n'y aura plus un reste de toi, dans l'androïde qui t'animera. une fois le chaos passé, la réminiscence viendra te chahuter l'incertitude de demain. ils auront pillé ton intérieur, et le viol ne t'aura jamais paru tant douloureux. ton cerveau ne servira plus qu'à te rappeler ton mal. ce chagrin, dilapidé sous chaque millimètre de ton épiderme. c'est le venin des autres, qui te courra les veines, créateur de ton vacarme viscéral. ton propre sang, exigera d'se faire valdinguer. par l'emprise du vice, tu auras valsé dans l'vestibule de l'apogée d'tes meilleurs vœux. mais la nouvelle année ne vivra pas. réduite à une esclave de la télé, tu laisseras une place vacante derrière toi. promise à une autre. t'auras abandonné ta veine innée pour l'aubaine que tu lui aura préférée, qui te rendra vaine. cercle vicieux. jusqu'au jour où la vacuité d'ton corps devenu cadavre te laissera pour rien. comme si tu n'avais jamais existé. c'n'est plus qu'une question d'temps. mais ça va mal finir, onaë.