Wrecking Ball. (Warston)

♛ I never hit so hard in love.

Blottie dans les bras de l’homme qu’elle aime, Isabella se réveille tout doucement à la lueur des premiers rayons du soleil. Ses yeux s’ouvrent et se posent tout de suite sur lui, encore endormi, le bras qui la retient fermement contre son torse. Un tendre sourire vient se dessiner sur les lèvres de la jeune femme alors qu’elle le contemple sans oser bouger. Il est tellement beau, tellement paisible à ces instants. Elle pourrait rester là des heures, sans s’en lasser, elle pourrait rester des heures blottie contre lui à le regarder dormir. Ou, juste, à respirer son odeur. Elle l’aime tellement, Nikolaï. Elle le ressent à chaque seconde, plus encore quand son regard se pose sur lui, alors que rien ne pourrait perturber le calme environnant. C’est sans compter sur le besoin fulgurant qui envahit la jeune femme de prendre son médicament. Lentement, à regret, elle se libère de l’emprise de son petit-ami pour se lever. Elle a trop l’habitude de prendre son traitement quotidien dès le matin. Déjà, la veille au soir, elle a fait l’impasse dessus et n’a rien pris parce qu’elle était trop plongée dans sa soirée avec Nikolaï. Le besoin est d’autant plus fort au réveil. Elle prenait des calmants régulièrement depuis quelques mois mais c’est suite à son opération que son médecin lui a prescrit ces psychotropes. Elle ne souffre plus réellement de sa blessure depuis quelques jours déjà, mais elle sent toujours ce mal-être en elle. Et cette anxiété, aussi, quand elle n’en prend pas. C’est peut-être psychique, c’est peut-être plus profond qu’elle ne le croit. Elle a vécu des choses extrêmement difficiles ces derniers temps, Isa. Des choses que l’on ne peut pas oublier d’un claquement de doigt, même quand on fait tout pour y parvenir. Mais cela, elle ne s’en rend pas compte elle-même. Elle attrape sans bruit son peignoir en soie pour l’enfiler puis sort de la chambre pour rejoindre le salon. Elle récupère la boîte de comprimés tant attendue dans son sac à main pour en prendre deux et se dirige enfin vers la cuisine pour se servir un verre d’eau. Le seul fait de procéder à ce petit rituel, en vérité, aide déjà à apaiser ses angoisses de la Latina. Car elle sait qu’elle va se sentir mieux d’ici quelques minutes, elle se sent déjà un peu mieux. La psychologie humaine est parfois étrange. Elle vient de prendre le premier comprimé lorsqu’elle voit la silhouette de Nikolaï faire son apparition dans la pièce. – Déjà réveillé ? lui demande-t-elle avec un petit sourire en coin. Elle se doute que c’est elle, sans le vouloir, qui l’a réveillé si tôt. Elle donne un peu l’impression d’être prise la main dans le sac, Isa, à avaler ses médicaments à une heure aussi matinale alors qu’il dort encore. Mais ce n’est pas le cas, elle ne se cache pas. Elle n’a aucune raison de le faire. Elle en avait juste… Besoin. Elle avale d’ailleurs sans plus attendre le second comprimé avant de reposer son verre d’eau. Et, tout aussi vite, la belle approche de l’homme dont elle est amoureuse pour retrouver ses lèvres dans un doux baiser. – Je suis désolée si je t’ai sorti du sommeil…

♛ I never hit so hard in love.

Elle a tenté de s’échapper de ses bras avec le plus de délicatesse possible… Mais elle l’a quand même réveillé. Comme s’il avait senti qu’elle filait, comme s’il pouvait sentir qu’elle n’est plus à côté de lui. Et ça a quelque chose d’attendrissant. Toutefois, elle s’en veut un petit peu, Isa. Elle aurait pu attendre. Elle devrait pouvoir attendre. Seulement cette sensation désagréable, cette angoisse qui écrase sa poitrine est venue la submerger sans qu’elle ne puisse la contrôler. Et elle n’a guère tenté de résister. Mais Nikolaï n’a pas l’air de lui en tenir rigueur de son côté. Il semble encore un peu fatigué pourtant. Il l’accueille tout de même dans ses bras sans hésiter quand elle se rapproche de lui. Tout de suite, les deux amoureux se saluent comme il se doit, d’un tendre baiser qui vient réchauffer le cœur de la belle comme lui seul sait le faire. Et elle se sent déjà un peu mieux. Ne manque plus que les médicaments fassent leur effet, pour qu’elle puisse attaquer véritablement la journée. – Tu es beaucoup trop habillé. se plaint-elle, la tête enfouie dans son cou, le corps encore blotti contre le sien. Mais elle finit par reculer son visage pour croiser les grands yeux bleus qu’elle aime tant. S’il l’informe qu’elle est toute pardonnée, le jeune homme ne tarde pas à lui demander comment elle va. Et si elle a mal, surtout. Question intéressante, parce qu’en vérité, non, elle n’a pas mal. Sa blessure, en tout cas, ne lui fait pas mal. Mais ces cachets sont aussi là pour calmer tout son corps. L’apaiser, elle. – Ce sont juste les médicaments prescrits par le chirurgien qui m’a opérée. dit-elle, le ton doux, cherchant déjà à rassurer d’éventuelles inquiétudes. Elle se souvient encore lorsqu’il lui avait parlé des calmants qu’elle prenait… Et, pour le coup, ces psychotropes sont d’autant plus forts. Mais il s’agit d’un traitement… Un traitement proposé par son médecin lui-même, rien d’autre. Se reculant finalement, la belle est déjà prête à passer à autre chose. – Je voulais te préparer le petit-déjeuner, ça te dirait ? Pancakes ou omelettes ? demande-t-elle, retrouvant un sourire en coin, désireuse de lui faire plaisir. Désireuse de le rendre aussi heureux qu’il la rend heureuse.  

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Un petit rire cristallin s’échappe de ses lèvres aux paroles de Nikolaï. Elle sait bien qu’elle peut retrouver son corps quand elle veut, à la seconde près. Elle le contemple quelques instants, cette lueur particulière dans ses grands yeux noirs. – Je prends note. déclare-t-elle avant d’aller lui voler un autre baiser. Mais il est encore temps pour les câlins. Puis, pour l’heure, le jeune homme semble s’intéresser à tout autre chose puisqu’il ne tarde pas à s’inquiéter pour sa santé. Et c’est adorable, vraiment adorable de sa part. Pourtant, sans qu’elle ne sache elle-même vraiment pourquoi, Isabella ne se sent pas forcément à l’aise à ce sujet. Elle n’a aucune envie de s’étendre sur son état de santé. Cela ne ferait que raviver de mauvais souvenirs pour tous les deux… Et l’une de leurs dernières disputes, aussi. Ce qui n’est pas mieux. Elle ne sait pas du tout quoi répondre à toutes ces questions. Mais elle ne veut pas davantage le laisser avec des inquiétudes qui n’ont pas lieu d’être. Alors, après un petit instant d’hésitation, c’est la voix la plus assurée possible qu’elle finit par lui répondre. – Je n’ai plus vraiment mal, rassure-toi. Elle n’est pas certaine que de tels propos puissent vraiment effacer ses craintes. Au contraire, il va probablement être encore plus curieux de comprendre, maintenant. – Le médecin m’a dit que je pouvais les prendre tant que j’en ressentirais le besoin. Mais je vais bien. conclue-t-elle, espérant aussi que la conversation se termine enfin. Elle ne tarde pas, d’ailleurs, à changer totalement de sujet. Désireuse de leur préparer un bon petit-déjeuner, la belle demande à son petit-ami ce qui lui fait envie. Mais il refuse. Surprise, elle le regarde se tourner vers elle pour lui expliquer que c’est à lui de le préparer. Un sourire amusé vient se dessiner sur les lèvres d’Isa. – Tu sais, je ne veux pas seulement d’un petit-déjeuner, je veux un vrai dîner. lui explique-t-elle avec malice. Mais elle accepte sagement de se laisser traiter comme une princesse. Elle s’installe sur l’un des hauts-tabourets autour du comptoir pour le laisser faire. – Pancake, omelette et bacon. lui demande-t-elle, toujours avec ce petit sourire en coin sur les lèvres. Et d’ajouter, toujours de ce ton léger, presque enfantin. – J’aimerais bien des tartines aussi en attendant. Est-ce que tu as de la confiture ? C’est qu’elle a beaucoup d’appétit, Isa. Surtout quand elle est heureuse et… Elle l’est. Vraiment.

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Le regard insistant de Nikolaï sur elle ne la met pas à l’aise. Ce regard, c’est celui qu’il a eu toutes les fois où il a tenté d’obtenir bien plus d’informations de sa part qu’elle ne voulait lui en donner. Et, à chaque fois, il a réussi. Mais, pourtant, elle n’a pas réellement quelque chose à dire, Isa. Elle ne lui cache rien. Il connaît tout de son quotidien à présent, il sait tout d’elle également. Il est même au courant de ce traitement médicamenteux étant donné qu’il lui est arrivé d’en prendre devant lui plus d’une fois. Elle ignore quelle réponse donner à toutes ces questions. Et, en fin de compte, elle conclue sans entrer dans les détails en lui expliquant qu’elle peut prendre ces médicaments tant qu’elle en ressent le besoin d’après son médecin. Et c’est vrai. – Tout va bien dans ce cas. lui dit-elle avec un faible sourire. Elle est soulagée de voir la conversation changer de sujet, vraiment. Elle se sent déjà d’humeur beaucoup plus légère alors que l’homme qu’elle aime lui affirme vouloir lui préparer le petit-déjeuner. Il est tellement attentionné envers elle… Tellement prévenant. Elle a eu des dizaines d’employés à son service, Isa. Une cuisinière qui pouvait préparer tout ce qu’elle voulait, à l’instant même où elle le demandait. Mais ce n’est vraiment pas la même chose. Les yeux rivés sur lui, la belle lui confie ses pensées d’une voix tendre. – Tu es un ange, tu sais. Attrapant tout de suite l’un des pots de confiture et une cuillère pour préparer une première tartine, elle relève les yeux vers son petit-ami quand il lui demande si elle compte vraiment tout manger. Elle baisse les yeux vers petit gabarit, puis plonge à nouveau son regard dans le sien. – Qu’est-ce qu’il a, mon gabarit ? l’interroge-t-elle avec un sourire en coin, intriguée par ses paroles. Elle a toujours eu un certain goût pour les bonnes choses. – Je t’assure que je vais tout manger. Et j’aurais même une place pour toi ensuite. ajoute-t-elle avec un regard malicieux. Et, comme pour corroborer ses dires, la Latina croque dans le morceau de pain avec envie. C’est délicieux. Son attention se reporte une nouvelle fois sur Nikolaï alors qu’il s’attelle à préparer du jus d’orange pressé… N’est-il pas parfait ? – Au fait… En parlant de ce que tu m’as promis… As-tu commencé 1984 ? Non, elle n’a pas oublié. Cela fait quelques jours déjà, alors elle ose espérer que la réponse soit positive. Il devrait même l’avoir terminé.

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Il répète ses paroles. Comme pour s’en assurer, comme pour s’en persuader. Comme s’il ne la croyait pas. Mais elle ne dit rien, Isa. Elle ne s’en aperçoit même pas. Elle est seulement soulagée de changer de sujet de conversation. Les yeux posés sur Nikolaï, elle l’observe sans retenue pendant qu’il prépare avec toute sa bienveillance leur petit-déjeuner. Elle ne sait pas s’il est toujours ainsi, en vérité elle sait que non. Les rares fois où il s’est autorisé à parler de son ex-femme, la distance qu’il mettait entre eux était palpable. Elle se demande comment on peut supporter de voir un homme aussi attentionné, aussi parfait… Devenir soudain indifférent. Elle ne sait pas si elle le supporterait, Isa. Mais elle chasse ses pensées de son esprit. Il est tout à elle, Nikolaï. Et elle se rend compte de la chance qu’elle a. Elle finit par lui faire part de ses pensées, ce à quoi il répond qu’il sait être adorable quand il le veut. Un sourire amusé se dessine sur les lèvres de la belle. – Mais est-ce que cela veut dire que tu ne le seras pas toujours avec moi ? demande-t-elle d’un ton taquin, bien qu’elle soit intéressée par la réponse qu’il va lui donner. Sa tartine préparée, elle commence à la manger sous le regard amusé de son petit-ami. Il paraît étonné qu’elle puisse se nourrir autant. Elle laisse échapper un léger rire. – Il faut bien que je récupère toutes les calories que j’ai perdues la nuit dernière. lui rétorque-t-elle d’une voix malicieuse, son regard qui s’ancre quelques instants dans le sien. Elle se perd un instant dans ces grands océans avant d’ajouter qu’elle aura encore de la place pour lui. – J’aurais toujours de la place pour toi. déclare-t-elle avec un petit sourire en coin. Elle s’efforce néanmoins de détourner le regard pour éviter de se noyer davantage dans ses yeux. Elle finit doucement sa tartine quand elle pense subitement au roman qu’elle lui a offert. Celui qu’elle veut absolument qu’il lise. Assez rapidement, peut-être trop rapidement, il lui répond qu’il l’a bien commencé. Et qu’il le trouve intéressant. C’est tout ? – Mais, tu as vu, il nous plonge tout de suite au cœur de l’histoire. C’est ce qu’elle apprécie, aussi, avec Orwell. Elle ne sait pas qu’il n’a pas lu une seule ligne du livre. Elle ne s’en doute pas un seul instant, parce qu’elle est sincèrement convaincue que le concept peut vraiment lui plaire. Et puis, il est dos à elle, de sorte qu’elle ne peut pas le voir. – Et que penses-tu du concept de Big Brother ? C’est totalement d’actualité, tu ne trouves pas ? le questionne-t-elle ensuite, curieuse de connaître son point de vue sur le sujet. Le pauvre Nikolaï, il doit avoir l’impression d’avoir une interrogation orale surprise sur un sujet qu’il n’a absolument pas révisé.