- all along it was a fever -

(a golden cage is still a cage) Elle a grandi blottie dans un monde doré, où rien de mal ne peut se produire puisque tout peut s'acheter. C'est pas la cuillère dans la bouche, mais tout comme, au sein d'un foyer où on se soucie moins des sentiments des autres que de leur statut social, où on attend rien de moins que des gosses parfaits à tout point de vue, où on mise plus sur les apparences que sur ce qu'il y a à l'intérieur. Reilly ne sait pas ce que ça fait que de manquer de quelque chose, parce que son compte en banque est garni tous les mois. Les meilleures nourrices, précepteurs, école, lycée, et même universités, rien n'est trop beau pour la petite dernière du clan Sadler. La favorite, la plus prometteuse, celle qu'on a hissé si près de soleil qu'on lui en a brûlé les ailes. Parce que Reilly n'a jamais connu le refus. Ni les limites. Parce qu'on l'a tellement mise en avant qu'elle sait pas que tout le monde ne s'écrase pas à ses pieds en adoration. Comme quoi grandir dans un monde privilégié, c'est autant une tare que de naître pauvre – même si elle n'y croit pas une seule seconde. (life imitates art) Elle s'est passionnée dès l'enfance pour l'art sous toutes ses formes, mais surtout pour la peinture. A ses yeux, c'est la quintessence de la liberté, celle de jouer des textures, des couleurs, des images, des concepts. Reilly pourrait passer sa vie dans un musée qu'elle serait la plus heureuse du monde, et elle compte une collection impressionnante de bouquins sur le sujet. Fascinée par l'art abstrait, celui qui pousse à la réflexion tant l'immersion dans l'esprit de l'artiste est nécessaire, elle a fait l'acquisition de plusieurs Kandinsky qu'elle chérit comme des trésors. C'est pour ça qu'elle suit un cursus d'histoire de l'art, même si ça fait des mois qu'elle a pas planté son cul sur un banc de Columbia. Elle peint elle aussi. Rarement sobre, rarement clean, parce que l'imagination au bout du pinceau se joue sur sa propre liberté et qu'elle se sent jamais aussi libre que quand elle est défoncée. Elle veut pas devenir artiste reconnue, mais si sa vie prenait pas le tournant qu'elle prend, elle aurait voulu avoir sa propre galerie d'art. A Brooklyn, pas dans le Queens, parce qu'elle tient au côté hipster de New York pour cette activité. (violent delights, violent ends) Elle a fumé son premier joint à seize ans, pour déconner, pour faire comme tout le monde. On vous vendra ce qu'on veut sur le sujet, tout ce qu'elle sait, c'est que ça lui a pas fait la sensation promise. Au mieux, elle s'est sentie claquée et s'est endormie sur un canapé pour se réveiller le lendemain. L'histoire aurait pu – dû – s'arrêter là, mais elle a commis l'erreur fatale de laisser sa curiosité l'emporter. Seth, c'est une rencontre accidentelle, la ferrari qui s'écrase contre un putain de mur en béton. Elle l'a voulu au premier regard, mais il lui a jamais rien apporté d'autre que des emmerdes. Il l'a fait sombrer sans même qu'elle le réalise dans un univers factice. Ca a commencé par des pilules sans danger, puis par de la c, du crack, des ecstas. Ce qui devait rester qu'occasionnel, ce qui aurait du n'être qu'une phase de curiosité s'est transformée en une addiction puissante. Elle consomme trop, trop souvent. Elle refuse de reconnaître qu'elle est accro, mais elle sait qu'elle opère pas normalement si elle a pas ses doses. C'est un mal qui la ronge, qui creuse ses joues de poupon, qui fatigue ses yeux couleur d'océan, qui la rend irritable, agressive, débridée, à moitié folle. Chaque fois qu'un semblant de réalisation tente une percée dans son cerveau, elle se ressert une dose et l'idée s'évapore à nouveau. (mouth full of white lies) écrire ici. (what i create is chaos) écrire ici. (sens-toi libre d'ajouter autant de points que tu le souhaites / veille à ce que l'on puisse suffisamment cerner le personnage même sans histoire).