fils de catin. ♕ adès dorn

Nuremberg, dem 1. Januar – Naissance d’un gamin non désiré parmi tant d’autres. La mère prostituée ayant succombé au charme d’un riche mafieux. Acte risqué car si ça s’apprenait, la mort serait sa seule issue. Alors la gamine âgée de seize ans, elle a fait en sorte d’déguerpir au plus vite. Elle a voulu quitter l’Allemagne, utilisant l’argent qui lui restait. Au plus vite. Elle a abandonné son gosse, l’déposant au creux des mains d’inconnus dont elle ne savait rien, ignorant c’qu’il adviendrait à celui qu’elle a mis au monde, celui qui n’avait rien mérité de tout ça. Adès qu’il l’a nommé, celui qui s’est chargé d’s’en préoccuper durant une multitude d’années. L’gamin, il n’a manqué de rien durant son enfance. Du moins, c’est c’que ceux ne se doutant rien, se disaient. Il était logé, nourri, aimé. Et toutes ses années, il a eu du mal à vivre en ressentant un manque ; celui d’une mère et d’un père. N’ayant rien laissé lors de son abandon, celui qui l’a gardé n’a jamais su qui elle était. De même, pour le père.

Verzweiflung und Verrat – premier décès que tu affrontes. Apparemment, ce serait un suicide. Mais toi, t’as toujours eu l’impression que c’était autre chose. Le seul à avoir su te guider durant ton enfance s’est fait assassiner. T’en es persuadé. T’ignores encore par qui et pour quelle raison. Pourtant, t’as la sensation d’savoir ce qu’il s’est produit cette nuit-là. C’est comme si t’y avais assisté, Adès. Et ça te hante à un tel point que t’as fini par ne plus réussir à tenir. Le gosse plutôt tendre malgré les circonstances a changé après cet événement-là. Âgé d’à peine dix-neuf ans, t’as compris qu’t’avais plus ta place dans c’pays. Tu t’es dit que l’Allemagne, c’était fini. Beaucoup trop de mauvais souvenirs, ici. mais avant, tu devais effectuer des recherches.

Von Blut und Alkohol – ça t'rendait fou. t'allais d'bars en bars, t'défonçant la gueule toujours un peu plus. t'as fini par intégrer un groupe de mecs dérangés, ceux qui font les beaux tout en s'fourrant dans des affaires illégales. tu l'ignorais mais tu t'rapprochais d'ton padre. il t'a fallu des mois avant d'tomber sur une piste à propos d'ta mère jusqu'au jour où un d'ces bouffons s'situant dans les coins paumés, déchiré, a gueulé « c'lui, l'dorn, l'gamin regretté, la sous-race abandonnée. le fils de catin. » tu l'as choppé dans un coin celui-là et tu as refusé de le lâcher jusqu'à ce qu'il t'dise c'qu'il savait à son sujet. t'avais beau être un mec paraissant léger. rien qu'à entendre ce style de paroles, la haine prenait l'dessus. il t'avouait qu'elle avait sûrement pris l'avion, et tout type de transports pour partir l'plus loin possible. il refusait d'te donner la raison d'sa fuite. après tout, c'que tu désirais savoir c'était où elle s'situait désormais. et il a finalement craché l'morceau après de nombreux coups qu't'as du lui caler afin d'lui faire cracher l'morceau. « Le Queens », d'ce lieu, tu n'as pas cessé d'y réfléchir avant d'avoir suffisamment d'frics pour y aller.

Von Feuer und Gold – alors que tu t’fourrais dans quelques trafics, par-ci par-là, tu savais qu’t’étais pas loin d’pouvoir accomplir ton souhait : celui d’aller vivre dans le Queens, là où ta mère est censée vivre. Si proche du but à atteindre, la foudre s’abat sur toi, t’menant tout droit derrière les barreaux. Tu n’comprenais pas pourquoi on t’avait foutu dans ce lieu-là. On n’répondait à aucunes de tes questions. Tu t’disais qu’c’était sûrement parce qu’on t’avait balancé concernant les trafics auxquels tu participais pour t’faire de l’argent. Rien de bien grave en soit. Ce, jusqu’au soir où t’as compris qu’c’était pour un meurtre qu’t’étais enfermé là. Apparemment, l’gars à qui t’avais porté des coups jusqu’à entendre la vérité venait d’être tué. Et t’étais celui qui était incriminé dedans. On t’insultait d’criminel alors qu’tu n’en étais rien. Tu risquais des années d’taule non méritées. T’es resté des mois là-bas jusqu’à ce qu’une personne s’fasse inculper pour c’meurtre. T’as bien cru qu’tu finirais par y rester. T’étais ravi d’sortir, t’avais un léger sourire. T’avais récupéré ton fric et ce qu’il te restait à faire était d’quitter Nuremberg, d’lui dire adieu et d’débarquer dans Le Queens, endroit auquel tu pensais sans arrêt.

eine neue Spur – Âgé de vingt-et-un an, t’es désormais habitant du Queens depuis deux-trois mois, déjà. T’es déterminé à accomplir c’que tu désirais depuis toujours : retrouver celle qui t’a mis au monde. Tu savais qu’elle s’trouvait non loin d’toi. C’était impossible qu’elle ait quitté également c’pays-là. T’en étais convaincu qu’tu la retrouverais. Et ce fut le cas. Cependant, une fois présentée à cette femme, tu compris très rapidement qu’elle n’avait aucun regret dt’avoir délaissé telle une lâche. Elle vivait dans l’Queens Uppé, c’qui t’étonnait fortement puisque dans sa jeunesse, de c’qu’on t’avait dit, elle n’avait que très peu d’argent et devait servir les hommes pour en obtenir. Elle t’a à peine reconnu. Même pas l’ombre d’un sourire, rien. Absolument rien. De sa part, tu n’eus qu’un simple « Dégage-moi de là » avant qu’elle ait claqué la porte de la villa dans laquelle elle vit désormais. Habillée telle une sale riche, elle a l’air d’avoir oublié ce qu’elle était dans l’passé. Et toi, t’en fais partie. Elle s’fiche bien d’ce que t’es devenu. Elle ne veut pas de toi dans sa petite vie tranquille. C’est à ton tour de l’oublier. T’es bloqué mais t’as décidé d’vivre pour toi, cette fois. Et tu n’fuiras sûrement pas. T’es loin d’lui ressembler, tu ne le veux pas. Alors que tu t’couches chez cette fille plus jeune qu’toi pour la énième soirée, tu repenses à ce qu’avait dit c’gars qu’t’as cogné pour en savoir plus. Tu t’dis qu’il n’avait pas tort en disant que t’es un fils de catin. T’as la rage qui s’propage, ton cœur devient diamant sans que tu n’puisses t’en apercevoir.

bittere Wahrheit – La vie ne t’a jamais gâté. Tu ne sais pas c’qu’est la facilité. Les humains tu ne les vois qu’en tant que simples pantins parmi lesquels tu figures. T’en as assez d’tout ça. À un tel point qu’tu tentes d’trouver un job en premier temps. N’étant pas diplômé, on t’accepte en tant que serveur. Tout semble s’arranger. Tu parviens malgré tout à penser à autre chose, t’vider l’esprit quand t’en as besoin. Certaines ont la possibilité d’passer du temps à tes côtés, t’es un bourreau des cœurs, Adès. Tu as du mal à t’dire qu’personne ne mérite d’souffrir autant que t’as souffert. Alors tu persistes, encore et encore. T’n’en as plus rien à foutre de ce qui peut s’passer. L’avenir t’importe peu. Tu n’as pas envie d’jouer. Et une nuit, alors que t’as ingurgité d’quoi suffisamment avoir le cerveau retourné, t’apprends qu’celui que t’as choppé, qu’celui qui t’a dit où loger ta mère, celui pour qui t’a pris des mois d’prison, n’est autre que ton père.

das grenzenlose Spiel – c’est fini. T’as terminé d’penser aux autres. T’agis parfois tel un sans cœur. Et t’en ris dès que t’entends ces termes à ton sujet. Qu’des putains d’ignorants, des épargnés. La vie tu la vois telle un jeu infini dans lequel ceux qui t’adresseront la parole pourront devenir à leur tour des joueurs. T’es dans l’équipe des puissants, d’ceux qui sont encore là malgré c’qu’ils ont enduré, d’ceux qui ont la volonté d’avancer, d’ceux qui s’en branlent d’ce qu’il pourrait subir tellement ils en ont chié, d’ceux sans pitié, d’ceux qui n’veulent pas être considérés comme des pauvres effrontés. Alors tu t’amuses chaque jour qui passe. Tu rencontres du monde, laissant venir ceux qui l’désirent et partir ceux qui n’semblent plus t’supporter. Jamais plus tu ne retiendras qui qu’ce soit.