SAVE THE QUEENS
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 Jan + Ta gueule, Brad Pitt

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Message Sujet: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 12:51

save the queens ---- / JAN HAYATE

28 ans ---- / ace of diamonds ---- / oh sehun

identité complète / Jan, l’un des prénoms polonais les plus répandus. Marian, en hommage aux origines roumaines de sa mère. Hayate, nom de son père, tailleur en hébreu, métier de sa mère. lieu de naissance et origines / Gunpo, Corée du Sud. origines probablement purement coréennes, peut-être un peu de sang thaïlandais, il n’a aucune certitude sur le sujet, ses parents non plus. études ou métier / voyant et médium pour avoir des activités déclarées aux impôts ; tueur à gages, trafiquant de drogues, et tout ce qu’on lui propose pour combler le manque d’argent. orientation sexuelle / en pleine remise en question. statut civil / célibataire depuis peu, depuis que sa fiancée ait réalisé qu’ils n’avaient en réalité pas d’avenir. pi, scénario ou prélien / inventé.

save the queens ---- / TELL ME WHO YOU ARE

once upon a spirit ---- / a soul ---- / a shining star
traits de caractère /
instinctif, adaptable, sociable, concentré, réactif ;
maladroit, imprudent, impulsif, infidèle, rancunier

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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 12:51

save the queens ---- / TELL ME MORE

once upon a story ---- / a soul ---- / a life to share
Jan est venu au monde avec le prénom de Jin Hyuk, prénom assez ironique étant donné qu’il signifie quelque chose comme “arrivée heureuse d’un garçon”. Il est né un jour d’hiver 1990, en Corée du Sud, à Gunpo. Ses parents étaient étudiants et ils se sont retrouvés ruinés à cause de cet enfant imprévu. Le père a commencé à dealer pour avoir des revenus, la mère a commencé à se droguer, si bien qu’au bout d’un an et demi, la garde de leur enfant leur fut retirée et il fut mis en attente d’adoption. En juillet 1993, il fut officiellement adopté par un couple aisé d’occidentaux vivant à Haïfa, loin de la Corée.

Jin Hyuk prit le nom de Jan, et son état-civil indiquait désormais Jan Marian Hayate, prénoms choisis en hommage aux origines de sa mère adoptive, roumano-polonaise. Sa mère, Lucia, était couturière dans une boutique de la vieille ville et son père, Ismaël, herboriste. Des parents bien plus équilibrés psychologiquement, ne connaissant pas les problèmes financiers. Leur emploi était stable malgré les apparences, et leur permettait de donner à leur fils toute l’attention dont il avait besoin. Pendant son enfance, Jan n’a jamais manqué de rien, hormis peut-être de quelqu’un le comprenant. Ima, c’est qui le monsieur qui est assis à côté de toi ? Lucia avait beau regarder, personne n’était à côté d’elle. Quelque jours plus tard, Jan vit ce même homme sur une photo. Ima, c’est qui sur la photo ? Lui ? C’est ton grand-père, mais je ne l’ai pas connu, il est mort avant ma naissance. L’homme réapparu derrière Jan, qui le vit regarder Lucia en souriant. Jan, âgé de six ans, n’ajouta rien d’autre pour cette fois. De nombreux autres évènements similaires ont cependant eu lieu. Vers ses huit ans, il passa un mois à faire des cauchemars le réveillant en pleurs et quand ses parents venaient le rassurer, il assurait qu’il y avait des ‘trucs bizarres’ dans sa chambre, pointant du doigt des endroits vides de sa chambre… à leurs yeux. Ils décidèrent de l’emmener voir un pédopsychiatre, juste pour se rassurer. Je vois plein de gens que je suis seul à voir. Des morts, mais ils le savent pas tous. La nuit, soit c’est des monstres, ou alors des gens qui meurent. Souvent je vois un avion s’écraser dans des immeubles et j’ai peur, encore plus que quand j’entends parler d’attentats à la télé. Le médecin confirma aux parents que les paroles de leur fils étaient inquiétantes, mais qu’il ne voulait pas donner d’antipsychotiques et neuroleptiques à un enfant. Ce qui les inquiéta encore plus.

A partir de ce moment, Jan évita autant que possible de parler à ses parents de ce qui pouvait le tracasser, ne voulant pas les inquiéter, ni retourner voir un psy. Les ondes énergétiques de l’homme lui avaient parues étranges, il semblait cacher quelque chose, et Jan n’était pas à l’aise face à lui. Pour tenter d’oublier ces ‘trucs bizarres’, il décida de se concentrer davantage sur l’école et tenta de se faire des amis. Ce ne fut pas une grande réussite. Pousse-toi, tu nous embêtes, retourne chez ta famille faire pousser du riz et nous construire des jouets ! La méchanceté enfantine. Jusqu’au collège, il passa la majorité de son temps à lire dans un coin, ou à attendre que la récréation passe, tentant d’ignorer les rires et moqueries de ses camarades de classe. Lorsqu’un soir, il rentra chez lui sans certaines de ses affaires, ses parents allèrent demander à l’institutrice si leur fils avait des soucis avec d’autres enfants, chose dont ils se doutaient déjà à cause de sa baisse de moral visible depuis plusieurs mois. Malgré les difficultés administratives, ils le firent changer d’école, mais ce changement en cours d’année fut loin de faciliter les choses. Même si Jan s’était rapidement adapté au changement d’école, ses nouveaux camarades de classe ne se soucièrent pas de lui et retrouver la solitude alors qu’il s’attendait à se faire des amis commença à lui peser.

Il vit l’arrivée au collège comme une libération et un grand évènement. La cinquième, première année du collège israélien, se passa à merveille. Il se fit plusieurs amis et rencontra celui qui deviendra son meilleur ami, Gabriel, celui dont il s’est rapproché le plus rapidement. Gabriel était d’origines asiatiques, et c’était la première fois qu’il avait quelqu’un avec les mêmes origines que lui dans sa classe. Gabriel, lui, n’avait pas été adopté. Son père était israélien d’origines belges, sa mère chinoise. Ils faisaient leurs devoirs ensemble, passaient des après-midis à jouer aux jeux vidéos ou au basket sur le terrain de jeux du quartier. L’année suivante, Gabriel partit faire une année scolaire en Chine. Jan s’attendait à retrouver ses amis de l’année précédente dans sa classe, il n’en fut rien. Pire même, il retrouva ses camarades de primaires. Ils avaient grandi, que ce soit en âge ou en taille, à l’inverse de lui, qui atteignait à peine un mètre quarante-deux.

Il tenta de se faire discret, voulant éviter de se faire remarquer. Manque de chance, ce fut la mauvaise tactique. Voler son bonnet ou sa trousse était toujours drôle, mais moins qu’en primaire. Jan les laissa faire, persuadé que, plus matures, ils allaient finir par se lasser. Quand ils commencèrent à lui ordonner de leur donner tout l’argent qu’il y avait dans son portefeuille, il réalisa qu’il aurait mieux fait de se défendre dès le début, surtout qu’il en aurait été capable, même si la différence de taille l’intimidait. Il refusa, n’ayant de toutes façon pas le moindre shekel sur lui. Ils partirent sans rien dire de plus, avant de revenir à la charge à la sortie des cours et de lui vider les poches. Noam, le plus grand, lui ordonna avec un coup de genoux dans l’estomac d’apporter cinquante shekalim pour le lendemain, ainsi que les devoirs d’hébreu. Après une demie heure d’hésitation, il décida de ne pas leur obéir, conscient que s’il commençait à le faire, ça ne s’arrêterait jamais. Contrairement à ce à quoi il s’attendait, Noam ne le frappa pas.

Au bout de plusieurs semaines, il découvrit par les murmures de la cour de récréation qu’il aurait couché avec l’étudiante qui avait assisté à plusieurs cours d’Histoire dans le cadre de ses études d’enseignement. Au bout de plusieurs mois d’insultes et rumeurs tournant toujours autour de relations sexuelles, il fut convoqué par le directeur. Quelqu’un avait anonymement déclaré que Jan avait de la drogue dans son sac, et qu’il l’avait obtenue en échange de relation sexuelle dans les toilettes du collèges et avec quelqu’un d’extérieur à l’établissement scolaire. Il assura que c’était faux, par manque de preuves, il n’y eut pas de suite. Le lendemain, Noam vint lui donner son DM de maths. T’es bon en maths comme tout le reste de ta famille, alors tu me fais ça pour demain et tu fais comme tous les chinois, tu ferme ta gueule, ok ? Et fais gaffe, si tu fais des erreurs, tu vas me le payer. Cette fois, Jan n’osa rien répondre, encore moins ne pas obéir. Il passa une bonne partie de la nuit sur le devoir, sans avoir le temps de terminer le sien, sur lequel il était en difficulté depuis plusieurs jours. Plus littéraire que scientifique. Le reste de l’année scolaire fut tout aussi compliqué. A plusieurs reprises, il repensa à ces pouvoirs magiques qu’il avait eu pendant son enfance et que, effrayé, il avait renié. Peut-être qu’ils auraient pu lui servir à se défendre. Des esprits bienveillants lui avaient souvent dit que s’il parvenait à surpasser sa peur, il pourrait faire de grandes choses, pour lui seul ou pour l’humanité entière. Mais, trop effrayé à l’idée de revoir les monstres de son enfance, il abandonna l’idée et continua de subir en silence, s’inventant une passion pour le skate pour expliquer les traces de coups trop régulières pour être causées par de simples chutes.

Jan s’isola de plus en plus, commençant à sécher les cours dès la rentrée de la 3ème lorsqu’il se retrouva à nouveau dans la même classe que Noam et après avoir appris que Gabriel allait rester une autre année scolaire en Chine, ou au moins jusqu’à la fin de l’année civile. Un jour plus difficile que les autres, il profita que ses parents n’étaient pas encore rentrés pour attraper le téléphone et composer le numéro de son meilleur ami à l’autre bout du monde, boule au ventre à l’idée que ce soit les parents de ce dernier qui répondent. Pour la première fois depuis longtemps, la chance lui sourit et ce fut Gabriel, parti chercher un paquet de biscuits en secret, qui décrocha. Il commença à lui demander s’il était conscient de l’heure qu’il était à Yibin, avant de déclarer que c’était pas grave, qu’il était trop content qu’il l’ait enfin appelé malgré le risque de grosse facture, et de lui demander comment il allait. Question banale, mais qui fit éclater Jan en sanglots, la pression de tout garder de son quotidien pour lui retombant. Ben qu’est-ce qu’il t’arrive Xiao Ji ? Je t’ai manqué à ce point ? Non sans difficulté, il lui expliqua ce qu’il lui arrivait depuis son départ. Je fais tout pour revenir au plus vite, d’accord chaton ? Essuyant ses larmes, Jan le remercia.

Le reste de l’année se déroula de la même façon, les heures d’absences s’accumulaient. Janvier se termina, Gabriel n’était toujours pas revenu, et n’avait toujours pas répondu à la dernière lettre. Au fil des semaines, Jan commença à se dire que Gabriel en avait juste marre de lui et que, comme ce qu’il entendait à longueur de journées, il ferait mieux de mourir. Trop mince, l’anorexique. Trop seul, l’emo dépressif attention whore. Trop pâle, le paquet de riz. Incapable d’avoir la moyenne peu importe la matière, il fera rien d’sa vie. Des cours séchés et des récréations passées à lire dans son coin en tentant d’ignorer les autres, il est passé aux heures enfermés dans les toilettes à prier pour que personne ne se rende compte qu’il était là. A cette époque, il passa beaucoup de temps à la synagogue, assis en silence, tête et regard baissé. Le calme du lieu l’apaisait et l’aidait à se laisser aller aux rêveries d’une vie meilleure. Un soir, à force de voir si souvent l’adolescent venir seul, le rabbin vint le voir. Ce fut le premier adulte auquel Jan se confia, n’en pouvant plus de devoir tout supporter seul pour épargner ses parents. Lorsque la violence de son quotidien redoubla, il cessa d’aller à la synagogue et se renferma encore plus sur lui-même, répondant à peine quand, en cours, ses professeurs l’interrogeaient. Ces derniers n’y firent pas plus attention que ça, considérant qu’au vu de son nombre d’absence et de ses notes, Jan Hayate était simplement un élève peu intéressé par l’école.

Ils commencèrent à leur tour à dire qu’il n’allait rien faire de sa vie, s’il continuait comme ça, mais en ajoutant qu’il n’était pas encore trop tard pour revenir sur le droit chemin, d'un ton bienveillant. Jan cessa d’aller à la synagogue et de tenter de fuir Noam et sa bande, trop épuisé pour continuer de se cacher. Début février, toujours pas de nouvelles de Gabriel qui avait pourtant promis revenir fin décembre. Noam fut déplacé à côté de lui car perturbant trop le cours avec son ancien voisin. Jan pâlit davantage lorsqu’il s’installa sur la chaise voisine, vide depuis la rentrée. Les cours devinrent insupportable, ses murmures incessants le rendant fou. Si bien qu’un jour, après dix minutes de cours, Jan sortit de la salle en courant, bousculant l’élève retardataire qui allait entrer. Ce dernier n’ayant pas eu le temps de le rattraper, il se hâta de rentrer dans la salle et d’accourrir près de la professeur. Gabriel avait enfin réussi à convaincre ses parents de rentrer à Haïfa. Déménagement, lettre avec sa nouvelle adresse égarée. Il n’avait pas eu le temps de réagir en voyant son meilleur ami sortir de la salle en courant, le visage recouvert de larmes. Il expliqua en quelques mots la situation à la jeune professeure d’anglais, dont le visage se décomposa aussitôt. Sans un mot au reste de la classe interloquée, elle sortit à son tour, courant vers les marches. Avant de la suivre, Gabriel attrapa Noam par le col et le balançant à terre en lui jurant qu’il allait regretter ce qu’il avait fait. Jennie et Gabriel arrivèrent au toit, dont la trappe d’accès avait été laissée ouverte. YAN !!! Zhushou, Xiao Mao ! Le coeur du coréen, debout de l’autre côté de la rambarde de sécurité, rata un battement. La vue brouillée par les larmes, il tourna lentement la tête. A une quinzaine de mètres, il vit le propriétaire de la voix.

Le chinois s’approcha lentement, redoutant un mouvement brusque, tandis que Jennie téléphonait au poste de l’infirmerie. Doucement, il posa sa main sur l’avant-bras de Jan, qui sursauta légèrement. Gabriel baissa les yeux. La paume de sa main était couverte de sang. Relevant le regard, il croisa celui coupable et mal à l’aise de son meilleur ami. Jan… Tout va bien, je suis là. Je ne vais pas t’abandonner, je te protègerai pour toujours maintenant que je suis revenu. Alors s’il te plaît, reviens de mon côté, c’est dangereux là où tu es et je ne veux pas te perdre. Jan le regarda plusieurs instants avant de reposer les yeux vers le sol, à une dizaine de mètres. Il finit par rejoindre Gabriel et éclata en sanglots sur son épaule, le serrant dans ses bras aussi fort qu’il le pouvait. La pression retombant, Gabriel se mit à son tour à pleurer avec lui, tandis que l'infirmier, soulagé de voir que tout était rentré dans l'ordre, arrivait essoufflé.

Il accompagna les élèves et la professeure encore choquée à l'infirmerie. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?, questionna Alan en désinfectant les coupures recouvrants les bras de l'élève, qui baissa les yeux. Gabriel répondit à sa place, racontant tout ce que Jan lui avait confié. Jennie, pleine de culpabilité, se demanda à voix haute dans sa langue maternelle comment elle avait fait pour de rien voir. Elle qui pensait qu'il n'y avait aucun problème dans cette classe car les cours n'étaient pas perturbés outre mesure, elle découvrait qu'elle avait encore énormément à apprendre sur son métier. Malgré l'opposition de Jan, ses parents furent prévenus. Son père ne pus pas venir tout de suite, mais sa mère quitta en panique son travail. Il redoutait qu'ils ne le disputent pour avoir garder cette histoire pour lui, surtout quand sa mère partit à peine le pas de la porte de l'infirmerie passé. Il n'en fut rien. Elle revint dix minutes plus tard avec un paquet de ses biscuits favoris et ne le força pas à lui dire quoi que ce soit.

Jan termina l’année scolaire sans comprendre comment il avait réussit à le faire, entre les crises d’angoisse quotidiennes et les insomnies. Le dernier jour de l’année scolaire, il se jura que ça allait être la dernière fois qu’il mit les pieds dans un établissement scolaire, la seule vue d’une plaque accompagnée du mot école, collège, lycée ou université l’angoissant. Ses parents le laissèrent faire, bien qu’inquiets à l’idée de ce qu’il allait devenir. Il refusait de continuer ses études à distance et repartait dans sa chambre en claquant la porte dès que le sujet était abordé. L’année de ses dix-sept ans, ils le réinscrirent en cours dans son dos en internat à Jérusalem, à l’autre bout du pays, et l’y envoyèrent de force. Déjà extrêmement mal à l’idée de se retrouver de nouveau en cours, et cette fois avec des gamins plus jeunes que lui à cause de son retard scolaire, les choses ne s’arrangèrent pas lorsqu’il se retrouva pris dans un attentat au bout d’à peine une semaine. Jan aimait son pays, mais voulait le quitter le plus tôt possible par peur de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment et du risque de bombardements. Choqué au point que, sitôt le terroriste arrêté par les militaires et la situation sous contrôle, il fut emmené aux urgences pour s’assurer que son état n’était pas engendré par un problème physique. Hors de question pour lui de remettre les pieds en cours, jugeant être déjà assez stressé comme ça par ce qu’il venait de vivre.

Au milieu de la semaine suivante, il remplit son sac à dos des affaires qu’il avait emportées à Jérusalem et auxquelles il tenait le plus et fugua pour rentrer à Haïfa. N’ayant aucune envie d’aller chez ses parents, à qui il en voulait désormais énormément, Jan alla se réfugier chez Gabriel, à qui il avait expliqué la situation par sms pendant son voyage en train. Ses parents furent mis au courant de sa disparition par le directeur de l’internat et aussitôt, ils allèrent sonner chez les Scaff. Les parents de Gabriel n’étaient au courant de rien, leur fils fit comme si Jan n’était pas planqué dans sa chambre depuis la veille. On va devoir aller signaler sa fugue à la police, alors… merci beaucoup et excusez-nous du dérangement, bonne soirée. Gabriel quitta le salon au plus vite. Yān ! Tāmen xiǎng qù kàn jǐngchá ! Jan se redressa d’un bond, lâchant son livre de Nietzsche. Les flics ? Nǐ rènzhēn ma ? Mā de. Wǒ bìxū líkāi zhège guójiā. Nǐ yīdìng yào bāng wǒ chūguó ! Gabriel le dévisagea, incrédule. Comment ça, l’aider à quitter le pays ?

Il soupira longuement et doucement, fit s’asseoir Jan sur son lit. Chut, arrête de trembler, poussin. Je ne peux pas le faire, tu le sais bien, s’excusa-t-il en lui caressant l’épaule. Je dois partir. Je veux pas partir en service militaire. Tu crois que je peux abandonner la nationalité ? Il me resterait toujours celle polonaise… Jan… il faut que je te parle de quelque chose par rapport à ça. Paniqué, Jan releva le regard. Je vais faire mon service militaire l’année prochaine. Ca, tu le sais déjà. Et... je vais y rester après. Tu… tu es sérieux ? Tu vas m’abandonner ? Tu veux mourir ? Tu veux servir dans quelle unité ? Les forces terrestres ? L’unité antiterroriste ?, lança-t-il sur un ton sarcastique. Une larme roula le long de sa joue. Silence. Sûrement en robotique. Ca serait le plus logique. Gabriel sourit légèrement avant de se lever. Il dit qu’il allait faire du thé et lui demanda de ne pas bouger. Cinq minutes plus tard, il revint avec une théière de thé vert à la menthe, boisson typique de sa famille. Sans dire un mot, il remplit l’un de ses verres à thé turc en cristal, précieux cadeau de ses grands-parents, et le tendit à Jan qui le remercia d’un murmure et commença à boire.

Gabriel en fit de même, avant de reprendre la parole, hésitant. J’aimerai faire partie de l’unité antiterroriste, annonça-t-il en carressant la tête d’Honey, son panda roux en peluche. Sous l’effet de la surprise, sous le choc, l’emprise de la main de Jan sur le verre se desserra jusqu’à ce que le contenant vienne se briser contre le sol. Mā de ! Tu peux pas faire attention ??, s’écria Gabriel, les larmes aux yeux. Jan écarquilla les siens en voyant les morceaux de verre jonchant le sol. L’un des objets auxquels Gabriel tenait le plus. En miettes. A cause de lui. Il le détestait probablement, désormais. Le désir de se jeter du balcon le saisit, accompagné du regret de ne pas avoir sauté du toit du collège. Echange de regard mi paniqué, mi désespéré, mi en colère durant plusieurs secondes. Tremblant, mal à l’aise, Jan attrapa son sac à dos sans y ranger son livre ni les quelques affaires qui traînaient et prit la fuite en sautant par dessus la rambarde du balcon. Ne ratant pas trop sa chute du premier étage, il se releva rapidement et commença à remonter la rue en courant, ignorant Gabriel qui criait son surnom.

Essoufflé, Jan finit sa course adossé à la vitrine d’un bar. Il s’était retrouvé dans un des quartiers à mauvaise réputations de la ville, mais n’y prêtait pas attention. Il avait d’autres choses auxquelles penser. La nuit commençait à tomber et il venait de perdre le seul endroit où il pouvait aller et même si les températures étaient encore chaudes, il n’avait pas envie de passer la nuit dehors. Ni de passer une nuit de plus dans ce pays. Jan recompta son argent et soupira, agacé. Bien évidemment, il n’y avait pas assez pour qu’il puisse partir à l’étranger. Sentant une présence juste à côté de lui, il remonta lentement le regard. Besoin d’argent ? Face à lui se tenait un quarantenaire. Cheveux foncés, nez juif, peau pâle, barbe étroite sous la lèvre inférieure. You don’t speak Hebrew ? Immigrant ? Jan secoua la tête. Lo, ani isrééli. Lama ? Atem mi ? Ché oti atim rotsim ma ? L’inconnu sourit, semblant amusé. Au temps pour moi, j’ai oublié de me présenter. Je m’appelle Alozjy Koslowski et je suis à la recherche d’employés de la nouvelle génération pour mon affaire… Jan le dévisagea quelques instants, surpris par les sonorités de l’identité de son interlocuteur. Un polonais ? Comme lui ? J’ai arrêté l’école avant la fin du collège, je risque pas de vous être utile. Pas besoin de diplômes… juste de bon sens, d’une bonne forme physique… d’une absence de peur du danger. Ce qui semble être ton cas, vu toutes les égratignures que tu as. Jan frotta son bras, qu’il s’était rapé contre le sol lors de sa chute. Alors, intéressé ? C’est pas mon profil que vous cherchez. Je me suis fait ça tout à l’heure en sautant d’un balcon. C’est ce que je disais, tu es la personne idéale. De plus tu as l’air discret, qualité essentielle. Salaire convenable, possibilités d’évolution, pas de routine... Qu’en penses-tu ? Non. L’argent ça m’intéresse pas, j’en ai juste besoin pour pouvoir quitter le pays. Le sourire d’Alozyj s’élargit. Nous pouvons être ta porte de sortie d’Israël sans problème, dans ce cas. Si tu n’as rien contre la Pologne... Je suis majeur que fin décembre et j’ai fugué de chez moi. On s’occupera de toi jusqu’à ce que tu sois libre de tes actes. Umowa stoi. Surpris d’entendre du polonais, Alozyj sourit à nouveau avant de lui tendre la main. Mamy umowę. Après avoir brisé en deux la carte sim de son portable pour éviter d’être localisé, Jan serra la main de son désormais patron, sans savoir dans quoi il venait de s’engager. Peu lui importait. Tout ce qui comptait, c’était de partir à l’étranger le plus tôt possible.

Les semaines passèrent et Jan prit conscience que ses années de harcèlement l’avait, comme on lui disait souvent, rendu très mature. Il s’entendait bien mieux avec les adultes qu’il côtoyait jour et nuit qu’avec ses anciens camarades de classe. Ses nombreux centres d’intérêts avaient depuis toujours été plus proche de ceux des adultes que de ceux des enfants. Peut-être parce que ces enfants n’avaient pas voulu l’intégrer à leur cercle de pairs. Pas de réelle enfance, ni d’adolescence. Depuis longtemps, la vie de Jan se résumait à survivre. Tenter de passer au dessus du racisme, de sa peur panique d’être pris dans un bombardement ou un nouvel attentat, d’oublier le harcèlement pour lequel il n’avait jamais eu d’excuses, que ce soit de Noam ou de ses amis. Enfin, il se sentait vivre et non plus survivre. Apprendre que Alozjy Koslowski travaillait pour la mafia polonaise ne l’étonna guère. En fait, il aurait davantage été choqué si son entreprise était légale. Il y a bien peu de domaines dans lesquels on peut bien gagner sa vie sans diplôme. Cela faisait un ou deux ans que Jan avait deviné que c’était sûrement cet avenir-là qui l’attendait. Pas d’avenir, il fera rien de sa vie. Peut-être bien. Ou pas. Comme l’avait dit Alozjy, les perspectives d’évolution dans ce secteur sont bonnes. Jan n’espérait pas devenir un jour, comme lui, à la tête d’un réseau de trafic de drogues. Mais peut-être juste en dessous. Trafiquant. Son quotidien était bien loin de tout ce qu’il avait pu s’imaginer enfant. L’argent, 2500 shekalim soit 600 euros pour être, au début simple guetteur, ne lui monta pas à la tête. Ces billets commencèrent cependant à représenter pour lui une autre porte de sortie. Pas celle du pays. Celle de la solitude émotionnelle.

A force de fréquenter les mafieux, Jan commença à jouer dans les cercles de jeux de certains d’entre eux. Il apprit rapidement et profita de la chance du débutant. Puis, aidé par les graines d’opium mélangées aux feuilles de tabac des cigarettes qu’il avait commencées à fumer, il commença à miser plus gros. Au bout de deux mois, l’adrénaline procurée par l’augmentation du nombre de soirs où il allait jouer le poussa à faire un emprunt. Juste une ou deux fois, je réussirai à le rembourser avec mon prochain salaire. Du poste de simple guetteur, il commença à devenir très occasionnellement livreur de drogue à domicile, avec l’augmentation de salaire allant avec. Son précédent salaire mensuel était désormais équivalent à celui qu’il pouvait se faire en une nuit de travail. Il en oublia presque, à sa majorité, qu’il comptait partir d’Israël. Ce fut Alozyj qui le lui rappela, un soir où il débarqua au cercle de jeux où Jan avait ses habitudes. Ha mishtara yèch lo oti lé ha ayine méaze ah'adime yamim, ani maamine ché hèm ont chèl ma anah'nou lichloah' bé gouma. Jedziemy do Warszawy. Janvier 2008, la majorité de leur clan arriva à Varsovie pour continuer leurs affaires loin de la police qui avait commencé à les traquer, alors qu’habituellement davantage préoccupée par la lutte antiterroriste, bien plus prioritaire sur le sol israélien.

Bien que parlant couramment polonais grâce à sa mère, Jan eut un peu de mal à s’adapter au changement de langue. Ceux qu’il considérait comme sa nouvelle famille parlaient souvent leur langue maternelle entre eux, mais l’hébreu restait majoritaire. Au bout de trois semaines, il finit par prendre l’habitude. Dès son arrivée, il termina les démarches de renonciation à la nationalité israélienne. Début mars, il reçut le courrier confirmant qu’il n’était désormais plus israélien, encadra la lettre et l’accrocha au mur de son appartement dans Praga. Plus les années passèrent, plus Jan jouait régulièrement et gros. Les sommes avoisinant les 7 500 zloty soit 1 800 euros par soir étaient devenues monnaie courante. Si tu veux passer à un domaine rapportant plus… j’ai quelque chose pour toi. Trop de difficultés à rembourser, et l’addiction se développant, impossible de baisser les sommes. L’absence de Gabriel, Jan la comblait par le jeu et l’opium. Cela faisait bien longtemps que son salaire ne suffisait plus. Sitôt reçu, il était parti dans les jeux sous les trois jours. Vivant de prêts à gros taux d’intérêts, Jan accepta, sans demander davantage d’explications. Le 13 avril 2008, un homme nommé Mietek Zytnicki est retrouvé mort d’une balle dans la tête. Pas de traces de lutte, ni d’ADN. L’arme laissée sur la scène du crime n’avait pas la moindre empreinte digitale… hormis celles du mort. On pense à un suicide. Il était drogué et n’arrivait plus à payer son dealeur. La vérité n’a rien à voir avec la version officielle. Son meurtre a été commandité et payé 76 000 zloty.

Les années continuèrent de passer. Jan continua de s’enfoncer dans les jeux, les problèmes d’argent, la violence. Au fil du temps, il commença à regretter de plus en plus souvent d’avoir accepté l’offre du polonais. Il avait pu quitter Israël, échapper au service militaire, partir loin de ses parents qui l’avaient trahi. Mais sa vie actuelle était loin d’être celle qu’il s’était imaginé avoir si jeune. Ses parents ne l’auraient pas envoyé à Jérusalem de force, il serait encore longtemps resté chez eux, à continuer de passer ses journées à lire et à étudier par lui-même. Peut-être même n’aurait-il pas eu besoin, arrivé à trente ans, d’aller se mêler de lui-même au crime organisé, il y avait peut-être des métiers accessibles sans diplômes, simplement avec un nombre important de connaissances. 23 ans, une centaine de meurtres, prémédités ou non, au compteur, racket de commerces par extorsion ou en échange de protection, participation à un réseau de proxénétisme et de trafic de drogue, à haut poste. Jan était le petit préféré d’Alozyj, qui avait commencé à le considérer comme son fils et voyait en lui un énorme potentiel. Il avait toujours un oeil sur lui, directement ou par un intermédiaire, pour s’assurer qu’il n’ait pas de problème, ayant fini par réaliser que contrairement aux apparences, Jan n’avait pas naturellement la personnalité à tremper dans ce genre de milieu.

Après de nombreuses années de silence, les dons de Jan commencèrent à réapparaître. Son instinct s’améliora de nouveau et à plusieurs reprises, il vit des ombres passer du coin de l’oeil. Les fantômes et autres esprits qu’il voyait souvent pendant son enfance… mais qui, à présent, portaient avec eux un sentiment bien plus pesant. Un banal soir d’été, en rentrant chez lui après une soirée passée à jouer et à perdre une grosse somme, Jan trouva à ses pieds des morceaux de verre brisé. Il alluma la lumière et vit que le miroir face à la porte avait en partie explosé. Il s’en approcha et y découvrit un message gravé dans le verre qui ne s’était pas retrouvé au sol. Paie le prix de nos morts, sois poursuivi jusqu’à la tienne et dans l’au-delà par le souvenir de notre sang sur tes mains. Mains crispées, Jan recula, jusqu’à sentir la porte en travers de son chemin. Le silence de mort régnant dans la pièce fut soudainement interrompu par le bruit de pas feutrés se rapprochant. Il sentit son sang se glacer. Sa main tremblante attrapa son portable. Faut que tu viennes chez moi me confirmer que ce que je vois est la conséquence d’un bad trip. Tout de suite. Un quart d’heure plus tard, Alozyj arriva. Hey, ça va Jan ?, s’inquiéta-t-il en posant sa main sur l’épaule de Jan. Pas de réponse. Alozyj vint devant lui, agita sa main sous ses yeux. Pas de réaction. Il se retourna, à la recherche de l’hallucination dont Jan lui avait parlé au téléphone. Rapidement, son regard se posa sur le miroir, dont il s’approcha pour pouvoir y déchiffrer l’inscription. C’est quoi ce bordel… Ils m’ont retrouvé, souffla Jan. Alozyj se retourna, fronçant les sourcils. Il soupira longuement et revint vers lui. Prends tes affaires, je te ramène chez moi au moins pour cette nuit. Avec difficulté, Jan revint à la réalité.

De retour chez lui, Alozyj alla fouiller son armoire à pharmacie et revint avec une boîte de valium. Prends ça, ça te fera du bien. Sans un mot, Jan avala le comprimé qu’il avait posé à côté d’une bouteille d’eau. Qu’est-ce que t’as pris ? Tu as encore augmenté ta dose d’opium ? Tu as réduit l’écart entre les prises ? Le regard de l’asiatique fuya celui du polonais, gêné. Alozyj soupira, agacé. Est-ce qu’un jour tu cesseras de n’en faire qu’à ta tête ? Du coin de l’oeil, Jan jeta un regard à Alozyj, avant de le baisser à nouveau. Le silence s’installa durant plusieurs minutes. Toi aussi tu l’as vu. Hm ? Quoi ? Le miroir. Cette fois, ce fut au tour du polonais d’être mal à l’aise. Il commença à partir vers la cuisine. Jan le retint en attrapant la manche de sa chemise qu’il tira vers lui. Sa main descendit sur son poignet. Dès que leurs peaux se touchèrent, Jan eut sa première vision depuis plus de dix ans. Yeux écarquillés, regard vide, respiration rapide, absence totale de réaction pendant dix bonnes minutes. Sa conscience récupérée, il lâcha le poignet d’Alozyj et posa un regard apeuré sur lui. Tu as intérêt à me dire ce que tu as pris, car ça, je sais très bien que ce n’est pas les effets de l’opium ! Silence. Pourquoi il a voulu te tuer, avant-hier matin ? Alozyj fronça les sourcils, complètement perdu. De qui tu parles ? Jan, je crois que tu ferais mieux de prendre un deuxième médoc et d’aller dormir. Tu es en plein délire, soupira-t-il en reprenant son trajet vers la cuisine. Wladislaw. Peu de temps après, un éclat de verre retentit.
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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 12:51

save the queens ---- / TELL ME MORE

once upon a story ---- / a soul ---- / a life to share
Jan n’eut pas besoin de se retourner pour savoir qu’Alozyj venait de lâcher son verre de vodka à cause du choc. Comme il s’y attendait, il ne tarda pas à lui demander comment il savait ça. Jan baissa la tête. Parce que je suis pas normal lui parut la meilleure réponse qu’il pouvait fournir. Alozyj vint s’asseoir face à lui et lui releva le menton pour l’obliger à le regarder. Personne n’a pu te le dire. Personne est au courant. Comment tu l’as découvert ? Je viens de te le dire. Parce que je suis pas normal. C’est pas une réponse et vu ce dont on parle je t’enfermerai chez moi jusqu’à ce que tu me répondes. Jan soupira et leva la tête, commençant à contempler le plafond. Il jeta un rapide regard à son interlocuteur avant de se lever pour aller se verser un verre de vodka. Il commença à le boire en revenant s’asseoir, par peur qu’Alozyj ne le lui retire. Ce qu’il fit sitôt Jan revenu. Bois pas, c’est pas bon pour ce que tu as. Et n’essaie pas d’ignorer ma question. Jan leva les yeux au ciel. Faute d’autre décompressant, il s’alluma une cigarette, qu’il fuma en silence et avec lenteur, tentant de gagner du temps. Pas assez efficace. Il tendit le bras vers la boîte de valium, dont apparemment, même juste un comprimé était efficace. Alozyj la reprit avant qu’il ne l’atteigne. Rends-la moi et je te réponds, je te jure que j’en ai besoin. Tu sais que c’est censé t’aider à te sevrer de l’opium, pas devenir une nouvelle dépendance ? Tu veux ta réponse, oui ou merde ? Alors rends-moi cette putain de boîte !, commença à s’énerver Jan. Alozyj obéit, n’ayant pas le choix. Jan, tremblant de rage, sortit deux comprimés et les avala avec le reste du verre de vodka, sous l’oeil inquiet de son ami. J’suis pas psychotique, j’aurais préféré ça, mais non. La médiumnité, la voyance, ça te dit quelque chose ? Oui ? Bah voilà, t’as ta réponse. J’étais tranquille depuis un bail, mais ça a recommencé il y a un mois. Et oui, je sais aussi quelle est la cause de ton TDI. Putain de bordel de merde. Ouais bah désolé hein, j’avais pas envie de savoir non plus je te rassure. Surtout que ça me regarde absolument pas ce genre d’histoires. D’ailleurs… je crois que je vais disparaître de ta vie maintenant, j’veux pas que tu aies honte que je sois au courant, annonça Jan, gêné. Il se leva, enfonça la boîte de valium dans sa poche et partit vers la porte d’entrée. Jan !, interpella Alozyj en se levant à son tour. Il attrapa le poignet de l’asiatique pour le retenir. Jan lui lança un regard mal à l’aise du coin de l’oeil avant de détourner les yeux. D’un mouvement sec du poignet, il le fit le lâcher et sitôt dehors, il commença à courir pour être sûr de ne pas être rattrapé.

Jan tenta d’arrêter de jouer brutalement, sans sevrage, pour limiter les risques de croiser par hasard Alozyj. Ce fut un échec total. Au bout d’une semaine et demie, il finit par y retourner et claqua la grande majorité de sa réserve de cash. Ruiné car ayant arrêté ses anciennes activités, il se lança dans les arnaques et participa à plusieurs braquages. Tout en continuant d’emprunter de grosses sommes. De dépenser toujours plus. D’augmenter les prises de valium. Il avait tenté de faire durer la boîte aussi longtemps que possible, mais rapidement il fut obligé de sortir de l’argent de ses poches pour pouvoir en acheter sous le manteau. Au bout d’à peine un mois, Jan était à une plaquette de valium par jour. Principalement pour éviter les symptômes de manque qui avaient déjà commencés à apparaître. Son dealer était l’un de ceux pour qui il travaillait, à l’époque où il était guetteur. Il l’avait vu grandir, s’enfoncer, devenir drogué. Jan n’en n’avait pas conscience, il ne se l’avouait pas, et Lukasz en avait conscience. Un soir, Jan vint le voir, probablement pas sobre. Avait-il bu ou planait-il juste plus que les autres jours ? Malgré l’habitude, Lukasz était incapable de répondre à cette question. Jan le fit avant même qu’elle soit posée. Il venait de prendre plusieurs shots de vodka. Il ne savait même pas dire combien. Et lui demandait de lui faire un crédit. Jan, t’es au courant que t’es pire que quand tu prenais de l’opium ? C’est même pas comparable en fait. Ta gueuuule, file-moi au moins une boîte, j’ai plus rien. Et si je dis non ? Le regard de Jan s’assombrit. J’irai voir ailleurs, t’en fais pas. Tu ne viens pas de dire que t’es fauché ? De rage, Jan balança son poing contre le mur. Donne-moi cette putain de boîte ou je te tue !, cria-t-il en se jetant sur Lukasz, commençant à l’étrangler, mains tremblantes à cause du manque. Le dealer pensait pouvoir facilement se libérer. Mais en réalité, même dans un état second, Jan avait pas mal de force. Lukasz songea que s’il mourrait comme ça, sa mort sera bien ridicule.

Des bruits de pas vinrent à ses oreilles et il croisa le regard de son sauveur, qui le libéra sans attendre, plaquant à son tour Jan contre le mur. T’es vraiment bon pour te planquer, toi. Ca fait un mois que je te cherchais. Jan grimaça. Sa cavale était terminée. Lâche-moi Alozyj, t’es bien la dernière personne que j’ai envie de voir. C’est con car tu vas me suivre chez moi, faut qu’on parle. Ah ouais ? Tu sais que je pourrais porter plainte pour enlèvement ? Alozyj leva les yeux au ciel. Oui, et je pourrai te balancer pour trafic de drogues, meurtres, et consommation de drogues, lui rappela-t-il. On y va. Bonne soirée Lukasz, merci de ta coopération. De sa quoi ? Jan fronça les sourcils. Un très gros mauvais pressentiment le saisit, si bien qu’il ne décrocha pas un mot du trajet, répondant par le silence à toutes les tentatives d’Alozyj d’amorcer la discussion. Le mafieux finit par abandonner et monta le son de l’autoradio. Arrivés devant chez lui il ne lâcha pas le bras de Jan avant qu’ils soient dans le salon, porte d’entrée fermée à clé pour qu’il ne puisse pas fuir. Ouais, tous les éléments qui pourraient servir à prouver un kidnapping par la police, songea Jan. Il resta en silence assis sur le canapé, se concentrant sur le bruit de la climatisation pour ne pas penser à autre chose, et continua d’ignorer Alozyj. Jusqu’à ce que dernier lui lance un objet, d’abord non identifié, mais qui s’avéra être le plus beau des trésors à ce moment pour Jan. Ce bleu maya était probablement la plus belle des couleurs qu’il ait vu de sa vie. Sans plus attendre, il sortit de la plaquette métallique les deux comprimés et les avala avec le verre qu’une main lui avait tendue. Il leva la tête vers le plafond, yeux fermés, épuisé. Tes cernes sont encore plus grandes que celles des drogués de Jérusalem... Ta gueule, Alozy… Il s’interrompit et rebaissa la tête brusquement. Face à son interlocuteur, ses yeux s’arrondirent. Ce n’était absolument pas Alozyj. Jan prit son front dans ses mains, tentant de se persuader que tout ça n’était qu’un mauvais rêve. Ca ne l’était pas. Merde, merde, merde ! Il reposa sur regard sur l’intru. Qu’est-ce que tu fous-là, Gabriel ??? L’israélien sourit faiblement, mordillant sa lèvre inférieure. Ca faisait longtemps. Moi aussi je suis content de te revoir. Ca faisait cinq ans et demi que je passais la majorité de mon temps libre à essayer de retrouver ta trace… Merci à Facebook, sans qui Gabriel aurait eu davantage de mal à trouver sa ville actuelle. Dégage. Je ne veux pas te voir. Je ne veux plus entendre parler de toi. Alozyj, vire le de chez toi ou c’est moi qui part. Alozyj soupira. Je ne te laisserai pas partir, et je ne le ferai pas partir non plus. Gabriel m’a contacté il y a dix jours et il a même laissé tomber sa vie personnelle pour toi. Je m’en fous ! Ouvre-moi ou je sors par la fenêtre ! Du septième étage, dans ton état ? Exactement !, hurla Jan, au bord des larmes. Xiaoji !! Arrête ! Je veux pas que tu meures !!! T’es bien placé pour dire ça ! Tu veux que je te rappelle la raison pour laquelle je me suis barré ? Jan… Calme-toi, tu vas être mal demain si tu continues de t’énerver comme ça… En rage, Jan se leva et agrippa le col d’Alozyj pour le jeter contre le mur. Ferme-la, je te l’ai déjà dit, t’es sourd ou quoi ? Voyant le regard d’Alozyj s’assombrir quelques secondes après l’impact contre le mur, Gabriel attrapa Jan par le bras pour le faire reculer. C’est bon, calme-toi, je pars. Alozyj lui avait expliqué la raison pour laquelle il avait lui aussi perdu Jan de vue. Ainsi que les situations déclenchant un changement. En particulier la violence inattendue. Bien qu’à contre coeur, Gabriel attrapa les clés dans la poche du polonais et quitta l’appartement.

Le lendemain, la sobriété aidant, Alozyj put discuter avec Jan. Il refusa d’aborder quoi que ce soit concernant la veille. Le sujet dont Alozyj voulait bien évidemment parler. Il l’interrogea sur sa consommation de valium. Encore plus importante que ce que Lukasz lui avait dit. Jan ne se fournissait pas uniquement chez lui. Et il avait recommencé l’opium depuis quelques jours, raison de sa ruine car plus rare en Pologne. Jan.. tu as déjà pensé à aller voir quelqu’un ? Jan baissa le regard. Non. Je veux pas me dire que j’en suis à ce point. Un blanc s’installa. Jan osait à peine regarder Alozyj, honteux à l’idée qu’il connaisse tout de sa vie et surtout ses passages les plus difficiles. Il ne l’avait pas dit, mais c’était évident qu’il connaissait tous les détails de ses années de harcèlement. Incluant donc l’explication de ses cicatrices refusant de disparaître malgré les années. Ta dépendance à l’opium est revenue ? Jan secoua la tête. Il en reconsommait depuis assez longtemps pour être en galère financière mais ça s’arrêtait là. Nouveau silence, plus court cette fois. Tu veux que je t’aide à te sevrer du valium…? Ou tu préfères te débrouiller seul pour, ou ne pas arrêter ? Faire bien attention à chaque parole, ne pas lui imposer quoi que ce soit. Même si Alozyj savait que sobre, sous l’effet d’aucune substance et sans perturbation de type vision ou esprits, Jan ne réagissait pas impulsivement. Il gardait rancune de nombreuses choses, à commencer par la façon dont Gabriel avait réagi après que son verre à thé se soit cassé, rancune si grande que Jan avait, selon Gabriel, interprété ça comme de la haine à son égard. Jan ne répondit rien à la question d’Alozyj. Tout du moins, il ne donna pas de réponse verbale. Mais laissa tomber sa tête sur l’épaule du polonais. Ma solitude me pèse de plus en plus. Gabriel me manque horriblement, je me hais de ne pas réussir à faire moi aussi un pas vers lui, à lui pardonner de m’avoir hurlé dessus alors que j’étais en état de choc. Alozyj ébouriffa ses cheveux et posa son bras autour de ses épaules, lui soufflant que tout irait bien, maintenant. Ou mieux, tout du moins.

Le sevrage du valium fut un tout autre enfer que celui de l’opium. Cette fois, utiliser un autre médicament pour aider à supporter les symptômes de manque était impensable. Les premières semaines en particulier, les appels en pleine nuit de Jan, disant qu’il était en train de mourir, étaient devenus habituels pour Alozyj. Fin mars 2015, sept mois plus tard, ils avaient réussi à passer à un comprimé de 5mg journalier, dont Jan n’a toujours pas réussi à se débarrasser. A chaque tentative d’arrêter totalement, les appels en pleine nuit revenaient. Inquiet pour lui, ne voulant pas qu’il lui arrive quelque chose et son bien-être, Alozyj commença à payer lui-même les diverses factures et même un partie des dettes de Jan, finissant par accepter le fait que son protégé était strictement incapable de le faire seul. Il le laissa continuer de jouer, remboursant les trois quarts des dettes qu’il ne réussissait pas à faire oublier aux prêteurs malgré les menaces. Jan tenta de faire le point sur ses compétences professionnelles, voulant vivre d’autre chose que de crimes. La seule option qui lui vint à l’esprit fut de devenir voyant et médium. Bien que très réticent, il commença à apprendre à maîtriser ses capacités et, en parallèle, décida de tenter de passer les épreuves du matura, le bac polonais. Selon les sujets des années précédentes, il aurait réussi à avoir le diplôme haut la main. Mais, arrivé sur le lieu d’examen, une prévisible grosse crise d’angoisse lui fit bien évidemment rebrousser chemin. Crise d’angoisse importante au point qu’un passant, inquiété par son état, l’ait raccompagné chez lui. Déprimé à l’idée de devoir continuer à vivre grâce à la mafia, Jan vida sa plaquette de valium en cours. Retrouvant le sentiment de bien-être qui lui était usuel, il oublia toutes les raisons pour lesquelles il détestait être dépendant et prit rendez-vous au médecin pour s’en faire prescrire, pour éviter qu’Alozyj ne soit mis au courant s’il passait par un dealer. Je suis à un valium 10mg par jour, mais l’anxiété était toujours là. Hm, je vois. Si votre thérapie non plus ne vous aide pas suffisamment pour vous permettre de reprendre le travail, on va tenter de changer de molécule. Vous avez déjà essayé le tranxène ? Jan ressortit avec une ordonnance pour une boîte de valium 10mg, pour faire le sevrage en douceur, et une de tranxène 5mg, une faible dose pour s’assurer qu’il tolère la molécule. Si dans une semaine ça ne va pas mieux, on augmentera. Avec grand plaisir, Doc.

Un mois plus tard, Jan avait commencé à avoir quelques clients, dont certains étaient déjà revenus, impressionnés de voir qu’il avait dit la vérité et qu’il n’était apparemment pas un charlatan, contrairement à beaucoup. Un mois plus tard, Jan était à officiellement à 20mg de tranxène par jour, officieusement à 20mg de tranxène et 15 de valium les jours où il était sûr de ne pas croiser Alozyj. Shooté par les médicaments, ses partenaires de jeux commencèrent à le voir moins souvent. Au point qu’un soir, après ne pas l’avoir vu depuis deux semaines, l’un d’entre eux décida d’aller faire un tour chez lui, pour s’assurer qu’il était toujours vivant car souvent, dans la mafia, quand quelqu’un disparaît si soudainement, son meurtre n’est jamais une hypothèse à exclure. Henryk croisa en bas de l’immeuble Alozyj. Lui non plus n’avait pas de nouvelles depuis deux semaines. Enfin, une semaine et demie, lui. Un mois et demi depuis le premier rendez-vous au médecin. Alozyj toqua. Pas de réponse. Il crocheta la serrure. Jan ? T’es toujours vivant ? Alozyj balaya la pièce du regard et le vit tête posée contre la fenêtre. Il semblait être en pleine discussion avec… avec personne. Alozyj s’approcha. Jan avait rarement eu l’air si détendu. Henryk tapota l’épaule d’Alozyj et lui tendit les sept plaquettes de médicaments vides qu’il avait trouvée au sol. Bordel, Jan !! Son cri fit sursauter Jan, qui prit soudainement conscience de la présence de ses deux collègues. Alozyj demanda à Henryk de repartir, maintenant qu’il savait que Jan n'avait pas mort. Même si ça, ce n’était pas sûr que ça dure longtemps. Toi, je te jure que je vais t’envoyer en HP si tu n’arrêtes pas tes conneries tout de suite !, assura-t-il en relevant Jan par le col. Fous-moi la paix. Tout est de ta faute. Non, je ne suis pas responsable de ta phobie scolaire. Tout est de la faute de Noam. Ne m'accuse pas juste car tu n'as pas le responsable sous la main. Jan baissa les yeux, retenant ses larmes. Epuisé, il laissa tomber son front contre l'épaule d'Alozyj. Ton front est brûlant, tu as de la fièvre ? Ca ça m'étonnerait, vu comment je gèle. Tu as de la fièvre. Qu'est-ce tu as pris ?[/color], s'inquiéta Alozyj en le rapprochant de lui, lui frottant doucement l'épaule. La même chose que depuis trois jours... T'as les boîtes dans le coin je crois... Le polonais ressortit les plaquettes de sa poche pour voir les noms. Il se frotta le front, soupira. Reposa les yeux sur Jan. Qu'est-ce que tu fais avec des antipsychotiques ? Et où as-tu eu du tranxène ? Le tranxène et le valium par un médecin, et la quétiapine par internet... je voulais voir si ça calmerait mes visions mais au final ça me fait halluciner, me raidit les muscles et me fait me  geler. Alozyj ne répondit rien, commençant à chercher d'éventuelles autres plaquettes vides en lui demandant ce qu'il prenait actuellement quotidiennement. Attends, t'as dit raideur et fièvre ? Et hallucinations ? Mais t'es complètement inconscient ! T'es en train de faire un syndrome malin des neuroleptiques, tu voulais mourir ?? Prends ton portefeuille, on va aux urgences, déclara Alozyj avant de traîner Jan jusqu'à sa voiture, qui commençait à se demander si oui ou non il avait fait ça avec l'espoir de mourir. Consciemment non, mais maintenant qu'il se posait la question, il était incapable de répondre. En octobre, tout était plus ou moins rentré dans l'ordre. Cette fois, le sevrage fut trop important et trop risqué pour être fait hors cadre médical, et le SMN ayant été confirmé par le médecin, une surveillance fut nécessaire quelques jours. Jan réussit à redescendre à 5mg, un jour de valium, le lendemain de tranxène, prescrits par un addictologue. Il fut question de tenter de travailler aussi sur sa dépendance aux jeux, mais Jan refusa.

Il reprit son travail, ou plutôt, ses emplois. Voyant, médium et bras-droit d'Alozyj. A la fin du mois, une consultation qui s'annonçait tout aussi banale que les autres prit une toute autre tournure. Son client avait donné le nom d'Adam Dobrowski. Sauf qu'en lui ouvrant, Jan découvrit qu'il n'avait rien de polonais. C'était un asiatique. Et pas n'importe lequel. Celui qu’il connaissait le mieux au monde. Il referma la porte, le pied de son client bloqua sa fermeture. Jan, laisse-moi entrer. Cette fois je ne partirai pas sans avoir pu te parler. Jan laissa passer quelques minutes avant de laisser entrer Gabriel. Qu’est-ce que tu veux ?, marmonna-t-il une fois assis sur sa chaise, de l’autre côté de son bureau. Gabriel tendit le bras pour attraper sa main. Peut-être était-ce sa dernière chance d’arranger les choses. Timidement, Jan avança sa main. Gabriel commença à caresser doucement le dos de cette dernière. Je suis désolé de m’être énervé à ce point. Si j’avais su que tu réagirais comme ça, je n’aurais rien dit. Je ne pensais pas que tu étais si… émotif. Jan baissa encore plus la tête. Et… je suis désolé de t’avoir fait tant de mal. Mais je ne pouvais pas renoncer à mon rêve. Lentement, le polonais releva la tête, yeux embués de larmes. Gabriel avait le regard perdu dans le vide. Jan voulut dire quelque chose mais, la gorge nouée, rien ne sortait. Alozy.. zyj ? M’a dit que tu avais eue une très mauvaise passe… Ca va mieux ?, demanda l’israélien en relevant les yeux. Jan hocha légèrement la tête. J’suis désolé Gabriel, j’suis qu’un connard, je t’ai fait du mal et je sais pas comment me rattraper. Gabriel attrapa son sac à dos, le même depuis le collège, et en sortit son panda roux en peluche, qu’il posa sur la table. Tiens, prends-le quelques instants. C’est impossible de se sentir mal avec Honey dans ses bras, déclara-t-il avec un sourire se voulant réconfortant. Bien que réticent, Jan attrapa la peluche.

Bon, alors, j’ai le droit d’avoir le tirage pour lequel j’ai pris rendez-vous ? Je suis curieux de savoir ce que 2016 me réserve !, annonça Gabriel avec un éclat de malice dans les yeux. Ne voulant pas vexer son meilleur ami, Jan accepta, ignorant l’alarme résonnant dans sa tête. Il allait regretter d’avoir accepter, il le savait déjà. Gabriel observait avec émerveillement, attention et admiration Jan et le mouvement de ses doigts retournant les cartes qu’il venait de tirer. Tout se passait bien. Jusqu’à ce qu’après avoir retourné l’une des cartes dans la zone concernant le domaine professionnel, Jan se fige, regard perdu, lointain. En quelques fractions de secondes, Gabriel se rappela que les visions le mettait dans cet état. Il attrapa et secoua vigoureusement son épaule en répétant son prénom, jusqu’à ce que Jan relève enfin le regard, de nombreuses minutes plus tard.. C’était la première fois que Gabriel vit une telle panique dans ses yeux. Jan… tout va bien ? Qu’est-ce que tu as vu…? Quelques instants passèrent avant que Jan ne lui réponde. J’suis désolé. Dégage. Dégage, dégage, dégage. Tout de suite. Jan accompagna ses paroles tremblantes par les gestes, se relevant et poussant Gabriel jusqu’en dehors de chez lui. Porte refermée, Jan se laissa glisser le long d’elle et prit son front dans ses mains. Les images tournaient en boucle dans sa tête et il était incapable de penser à autre chose. 2016 allait bien commencer pour Gabriel. Réussite professionnel, son sérieux allait être récompensé par l’obtention de grade. Bonne santé pour lui et sa famille, sa mère allait survivre à son cancer. En amour aussi, tout s’annonçait bien. Puis sa vision est venue tout bousculer. Une libération d’otages, tout se passait à merveille. Et là, une explosion inattendue. Un blessé grave, pronostic vital engagé, s’ajoutant aux quatorze morts et trente-six blessés. Il allait mourir, Jan en était persuadé. C’était la dernière fois qu’ils se voyaient, il l’avait mis dehors en lui hurlant dessus. Ils s’étaient quittés pour toujours sur une nouvelle dispute. Et en plus, Gabriel avait laissé tomber Honey pendant qu’il le mettait dehors. Les flashs des souvenirs de l’attentat dans lequel il avait été pris vinrent rejoindre ceux de sa vision, lui donnant l’impression que sa tête allait exploser. Tremblant, le visage trempé de larmes, le coeur suppliant de le laisser sortir, Jan alla chercher son portable avec difficulté, et téléphone à Alozyj pour lui ordonner de venir tout de suite. Je peux pas Jan, je suis à un rendez-vous important avec un fournisseur. Dans deux heures, d’accord ? Si tu ne viens pas tout de suite j’te jure que je saute du toit dans les cinq minutes. J’arrive. Un quart d’heure plus tard, Alozyj était là. Il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour dire à Jan qu’il abusait et qu’il n’était pas à ses ordres que ce dernier s’effondra en larmes dans ses bras sitôt la porte ouverte, incapable d’expliquer ce qu’il se passait.

Alozyj passa plusieurs semaines avec Jan, pour s’assurer qu’il ne replonge pas dans la surconsommation de médicaments pour chasser sa dépression. Malgré ses craintes, Jan ne le fit pas. Il sortait même régulièrement, et pas pour aller jouer. Evidemment, il continuait de passer plusieurs soirées par semaine à jouer au poker et à se ruiner. Il se remit en couple avec sa seule ex. Et avec d’autres filles, celles qui s’intéressaient à lui depuis longtemps mais auxquelles il n’avait jamais prêté attention. La plupart pensaient être la seule comptant à ses yeux. La vérité était qu’il n’était amoureux d’aucune de ses cinq petites amies. Dire qu’il se fichait complètement d’elles seraient mentir. Grâce à elles, sa vie perdait en morosité. A l’inverse des molécules chimiques, elles réussissaient réellement à lui changer les idées, et lui faisait découvrir après de nombreuses années d’isolement ce qu’était avoir une vie sociale. Au fil des mois, son coeur fut davantage attirée par l’une d’elles. Aya. Discrète, réservé, douce. Son appartement était envahi de fleurs et plantes diverses, et rarement Jan avait senti des énergies aussi agréables se dégager d’une personne et de son lieu de vie. Son besoin d’entretenir plusieurs relations en même temps commençait à diminuer et il largua plus ou moins sans sentiment chacune de ses petites amies, à l’exception d’Aya, qui avait réussi le miracle de lui faire oublier en partie la mort à venir de Gabriel, et même à lui faire penser qu’il s’était peut-être trompé.

2 août 2016. Le téléphone de Jan sonna, le numéro commençait par l’indicatif d’Israël. Incapable de bouger. Au deuxième appel, Aya décrocha à sa place. Allo… Jan ? C’est le père de Gabriel… Je vous le passe. Jan. Prends ce téléphone ou je t’assure que tu vas le regretter toute ta vie. Sans l’envie, Jan attrapa l’appareil et répondit la gorge serrée. Il savait déjà ce qu’on allait lui annoncer. Gab a été blessé gravement lors d’un attentat dans l’après-midi… son pronostic vital est incertain même s’il est conscient. On… on s’est dit que tu voudrais peut-être le savoir pour te préparer dans le cas où… dans le cas où… Jan le coupa pour lui éviter d’avoir à prononcer le reste de sa phrase, ressentant la douleur qu’il ressentait dans sa voix. Je sais. Un blanc s’installa quelques secondes. Je prends le premier avion pour Jérusalem et j’arrive. Je vous dis quand j’y suis. Et sans plus attendre, sans même prendre le temps d’éclater en sanglots dans les bras d’Aya inquiète, il partit préparer quelques affaires. Le lendemain, il était de retour dans ce pays où il s’était juré qu’il n’allait ne plus jamais mettre les pieds, sous aucun prétexte. A ce moment, il prit conscience d’à quel point il était reconnaissant aux dieux de lui avoir donnée Aya. Sans elle, il aura complètement perdu pied. Mais elle était là, à ses côtés, le réconfortant alors qu’ils avançaient dans les couloirs oppressants de l’hôpital. D’une main, Jan serrait celle d’Aya. De l’autre, il serrait Honey contre son torse. Arrivés dans la chambre, il vit les parents de Gabriel déjà là. Les améliorations extrêmement rapides de la veille étaient parties dans l’autre sens. Coma profond, selon les médecins. On va te laisser quelques minutes avec lui, déclara la mère de Gabriel en posant sa main sur l’épaule de Jan. Aya quitta avec eux la pièce trop petite pour quatre visiteurs. Trop choqué pour rester debout, Jan tira vers lui la chaise traînant dans un coin. Aurait-il pu empêcher tout ça ? Non, probablement pas. Il n’avait pas la moindre idée du lieu ou de la date exacte. Il avait l’impression d’être en train de vivre une partie de sa vision et, comme dans cette dernière, la voix de Gabriel vint à ses oreilles. Merci d’être là, Jan. Je suis désolé. Je ne t’en ai jamais voulu pour quoi que ce soit. A plus tard… Par réflexe et à cause de l’angoisse, Jan releva les yeux vers les écrans de contrôle. Les nombres diminuaient. Mais ce ne fut que lorsque l’électrocardiogramme commença à s’aplatir que Jan commença à paniquer. Une fraction de seconde plus tard, des bippements retentirent, venant de la machine indiquant les constantes. GABRIEL ! Me fait pas ça j’t’en supplie, m’abandonne pas !!, hurla Jan en se levant d’un bond de sa chaise, au moment où les médecins et infirmiers envahirent la pièce. Une infirmière tenta de le faire sortir, en vain. Un de ses collègues l’aida, Jan se retrouva dans le couloir. Tremblant de tout son corps, ses jambes lâchèrent. Au bout du couloir, Aya revenait de la machine à café, accompagnée des parents de Gabriel. Elle courut vers Jan et dès que leurs regards se croisèrent, elle comprit que la fin était arrivée. Aya le prit dans ses bras et le serra à lui en briser les autres, lui soufflant que tout allait bien se passer. Ecoute Israël, le Seigneur est notre Dieu, le Seigneur est un, murmura-t-elle à l’intention du défunt.

L’enterrement eut lieu le surlendemain. Enterrement juif, cercueil recouvert du drapeau israélien. Jan fit tout pour s’empêcher de pleurer, jugeant ne pas en avoir le droit à cause du mal qu’il avait fait à Gabriel à cause de sa trop grande émotivité. Trop rongé par les remords pour se sentir en droit d’exprimer sa douleur. Aya tenta de le faire parler, en vain. Le choc l’avait presque rendu muet. La plus grande phrase qu’il avait réussit à prononcer, c’était qu’il voulait rentrer à Varsovie au plus vite, et ne jamais, sous aucun prétexte, revenir à Jérusalem ou n’importe où en Israël ou Palestine. Son addiction aux jeux revint de plein fouet. Sans Aya pour aider Alozyj à surveiller qu’il ne reprenne pas de médicaments, d’opium ou autre drogue, il aurait très probablement replonger, et trop bas pour réussir et s’en sortir. Les rares fois où il parlait longtemps, c’était pour conclure ses contrats de meurtres et autres rendez-vous liés à son poste de trafiquant de drogues, au même poste qu’Alozyj. Et aussi un soir de tout début d’automne, lorsqu’il demanda Aya en mariage. Elle accepta en larmes. Le lendemain, Jan lui annonça qu’il avait reçu une lettre de la part des parents de Gabriel, jointe à la photocopie du testament de leur fils. Il lui avait légué de nombreux biens, dont certains de valeur, qu’il avait hérité de ses grands-parents. Dont Honey, ses médailles militaires et un loft aux Etats-Unis. Il décida d’y partir, la Pologne commençant à lui peser en raison du trop grand nombre de souvenirs qu’il y avait. Le temps de régler les problèmes administratifs et d’immigration, Jan partit pour New York en décembre. Aya voulait d’abord finir ses études, ou au moins son année universitaire avant de le rejoindre, et demanda à Alozyj d’aller veiller sur lui à sa place. Il fut grandement réticent à abandonner son business mais finit par accepter, ayant d’anciens collègues dans la ville.

En posant le pied sur le continent américain, Jan accepta enfin le fait que jamais il ne pourrait avoir la vie dont il rêvait enfant. Tant pis. L'imprévu avait tout autant de charme.

Et pour de l’imprévu, Jan en vécut. Les deux premières années se déroulèrent sans encombre. Un quotidien identique à celui qu’il menait à Varsovie. La galère des problèmes financiers malgré un salaire (très) élevé, les meurtres, la maîtrise de lui pour ne pas se laisser aller à augmenter sa dose journalière de valium… Puis l’éloignement des appels entre Aya et lui, les messages devenant de plus en plus rares. Elle lui envoyait régulièrement des messages, c’était de son côté que les réponses se rarifiaient. Il comblait son absence avec d’autres filles, mais pourtant il ressentait toujours ce manque non identifiable ; ce manque qu’il ressentait même avec elle, bien que moins exacerbé. Avec toutes ces filles, il s’ennuyait. Alozyj pouvait lire la lassitude sur son visage et comme beaucoup, il avait bien une idée de l’origine de ce manque. La façon dont Jan regardait ses semblables du même sexe sautait aux yeux. On le lui disait souvent, Alozyj leur disait de la fermer quand il s’agissait de collègues.

Lassée de son silence, elle décida de venir le voir pour les fêtes de fin d’année. Il fut surpris de la voir, alors qu’elle lui en avait parlé une semaine avant son arrivée. Elle réalisa rapidement qu’il avait la tête ailleurs même lorsqu’ils étaient au lit et, au bout de plusieurs années de relation, elle réalisa qu’elle perdait son temps avec lui. Je sais que tu crois que tu m’aimes, mais je sais que c’est pas vrai (ou plus vrai). Tu es comme eux, tu es venu dans mes bras car on me compare à un anxiolytique naturel, mais ton avenir est pas avec moi. Je suis désolée Jan, mais on devrait être ce que l’on est réellement, on devrait être juste amis. Il avait eu du mal à accepter les paroles d’Aya, mais il finit par lui dire qu’elle avait raison, qu’elle ne réussissait pas à combler ce manque atroce qu’il ressentait, cette part de lui qui restait obscure. C’est parce que tu n’es pas hétéro Jan, ça se voit, ça crève les yeux, je l’ai toujours su. Tout le monde le lui répétait, au point de lui en donner des migraines. Pour la première fois de sa vie, il commença à se questionner sérieusement sur le sujet. Il ne savait pas. Il ne savait plus. La remise en question si brutale de ses certitudes lui était insupportable. Il était encore plus perdu, n’avait jamais eu envie de se poser des questions sur ce sujet, ne savait pas comment obtenir des réponses ? T’en fais pas, j’avais bien une idée. Je m’en doutais depuis longtemps, j’ai eu bien le temps d’y réfléchir. Tu n’as jamais rien envisagé hormis avec une femme, n’est-ce pas ? Pas le moindre instant, et ça le stressait de ne pas savoir ce qu’Aya pouvait bien avoir derrière la tête. Elle était capable de tout, c’était pour ça qu’elle lui avait plue.
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Bastien ---- / 20 ans ---- / rpgiste

ville / Lille. études ou métier / L2 LLCE chinois. avis général sur le forum / il est supra chouette Jan + Ta gueule, Brad Pitt 3476085353 le détail qui t'a fait craquer / la promo Jan + Ta gueule, Brad Pitt 3240963260 fréquence de connexion / tous les jours. crédits des icons / tumblr. le mot de la fin / Jan + Ta gueule, Brad Pitt 3794924939

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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 13:23

en grande fan que je suis, je ne peux que valider. Jan + Ta gueule, Brad Pitt 4113627247
re-bienvenue à la maison. Jan + Ta gueule, Brad Pitt 3794924939
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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 13:29

quel bel gueule !!! Jan + Ta gueule, Brad Pitt 2559962025 Mais ça tu le sais Lui... ♥️___♥️
tu sais déjà ce que je pense de ce nouveau personnage.  ♥️
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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 13:31

J'aimeeeee je sens il va dépoter ce personnage Jan + Ta gueule, Brad Pitt 857285543
rebienvenue chez toi Jan + Ta gueule, Brad Pitt 946831849
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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 13:47

Re à la maison Jan + Ta gueule, Brad Pitt 826599759
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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 13:50

Merci tout le monde, vous êtes adorables Jan + Ta gueule, Brad Pitt 2781936883

@Lee-Han Choi Jan + Ta gueule, Brad Pitt 1747131343 Jan + Ta gueule, Brad Pitt 1747131343 Jan + Ta gueule, Brad Pitt 1747131343
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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 14:18

re bienvenue chez toi, bg d'la mort Jan + Ta gueule, Brad Pitt 697000959
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Message Sujet: Re: Jan + Ta gueule, Brad Pitt   Jan + Ta gueule, Brad Pitt Empty Ven 28 Déc - 14:41

Effectivement. Je pense que nous aurons de quoi faire avec ton p'tit gars-là ! J'ai déjà tout lu, et j'adore son histoire. Et ta plume... Bah, voilà. J'en perds mes mots. Rebienvenue à la maison.
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