and then we were chasing comets (kára)

01/ saab patronyme célèbre dans le monde de la mode, patronyme qui a longtemps pesé sur tes épaules. Nièce du célèbre Eli Saab, ton avenir semblait tout tracer. Faire carrière dans la mode ou dans l'entreprise, c'était écrit pour tes parents, pour ta famille. T'aurais pu rester dans le monde des tissus, des paillettes et des starlettes, t'en as pourtant décidé autrement. T'as décidé de voler de tes propres ailes, de faire quelque chose de bien plus stimulant. Quelque chose de bien plus dangereux, c'est vrai. T'as toujours été attirée par le milieu militaire. 02/ diurnarius aller sur le terrain, enfiler tes baskets de marche sans atouts féminins, frôler les sols poussiéreux et dénués d'urbanisme, c'est ce que tu aimes. Loin de l'empire de la mode, loin des belles robes de soirée, des talons aiguilles et des sourires mondains. T'as toujours été ce genre de fille, celle qui préfère jouer dehors que dedans, celle qui préfère jouer à la guerre plutôt qu'à la poupée. Pas réellement ce garçon manqué mais t'as toujours eu plus d'amis garçons que filles. Éloignée du milieu de la mode, t'as préféré devenir reporter. T'as préféré devenir celle qui suit les soldats, les combats. Celle qui informe le monde des ravages de la guerre. Reporter de guerre, t'es l'envoyée spéciale que tout le monde voit à la télévision à chaque conflit, à chaque insurrection, à chaque mouvement armé. T'es celle dont on ne souhaiterait pas être à ta place, celle dont ceux installés tranquillement dans leur canapé n'échangeraient pas leur place pour la tienne. Toi non plus, t'échangerais pas ta place pour la leur, parce que t'adores trop ça. Partager aux mondes, dénoncer, te révolter. Ressentir le palpitement de ton cœur à chaque intervention, ressentir cette peur, cette angoisse par moment. Parce que tout cela, ça te fait sentir vivante. 03/ captivum, un lieu, un moment, une position où tu n'aurais pas du te trouver. Ou peut-être que c'était, encore une fois, écrit. Là, en pleine enregistrement pour l'émission, il y a eu cette attaque, cette fusillade, ces cris et surtout, ton enlèvement, avec plusieurs personnes de ton équipe, dont ton mari, reporter lui aussi. Un jour de captivité s'est transformé en plusieurs jours, en plusieurs semaines. Trois. Trois semaines d'enfermement dans un milieu précaire, dans une petite pièce, seule, sans rien, sans vision. De cet événement, t'en gardes en mémoire chaque instant, chaque parole étrangère que tu comprenais que trop bien, chaque bousculade et coup, chaque nouveau cri et pleurs entendus. Et puis, y a eu ta libération. Votre libération. Y a eu de nouveaux des cris, des explosions. T'as été tirée de là, pas ton époux. Mort depuis déjà deux jours dans cette pièce pas si éloignée que la tienne. 04/ dolium, un an que tu portes le deuil de ton époux, l'homme de ta vie. tu n'es plus que chagrin sous ta carapace, sous ta couche de chair. La fille battante, celle qui joue les faux semblants, parce que tu te forces. Chaque matin, tu te forces à te lever. Chaque instant, tu te forces à continuer ta vie. Comme il aurait aimé que tu le fasses. Comme t'aurais aimé qu'il fasse si c'était toi, si tu avais été celle qui avait rejoindre l'autre monde. Depuis un an, t'as vie amoureuse est en suspend, en pause. Tu fais du surplace alors que tu regardes les autres continuer leur vie, tu regardes les couples se tenir la main, les amoureux s'embrassaient. Toutes les odeurs acres, tous les bruits de douleurs et de chagrins. 05/ humanitarium, ta carrière, tu l'as surtout choisi pour les autres. Parce que t'as toujours eu le coeur sur la main, parce que le malheur des autres t'as toujours beaucoup trop touché. Les causes humanitaires te touchent. Quand t'es pas sur le terrain pour ton boulot, c'est ces ong que tu vas aider, c'est ces gens que tu vas sauver. Et bien plus encore aujourd'hui, depuis que ton mari est mort. T'as toujours cette peur en toi, celle de te retrouver à nouveau kidnapper ou pire encore. Et pourtant, tu le fais tout de même. Juste pour te sentir vivante, bien plus que ton défunt époux.