I only need your love - Warston

♛ 'Cause you're all I need.

Elle ne peut pas y croire. Elle n’arrive pas à y croire. Pourtant, étant donné son point de vue très critique sur la violence, elle se doute bien que Nikolaï ne plaisanterait pas sur un tel sujet avec elle. Mais elle se demande ce qui a pu lui passer par la tête. Comment a-t-il pu se rendre jusqu’au lieu de travail d’un homme qu’il déteste pour se battre avec lui ? Oh, il dit qu’il n’a pas porté le premier coup mais elle le connaît, Isabella. Elle connaît très bien son tempérament explosif. Elle connaît très bien ses provocations lorsqu’il est en colère contre quelqu’un. Peut-être qu’il n’a pas été le premier à frapper, mais il n’en est pas moins coupable. Pas seulement parce qu’il a continué mais, surtout, parce que c’est lui qui est allé rendre visite à Owen. Il avait pourtant dit qu’il voulait rester loin de lui. Ils avaient pourtant convenu, tous les deux, qu’il devrait rester loin de lui pour le bien de tous. Elle ne comprend vraiment pas comment il a pu changer d’avis si rapidement, comme ça, sans un mot. Il ne l’a même pas tenue informée… Après l’avoir écoutée, après lui avoir demandé son conseil, après même lui avoir donné raison. Elle a réellement du mal à le suivre, Isa. Elle le connaît imprévisible mais, à ce point, c’est incroyable. Elle peine à y croire, oui. Elle a besoin de voir par elle-même le résultat. Cela ne doit vraiment pas être joli à voir pour qu’il veuille repousser leur rendez-vous. Mais il est venu le temps pour lui d’assumer ses erreurs. S’il a été capable d’aller jusqu’à Owen pour s’en prendre à lui, il peut bien supporter les conséquences. Elle ne compte pas lui passer de savon, la Latina. Elle ne sait pas vraiment comment se positionner à vrai dire. Elle prône trop la liberté dans un couple pour venir lui demander des comptes chaque fois qu’il fait quelque chose qui ne lui plaît pas. Mais elle ne peut pas rester indifférente. Elle verra bien au moment venu. De toute manière, cela ne va pas tarder. Elle n’attend pas plus de quelques messages pour prendre sa voiture, direction la villa de son petit-ami. Plus elle se rapproche, plus elle redoute le pire. Elle supporterait mal de le voir couvert de bleus, c’est quelque chose qui lui rappelle de mauvais souvenirs… Notamment Luke, et la période où il la retenait prisonnière. Elle n’avait pas supporté de voir l’homme qu’elle aime blessé à cause de son mari. Elle aura sûrement tout autant de mal ce soir même si… Même s’il l’a cherché, oui, fatalement. Quand elle arrive enfin devant la grande bâtisse, la jeune femme gare sa voiture à sa place habituelle avant de la quitter pour rejoindre le perron. Une fois devant la porte d’entrée, elle ne prend pas la peine de sonner à la porte. Elle l’ouvre d’elle-même pour entrer à l’intérieur, se dirigeant tout de suite jusqu’au salon où doit se trouver son petit-ami. Et, en effet, il est juste là, sous ses yeux. Le visage couvert d’hématomes, un œil au beurre noir, et la lèvre coupée. – Oh mon Dieu… laisse-t-elle échapper dans un souffle avant de se rapprocher de lui. Elle savait qu’il ne serait pas beau à voir mais… Mais pas autant. Il est grand, Nikolaï. Musclé. Et il a l’habitude de l’effort physique. Elle n’imaginait pas qu’il serait autant amoché. – Tu es sûr que tu ne devrais pas aller à l’hôpital ? demande-t-elle en se penchant à sa hauteur pour mieux examiner son visage tuméfié. Elle comprend mieux pourquoi il ne voulait pas qu’elle vienne. Elle a mal au cœur de le voir dans cet état, Isa. Elle caresse délicatement ses cheveux sans le quitter de ses yeux préoccupés. Trop inquiète pour réagir autrement. Trop inquiète pour lui dire sa manière de penser… Pour le moment.

♛ 'Cause you're all I need.

C’est tellement horrible de voir l’homme dont elle est amoureuse dans cet état. C’est douloureux, cela fait mal. C’est, presque, comme si elle avait reçu ces coups elle-même, Isabella. Elle ne supporte pas qu’il puisse être aussi mal en point, encore moins à cause d’une histoire qui ne le concerne absolument pas. Elle se demande comment il a pu aller jusqu’à se battre simplement pour prévenir un homme du mal qu’il pourrait faire. Elle se demande réellement ce qui a pu lui passer par la tête. C’est totalement incongru, dans son esprit à elle. Mais elle connaît Nikolaï par cœur. Elle sait qu’il a tendance à agir avant de réfléchir. Il est impulsif, spontané… Il est capable de tout. C’est précisément ce qui l’a fait tomber amoureuse de lui. Mais pas comme ça, pas dans la violence. Cette histoire est en train d’aller beaucoup trop loin. Et ce dont personne ne semble se rendre compte, c’est que celle qui risque d’en pâtir au bout du compte, c’est Arya. Uniquement Arya. Mais, là tout de suite, en se retrouvant face à Nikolaï, c’est difficile de ne pas penser à lui. Encore moins de ne pas s’inquiéter pour lui. Elle tente tout de suite de lui proposer d’aller à l’hôpital mais il réfute l’idée. Ce n’est pas si horrible que cela, d’après lui… Mais s’est-il vraiment vu dans un miroir ? – Tu as peut-être une côte fêlée ou autre chose, tu en es certain ? insiste-t-elle un peu plus, même s’il a l’air d’être en un seul morceau. Il a même déjà pris toutes les dispositions pour traiter son état… C’est déjà cela. Mais l’entendre atténuer la situation, par contre, elle ne peut pas l’accepter. – Je pense que tu ne t’es pas vu devant une glace pour dire une chose pareille. rétorque-t-elle, pas vraiment ravie par ses paroles. Au-delà de son agacement, elle est surtout inquiète pour lui. Mais les propos suivants de son petit-ami lui font écarquiller les yeux. – Mais je rêve ou tu es fier de toi, là ? Elle est en train d’halluciner, bon sang. Il ne peut pas vraiment être sérieux en lui disant une chose pareille. Ce n’était vraiment pas la chose à lui dire, pas à elle. Pas maintenant. Mais surtout pas à elle, bon sang. – Tu crois que la violence va arranger votre situation, vraiment ? Tu te rends compte à quel point c’est stupide, en plus d’être dangereux ? Tu as réfléchi, au moins, à ce que va penser Arya en te voyant défiguré ? Elle est arrivée très calme, la première chose qu’elle a faite est de se préoccuper de lui. Mais elle ne va pas garder son calme bien longtemps s’il lui balance des imbécillités pareilles.

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L’inquiétude de Nikolaï est compréhensive. Sa peur de voir les membres de sa famille souffrir, légitime. Mais il ne peut pas justifier la violence dont il a fait preuve par une seule envie de protéger les siens. Elle a eu besoin de protéger sa famille un bon nombre de fois, Isabella. Elle a fait des choses dont elle n’a pas toujours été fière, des choses dont elle ne se vanterait jamais pour prendre soin d’eux. Mais, pas une fois, elle n’a usé de la violence contre quelqu’un. Ce n’est pas quelque chose qu’elle peut tolérer, ce n’est simplement pas dans sa nature. Alors, voir l’homme qu’elle aime aussi blessé est loin de la laisser insensible. Elle a mal au cœur de se retrouver face à lui dans un tel état. D’autant plus qu’il ne l’aide vraiment pas en venant lui affirmer qu’il va parfaitement bien… Il ne va pas bien, pas bien du tout. Il a le visage amoché, elle n’ose pas imaginer l’état de son corps. Mais il a raison sur une chose, il l’a bien cherché. – Tu n’étais pas censé aller le voir, qu’est-ce qui t’a pris ? demande-t-elle, la voix emplie d’incompréhension, le regard dépité. Mais il ne tarde pas à déclencher une autre émotion chez la belle Latina. Elle ne s’énerve pas souvent, Isabella. Elle ne s’emporte jamais. Elle sait garder son calme, même lorsqu’elle est en colère, mais là, elle a clairement l’impression qu’il cherche à la faire sortir de ses gonds. Ce n’est absolument pas le moment de se vanter d’avoir réussi à atteindre son adversaire. Elle commence à le réprimander, exactement comme un enfant, exactement comme elle a pu le faire tant de fois avec ses frères et sa sœur. Elle peut paraître intimidante et, à cet instant, elle semble bien intimider son petit-ami qui ne dit pas un mot. Ou il se doute peut-être qu’il vaut mieux pour lui qu’il évite de la contredire. Ses yeux noirs posés sur lui alors qu’il a la tête baissée, elle se tait enfin pour écouter ses justifications… Loin d’être suffisantes à ses yeux. Il a peur qu’il s’approche de sa sœur. C’est vraiment ce qui l’inquiète. – Mais, bon sang, Cassey est une adulte ! S’il lui tourne autour, c’est à elle de le gérer comme elle le veut, pas à toi. Qu’il ait voulu protéger sa nièce, encore, peut-être qu’elle aurait pu le comprendre… Mais sa sœur… Sa sœur de trente-six, bon sang, cela en devient ridicule. Et elle peut bien le dire, Isa, car elle est aussi l’aînée de sa famille mais, jamais, elle n’a pris de telles initiatives. – Et vous vous êtes réellement battus pour cette raison ? Uniquement parce qu’il a refusé d’écouter ton ordre ? finit-elle par l’interroger, cette fois consternée plus qu’en colère. Des années de lutte pour les femmes pour que deux idiots de machos en viennent aux mains pour décider à la place de l’une d’entre elles. C’est désolant. Et ses pensées se voient sur le visage expressif d’Isabella. – Une femme a le droit de décider de ce qu’elle veut, aussi, cela ne vous est pas venu à l’idée ? Attention à ce que tu vas dire, Nikolaï.

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Il avait des choses à lui dire. Il avait des choses à dire à Owen. C’est donc cela son excuse. Il ne devrait absolument pas avoir quoi que ce soit à lui raconter. Il ne peut pas parler au nom d’Arya, encore moins au nom de Cassey. Ce n’est pas parce qu’elles sont de sa famille qu’il peut se mêler de leur existence comme il le fait. Mais il le sait, tout cela. Il le sait parce qu’ils en ont déjà parlé ensemble, tous les deux. Ils en avaient parlé ensemble pour convenir qu’il valait mieux qu’il se tienne à l’écart de cette histoire… Et surtout de cet homme… Pour qu’elle le retrouve dans un état mal en point après s’être battu avec lui. C’est juste inconcevable pour la jeune femme mais cela a l’air tellement normal pour lui. Comme si c’était banal, comme si c’était naturel, évident même que les choses se finiraient ainsi. Il ne trouve même aucune justification. Elle secoue la tête, fébrilement, de gauche à droite, comme pour contenir ses nerfs. Mais c’est trop tard. Le calme dont il fait preuve, elle peut encore le supporter… Mais la fierté d’avoir aussi blessé son adversaire, ça non. C’est naturellement qu’elle commence à lui exprimer sa manière de penser. Tout au long de ses réprimandes, Nikolaï ne dit pas un mot. Il baisse la tête, résigné, comme un enfant qui a fait une bêtise. Il fait beaucoup moins le malin subitement. Elle l’a même rarement vu aussi intimidé. Mais il faut dire qu’elle emploie tout aussi rarement un tel ton. En règle générale, entre tous les deux, c’est plutôt lui qui s’emporte en situation conflictuelle. Mais, si ses colères sont rares, à Isa, elles sont plus percutantes encore. Son petit-ami garde le silence quand elle lui rappelle que sa sœur est une adulte. Mais, par contre, ce sont ses paroles suivantes qui le font réagir. – Je me doute bien que tu l’as provoqué, Nikolaï, je te connais. Il est incapable de tenir sa langue. Quitte à donner son avis même quand il n’a aucunement besoin de le faire. Elle peut parfaitement visualiser la scène. Lui qui interdit à Owen de s’approcher de sa sœur, comme s’il avait le droit de lui interdire quoi que ce soit. Elle laisse échapper un soupir excédé. Elle ne supporte pas l’idée qu’il ait pu prendre l’initiative d’aller voir cet homme, sûrement sans le dire à sa sœur, pour parler d’elle. Sans être féministe revendiquée, l’indépendance des femmes est un sujet qui lui tient à cœur, à Isabella. Et que son propre petit-ami a voulu jouer les machos en allant retrouver son prétendu ennemi au nom d’une femme… Cela la rend dingue. Mais, il arrive à la toucher un peu lorsqu’il avoue être incapable de se détacher de sa sœur. Sa colère baisse d’un cran alors qu’elle le contemple quelques secondes sans un mot. C’est d’une voix plus tendre qu’elle reprend. – Il n’est pas question de te détacher d’elle, tu peux lui parler, à elle, autant que tu veux… Mais pas à son ex, encore moins au père de sa fille… Il y a beaucoup trop d’enjeux, tu le vois bien. Trop douce qu’elle est, la Latina tente déjà de le rassurer. Mais elle ne s’attend pas à ce qu’il lui avoue avoir menacé Owen. – Tu l’as menacé ? De s’en prendre physiquement à lui ? Non, il l’a déjà fait. De l’éloigner d’Arya ? Non, il sait qu’il ne peut pas… À moins que. Le visage d’Isabella change à cet instant. – De quoi l’as-tu menacé, Nikolaï ?

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Jamais, il n’aurait dû aller le retrouver. Il lui avait assuré qu’il ne le ferait pas. Qu’il ne s’en mêlerait pas. Il avait l’air tellement sûr de lui, la dernière fois, en affirmant qu’il valait mieux qu’il reste à distance de cet homme. Et, en fin de compte, il est allé le voir. Il est allé le retrouver sans rien dire à la femme qu’il aime, seulement pour lui interdire de s’approcher de sa sœur, c’est… Elle a l’impression d’avoir atterri dans un autre monde, Isabella. Mais elle n’a pourtant encore rien vu. Elle ne sait pas encore le pire. Elle garde encore relativement bien son calme. Elle ne le ménage pas sur sa manière de penser mais le ton de sa voix reste maîtrisé, presque aussi posé que d’ordinaire. Elle devient même plus tendre quand il lui parle de ses craintes vis-à-vis de Cassey, indéniablement touchée par la peur qu’il peut ressentir pour elle. Mais c’est sans compter sur l’aveu qui suit. Il a menacé cet homme… Il a menacé Owen. Il lui avait déjà parlé de cette petite fille que le jeune homme désire visiblement adopter. Il lui avait parlé de se mêler de cette procédure. C’était le jour de leur dispute, c’était juste avant qu’il ne s’en aille en colère. Mais elle ne pensait pas qu’il était sérieux, Isa. Elle pensait que c’était un coup de tête, une idée irréfléchie. Pourtant, le cœur battant, elle attend avec empressement qu’il vienne la rassurer. Lui faire comprendre que ce n’est pas de cela dont il lui parle. Le regard fixé sur lui alors qu’il tourne autour du pot, elle ne dit rien, elle attend simplement. Elle attend qu’il lui ôte ce doute affreux de la tête. Mais c’est tout le contraire qu’il fait. Les lèvres de la Latina s’ouvrent de surprise alors qu’il lui explique ses intentions. – Tu ne vas pas faire une chose pareille. Elle se recule instinctivement, comme sous le choc. Scandalisée, en fait, par ce qu’il lui explique. – Tu ne vas pas priver une enfant du seul parent proche qui lui reste, c’est… C’est immonde ! Elle n’arrive pas à croire qu’il ait pu ne serait-ce qu’en avoir l’idée. Et lui dire à elle. Lui dire à elle qui a préféré laisser son père abuser d’elle pendant deux ans, plutôt qu’en parler et se retrouver séparée des siens. Comment ? Comment peut-il lui dire une chose pareille ? – Mais, bon sang, tu te sers d’une enfant pour arriver à tes fins, est-ce que tu te rends compte seulement ? Évidemment que tu ne vas pas le faire, je t’interdis de faire une chose pareille Nikolaï. C’est la première fois qu’elle lui donne un ordre, surtout sur ce ton. Mais non, il ne peut pas. Il ne devrait même pas y songer.