most young kings get their heads cut off | sean

traits de caractère / une blessure d’abandon, un égocentrisme exalté et puis un gosse un peu brisé | le visage fermé et les pieds si bien ancrés au sol qu’il semblerait que rien ne pourrait ne serait-ce que le faire vaciller. sean agi sans consulter les autres, plus disposés à faire des compromis. il n’y que lui qui compte et si vous avez un service à lui demander ou besoin de le rallier à votre cause pour une raison X ou Y vous avez intérêt à vous lever tôt. pour le reste il ne manque pas vraiment d’empathie et est en total capacité d’admettre les besoins et les sentiments des autres, juste qu’il ne s’en soucie pas. tout ce qui l’importe c’est d’atteindre ses objectifs. il se fiche de ce que vous pensez de lui et si vous souffrez d’une sensibilité exacerbée vous devriez probablement l’éviter parce qu’il ne mâche que rarement ses mots.

/uro non luceo/    (je brûle mais ne brille pas)
lancinantes vanités et douloureuse outrecuidance.  
si personne ne se soucie de vous la dureté du monde vous désintégrera dans l’existence.
fantasmes de réussite, de splendeur, de pouvoir.


/alea jacta est/     (le sort en est jeté)
car il a réussi à la combler cette vacuité de son existence. plus le temps passe et plus sa vie prend de substance. le creux dans son cœur existe toujours mais maintenant il n’a plus à y penser à chaque instant de sa vie. le manque, la peine, la douleur. y a des choses qui partent et qu’on ne peut pas récupérer. on aura beau fermer les yeux très fort jusqu’à voir des couleurs tout en se répétant que c’est qu’un mauvais rêve et qu’on va finir par se réveiller : c’est des conneries. il faut aller de l’avant et aller de l’avant ça veut dire faire en sorte que le moins de merde possible vous retombe sur la gueule, alors on bouge son cul et on reste pas sur place à s’regarder dans le blanc des yeux jusqu’à en pleurer.
non c’est pas notre faute, oui il faut faire quelque chose. non on appelle pas les flics, oui on la laisse ici. non on aura pas de problème. oui on en parle à personne.


/aut caæsar, aut nihil/     (ou empereur, ou rien.)
en athlétisme l'importance des starts est cruciale. j’irai même jusqu’à dire décisive. il te suffit d’un mauvais départ et ta course sera foutue. dans la vie, c’est exactement pareil.
il faut être au bon endroit au bon moment et surtout pas rater le départ de la course.
“tout est une question de timing.”


/ad nauseam/     (jusqu’à la nausée)
courir me procure une sensation de bien être.
ça a commencé quand j’étais gosse. l’oreille collé contre la porte de la salle à manger je les entendu en parler. j’ai dévalé les escaliers, manquant de me péter la gueule dans les marches, et j’ai claqué la porte d’entrée. mes pas se sont enchaînés les uns après les autres, cherchant toujours plus loin. j’ai couru plus d’une heure sans m’arrêter. je me suis retrouvé en plein milieu de Forest Park. la nuit était pratiquement tombée et pour être parfaitement honnête j’étais dans un état lamentable : à deux doigts de m’effondrer.


/ad impossibilia nemo tenetur/     (à l’impossible nul n’est tenu)
cet entremêlement de sentiment étrange la veille d'une compétition. les coups de stress et les nuits agités par la peur de perdre. l’anxiété lors des dernières séances d’entraînements. et puis cette montée d’adrénaline. le coeur qui bat de plus en plus vite. la ligne de départ. si intense. et ça explose enfin. pendant un instant j’ai l’impression de mourir.
c’est la délivrance, le stress qui s'envole pour ne laisser que l'envie de battre tout le monde. cette envie de donner le meilleur de soi-même, de montrer de quoi l'on est capable et surtout de tous les surpasser.



/ad vitam aeternam/     (pour toujours/pour la vie éternelle)
c’était un mardi comme un autre et il faisait étonnamment beau et clair ce jour là. j’ai un souvenir particulièrement précis de ce début de journée malgré mon âge peu avancé.
on allait rarement à Manhattan tous ensemble mais papa avait un dossier à déposer au bureau ou quelque chose du genre. il nous avait promis que si on restait sage il nous emmènerait voir les bateaux au terminal de ferry à Brookfield Place.
on est arrivé devant les deux tours et il nous a dit de l’attendre dans la voiture. miles et moi on a fait une crise pour pouvoir l'accompagner quant à tobias il était silencieux, comme à son habitude. ils avaient beau être jumeaux j’avais toujours été plus proche de miles que de tob. lui c’était le genre de gamin toujours tout seul assis dans son coin, qui parle jamais et dont tu te demandes si il est autiste ou quelque du genre.
pour nous calmer maman a dit qu’on avait qu’à l’attendre dehors en bas du bâtiment, le temps qu’il y monte et y fasse ce qu’il avait à faire. on est sortit de la voiture et papa est rentré à l’intérieur. maman a sorti une cigarette de son paquet rouge et blanc et s’est éloigné un peu de nous pour fumer.
il s’est passé à peine quelques minutes avant que ça arrive. une détonation soudaine et assourdissante a retenti et un puissant souffle chaud m’a arraché mon doudou : monsieur lapin.
je me souviens des cris et des gens qui courent dans tous les sens. une épaisse fumée blanche est apparu et en levant les yeux aux ciel j’ai aperçu des flammes dévorer tout cet enchevêtrement de poutres et structures métalliques.
seconde détonation assourdissante accompagnée de la tombée d’un étrange mélange de cendres et de poussières.
y en avait tellement que j’étais complètement dans le noir, j’y voyais plus que dalle. tous mes sens étaient étouffés. j’ai commencé à suffoquer, croyant qu’on m'avait enterré vivant. j’ai voulu crier mais aucun son ne sortait de ma bouche. une personne me tire contre elle mais je vois toujours rien. on court et je trébuche sur des gravats.
j’ai commencé à retrouver la vue, petit à petit. tout autour de moi et recouvert de poussière noir, la rue, les voitures, les feux de circulations, j’ai l’impression d’être dans un de ces vieux films en noir et blanc. la personne qui me tenait la main s’arrête enfin et je reconnais ma mère.
spectre blafard, elle s’accroupit en entourant ses cuisses de ses bras, me regarde un instant, puis détourne le regard. ses épaules tremblent et je l’entends éclater en sanglots. les larmes coulent le long de ses joues effaçant la pellicule grisâtre qui recouvre l’entièreté de son être.
sur les trottoirs des chaussures. en passant des richelieu en cuirs, aux bottes de travail boueuses mais aussi et surtout des chaussures de femmes, à talons, sûrement abandonnées par ces dernières pour pouvoir courir plus vite.
plusieurs années plus tard je me souviens de ce musée qu’on avait visité avec l’école, y avait un mémorial avec des paires de pompes portés par des survivants le jour du drame censé symboliser un énième mémento. comme si c’était possible d’oublier quelque chose comme ça.
à Manhattan la circulation avait cessé d’un coup. les seuls véhicules qui roulaient étaient les camions de pompiers et les voitures de police qui descendait la 3e Avenue.
une foule silencieuse et hébétée montait la rue dans l’autre sens. maman a sorti son téléphone et a essayé d’appeler mais la ligne était coupé. le réseau cellulaire devait être saturé.

on est tombé par hasard sur papa et tobias au centre de Barclay Street. maman a lâché ma main et s’est précipité sur tobias pour le prendre sans ses bras, en hurlant à papa que miles avait disparu.


/cave ne cadas/     (prend garde à la chute)
je venais de rentré de l'entrainement alors que le soleil commençait à peine à se coucher. j’ai posé mon sac par terre à l’entrée et pendant que j’enlevais mes pumas un éclat de rire m'est parvenu de la salle à manger. je me suis lentement approché les pas traînants et je les ai vu. tous les trois assis sur le canapé. la famille petite famille parfaite au complet. papa, maman et le petit garçon chéri au centre. réuni pour le traditionnel repas de famille du dimanche soir.
“Ah t’es rentré.” a lâché papa en me regardant vaguement.

il a détourné les yeux et son attention s’est reporté sur tobias. celui-ci m’a lâché son éternel sourire de petit connard prétentieux avant de se redresser pour pouvoir me toiser comme il avait toujours l’habitude de le faire. maman ne m’a pas adressé un regard.