Parce que c'est toi. (Warston)

♛ Parce que c'est toi.

Blottie dans son lit, dans les bras de Nikolaï, la belle endormie savoure ses derniers instants de sommeil. Elle dort toujours d’un sommeil léger, depuis aussi loin qu’elle se souvienne, Isa. Quand elle était enfant, il n’était pas rare qu’elle dorme avec son petit frère quand il était trop souffrant. Elle était à l’affut du moindre de ses mouvements, comme, pour s’assurer qu’il n’avait besoin de rien. De cette période, elle a gardé ce sommeil extrêmement léger. Pourtant, ce matin, auprès de l’homme qu’elle aime, elle est plus apaisée, plus paisible que jamais. Mais, de nature très lève-tôt, Isabella finit par se réveiller tout doucement avec les premières lueurs du jour dans la chambre. Elle ouvre doucement les yeux, sentant déjà la présence de Nikolaï tout autour d’elle. Ses bras qui la retiennent contre lui, mais aussi son odeur qui l’enveloppe tout entière. Sa journée commence à peine, mais, déjà elle a ce doux sourire sur les lèvres. Elle se détache très lentement de lui, pour éviter de le réveiller, puis se redresse un peu pour le regarder. Il paraît si calme quand il dort, presque, comme un ange. Elle ne se lassera jamais de ce spectacle, elle le sait, elle a dû s’en priver trop longtemps. Elle repense un instant à leur dispute de la veille. Ils n’ont pas reparlé de Luke quand ils se sont retrouvés. L’un comme l’autre, ils ne voulaient probablement pas ressasser à nouveau cette conversation tumultueuse. A son sujet, elle ne sait pas davantage quoi en penser ce matin. Elle commence à accepter tout doucement l’idée que l’homme qu’elle a épousé est un criminel. Mais elle a plus de mal, encore, à imaginer l’envoyer elle-même derrière les barreaux. Elle n’aime pas cette position, elle aurait vraiment l’impression que c’est personnel. Car, après tout, elle n’est pas policière. Mais Nikolaï l’est, lui. Elle ne peut pas lui en vouloir de faire son travail. Elle ne peut pas davantage lui en vouloir de détester Luke. Il lui a fait tant de mal, il leur en a fait à tous les deux. Elle prend une profonde inspiration, puis se relève finalement. Elle attrape sa nuisette laissée tombée en bas du lit pour l’enfiler. Elle en fait de même avec son peignoir en soie avant de quitter la chambre pour rejoindre la cuisine. Elle veut préparer un petit-déjeuner pour son amoureux.

L’appartement de Peyton est plutôt cosy, un peu trop pour toutes les deux. Mais elle a déjà quelques idées en tête pour régler ce petit souci. Outre ce détail, elle se sent totalement chez elle, chez sa sœur. La décoration n’est pas la sienne, assurément, elle est moins épurée qu’elle ne l’aurait réalisée elle-même, mais tout aussi artistique. C’est quelque chose qui lui plaît. Tout autant qu’elle apprécie d’avoir quitté les quartiers huppés. Une fois dans la cuisine, la Latina s’attelle à la tâche. Elle prépare du café, mais aussi du lait, des viennoiseries, des toasts et des fruits. Elle prend tout, parce qu’elle ignore ce qui plaira à Nikolaï. C’est dingue, elle a l’impression de connaître tant de choses sur lui. Et, à côté, elle ignore les choses les plus évidentes. Mais elle découvrira tout progressivement. Quant à elle, c’est étrange car, à la villa, elle avait une cuisinière à disposition qui préparait chaque matin un petit-déjeuner totalement rempli, mais elle prenait rarement autre chose qu’un café. C’est le contraire, ici. Saisissant le plateau une fois que tout est prêt, la jeune femme retourne sans un bruit jusqu’à sa chambre. Elle le pose sur la table de chevet une fois près du lit, puis se rassoit aux côtés de son compagnon. Elle pourrait le laisser dormir encore un peu mais il a rendez-vous d’ici un peu plus d’une heure pour visiter une maison. Puis, c’est difficile de résister à l’envie de venir l’embrasser. Rapidement, elle cède en se penchant auprès de lui. Elle dépose un doux baiser contre ses lèvres, puis parsème avec délicatesse le moindre centimètre de sa peau jusqu’à son cou. Elle inspire son parfum, juste une seconde, avant de murmurer entre deux baisers. – Bonjour toi… C’est encore si nouveau, si précieux, ces moments pourtant si simples avec lui. A cet instant très précis, elle est la plus heureuse au monde, Isa.

♛ Parce que c'est toi.

Rester en froid avec Nikolaï, c’est impossible. Elle ne sait pas si c’est parce qu’ils ont trop longtemps dû supporter cette distance sans la vouloir véritablement. Ou peut-être est-ce simplement parce qu’elle est beaucoup trop accro à cet homme, plus qu’elle ne l’a jamais été avec aucun autre. Il dégage ce magnétisme, cette attraction sur elle qui l’attire inexorablement vers lui. Et puis, elle ne lui en veut pas, Isa. Elle ne lui en a jamais voulu. Elle s’est sentie incomprise, c’est vrai. Ignorée aussi, comme s’il ne voulait pas accepter ses émotions. C’est douloureux, avec lui plus qu’avec n’importe qui, surtout parce qu’il est celui qui sait au mieux la comprendre, en temps normal. En la retrouvant après leur dispute, la veille au soir, il a tâché de la rassurer, et cela lui a fait beaucoup de bien. Mais elle ne veut plus y penser, elle ne veut pas ressasser une querelle qui n’avait pas lieu d’être. Elle n’a jamais remis en cause ses sentiments. Peu importe ce que Luke peut bien lui inspirer. Qu’il s’agisse de la haine, de l’indifférence, de la compassion ou bien de la pitié, ou encore quoi que ce soit d’autre. Celui qu’elle aime, irrémédiablement, c’est Nikolaï. Elle est heureuse auprès de lui. Elle était heureuse cette nuit en s’endormant, elle l’est tout autant ce matin en se réveillant. Et cela, c’est bien quelque chose de trop rare, trop précieux, pour qu’elle n’en prenne pas soin. Assise auprès de lui, le petit-déjeuner qu’elle a préparé à côté, la jeune femme profite du beau spectacle qu’il lui offre. Paisiblement endormi comme un bébé, il la fait beaucoup trop craquer. Elle ne résiste pas longtemps avant de se pencher vers lui pour l’inonder de baisers. Tout de suite, un sourire apparaît sur les lèvres de son petit-ami bien qu’il garde les yeux fermés. Il se contente de savourer cet instant de tendresse alors qu’elle, elle savoure le contact avec sa peau, son odeur, lui tout bonnement. Quand elle entend enfin le son de sa voix, Isa se met instantanément à sourire avant que, très vite, il ne l’attrape pour l’attirer dans ses bras. Elle se laisse faire et se retrouve bientôt à nouveau allongée, contre lui. Elle le regarde, l’air amusée, amoureuse. – Autant que tu le voudras. lui promet-elle d’une voix tendre. Malgré ses réserves, elle parvient à accepter, enfin, l’idée de le faire venir ici, même si sa petite sœur se trouve à quelques mètres seulement. Puis, il va bientôt avoir son propre chez-lui, ce qui facilitera aussi les nuits passées ensemble. Se réveillant peu à peu, le jeune homme lui dépose plusieurs baisers à la suite, de quoi la faire sourire un peu. – Je me demande même comment j’ai pu m’en passer. confie-t-elle juste avant qu’il ne s’empare de ses lèvres dans un nouveau baiser. Cette fois, elle le prolonge plus longuement alors que sa main vient se poser contre sa joue pour mieux l’approfondir. Au bout de quelques secondes, elle recule un petit peu pour plonger son regard dans le sien. – Merveilleusement bien. Et toi ? demande-t-elle en caressant son torse du bout des doigts. Elle a encore du mal à croire qu’elle a vraiment la chance d’être avec lui… Qu’ils sont là, tous les deux, sans avoir besoin de se cacher, sans avoir besoin de se presser. Juste tous les deux. – Je sais que tu as ton rendez-vous tout à l’heure, mais je nous ai préparé un petit-déjeuner. dit-elle en désignant du regard le plateau posé juste à côté, puis elle reprend avec un joli sourire sur les lèvres, d’un air tout ce qu’il y a de craquant. – Notre premier petit-déjeuner d’amoureux.

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Ce n’est pas tant qu’il a qu’un caractère difficile, Nikolaï. C’est surtout qu’il est extrêmement impulsif, tout le contraire de la jeune femme. Et cela vaut peut-être mieux, d’ailleurs. Mais elle n’a pas de mal à accepter cette partie explosive de sa personnalité. C’est aussi ce qui fait son charme. Elle aime le fait qu’il soit aussi entier dans ses sentiments, le fait aussi qu’il tienne tant à elle qu’il soit incapable de se contenir. Puis, elle est incapable, elle, de résister quand il revient auprès d’elle avec cet air d’enfant coupable sur le visage. Il l’a fait beaucoup trop craquer. C’est ce qui s’est produit la nuit dernière. Si elle avait décidé de passer outre avec ses messages d’excuse, Isabella a définitivement oublié toute leur dispute à l’instant même où il était en face d’elle. Et elle n’a guère pu lui résister longtemps avant qu’ils n’atterrissent dans son lit. Ce matin, le réveil est beaucoup plus tendre que la nuit passionnée qu’ils ont passée. Elle le réveille tout en douceur avant qu’il ne l’attire contre lui pour l’embrasser. Elle sourit amoureusement sans le quitter des yeux alors que les siens sont toujours fermés. Mais elle est un peu surprise par ses paroles néanmoins. – Tu es chez ma sœur. Je crois bien que, se cacher, c’est terminé. déclare-t-elle avec un faible sourire. C’est vrai, elle n’a pas pu se résigner à dormir loin de lui cette nuit. Elle se fait doucement à l’idée qu’ils ne font rien de mal et que… Elle n’a plus aucune raison de… Le cacher. Plus du tout. Alors qu’il ouvre enfin les yeux, le jeune homme lui affirme sans l’ombre d’une hésitation qu’elle ne va plus pouvoir se passer de lui maintenant. Elle laisse échapper un rire léger face à cette assurance à toute épreuve. Pour autant, elle doit bien reconnaître qu’il a totalement raison. Elle ne pourrait plus vivre sans lui. Elle ne voudrait même pas l’imaginer. Se redressant finalement, la Latina désigne le plateau de petit-déjeuner qu’elle a préparé pour eux alors qu’il veut surtout s’assurer qu’elle vient avec lui à son rendez-vous. C’est pourtant évident. Elle a envie de découvrir sa prochaine demeure avec lui puisque… Elle compte bien y passer beaucoup de temps. Puis, ce n’est pas comme si elle avait beaucoup d’impératifs qui l’en empêcheraient, pas en ce moment. – Oui, bien sûr. A condition que tu veuilles encore de moi. précise-t-elle d’une voix amusée alors qu’il approche finalement le plateau près d’eux. Il paraît assez ravi. Elle sait qu’il a un grand appétit et, ça tombe bien, parce qu’elle aussi. Mais, très vite, Nikolaï lui fait savoir qu’il souhaite lui parler de quelque chose d’important. – Oh, dis-moi, je t’écoute. répond la belle brune en levant les yeux vers son petit-ami. Elle attrape une viennoiserie pour commencer à la déguster tout en attendant qu’il en dise plus. Car elle doit bien avouer qu’il a réussi à l’intriguer.

♛ Parce que c'est toi.

Les yeux posés sur l’homme qu’elle aime, Isabella le contemple avec un petit sourire en coin sur les lèvres. Il ne le dit pas vraiment, pas clairement, mais elle a l’impression qu’il voudrait presque qu’ils vivent ensemble. Ou, tout du moins, qu’ils se voient autant que s’ils vivaient ensemble. Emménager avec lui aurait pu se faire. Ils ont perdu respectivement leurs maisons presque en même temps, puis ils passent tout le temps libre qui leur est accordé ensemble. Mais, pourtant, aucun d’eux n’a formulé l’idée. Peut-être parce que c’est trop tôt. Ils se fréquentent depuis des mois, certes, mais ils ne connaissent rien des habitudes de l’autre. Elle ne sait pas comment il vit, elle n’a jamais eu le droit de le voir de ses yeux. Et, peut-être aussi, surtout, qu’elle est un peu effrayée à cette idée. La dernière fois qu’elle a accepté d’emménager chez un homme, il a commencé progressivement à se désintéresser d’elle. Comme s’il la considérait comme acquise désormais. Elle refuse de le vivre une nouvelle fois, surtout pas avec Nikolaï. Elle aime beaucoup trop voir avec quel enthousiasme il la retrouve à chaque fois. Mais elle est touchée d’entendre à quel point il veut qu’elle se sente chez elle, dans sa maison. Il est beaucoup trop adorable. – Si c’est chez toi, je m’y sentirais sans aucun doute chez moi. assure-t-elle d’une voix tendre, un sourire amoureux sur les lèvres. Mais elle comprend ce qu’il veut dire et, surtout, elle compte bien le suivre dans la visite de cette maison. Ils le feront même dès qu’ils auront terminé ce petit-déjeuner. Une viennoiserie qu’elle tient délicatement entre les doigts, elle commence à manger tout en attendant d’en savoir plus sur cette chose mystérieuse qu’il veut lui confier. Mais elle ne s’attend pas, absolument pas à ça. Il va accueillir sa nièce chez lui. – Oh… Elle est surprise. Evidemment qu’elle est surprise. Elle n’imaginait pas un instant un aveu pareil, c’est si… Précipité. Elle ne comprend pas réellement les raisons qui poussent la sœur de Nikolaï à laisser sa fille plutôt que l’emmener avec elle, c’est… Pour le moins étrange. Mais les paroles qui suivent l’éclairent un peu plus. – Quel âge a-t-elle ? demande-t-elle, pour tenter de saisir l’enjeu. Puis, aussi, pour savoir ce qui attend son petit-ami… Ce qui les attend tous les deux, en réalité. Mais elle a aussi relevé son inquiétude alors, tout de suite, elle reprend de sa douce voix. – Mais ce n’est pas parce que la situation est compliquée entre elles qu’elle le sera avec toi, tu sais.

♛ Parce que c'est toi.

C’est touchant de voir à quel point Nikolaï veut qu’elle se sente à sa place dans sa demeure. À quel point il veut l’intégrer à sa vie. Son mari, lui, ne s’était jamais inquiété de ce genre de détails. Peut-être parce que, pour lui, il était évident qu’elle se sentirait comme une princesse dans un royaume... Et pourtant. Mais le policier a toujours été très attentionné envers elle. Il pense à son bien-être comme personne ne l’a fait avant lui. Elle lui sourit tendrement avant de l’embrasser comme pour effacer ses inquiétudes. - Je le sais. murmure-t-elle contre ses lèvres. À vrai dire, elle n’a aucune idée de la manière dont elle se comportera dans cette nouvelle maison. Elle s’est toujours sentie à l’aise avec Nikolaï mais, être sans gêne, c’est loin de ses habitudes. Encore plus s’il n’habite pas seul dans cette demeure mais... Avec sa petite nièce. Une nièce qu’elle n’a encore jamais vue et dont elle ne sait rien. C’est avec une certaine surprise qu’elle apprend la nouvelle, Isa. Son petit-ami lui précise alors qu’il n’est au courant que depuis quelques jours... Quelques jours, déjà, mais il ne lui en parle que maintenant. Elle se dit qu’il aurait pu le faire tout de suite, ou, du moins plus rapidement. C’est un bouleversement de taille, tout de même. Mais alors qu’il tente de s’expliquer, la belle lui offre un léger sourire. - Tu n’as pas à te justifier. Elle est de ta famille, je comprends tout à fait. Elle est même celle qui pourrait le comprendre mieux que personne. Toute sa vie, elle a privilégié sa famille à tout le reste. Les yeux posés sur lui, la jeune femme reprend le cours de son petit-déjeuner tout en découvrant plus en détails ce qui les attend. Une jeune fille encore en pleine crise. Cela ne va sûrement pas être de tout repos pour Nikolaï, mais elle a confiance en lui. - Eh bien, c’est normal, elle doit se sentir abandonnée... C’est à toi de lui montrer qu’elle est à sa place chez toi, vraiment. déclare-t-elle avant d’attraper son café pour en boire une longue gorgée. - Si ta sœur te la confie, c’est sans doute parce qu’elle sait que tu peux y arriver.