memories (loïs)

un long soupir filtrait à travers tes lèvres alors que tu fermais le bar derrière toi, glissant les clés dans ton sac à main. tu te pinçais les lèvres en avançant dans les rues du queens, te dirigeant vers ton café préféré. ça faisait longtemps que tu n’avais pas prit le temps de t’y arrêter, juste quelques minutes. tu avais oublié de prendre du temps pour toi, ces dernières semaines, tu avais enchainé les soucis et désormais, tu voulais simplement un peu penser à toi. ne pas penser à un bébé que tu ne portais plus, ne plus penser aux hommes qui faisaient de ta vie sentimentale un pur chaos. ne plus penser à ta mère qui te faisait toujours vivre l’enfer, même si tu étais en train de mettre fin à tout ça. ne plus penser à cet homme, qui t’avait possédé le temps d’une nuit, et que tu n’avais jamais revu. ça aurait pu être une nuit comme une autre, passé dans les bras d’un inconnu. mais c’était plus que ça. tu ne savais pas exactement ce qui s’était passé cette nuit là. un abandon total entre deux être. tu ne connaissais même pas son prénom. il ne connaissait pas le tien non plus. ça n’avait été que charnel, que passionnel. rien d’autre. et pourtant, tu avais l’impression que tu pouvais redessiner ses traits et les courbes de son corps à l’infini tant il t’avait marqué au fer rouge. de ses baisers, de ses caresses. tu fronçais un peu les sourcils en resserrant ton foulard autour de ton cou en soupirant et tu franchissais la porte du café, affichant un sourire au serveur. « mademoiselle torres, le retour. comment tu vas ? ça fait longtemps que je t’ai pas vu ici. » tu souriais en haussant les épaules et tu te pinçais doucement les lèvres. « je sais, j’ai été pas mal occupée. tu me sers comme d’habitude ? » tu demandais avec un sourire, en t’installant à une table. le serveur, tu le connaissais bien, il était toujours là quand tu venais ici, et ça te faisait plaisir de le revoir. tu posais ton sac à main sur la chaise à côté de toi et tu patientais, relevant la tête vers la porte qui s’ouvrait sur un autre client. ton sang ne faisait qu’un tour, et tu avais l’impression que ton coeur allait sortir de ta poitrine quand tu le reconnaissais. lui. tu posais ton regard sur lui, incapable de regarder ailleurs. tu soupirais un peu, complètement surprise et choquée de le voir ici, après quatre mois sans l’avoir vu. quatre mois que tu te demandais qui il pouvait être, ce qu’il faisait dans la vie. et il était là, simplement. venu chercher un café, comme toi. vos regards se croisaient et tu avais l’impression d’avoir arrêté de respirer, et tu savais. tu savais que lui aussi, il t’avait reconnu. tu le détaillais du regard et tu remarquais son alliance. que tu avais vu la première fois, et que tu n’avais pas eu de scrupule à mettre de côté pour passer la nuit avec cet homme. marié, avec une femme qui l’attendait surement. et peut-être des enfants. tu hésitais à parler. il ne voulait peut-être pas te revoir. après tout, il était parti avant même ton réveil, ce matin là. « salut. » tu murmurais alors en te mordillant la lèvre, chose que tu faisais toujours quand tu étais gênée. et tu trouvais rien d’autre à dire, à part ce simple mot. si banal. alors que tout ça n’avait rien de banal, justement. que votre relation - ou ce qu’il en existait du moins- méritait des feux d’artifice, à la place d’un simple bonjour.