(fb) breaking down / aly

All alone
Even when I was a child
I've always known
There was something to be frightened of

sami, il voudrait disparaître. il voudrait partir, s'envoler vers les contrées marocaines et ne jamais revenir. mais il est là, coincé dans un monde qu'il exècre, à supporter l'hypocrisie maladive des petits bourgeois et les reproches de sa mère. il n'est pas assez bien, sami, toujours à parler trop fort et à ne pas sourire sur les photos. il n'est pas assez cultivé, intelligent, sociable, ambitieux. non, sami, il ne sait qu'emmerder le monde et répondre à sa pauvre mère. et lorsqu'il a le dos tourné, il les entend parler de lui, d'à quel point il fait souffrir ses parents - à un tel point que son père ne veut plus le voir et que sa mère, elle, semble être au bord de la crise de nerf. ses pas l'entraînent vers la sortie sous les regards critiques des invités. une fois dehors, il respire un grand coup, s'allume une clope qu'il glisse entre ses lèvres de ses doigts tremblants. – quelle merde, qu'il soupire. parfois, sami, il voudrait disparaître pour de bon. il voudrait ne plus jamais avoir à assister à ces foutus repas, ces événements à la con. tout d'un coup, il a l'impression de suffoquer et son premier réflexe est d'envoyer un message à la seule personne capable de le calmer. – j'ai besoin d'toi. rejoins-moi au parc xx et il est conscient qu'aly pourrait avoir des problèmes à cause de lui mais le gamin el khir, il veut la voir. il a besoin d'elle - et au moins, si elle est avec lui, il sait qu'elle est en sécurité.
il part sans rien dire, sami, attrape un taxi et rejoint le parc où il a l'habitude de retrouver aly. c'est sur le même banc qu'il s'installe, allumant sa dixième cigarette de ce début de soirée. il a seize ans, le gamin, mais il fume déjà comme un pompier pour calmer le stress - pour calmer ses nerfs, surtout. il ne sait pas si elle viendra, espère que ce sera le cas. au fond, sami, il souhaiterait qu'elle soit tout le temps à ses côtés pour qu'il puisse la protéger - des autres, de son père, de tout. il y pense souvent, à ce qu'elle subit et ça le rend malade de ne rien pouvoir faire - parce qu'aly, elle ne se rend pas compte. elle ne voit pas que son père profite d'elle, se joue d'elle en vendant son corps au plus offrant. ce sont des bruits de pas qui le ramènent à lui, effacent, l'espace d'un instant, ses pensées. – aly, il sourit. d'un coup, il se sent mieux, sami.

fait ça pour moi. elle secoue la tête, la rousse. pas ce soir. elle en a pas envie. pas alors qu'elle vient d'vivre la pire journée d'sa vie. pas alors qu'la nuit dernière a été longue, qu'elle a oublié son téléphone chez elle. pas alors qu'elle a un sacré hématome sur le bleu, juste parce que y'a l'pote à son père qui a tapé un peu trop fort hier soir. alors non, pas ce soir. elle en a pas envie. elle est épuisée, elle rêve d'se reposer. elle rêve d'se retrouver dans les bras d'sami. aly, c'est moi qui décide. tu fais c'que j'te dis. ses lèvres tremblent. elle est incapable de dire non. pas à son père, pas alors qu'c'est lui qui l'élève, qui fait tout pour qu'elle soit vraiment heureuse. alors tant pis. il suffit juste qu'elle ferme très fort les yeux, et ça va vite passer. c'pas grand chose. elle l'a déjà fait. les gestes sont les mêmes qu'son père lui a appris. dans un point d'vue extérieur, c'est vraiment horrible, mais elle se rend pas compte d'la connerie de la chose, aly. alors tant pis. elle l'fait pour son père. juste fermer les yeux. juste faire. et ça s'finira vite.
et pourtant, la douleur est encore là. sa chambre n'sent pas bon. elle n'est pas à l'aise, et elle s'rend compte qu'c'est le cas depuis une éternité. pourtant, elle ferme les yeux. elle a mal au bide, mal là où il a serré bien trop fort hier soir. et quand son téléphone sonne, c'est uniquement parce qu'elle sent son bide se serrer, et son coeur s'mettre à battre fort et vite qu'elle ose enfin l'prendre. elle répond pas au message, il est tard, son père dort. alors elle cherche pas à comprendre. parce qu'elle a b'soin d'le voir, b'soin d'être avec lui. elle s'change, aly. enfile un pull pour se protéger de l'air frais, son téléphone dans la poche arrière et voilà aly en train d'escalader la fenêtre de sa chambre. juste pour lui. parce qu'elle est capable de tout, uniquement pour se sentir chez elle à la minute où il l'a prend dans les bras. il lui faut pas longtemps, à aly, pour arriver dans l'endroit où ils se retrouvent toujours. elle sourit, timidement, alors que son ventre s'contracte à la minute où il prononce son prénom. mais cette fois-ci, elle est agréable. t'es beau. elle murmure en se rapprochant de lui. aly glisse ses doigts sur sa joue, puis dans ses cheveux avant de poser ses lèvres sur les siennes. oui, il est beau, son sami. et c'est bien ça, l'meilleur dans l'histoire, c'est qu'il est à elle. autant qu'elle est à lui, malgré tout.

il y a son visage qui s'illumine, ses yeux qui pétillent et son coeur qui manque un battement. sami, il ne voit qu'aly. qu'aly sous la lumière des lampadaires. qu'aly, seulement aly. il en oublierait presque cette impression d'étouffer, de laisser filer sa vie rêvée. – t'es beau, qu'elle murmure. il bouillonne, sami, sent ses entrailles qui se tordent. ça lui fait mal, mais cette douleur là, il voudrait ne jamais cesser de la ressentir. et lorsque leurs lèvres se rencontrent, qu'elles se complètent, c'est la folie dans son crâne, dans son être tout entier. jetant son mégot, il vient attraper le visage d'aly pour accentuer le baiser. puis il se détache, reprenant difficilement son souffle. – tu m'as manqué. il susurre, le front posé contre le sien. il pourrait passer sa vie ici, dans ce parc, avec cette gamine qui lui fait tourner la tête. peut-être qu'il n'a pas besoin de plus, sami. pas besoin d'autre chose que de la présence d'alyzée à ses côtés. j'savais pas si t'allais venir. et sûrement qu'il aurait été plus raisonnable qu'elle ne vienne pas. mais sami, il n'a qu'elle pour panser ses plaies, faire battre son cœur malade. et il sait que si elle est avec lui, elle ne peut pas souffrir - pas autant qu'aux côtés de son père. plus que quelques années, qu'il se dit, et ils se barreront d'ici. il lui offrira la vie qu'elle mérite, loin de la perversité du monde dans lequel elle vit. attrapant sa main, il l'entraîne sur le banc, aussi près de lui que possible.
– ton père t'a laissé sortir ? il demande, conscient que la réponse sera négative. il tente de cacher son dégoût envers l'homme en question, se retient de monter dans les tours pour ne pas blesser aly et gâcher leur moment ensemble. s'il pouvait, sami, il effacerait toute trace de cet homme dans l'esprit d'aly, remonterait le temps pour qu'elle n'ait jamais à faire face à son immoralité. il ajoute, avant qu'elle ait pu répondre : j'veux pas que t'aies des ennuis à cause d'moi. non, sami, il ne veut pas qu'elle souffre davantage. il ne veut plus qu'elle endure tout ça. et c'est pour ça qu'il ne réfléchit pas, sami. d'un coup, il oublie qu'ils n'ont que quatorze et seize ans, qu'ils sont encore des gamins. et si on s'barrait ? toi et moi. si on partait, là, maintenant ? le pire, c'est qu'il serait capable de le faire, sami. il se capable de foutre le camp - surtout pour elle que pour lui-même. viens, on s'casse, aly. ça en deviendrait presque une supplication. sa paume presse doucement celle d'alyzée. elle n'a qu'un mot à dire et ils s'en iront.

elle se sent d'un seul coup bien, la rousse. elle sent son ventre qui se contracte. et voir l'homme qu'elle aime, putain, ça la rend bien trop chaleureuse. alors qu'pourtant, elle vient juste d'passer une journée d'merde. alors qu'au final, faut juste qu'elle réalise qu'elles le sont toutes, qu'elles se ressemblent, toutes. quand il l'embrasse comme ça, comme ce soir, elle est certaine d'sentir des ailes se développer. sami est le seul, qui arrive à rendre aly comme ça. dire qu'elle l'aime n'est même pas assez pour qu'elle explique c'qu'elle ressent. c'est beaucoup trop fort. beaucoup trop beau. et elle s'y plonge la tête baissée dans son bonheur, en ignorant la voix dans sa tête qui lui hurle d’appréhender l'pire. toi aussi, sami. elle murmure contre ses lèvres, posant sa main contre sa joue pour la caresser du bout des doigts. j'avais b'soin de te voir. elle répond naturellement, les mots sortent du coeur, d'un coup, sans qu'elle ne prenne le temps de vraiment réfléchir. c'est ça, qu'elle aime quand ellee st avec lui. elle peut parler librement, la rousse. parce que sami n'la jugera pas, n'la jugera jamais.
aly pose sa tête sur l'épaule de son copain, entoure sa taille pour que la proximité soit au maximum. elle n'répond pas, pas sur le coup. penser à son père lui provoque une douloureuse douleur au ventre. ça fait quelque temps, qu'elle est comme ça quand elle pense à lui. alors qu'aly, elle sait qu'il veut que son bien. elle se bat pour qu'sami le comprenne. c'est sa seule fille, c'est sa princesse. c'est c'qu'il lui dit, quand il vient rejoindre son lit. il sait pas, qu'j'suis ici. mais ça, c'est nouveau. en temps normal, elle se battrait pour y aller, pour voir son amant parce que son père n'aime pas ça. d'habitude, elle capitule. mais plus maintenant, plus alors qu'son coeur se brise à chaque fois qu'il n'est pas avec elle, qu'elle n'a pas de message, pas d'nouvelle de lui. sa main sur son ventre, sur son hématome. ses doigts frôlent sa peau malgré le tissu. ça fait encore mal, ça aussi, putain. et moi j'veux juste être avec toi. alors tant pis. tu sais qu'il m'fera rien. c'est drôle, ironique, d'voir à quel point la rousse n'voit pas le mal. putain. bien-sûr que si, il lui en fait du mal. depuis des années, depuis qu'elle a eu l'âge d'devoir prendre son propre avis sur le monde et qu'on lui a manipulé l'cerveau pour qu'elle soit simplement dans l'même avis qu'lui. elle s'rend juste pas compte. parce que y'a jamais eu d'vrai déclic. aly fronce les sourcils, se décale un peu d'lui pour l'observer. elle plisse les yeux à cause de l'obscurité. mais on irez où ? y'a d'l'espoir, dans sa voix. comme si sa conscience essaye d'lui envoyer un message. j'peux pas sami, mon père a b'soin de moi. qu'elle s'force à dire. pourtant, elle en crève d'envie. ça doit sûrement s'ressentir, quand elle pose ses lèvres sur les siennes. putain, qu'oui qu'ils se cassent. putain, qu'elle n'veut être qu'avec lui.

son bras autour de la taille d'aly, il la retient. il la tient - comme si elle allait disparaître et ne laisser que son cœur brisé en souvenir. sami, il ne se sent jamais aussi bien que lorsqu'il peut la toucher, la sentir près de lui et poser ses lèvres sur sa peau porcelaine. – il sait pas, qu'j'suis ici. parce qu'il ne veut pas de sami près de sa fille, le putskowski. parce qu'elle n'a pas le droit, aly, d'avoir un autre homme que lui dans sa vie. il l'a bien compris, sami, mais ça ne l'a jamais arrêté. et moi j'veux juste être avec toi. alors tant pis. tu sais qu'il m'fera rien. ses sourcils se froncent et sa mâchoire se contracte. tout ça, ça lui donne envie de vomir ses tripes sur le sol. il a mal, sami. mal de se rendre compte qu'aly n'a pas conscience de ce qui lui arrive, est tellement aveuglée par les mensonges de son père qu'elle ignore la vérité. il a mal, sami. mal de savoir que si elle ne part pas tout de suite, il la tuera. alors ça lui vient en tête comme une illumination. il n'y a qu'un moyen de la protéger : partir. partir aussi loin que possible, de l'autre côté de l'océan, là où on ne pourra pas les retrouver.
– mais on irez où ? il ne sait pas trop, sami. peut-être au maroc - pour réaliser son rêve le plus fou. peut-être en europe ou en asie ou dans un autre pays d'afrique. elle n'a qu'à dire, aly, et il la suivra. – n'importe où, mais loin d'ici. loin d'ici, loin des états-unis, loin de ses parents, loin de son père à elle et de sa perversité. loin d'ici, là où elle ne souffrira plus. et il y croirait presque, sami, à cette vie parfaite qu'il touche de ses doigts. – j'peux pas sami, mon père a b'soin de moi. à ses mots, son corps entier se raidit et son cœur, lui, se brise dans sa poitrine. il a envie d'hurler, le gamin. – et il a besoin de toi pour quoi exactement ? qu'il demande sèchement. il retire sa main de la sienne, s'éloigne de quelques centimètres. tu vois pas qu'il s'sert de toi, aly ? t'es rien d'autre qu'une foutue machine à argent pour lui. il est froid, sami, plus froid qu'il ne l'a jamais été. son regard se pose sur ses doigts - un peu partout, si ce n'est sur le visage d'alyzée. il ne veut pas voir son visage se décomposer, ses yeux mouillés et ses lèvres tremblantes. comment c'est possible que tu sois aussi aveugle ? qu'est-ce qu'il a bien pu t'foutre dans le crâne pour que tu sois à ses petits soins après tout ce qu'il t'fait subir ? il passe sa main dans ses cheveux, soupire. j'comprends pas, aly. et pourtant, il voudrait. il voudrait comprendre pour pouvoir l'aider.

elle dit qu'elle voudrait partir à paris, la gamine. puis elle dit qu'elle ne peut pas, que son père est plus important que son bonheur à elle, et ça le fout en l'air, sami. il y a tout qui part en vrille dans son crâne. c'est le ras-de-marée, l'ouragan meurtrier qui détruit tout sur son passage. il crache son venin parce qu'il souffre, sami. il souffre pour elle, pour lui, pour eux. et ça, tout ça, ça le rend complètement fou. – parce qu'il n'a qu'moi sami ! il ne répond pas, se contente de serrer la mâchoire et de regarder droit devant lui. la voix tremblante d'alyzée lui fait un mal de chien - et même si son cœur le supplie de la reprendre dans ses bras, sa raison le tient éloigner. arrête sami putain, tu sais pas c'que tu dis. c'est elle qui ne sait pas. c'est elle qui semble vivre dans un autre monde, une autre planète où son putain de père n'est pas une ordure. – j'sais très bien c'que j'dis. c'est toi qui es complètement aveugle, qu'il balance. il ne veut pas être aussi dur, le fils el khir, mais il n'arrive plus à garder son sang froid - à la regarder se faire détruire devant ses yeux. quand tu seras plus bonne à lui rapporter du fric, tu crois qu'il fera quoi ? il demande mais n'attend aucune réponse - parce que, quoiqu'il dise, la voix de son père sera toujours là pour lui retourner le crâne.
– tu fais chier. il la sent se lever à ses côtés, tourne les yeux vers sa silhouette. sous les lumières de la ville, il voit à quel point elle est blessée. son esprit lutte mais son corps est attiré par aly comme un aimant. ses doigts se posent doucement sur son épaule pour la retourner et l'entourer de ses bras. il ne dit rien, sami. il n'a plus rien à dire, de toute façon. il sent l'humidité sur son épaule, comprend qu'elle pleure et la serre davantage contre lui. – je t'aime, aly, qu'il murmure. ça s'envole dans les airs, disparaît dans la nuit noire. son cœur bat fort, toujours plus fort dans sa poitrine. il veut juste la protéger, le gamin, mais il en est incapable.

il y a de la haine dans ses paroles, dans le son de sa voix. il y a de la haine jusqu'au plus profond de ses tripes - une haine puissante et indescriptible. et sami, il fait mal. il plante le couteau et le remue dans la plaie. et sami, ça lui fait mal. il n'aime pas la voir souffrir, aly, mais il n'a pas d'autre choix. parce qu'il sait, le gamin, que si elle reste aux côtés de son père, ce dernier sera la raison de sa mort - et il ne peut pas imaginer un monde sans elle. lorsqu'elle se lève, que ses pas s'éloignent, sami la rattrape et l'entoure de ses bras. il ne veut pas qu'elle parte, aly. il ne veut pas qu'elle y retourne. la tête contre son épaule, elle explose en sanglots. il la serre encore plus fort, aussi fort qu'il lui est possible de le faire. sami lui montre qu'il est là. qu'il sera toujours là. et il lui murmure, l'el khir, qu'il l'aime. ce n'est même pas assez puissant pour exprimer l'amour qu'il ressent pour elle. il se dit, sami, qu'il ne ressentira cette sensation avec personne d'autre. qu'il n'aimera plus jamais avec autant d'intensité. parce qu'aly est son monde, son univers, sa vie toute entière. il pourrait sacrifier son existence pour la sienne, vendre son âme au Diable si ça pouvait la sauver.
– emmène moi loin sami. très loin. j't'en pris. son cœur s'accélère. son corps entier devient soudainement lourd. il est paralysé, sami. il ne la lâche pas. il se refuse de la lâcher - comme si, s'il le faisait, elle disparaîtrait et ne reviendrait jamais, laissant son cœur défoncé comme trace de son passage. doucement, ses doigts se détachent, viennent attraper le visage d'aly pour le relever. leurs yeux se rencontrent enfin et sami sent tout son être se briser lorsqu'il voit, lit dans les siens toute la souffrance qu'elle avait enfoui au plus profond. – j't'aime tellement, aly. j'te promets que j'vais t'rendre heureuse et t'faire oublier tout le mal qu'on a pu t'faire, qu'il dit, la voix se cassant légèrement. puis ses lèvres se posent sur celles d'aly. il l'embrasse avec douceur, passion et amour. il l'embrasse comme si sa vie en dépendait. et dans ce baiser, il lui fait mille et unes promesses. il lui promet de la protéger au péril de sa vie.