C’était la toute première fois qu’elle s’ouvrait de cette manière, qu’elle osait parler de son mal-être. Personne ne se doutait qu’elle souffrait autant à l’intérieur. Eliah arborait toujours son beau sourire, elle semblait toujours de bonne humeur. Bonheur étouffé par un voile maladif. Mais rien ni personne ne s’en souciait. Tant qu’elle répondait “super et toi ?” à la question “comment ça va ?”. Question stupide quand on y pense. Climax de l’hypocrisie. On s’en foutait pas mal de la réponse, on effectuait simplement les formalités. Parce que c’est comme ça que ça marche au final.
Elle avait ramené ses jambes près d’elle, comme une enfant. Recroquevillée, elle n’était plus que l’ombre d’elle-même. L’humiliation de cette soirée grandissait. Elle savait qu’elle avait merdé, qu’elle en avait trop fait. Elle se sentait seule, livrée à elle-même, personne n’était en mesure de la comprendre. Mais la main de son amie se posa sur la sienne, compatissante. Elle la tirait de sa léthargie, de cette angoisse profonde qui la rongeait. Eliah la regarda en souriant. Etait-ce seulement sincère ? Elle avait oublié ce que c’était de sourire sincèrement. Tout ce qu’elle faisait, c’était contracter ses muscles machinalement pour apaiser les autres, montrer que tout allait bien. Mensonge bien ficelé. Elle voulait la soutenir Kate, elle était là pour elle. Mais la blonde avait l’impression que c’était peut-être trop tard pour elle. Elle ne pouvait pas être sauvée, plus maintenant. C’était la faute à sa mère, elle aurait dû être là, l’aimer, la chérir, la réconforter quand ça n’allait pas. La plaie béante de son enfance ne s’était jamais refermée. Elle ne cicatrisait pas, toujours à vif. La pâtissière ferma les yeux en écoutant les paroles apaisantes de Katheryn. Elle finit par s’écrouler dans ses bras en sanglotant.
“J’ai l’impression que c’est trop tard pour moi… que j’vais jamais y arriver”
Elle ne contenait plus ses larmes. Elle les laissa dévaler la pente de ses joues, s’écraser finalement sur le bleu de son jean. Eliah était fatiguée de tout ça, elle s’épuisait à vouloir tout garder pour elle. Ça la tuait à petit feu. Elle se détacha peu à peu de son amie qui lui tenait toujours les mains puis se releva. Elle se dirigea dans le salon, entrainant Kate avec elle. Elles se posèrent sur le canapé, l’une en face de l’autre. Les prunelles embuées de la pâtissière se plongèrent dans celles de Kate. C’était le moment de tout déballer. De se libérer de ce poids qui la rongeait, de cette chose qu’elle ne parvenait pas à s'en détacher, cette chimère qui la tirait vers le bas. Elle n’y était jamais arrivé avec son thérapeute alors pourquoi pas avec son amie. Au fond, elle redoutait le jugement que Kate pouvait porter sur elle une fois le voile levé. Allait-elle la traiter comme si de rien n’était ? Allait-elle passer outre cette faiblesse tout en l’aidant à sa manière ou simplement prévenir un énième médecin concernant sa condition psychologique ? Eli n’avait pas de réponses à ces questions. Ce qu’elle savait ce soir-là, c’était qu’elle avait besoin de s’ouvrir, de respirer un air pur, de ne plus penser à ça.
“Je… je suis une enfant non-désirée. J’ai pas eu la p’tit enfance gâtée que tout le monde s’amuse à faire croire sur les réseaux sociaux. Bien au contraire… ma mère… elle… elle ne m’a jamais aimé. Je suis comme le boulet de la famille, un fardeau, un poids. Et en ce moment, ce poids, il est trop lourd à porter, Kate. J’y arrive plus, je suis à bout de force. J’ai l’impression qu’il m’empêche de respirer.”
You can't expect me to be fine, I don't expect you to care. I know I said it before but all of our bridges burned down.
C'est dingue comme elle semblait fermée sur ce sujet, sa mère, son enfance ... Katheryn pouvait presque lire entre les lignes rien qu'en la regardant. La blonde voulait l'aider, elle lui tendait cette main pour l'aider à ce relever, une main qu'elle n'était pas prête de lâcher parce qu'elle voyait bien combien elle avait besoin de soutient pour avancer. Seulement, elle ne pouvait que faire le premier pas vers Eliah, elle ne pouvait pas la forcer à saisir sa main, elle ne pouvait pas non plus la forcer à accepter son aide ou son soutient. C'était à elle de faire cet effort, c'était à elle de prendre sa main et d’accepter qu'elle avait besoin d'aide. Il n'y avait pas de honte à avoir ! Au contraire ... Kate tente de lui montrer son soutient, elle fait tous pour lui montrer qu'elle était là, elle ! Et qu'elle ne voulait pas la laisser tomber quoi qu'il arrive. Posant sa main sur la sienne, elle lui adresse même un léger sourire, elle fait même le tour du bar pour aller la rejoindre de l'autre côté afin de lui faire comprendre une fois de plus qu'elle est bien là pour elle. Et enfin, Eliah semble accepter son aide, puisqu'elle s'écroule dans ses bras, en sanglot. C'était bien la première fois qu'elle la voyait aussi vulnérable. La serrant doucement contre elle, la blonde ce fait la plus rassurante possible, frottant même légèrement son dos comme pour essayer de la calmer, calmer sa douleur, ses pleurs. - Bien sûr que si tu va y arriver, tu es une battante et je serais là moi pour t'aider. Tu pourra compter sur moi quoi qu'il arrive ! Je te le promet. La gardant contre elle quelques secondes en plus, elle attend patiemment que la jeune femme ce calme. Qu'elle ce sente capable de relever les yeux vers elle pour lui promettre elle aussi qu'elle fera tous pour s'en sortir. C'était vraiment horrible de la voir dans cet état, Kate ne supporte pas de voir les gens qu'elle aime souffrir et quand elle y est impuissante c'est encore pire ! Elle aimerait vraiment pouvoir effacer toute sa douleur avec un simple sourire, ou de simples mots. Essuyant légèrement les joues de son amie, Kate la suis jusqu'au salon et s'installe en face d'elle prête à écouter tous ce qu'elle avait à lui dire, ce confier ça faisait parfois du bien. Rien qu'à l'écouter parler, Kate comprend combien la douleur qu'elle ressent est bien plus forte qu'elle ne pouvait l'imaginer. Une enfance non désiré, une mère qui n'en n'avait rien à faire d'elle, c'était tout simplement horrible comme histoire. Elle ce sentait même affreusement mal et triste pour elle. - Tu n'es pas un boulet ou un poids, tu es avant tous une personne et tu es quelqu'un de bien Eliah ! C'est affreux ce que tu as pu vivre mais tu n'es pas ta mère, tu es une personne qui vaut la peine et ... tu n'as pas besoin d'elle pour vivre ! Serrant toujours sa main dans la sienne, Kate tente de lui faire comprendre qu'elle avait des gens autour d'elle prêt à l'aider à aller de l'avant. - Tu as des amis qui t'aime, alors oui ça ne remplace pas l'amour d'une mère mais tu n'a aucunes raisons de te senti coupable, mal, ou de te détruire à cause de ça ! Il faut que tu aille de l'avant ... ne gâche pas ta vie, ta jeunesse avec ce souvenir ! Elle savait bien que c'était plus facile à dire qu'à faire mais elle ne devait pas ce laisser sombrer, pas à cause d'un montre pareil. - Je sais que je peux pas imaginer ce que tu ressent ou même prétendre le comprendre, mais tu dois réussir à tourner cette page Eliah ! Je dis pas que ça va être facile mais je serais là pour t'aider à porter de fardeau, je serais là pour te soutenir.
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Sujet: Re: Get up ft Katheryn 
Lun 24 Sep - 22:05
