partir vers d'autres galaxies. | georgia.

cette boîte, tu la connais par coeur. tu y traînes assez souvent. enfin, peut-être moins régulièrement ces derniers temps. mais ce soir, tu as besoin de décompresser. tu as prétexté une soirée entre filles à dino et à la sortie du club, tu t'es dirigée vers ce bar. l'alcool, quelques joints, t'es bien. peut-être même un peu trop, d'ailleurs. tu danses, ne te soucies de rien. t'es seule, mais ça te va. la solitude, ça a du bon. du très bon, même. mais t'as besoin d'air, là. le son te bousille les tympans. ton crâne menace d'imploser. l'ambiance redescend, il est déjà tard. alors, tu sors avec ton verre. tu déambules sur la terrasse privée, tu  t'éloignes des autres et viens t'asseoir au sol. le dos contre un mur, les yeux clos. tu reprends tes esprits pendant quelques secondes. « j'savais pas que tu étais là. » tu as reconnu son odeur. tu as reconnu le son de ses talons qui claquaient sur le sol en s'approchant de toi. mais tu ne l'avais pas remarquée avant ça. cigarette entre les doigts, le bruit du briquet qui vient allumer la cancéreuse. georgia. tu la connais peu. ou bien. tu n'en sais trop rien. tu sais juste qui elle est quand tu la vois à ce genre de soirées. tu ne la connais pas autrement. ce n'est pas une relation amicale. juste une relation. tu ne sais rien d'elle. elle ne sait rien de toi. juste ce qu'il faut quand deux personnes se retrouvent au coeur d'une soirée de beuverie. mais tu l'apprécies, au fond. ouais, tu l'aimes bien comme elle est là. tu viens sourire, la laisse s'asseoir à tes côtés tout en lui tendant ton paquet de cigarettes. « t'es seule ? toi aussi t'avais besoin d'passer une soirée loin de tout l'monde mais en plein milieu d'une foule ? » tu souffles en riant doucement. ton état d'esprit, ce que tu ressens. en fait, tu n'as simplement pas envie de rentrer à l'appartement. tu n'as pas envie d'affronter dino. devoir lui mentir encore et encore. devoir être une autre. ça te bouffe, ça n'a rien de bon. ça te détruit, et ça vous détruit tout autant.

tu soupirais longuement, tu savais même pas ce que tu foutais là. surement l’envie d’être loin de tout, loin de ta mère, loin de lip, loin de dino. loin de tout ce qui faisait de ta vie un sacré beau bordel. tu étais allée à l’hôpital, quasiment poussée par lip. et t’avais avorté et il était reparti comme si de rien n’était. et tu savais pas comment gérer ça. bordel, t’avais jamais voulu être enceinte. tu venais de tuer ce bébé, ton bébé, et même si tu n’en voulais pas, ça te faisait quelque chose. alors t’étais aussi venue là pour oublier. pour te changer les idées et ne pas rester chez toi à te morfondre. tu enchainais les verres d’alcool, et tu devais surement faire pitié, seule à ce bar. tu étouffais. tu soupirais en finissant ton verre et en sortant rapidement sur la terrasse de la boite de nuit. et tes yeux tombaient sur luna. luna que tu ne connaissais pas tant que ça, dans le fond. quelques soirées ensemble. mais tu ne savais rien de sa vie. comme elle ne savait rien de la tienne. tu soupirais et tu t’approchais d’elle. elle ouvrait les yeux et tu haussais les épaules. « moi non plus. » tu soufflais en t’asseyant près d’elle, ta main sous ta jupe pour la maintenir contre tes cuisses. elle te tendait son paquet de cigarettes et tu en tirais une, pour l’allumer entre tes lèvres. « merci. » tu soufflais en levant les yeux vers le ciel un instant, te remémorant ta discussion avec dino, quelques jours auparavant. dino, luna. t’avais jamais fait ce rapprochement. des luna, il y en avait plein de toute façon, surtout à new-york. tu la regardais et tu riais doucement à ses paroles. « je crois qu’on peut expliquer ça comme ça. pourtant je déteste les boites de nuit. » tu expliquais en secouant la tête et en soupirant. « ma vie est juste… un enfer. alors je fuis l’enfer parce que je sais pas comment gérer toutes les merdes qui m’arrivent. » tu expliquais en soupirant et en tirant une longue taffe sur ta clope. tu te pinçais les lèvres et tu fermais les yeux quelques instants. tu sentais que cette soirée allait se terminer en confidences, et tu plaignais déjà la pauvre luna de devoir écouter tes problèmes.