tanner ¶ some people are just born with tragedy in their blood.

traits de caractère / brisé, anéanti, mélancolique, ancien drogué qui essaie d'être sur la voie de la guérison, alcoolique, nonchalant, froid en apparence, mystérieux, colérique, secret, distant, silencieux, intelligent, malin, solitaire, jaloux, possessif, arrogant, sensible, susceptible, a perdu la flamme de vivre, a perdu l'espoir de survivre dignement dans ce monde qui l'échappe. il essaie de se sauver, de rester digne, de se sauver un peu pour elle, mais son coeur brisé embrouille son cerveau. il vit sans vivre. il attend peut-être juste de crever pour rejoindre celle qu'il aime ou bien peut-être retrouver celle qui lui fera reprendre goût à la vie mais ne se l'avoue même pas à lui-même, encore accroc à sa défunte copine. il a peur mais il refuse de montrer ses craintes. il se déteste oui, voilà, tout simplement : il n'aime pas ce stéréotype de lui, genre le "bad boy au coeur tendre, au coeur brisé". il déteste voir ces filles venir vers lui dans l'espoir d'être "celle" qui va le guérir. contradictoire n'est-ce pas? il préfère les ignorer et se retaper des putes pour se vider. mais à l’approche de la trentaine, il aimerait retrouver son fils... et avoir une vie peut-être plus stable, mais avec la famille qu'il a, il perd peu à peu espoir. dans ce monde remplit de vie et pourtant si vide et meurtrit.

Tanner Payne, un nom des plus banals aux États-Unis d’Amérique. Il devait avoir des milliers de petits garçons à ce même nom nés la même année : 1990. Quelle belle année pour la famille Payne. Leur deuxième rejeton était né. Un garçon qui plus est, de quoi conserver le nom Payne encore une génération. Tout le monde était heureux oui, presque... Sauf une personne : Tarrence. Tarrence Payne, 2 ans tout juste à l’époque. Il ne voulait pas de petit frère, il voulait garder ses jouets pour lui tout seul. Il était si jeune et avait pourtant conscience de cette « concurrence » désormais installée. Tanner par ci, Tanner par là. La famille Payne : oncles, tantes, grands-parents, cousins, n’avaient d’yeux que pour le dernier né. Ils recevaient mille et un cadeaux et lui... Rien. De petites attentions ici et là, alors il pleurait... Car oui, pleurer attirer l’attention d’autrui, faute d’avoir un langage propre et installé, il communiquait avec les moyens du bord. Sauf qu’à force d’user de ce jeu enfantin et parfois dangereux, il devenait l’enfant maudit. Quoi ? Tarrence, l’enfant maudit ? C’était impossible. Tanner devait l’être, mais pas lui, non. Alors Tanner, bébé presque parfait (ne pleurait pas beaucoup, mangeait tout ce qu’on lui donnait, n’était pas si sale que cela, dormait à merveille...) devait devenir Tanner le bébé horrifique. Les années passées et les vacheries de Tarrence empiraient. Tanner adorait son grand frère pourtant, il voulait jouer avec, il voulait être lui, oui. A ses yeux il était l’exemple à avoir et il ne se souvenait pas de toutes les vacheries endurées plus petit mais Tarrence, oui. Il se débrouillait pour que Tanner devienne le cauchemar de la famille, celui qui « volait », celui qui « pleurait » sans cesse, celui qui « avait peur de tout ». Tarrence lui racontait des histoires d’horreur, Tarrence plaçait ses jouets dans la chambre de Tanner en affirmant à ses parents que Tanner lui avait volé alors quand l’école primaire arriva, ce n’était que le début des ennuis pour le petit vilain canard. Tarrence renversait de l’eau sur son pantalon et hurlait partout qu’il s’était fait pipi dessus, il le bousculait dans les couloirs en disant « qu’il ne savait pas marcher ». Les parents des deux petits commençaient à en avoir marre de Tanner, le traitant de menteur, voire même d’attardé mental le trouvant « trop immature » par rapport aux autres. Tarrence avait trouvé son don, il avait trouvé sa victime favorite, il voulait être le meilleur et rabaisser Tanner devint sa motivation principale pour vivre et être reconnu aux yeux de tous. Avec le temps, Tanner avait appris à encaisser les choses. Au début il se défendait jusqu’à se battre avec son frère adoré, mais n’étant que des gamins et Tarrence plus âgé, les parents avaient tendance à plus l’écouter lui que notre vilain petit canard. La nature n’était pas tendre avec Tanner, son visage était assez difforme, ses dents ne ressemblaient à rien et à l’âge de 10 ans il dût porter un appareil dentaire. Ses cheveux avaient tendance à boucler en poussant ce qui lui valut le surnom de « sale mouton » par son frère et ses amis. Sa mère en devenait folle, elle lui a forcé à voir un psychologue car « Tanner était horriblement imparfait et ne représentait pas le sang familial à l’extérieur malgré la haute réputation des Payne ». Quant à son père, il reniait Tanner, pour lui, uniquement Tarrence comptait. Il n’y avait tellement que Tarrence dans sa vie, que lorsque leurs parents divorcèrent, uniquement Tarrence allait chez leur paternel, Tanner lui, il restait chez sa mère ou plutôt avec les gouvernantes là pour s’occuper du « fils impur » du « fils indigne ».





Avec les années, les insultes changèrent, cela devint « fillote » « sale tapette » « petite pédale » « pd »... Il recevait même en cadeau d’anniversaire de la part de son frère des robes de taille 36 tant Tanner rentrait à merveille dedans, ouais Tanner à l’époque c’était une girafe maigrelette, la musculation, il ne savait même pas ce que cela signifiait. Au collège, Tanner était l’incompris, le mec « bizarre », « la gueule cassée », « la calculatrice » tant son visage était imbibé de boutons difformes et surtout dégueulasses. Il prenait des cachets contre l’acné qui le faisait saigner un max du nez, sans oublier cette haleine de chacal que les effets secondaires lui procuraient. Tarrence, lui, comment il était ? Grand, beau, parfait, yeux clairs à en faire tomber à la renverse tout le monde : femmes, hommes, élèves, professeurs, femmes de ménage, surveillant(e)s, il était Dieu. Les filles voulaient avoir leur première fois avec, elles voulaient être « THE ONE » quant aux garçons, ils voulaient être lui. Tous sauf un : Tanner. Tanner était le seul à voir la véritable ordure que son frère était mais il ne faisait pas le poids. Qui croirait le gars le plus moche et impopulaire du collège puis du lycée par la suite ? Personne. Les rares fois où il osait lever la voix sur son frère en public, tout le monde autour se pissait de rire et le traitait de « petit puceau jaloux de son grand frère ». Tarrence lui il avait les pom-pom girls, les junkies du bahut, même les petites intellos qui mouillaient dans leur labo. Il avait toutes les filles... Tanner, lui ? Même la fille la plus moche du lycée ne voulait pas de lui. Personne ne lui parlait à part deux gars... Teddy et Matteo. Pourtant eux, ils n’étaient pas « impopulaires », ils étaient même plutôt appréciés mais ils étaient les seuls à apporter de l’intérêt à ce pauvre Tanner. Tanner, lui il les aimait ces deux gars, ils étaient sa famille, les êtres qu’il chérissait le plus au monde. Il était content de les avoir trouvés et il se sentait un peu plus en confiance à leurs côtés, lui d’ordinaire si solitaire. Mais Tarrence dans tout ça ? Dieu grec de l’équipe du football du lycée durant toutes ces années.... Élu meilleur quaterback de la décennie du même établissement, s’il voulait une fille, il suffisait qu’il claque des doigts pour l’avoir dans ses bras, alors que Tanner, Ô pauvre Tanner, lui il avait dû se payer les services d’une prostituée de 55 ans pour perdre sa virginité à 16 ans. Ouais pression sociale oblige, c’était mal vu d’être /encore/ puceau pour un mec à un tel âge, quelle sacrilège, quelle honte... Enfin, pression sociale surtout de la part de son frère, lui vrai baisodrome ambulant mais tout empire touche à sa fin.





2 mars 2009, la police s’était rendue à la fac de new-york. Tarrence fut arrêté pour viol, viol sur mineur et viol en groupe. Tanner savait que son frère était un véritable connard, il le vivait au quotidien, il voyait son comportement de gougeat et branleur finit avec la gente féminine mais jamais il ne se serait imaginé qu’il puisse aller jusqu’à un tel acte. Apparemment lui et son équipe de football américain au lycée avait formé une sorte de groupe : ils étaient 5 à mener la cadence et Tarrence en était le chef. Derrière le terrain de football ils avaient une sorte de « bâtisse secrète », un truc où les gars les plus « in » du lycée invitaient leurs meufs du soir. Au début c’était bon enfant mais ça a vite tourné au cauchemar. Ouais, les petits footeux détestaient qu’on leur dise « non », bah ouais c’était impossible qu’on dise non à des gars mesurant 1m90 en moyenne, populaires, blindés, abdos et muscles à gogo... Alors Tarrence a commencé avec UNE fille... Une fille saoule qui avait refusé ses avances, il avait invité ses potes, il l’a humilié, l’a déshabillé puis a abusé d’elle sans relâche jusqu’à inviter ses amis adorés. Puis il y a eu une deuxième, une intello « de la classe » qui semblait « bien foutue » mais tellement chiante qu’il fallait la faire boire bien évidemment puis ils avaient arrêté de compter. Ils avaient fait ça de leur première année de lycée jusqu’à la faculté. Soit 5 ans au total. Sauf qu’il y avait eu cette fille, CETTE fille qui avait suffi à faire tomber le grand méchant loup. Opale. Son téléphone était tombé, il avait appelé le dernier numéro sur la liste, ça avait suffi à déclencher la descente aux enfers pour Monsieur Perfection. Les voix avaient été reconnaissables, les surnoms qu’ils se donnaient, voire les vrais prénoms des gens sur place... GAME OVER. Lors du procès, Tanner n’a pas défendu son frère. Il s’y refusait. CET HOMME qui l’avait anéanti, détruit, démoli pendant toutes ces années allait enfin avoir ce qu’il méritait : le malheur et là il visiterait un autre « trou » qu’il va prendre le plaisir de détester au plus haut point. Sauf qu’en attendant le jugement final, Tanner avait dû quitter le lycée, tout arrêtait avant d’être diplômé. Au lycée, les gens le persécutaient encore plus, certains allaient le traiter d’être « complice » des crimes commis par son frère et sa bande. Il était devenu le stéréotype du gars harcelé dans les films américains. Faire tomber son plateau au self, pousser dans les couloirs jusqu’à en être marqué de bleu, défoncer son casier, voler ses affaires, l’humilier, le harceler jusqu’à son profil Myspace et Facebook, l’inciter à la mort, que lui et sa famille aille crever et que l’enfer était encore trop doux pour eux. Surtout qu’après cela, toutes les victimes de Tarrence et ses « amis » portèrent plainte aussi, tous les dominos étaient désormais à terre. Alors Tanner avait essayé de suivre des cours à distance au début mais c’était compliqué à peine à quelque mois de la fin. Il était sans cesse avec l’avocat de Tarrence pour apprendre par coeur le foutu texte écrit par la main de cet avocat de merde. Il s’en faisait vomir. Il ne voulait pas l’aider... Il voulait voir son frère en taule. Alors lorsque le procès arriva, Tanner avait dit la vraie version des faits : comment son frère le maltraitait depuis toujours et comment ses parents admiraient le fils-presque-parfait laissant mourir leur second chérubin tant le premier prenait de la place. Il se tant léger... Il pleurait, il tremblait mais putain que ça faisait du bien se disait-il. Il savait très bien qu’après cela, il n’allait plus être le bienvenu dans leur grande demeure mais il préférait mourir que de défendre un tel enculé. Il eut raison, sa mère le mit dehors et son père voulait que son second fils meure de souffrance terrible et faire sortir son « véritable fils » de prison. La peine avait été prononcée : 10 ans ferme. 10 ans pour un enculé, ce n’était pas assez pour tous les viols commis. La plupart de ses potes avaient eu entre 5 et 8 ans, Tarrence était le chef donc il avait pris « le plus cher » mais ouais... C’était pas assez pour tout le mal enduré.





Gigolo, il ne s’était jamais vu dans un tel « métier ». Mais en étant à la rue, il avait eu des approches de vieilles femmes, se sentant seules, d’autres voulant un petit jeune en guise d’amuse bouche. Certaines lui offraient beaucoup d’argent juste pour être accompagnées, mais d’autres ont vite voulu plus. Il a appris à aimer les femmes, à aimer le sexe à ce moment précis de sa vie pour devenir un connard parmi tant d’autres. Un connard pour se protéger d’autrui et des coups de couteaux reçus en plein dos. Il devenait l’objet de ses femmes, leur fantasme... Elles voulaient plus, plus de muscles, plus de tatouages... Il allait au coiffeur pour elles, aux frais de ses clientes. Il se métamorphosait littéralement. Il prenait l’allure de ses bad boys tatoués de rue. Il aimait ce qu’il voyait même s’il voyait un bout de son frère à chaque fois que son regard croisé un miroir. Alors il se prostituait, il baisait sans frontière mais il devait avoir plus pour tenir... Pour oublier ce qu’il voyait aussi. Pour oublier ses femmes pleines de rides où leurs seins pendaient à outrance, il lui fallait des pilules pour se forcer à bander, des pilules pour planer en pleine action et là une autre descente aux enfers s’entama. L’alcool, la drogue, les soirées à outrance, toutes ces soirées où il n’était jamais invité jusqu’à déménager à Manhattan dans un appartement qu’une de ses clientes lui payait. Cette femme, elle était accroc à son corps, à CE corps qui la faisait mouiller comme une gentille chienne. Elle payait, il manipulait, mais c’était consenti. Il devenait ce « connard » ouais. Il s’en voulait, mais elle, elle le voulait donc où était le mal ? Il retouchait à ce « luxe » qu’il avait connu d’antan, il oubliait la vie, il s’oubliait mais il arrêta. Il ne se reconnaissait pas dans ces pratiques perverses, à croire qu’il voulait être « son frère », que lui aussi « voulait avoir son taux de nanas » pour se sentir cool, branché, jouissif, beau-gosse. Mais est-ce qu’il voulait vraiment être lui ? Finir en taule en abusant de la faiblesse des femmes qu’importe leur âge ? Non. Il arrêta. Il revint à la rue. Il voulait encore plus oublier, il abusait des drogues, il buvait. Il faisait parti de ces SDF qui puaient l’alcool à 100 mètres, qui titubaient dans les rues et qui étaient collants dans le métro. Il continuait de faire du sport, il courait, il faisait des pompes mais ça aussi ça se stoppa bien rapidement vu que la nourriture ne suivait pas, sa force physique s’affaiblit. Mais un patron d’un restaurant qui venait tout juste d’ouvrir dans le Queens effervescent lui fit une offre d’emploi. Il avait parlé à ce « gamin » perdu et avait été touché par son histoire. Il lui proposait un taff en tant que serveur et lui indiquait qu’un petit deux pièces était à louer au-dessus du restaurant où il était aussi le propriétaire. Ce gars lui sauva la vie, Tanner avait accepté sur le champ sans se demander s’il y avait une contrepartie à cette bonté. Il avait envie d’y croire, pour une fois... Juste une fois. Il avait faim, il avait soif, il voulait au moins retrouver le luxe d’un lit même si celui-ci était un malheureux clic-clac à deux balles.





Il avait un job, le restaurant ne décollait pas tant que ça dans ce vieux Queens effervescent mais il avait aussi un toit. Le patron buvait beaucoup, ne communiquait pas sur ce dernier. Tanner était le seul serveur mais sa belle gueule suffisait à ramener les clients. Au début il avait envie d’aider ce pauvre homme autoentrepreneur mais voyant ce dernier préférer la bière au business Tanner se contentait de faire office de présence. Il continuait d’être misérablement payé, mais ça suffisait pour payer le minable loyer de l’appart du dessus et surtout sa coke. Il était devenu accroc à cette merde, c’était son unique raison de survie. Il s’était acheté quelques matos de muscu pour chez lui, soulever des poids, des tapis pour faire des abdos, un vélo d’appart pour le cardio mais il préférait surtout courir à l’extérieur. Ca l’aidait à se lever le matin, à voir du monde en étant clean et à prendre l’air. Il avait connu pire avec la rue alors là ce qu’il vivait c’était presque du luxe... C’était limite mieux que lorsqu’il était blindé grâce à ses parents ou grâce à ses vieilles :  là il ne devait rien à personne, il s’appartenait tout simplement. Il faisait ce qu’il voulait de son pognon sans qu’une personne extérieure vienne lui dire comment se comporter. Alors il sortait, il continuait de revivre la nuit, il baisait avec hargne, se fichait de ce qu’on pouvait penser. Il voulait plaire, il aimait voir les filles être à ses pieds, le remarquer. Il se sentait puissant. On pouvait presque dire qu’il tombait amoureux de chacune d’entre elles tant elles flattaient son égo mais ça restait uniquement sexuel entre eux jusqu’à tomber sur CETTE fille, CETTE fille qui chamboula toute sa vie. Addison McGowen. Elle n’était pas à ses pieds, elle lui tenait tête et pourtant elle revenait à la charge. Il se croisait à toutes les soirées, dans la rue, jusqu’à son restaurant de pacotille où elle jouait à la cliente chiante. Il la détestait, elle le détestait et un jour ils craquèrent. Cette fille était déjantée au possible, folle, elle s’inventait une vie, elle était détruite par l’alcool et la drogue et pourtant Tanner était tombé fou amoureux d’elle. Elle était actrice X à temps partiel, ancienne prostituée, ils avaient ça en commun. Elle, elle n’avait jamais connu le luxe, ça avait été la petite fille des foyers familiaux abusée sexuellement par son « référent » dès ses 14 ans. Lui il avait connu ce « privilège sociétal » qu’offrait le blé, mais elle, jamais. Il était accroc à cette meuf, à sa voix, son odeur, ce corps. Ils sniffaient de la coke ensemble, ils s’entrainaient vers le bas mutuellement et Tanner perdait pied. Il s’était retrouvé dans des soirées sado-masochistes à ses côtés, il était devenu sien, elle était sienne. Il était sa chose, elle était sa chose. Elle avait donné un sens à sa vie, il avait donné sens à sa vie aussi. Eux, enfants sans famille, ils rêvaient de former la leur un jour mais pas maintenant, non. Ils voulaient profiter, Tanner ne voulait pas la partager mais son patron s’inquiétait. Tanner était défoncé dès le petit matin, il devenait blanc vampirique, il maigrissait à vue d’oeil, ouais, la seule personne au monde qui s’inquiétait de sa dépendance à la coke, mais Tanner s’en fichait. Puis un jour elle sortit de la salle de bain avec un test de grossesse positif. Elle était enceinte bordel de merde. Son coeur s’arrêta. Il ne savait pas comment réagir. Heureux ? Malheureux ? Non, il était heureux... La femme de sa vie allait accoucher de son enfant... Son fils ou sa fille. Qu’importe. Mais ils n’avaient pas les moyens de se faire suivre par une gynéco. Ils étaient allés UNE fois dans un centre exprès pour les personnes avec de faibles moyens financiers pour qu’elle soit examinée. Tout allait bien pour le bébé, mais il fallait qu’elle arrête de boire, de fumer, de snifer, de se piquer... Ouais Addison était pire que Tanner à ce niveau, elle, elle était défoncée depuis ses 14 ans pour survivre à cette vie qu’on lui avait volé. Lui, c’était un petit joueur à côté. Ensemble, ils essayaient d’arrêter, lui plus qu’elle... Elle fumait en cachette, se piquait en cachette... Les disputes commencèrent. Ils étaient en manque. Ils s’engueulaient sans cesse, elle le frappait, l’insultait. Il faisait tout pour qu’elle se calme, jusqu’à penser à se re-prostituer pour gagner plus d’argent et l’aider à avoir un meilleur confort à la maison. Il ne se serait jamais alors imaginé la suite... Cet enfant était censé représenté leur amour, leur bonheur, leur force de survie dans ce monde de merde... Et non les emmener vers l’Enfer et pourtant...





05 août 2014, le début de la fin... Le début de son pire cauchemar. Elle refusait d’aller à l’hôpital, il avait appelé les urgences mais le travail avait déjà commencé. Il était plus de 4h du matin. Elle poussait, elle perdait beaucoup de sang. Elle hurlait à la mort. Aucun voisin n’avait bougé son petit doigt pour venir les aider, au moins toquer à la porte et leur demander ce qu’il se passait. Tanner s’était à peine renseigné sur l’accouchement, les techniques à avoir, les gestes de premier secours... Elle finit par pousser, elle fit son maximum... Tanner extirpa ce petit être d’elle tandis qu’une mare de sang gisait de son corps faible et meurtrit. C’était un petit garçon. Il hurlait à la mort, il pleurait, il était bleu, il manquait d’air... Tanner prit un ciseau de cuisine pour couper le cordon ombilical mais Addison était figée. Il posa le petit avec nonchalance sur leur lit. Il le laissa pleurer alors qu’Addison était sans vie. Les yeux ouverts, froide... Il pleurait. Il était anéanti. Il suppliait le Seigneur qu’elle soit encore des nôtres. Lui qui ne croyait en rien, là, il espérait qu’une force supérieure entende sa demande et l’aide... Il lui fit un malheureux bouche à bouche en essayant de faire un massage cardiaque avec le peu de connaissances qu’il avait à ce sujet mais rien... Plus de pou. Il ne voyait plus sa poitrine se soulever, plus d’air ne sortait de ses narines. C’était la fin. Les secours arrivèrent enfin. Tanner était aux pieds d’Addison, il pleurait, il tenait sa main, il baignait dans le sang et se fichait du nouveau-né seul sur leur grand lit. Les secours dégagèrent de force Tanner de sa dulcinée, ils faisaient leur maximum mais elle était partie. Quant au petit, il fut pris en charge aussitôt. Les trois furent amenés à l’hôpital, ils ont demandé à Tanner ce qu’il voulait faire... Sa première phrase fut « Je ne veux pas du meurtrier de ma femme à la maison... Je ne veux jamais le voir... Il m’a pris tout ce que j’avais, il a détruit ma vie. » Le petit fut pris en charge par le Samu social et fut mis sous adoption rapidement. Né sous X, aucune information sur la mère et le père ne fut renseignée. Même pas leur âge. Rien.





Il était sans vie. Tanner avait perdu le peu qu’il lui restait d’espoir, de bonheur. Il ne parlait plus. Il ne savait même plus à quoi ressembler sa voix. Il se contentait d’avoir des mots automatiques pour les clients « menu » « carte bancaire » « espèce » « chèque ». Il ne souriait plus, il ne dormait plus. Il essayait de tenir sans alcool et sans drogue mais il rechutait à chaque fois avant d’essayer d’arrêter de nouveau. Il était instable, froid, impartial, distant. On aurait dit un véritable robot. Il faisait peur à certains clients, il faisait peur à son propre patron. Tanner n’avait pas voulu déménager de son appartement où sa dulcinée mourut. Pour lui, il avait le sort qu’il méritait. Alors quand son père porta plainte contre lui pour des mensonges aberrants, il ne s’alarma même pas. Il était vide. Chaque jour se ressemblait, tout n’était qu’une copie d’une copie. Il avait arrêté de sortir, il restait enfermé dans son misérable deux pièces. Le sport l’aidait à avoir une faible activité, ça lui changeait les idées, il se défoulait là-dedans mais à côté de cela : aucun plaisir. Dès qu’une fille l’approchait il était ignorant, voire agressif selon l’insistance de la personne. Il était mort lui aussi. Il en voulait au monde entier. Il avait oublié la politesse, « bonjour » « au revoir » « merci » « s’il vous plaît » non il ne connaissait plus. Moins il parlait, mieux il se portait. Son patron lui avait conseillé d’aller « consulter », mais il se contentait de dire « tout va bien ». Personne ne l’avait vu pleurer ou se plaindre de la mort de sa copine. Personne. Même lui il ne pleurait plus après ça. Il regardait des photos mais plus rien ne ressortait... Sourire, larmes... Rien. Le vide. Il était vide. Son patron essayait même de lui présenter des filles, de l’inviter à boire pour le faire sortir en dehors du boulot mais « rien ». « Il allait bien » c’était sa phrase fétiche. Alors oui, une fois par mois il s’autorisait peut-être une sortie dans un bar/boîte, il contemplait le corps des femmes mais n’en faisait rien... Il voyait Addison dans chacune d’entre elles et franchir « le pas » serait pour lui de l’infidélité. Pour se vider, il préférait se payer une prostituée pour une baise rapide dans les bois ou alors un vieux porno. Mais avoir une aventure même d’une nuit avec une autre femme c’était juste impossible à ses yeux. Il préférait avoir le poignet cassé à force de se branler que de tourner la page... Et pourtant une part de lui réclamait cette douceur, cet amour autrefois connu. Il ne sait juste pas s’il en était capable, s’il pouvait être aimé ou s’il pouvait aimer. Lui grand solitaire, il avait été habitué à cette « routine » à ce « train de vie ». Il ne saurait même plus comment prendre quelqu’un dans ses bras à l’heure actuelle. Mais pour cela il faudrait qu’il arrête d’être si froid, fermé, qu’il laisse les gens rentrés dans sa vie. Oui il faudrait...