(jacandmalik) erreur localisée.

Brûlant parfum éthylique,
Fumée nicotine,
Rythme sonore épileptique,
Entre les mégots, les verres pleins, à moitié rempli, où gisant cadavériquement sur le sol ;
Qui en a reçu des effluves de cette jeunesse actuelle.
Jaclyn,
Qui rit à bouche déployée,
Se laisse séduire, envoûtée, bercée par cette nuit d’ivresse sans possédée de destinée écrite.
Jac, elle aime ces nuits où on ne pense pas à ce sablier qui s’écoule et nous montre à quel point, même si on s’accroche, nos espoirs gravitent dans un néant absolu, reflétant une évolution misérable.

Elle aime ces nuits, qui l’a rend intéressante, qui l’a rend autre.
Elle aime ces nuits, qui fait d’elle un être de passage,
Qui laisse sa trace par le rouge à lèvre sur le verre en plastique,
Par une main posée sur une épaule,
Un sourire et un rire enregistré par tous les êtres de passages,
Qui ne se croiseront pour la plupart que le temps de cette soirée.
Soirée imprévisible, exclusive, éphémère, dans cet entrepôt désaffecté, dans le queens contemporain. Imprévisible, par cette main qui tire fort sur son bras, l'arrachant de ses songes libérateurs.
"Heee..Lâche-m-m...malik ?" , presqu'un cri, une parole bien trop forte, pour faire retourner les gens.
Deux énièmes de secondes, où elle a cru qu'une de ces chimières de passage l'arrachait à son plaisir fêtard la pensant nymhe d'une nuit.
Ce qu'on pourrait appeler une espèce de relou en voie de non disparition.
Et quand ces deux enièmes de secondes passèrent, que son visage se tourna, elle apperçut cet homme étiqueté nominativement par deux syllabes.
Malik. Etre cher, à l'âme riche, au coeur semblable au sien. Malik, au visage fermé. Dont elle a du mal à cet instant précis à déchiffrer ses songes, pour en comprendre la situation.
Car elle ne se souvient pas, qu'il y a quelques minutes à peine, l'éthylique a fait son effet,
la maladresse a joué également à cet effet,
et ce doigt maladroit qui rippe sur la mauvaise touche et envoit une localisation étrange,
sans un mot,
sans un message,
laissant l'interprétation s'installer.
Elle le regarde alors, incrédule. Le serrant dans ses bras, comme elle fait avec tous les êtres proches qui gravitent dans sa vie. Elle s'écarte ensuite,
s'interrogeant sur ce visage fermé, s'interrogeant sur sa manière d'entrée. Comme si il la cherchait, elle.
"Qu'est-ce que tu fous là ? t'a une pure sale tête! "

lumière tamisée. odeur de chanvre.
malik il est comme un con dans sa chambre devant l’écran de son ordinateur.
son pét’ trop chargé, comme d’hab, pour arrêter d’penser.
l’odeur doit sûrement s’échapper de sa porte.
son père va sûrement gueuler, l’haleine ambrée.
et comme d’hab, malik aura l’cerveau trop embrumé pour répondre.
arrête le shit malik; pendant qu’moi j’me désaltère à l’alcool bon marché.

y’a le bip de son téléphone qui l’fait sortir de sa série netflix.
jac.
sans un mot.
juste une carte et sa position.
et malik il a l’coeur qui s’emballe. les neurones qui cogitent.

il s’fait peut-être des films.
ouais, bien trop obnubilé par ces blockbusters hollywoodiens.
kidnappings, sequestrations.

au départ, il lui envoie un simple : ?.
il veut attendre. mais il y arrive pas malik.
pas l’temps d’enfiler une veste, il s’casse de sa chambre.
t-shirt trop large, pantalon en molleton.
la sale dégaine d’un mec qui allait s’endormir.

sans un mot, il quitte l’appartement.
son père à moitié endormi, ou moitié éveillé devant des rediffusions.

voiture prêtée, trop cher pour lui, trop belle pour sa carcasse.
malik il a la conduite nerveuse. la pulpe des doigts blanches à force de serrer le volant.
et malgré la radio, il entend que l’boum inquiet de son coeur.

mais c’était pas l’endroit escompté.
c’était pas un endroit désaffecté, ni une cave, ou autre endroit propice à l’enfermement.
c’était une soirée.
des jeunes, des plus vieux. les soirées du Queens avec l’alcool et tout c’qui va avec.
et au loin, il aperçoit jac. les yeux joyeux.
un peu comme un lion qui s’libère de sa cage, malik il prend pas le temps de se garer.
ni même de verrouiller sa voiture.
il s’jette sur sa proie, lui prend son fin bras et l’extirpe.

« tu t’fous d’ma gueule, jac ? putain, tu m’fais chier. t’es insupportable comme meuf. »

mi-soulagé, mi-énervé.
ils sont où les kidnappeurs russes ?
la mafia italienne qui la tenait en otage ?
c’est juste elle, et quelques grammes dans le sang.

« téléphone à milles balles, t’sais même pas t’en servir. »

@malik watson

malik. l'amitié bipolaire.
des up, des down.
l'éclat de rire, la minute d'après,
l'éclat de colère.
comme un coup de tonerre qui secoue violement quelques branches, l'impression que tout va être dévasté mais, quand ça se calme tout est comme si la foudre ne s'était jamais dessiné dans l'air.
jac, elle perçoit le feu dans les yeux de malik. l'enervement, l'agacement, la colère qui monte, et qui brûle doucement.
« tu t’fous d’ma gueule, jac ? putain, tu m’fais chier. t’es insupportable comme meuf. »
qu'il lui dit, alors qu'elle sent encore les doigts appuyés sur son bras, qui viennent de l'extirper du petit groupe qui l'entourait. Jac, elle comprend pas. Pas tout de suite. Ca met du temps à maturer. Qu'est-ce que j'ai fais, putain ? se met-elle à penser. « téléphone à milles balles, t’sais même pas t’en servir. »
elle regarde son écran, elle voit le "?" qui s'affiche, la conversation s'ouvre, et la cause de sa présence se met à apparaitre.
"Je...he merde!". C'est sa faute, que sa faute. La tête étourdie, l'éthylique qui lui envoit le brouillard en pleine face. "oops..j'ai fais une connerie. tu connais ma maladresse..désolée ? " dit-elle, rire nerveux derrière ce sourire gênée, désolée.
elle regarde malik, les yeux tombants, les lèvres pincées, tirées vers le bas. son plus beau visage de cocker. son visage l'air de dire "pardonne-moi, stp". mais, jac, c'est l'excès et la legereté. après ce visage implorant, jac, hausse les épaules, haussant le verre bien haut, n'attendant pas que la colère de malik s'abaisse ou de tâter la température, si ça bouillonne ou au contraire la passivité immerge. car malik, il s'est déplacé pour rien. car malik, il s'est inquiété pour rien. et le rien, avec encore du rien, ça fait beaucoup. le bras qui monte, le verre au bout des doigts, le sourire étiré "maintenant que t'es là, autant resté boire un coup, nan ? T'devrais me remercier je t'ai sorti de ta piaule", clin d'oeil mi-complice, mi-moqueuse, coup de coude vers malik.

» Erreur de jeunesse | Drew
» Irène Marlowe ⸎ Cherche l'erreur... plus mon sang se vide et plus tu as peur